Accueil🇫🇷Chercher

Toomaj Salehi

Toomaj ou Tomaj, de son vrai nom Toomaj Salehi (persan: توماج صالحی) est un rappeur iranien engagé très populaire[1].  Dans ses textes, il évoque les problèmes de la société iranienne et les mobilisations contre la République islamique[2]. Il a été arrêté, une première fois, le 12 septembre 2021, puis relâché sous caution. Dans le cadre du  mouvement de protestation qui a suivi la mort de Masha Amini à l'issue de son arrestation par la police des mœurs en septembre 2022, Toomaj est devenu l'une des voix de la contestation contre la répression mise en œuvre par le régime, encourageant la population, dans des vidéos postées sur ses comptes Instagram et Twitter, à descendre dans la rue pour protéger les manifestants attaqués par les forces de sécurité. Il est arrêté, à nouveau, le  30 octobre 2022[3]. Ses proches craignent qu'il soit victime de torture et qu'il soit condamné à mort par le régime islamique[4] - [5].

Toomaj Salehi
Description de l'image Toomaj Salehi.jpg.
Informations générales
Surnom Toomaj
Nom de naissance Toomaj Salehi
Naissance
Gerde Bisheh (en), Tchaharmahal et Bakhtiari (Iran)
Activité principale métallurgiste
Genre musical
Instruments

Biographie

Toomaj est né le 3 décembre 1990 à Chaharmaha. Il est originaire de la tribu des Bakhtiari, un peuple nomade iranien dont le territoire couvre la partie méridionale des chaînes du Zagros, entre Ispahan et Ahvaz. Au sujet de son prénom, Toomaj a précisé dans une interview qu'il s'agit de son vrai prénom qui est d'origine turque. C'est le nom d'une montagne célèbre et il signifie aussi "tempête"[6].

Quand il était enfant, sa famille et lui déménagent à Shahin Shahr, un quartier d'Ispahan où il a grandi. La situation financière de sa famille s'est progressivement détériorée à la suite de l'emprisonnement de son père, arrêté en raison de ses activités politiques[6].

Toomaj a fait des études de mécanique et de design industriel dans deux universités. Il a ensuite travaillé plusieurs années avec son père dans l'atelier de conception et de production de pièces industrielles et médicales que son père a ouvert, une fois sorti de prison.

Toomaj débute dans le rap en 2016 alors qu'il est âgé de 26 ans.

Engagement politique

Au-delà de ses textes, l'engagement de Toomaj contre la répression exercée par la République Islamique se manifeste par son activité sur les réseaux sociaux[7]. Il est suivi par 500 000 personnes sur Instagram et 380 000 personnes sur Twitter au moment de son arrestation en 2022.

Arrestation en 2021

Les forces de sécurité iraniennes arrêtent Toomaj Salehi le 12 septembre 2021 dans sa maison à Ispahan. Il est alors accusé de "propagande contre le régime" et "d'insulte à l'autorité suprême de direction"[8] - [9]. Neuf jours plus tard, le 21 septembre 2021, il est libéré sous caution, en attendant son procès. Pendant son arrestation, le rappeur Hichkas lui apporte son soutien publiquement via Twitter. Le 23 janvier 2022, le tribunal révolutionnaire islamique de Shahin Shahr condamne Toomaj à six mois de prison et à une amende[10] - [11].

Implication dans le mouvement de protestation de 2022 et nouvelle arrestation

En septembre 2022, à la suite de la mort de Mahsa Jina Amini qui déclenche un mouvement de protestation important en Iran, avec pour slogan "femme vie liberté", Toomaj devient l'une des voix du mouvement[1].

Sur les réseaux sociaux, il aide les manifestants en informant sur les lieux où se tiennent des rassemblements et en appelant la population à venir protéger les manifestants lorsqu'ils se font attaquer par les forces de sécurité.

Il est de nouveau arrêté le 30 octobre 2022[12], deux jours après la diffusion d'une interview avec la chaîne canadienne CBC dans laquelle il continue à critiquer la république islamique[13]. L' agence de presse Fars, affiliée aux gardiens de la révolution islamique, le décrit comme l'un des « chefs des émeutes qui ont encouragé la violence ».  Les médias d'État déclarent également que Toomaj Salehi a été arrêté lors d'un passage de frontière, une affirmation qui est démentie par l'administrateur des réseaux sociaux de Toomaj, qui annonce[5] qu'il a été arrêté avec deux de ses amis à Gardbisheh dans la province de Chaharmahal et Bakhtiari. L'un d'eux serait, selon les amis de Toomaj, le boxeur Mohammad Reza Nik Behbarat[5].

Malgré son arrestation, les comptes Twitter et Instagram de Toomaj restent actifs conformément à sa volonté et continuent à diffuser des informations sur les manifestations et leur répression.

Le bureau du procureur d'Ispahan affirme que Toomaj a joué un rôle clé dans les manifestations de la province d'Ispahan et de la ville de Shahinshahr[5]. Il est détenu à Ispahan[14].

La famille de Toomaj et de nombreux militants sur les réseaux sociaux craignent pour la vie de Toomaj et pensent qu'il est sous la torture la plus sévère. Le célèbre footballeur Ali Karimi, également actif dans le soutien aux manifestants, a averti que la vie du rappeur était en danger. Sur Instagram, il a publié une photo de Toomaj et a écrit : "Sa vie est en danger pour le crime d'avoir dit la vérité"[5]. Le 26 novembre 2022, la famille de Toomaj a déclaré que la vie de Toomaj était en danger après avoir été jugé à huis clos[15].

L'administrateur de son compte instagram officiel a informé que Toomaj est privé de ses droits élémentaires comme voir ou appeler sa famille ou être assisté d'un avocat. Le 27 novembre, il est inculpé pour « corruption sur terre », ce qui est passible de la peine capitale[16]. Le 2 décembre, le compte instagram Tomaj Salehi a informé que Toomaj a le visage gravement endommagé, des doigts et ses deux jambes brisés après avoir subi une sévère torture. Il a commencé une grève de la faim. En mars, Marjane Satrapi appelle la communauté internationale à le défendre[17]. Une association alerte sur son état de santé en avril[18].

En juin 2023, des représentants du Conseil européen demandent à avoir accès à son dossier[19].

Œuvres

Outre des titres comme "Nadidi" ("T'as rien vu", 2020), "Normal" (2021), "Bazmande" (2021), "Faal" ("Engagé", 2022), "Meydoone Jang" ("Champ de bataille", 2022), "Gapoon" (2022) ou "Bebakhshid"("Excusez-moi", 2022), parmi ses œuvres les plus populaires, on peut citer "Soorakh Moosh" ("Trou de souris", 2021)[20]. Dans cette chanson, Toomaj critique ceux qui, par peur ou par intérêt, restent silencieux devant l'oppression ("Si t'as vu la cruauté s'exercer sur l'opprimé, et que t'as passé ton chemin, [...] t'es coupable"). Il se réfère aux protestations qui ont eu lieu à plusieurs reprises sous la République Islamique et qui ont été réprimées ("Si tu t'occupes de tes affaires, pendant qu'ils prennent la vie des jeunes [...], t'es un traître"). Il proclame dans cette chanson qu'il n'est pas possible de rester neutre dans un combat comme celui contre la République islamique ("Sache qu'il n'y a pas de vote blanc. Il n'y a pas de neutralité dans ce combat.") et que le silence équivaut à la complicité.

Le titre "Torkamanchay"[7] - [20] s'inscrit ėgalement dans la tradition de rap conscient. Torkmanchay est le nom d'un traité signé entre la Perse et l'empire russe en 1828, au terme duquel la Perse a dû céder des territoires. Il est resté dans la mémoire collective iranienne comme une humiliation. Dans cette chanson, Toomaj compare le traité signé en mars 2020 avec la Chine comme un nouveau Torkmanchay. Cela a poussé 120 000 personnes à signer une pétition pour protester contre la vente de l'Iran à la Chine[7].

Enfin, "Anar" ("Grenade") qui évoque la lutte des travailleurs contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail[7].

Notes et références

  1. Nahayat Tizhoosh, « Meet Iran's dissident rapper helping youth circumvent regime internet crackdown », CBC News,
  2. « RV, Hrana (2021-09-14). "توماج صالحی، خواننده رپ اعتراضی بازداشت شد". خبرگزاری هرانا. »,
  3. (en) Patrick Wintour, « Iranians hold large rallies in defiance of warning by revolutionary guards head », sur The Guardian, (consulté le )
  4. Le Figaro avec AFP, « Iran : un rappeur arrêté risque la peine de mort, selon ses proches », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  5. (fa) « Les familles s'inquiètent de la situation de Toomaj Salehi et Hossein Ronaghi en prison », sur BBC News persian,
  6. (fa) « Biographie du rappeur Toomaj Salehi et raison de son arrestation », sur Photocade.com,
  7. (en) Ahmad Rafat, « Iranian Rapper Toomaj Salehi Summoned by Revolutionary Court », Kayhan life, (lire en ligne)
  8. Golnaz Esfandiari, « We Are The Dead Who Can't Think Of Dying': Iranian Rapper Charged For Criticizing Regime », RadioFreeEurope/RadioLiberty, (lire en ligne)
  9. « "Le rappeur dissident Toomaj Salehi condamné à de la prison et à une amende" », MRH Iran, (lire en ligne)
  10. Nahid Siamdoust, « "Down the 'Rathole': Comment un rappeur canalise le discours sur le changement de régime iranien" . », Conseil Atlantique, (lire en ligne)
  11. « "Iran: Rapper wegen kritischer Lieder von Mullah-Regime festgenommen - Politik" », sur bild.de (en allemand),
  12. « "Iran Rearrests Popular Protest Rapper Salehi" », sur IranWire,
  13. (en) Nahayat Tizhoosh, « Meet Iran's dissident rapper helping youth circumvent regime internet crackdown », sur CBC, (consulté le )
  14. (en) « Iranian rapper arrested », sur CNN, (consulté le )
  15. (en) « Iranian rapper arrested over supporting protests risks death penalty », sur France 24 (consulté le )
  16. TV5 monde / AFP, « Iran : qui est le rappeur dissident Toomaj Salehi, arrêté et passible de la peine de mort ? », sur tv5monde.com, (consulté le )
  17. « Iran : Marjane Satrapi demande la libération du rappeur Toomaj Salehi, qui risque la peine de mort », sur France 24, (consulté le )
  18. « En Iran, l'état du rappeur emprisonné Toomaj Salehi nécessite des soins médicaux "urgents" », sur France 24, (consulté le )
  19. (fa) « دفاع حکومت از متهم مسجد مکی، حمایت اروپا از توماج صالحی », sur dw.com, (consulté le )
  20. « محکومیت توماج صالحی به حبس و جریمه نقدی – Kanal Yek TV », sur ch1-cc.translate.goog (consulté le )

Liens externes

Toomaj sur Soundcloud

Toomaj sur Spotify

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.