Tir de suppression
Le tir de suppression ou tir de couverture est, en tactique militaire, une action de tirs intenses cherchant moins à atteindre l'ennemi qu'à l'obliger à se protéger, et ainsi à limiter sa propre capacité de tirs ; profitant de cette neutralisation temporaire du feu ennemi, une autre unité alliée peut par exemple procéder à un mouvement en terrain découvert.
Il ne doit pas ĂȘtre confondu avec le tir de barrage qui est fait par l'artillerie pour bloquer le front d'une avancĂ©e ennemie.
Historique
Le concept de tir de suppression est relativement nouveau car il est liĂ© Ă l'apparition des armes Ă feu Ă rĂ©pĂ©tition, les armes automatiques ayant une cadence de tir suffisante. Cependant, le tir simultanĂ© d'archers utilisĂ©s en grand nombre peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un procĂ©dĂ© identique mĂȘme si, dans le domaine militaire, il porte plutĂŽt le nom de tir massif.
Utilisation
Le tir de suppression peut ĂȘtre ciblĂ© (soldat, groupe de soldats, vĂ©hicule) ou non ciblĂ© (bĂątiment, zone) dĂšs lors que l'on connaĂźt ou suspecte la prĂ©sence de l'ennemi. Pour ĂȘtre efficace, il doit ĂȘtre relativement continu et important. Une telle technique est vitale pendant un mouvement tactique de troupes comme l'assaut.
L'utilisation du tir de suppression n'est pas limitĂ© aux armes de l'infanterie. Durant l'assaut amphibie sur les plages lors du DĂ©barquement de Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale, les navires de guerre tiraient lĂ oĂč il Ă©tait possible qu'une batterie d'artillerie, des mortiers ou des nids de mitrailleuses ennemis soient en position de tir. Le but Ă©tait lĂ aussi d'empĂȘcher des tirs ennemis qui pouvaient ĂȘtre meurtriers pour les troupes qui dĂ©barquaient.
Son recours est particuliÚrement courant en milieu urbain quand se créent des situations de guérillas urbaines. Bien évidemment, les tirs de suppression sont utilisés seulement en temps de guerre (vers un ennemi identifié) ou lors d'assaut de forces spéciales (vers une zone identifiée et sans otage) pour éviter toutes formes de dégùts collatéraux.
Armes utilisées
Le tir de suppression est souvent l'apanage d'une catégorie d'armes bien précise : la mitrailleuse. Elle doit avoir un chargeur important pour une durée de tir suffisante et pouvoir se permettre de sacrifier une partie de ses munitions.
Tir de suppression dans l'armée française
Le tir de suppression (ou de couverture) n'existe pas dans l'armĂ©e française. On parle de tir de neutralisation dont le but, comme son nom l'indique, est de neutraliser l'ennemi et donc de l'empĂȘcher d'utiliser ses armes ou de se dĂ©placer. Il est pratiquĂ© a priori contre un ennemi dĂ©celĂ© mais dont la position exacte est soit inaccessible avec les armes dont on dispose, soit mĂ©connue. Le tir de neutralisation a pour objectif de fixer un ennemi et l'empĂȘcher de manĆuvrer pendant que l'on manĆuvre soi-mĂȘme.
Il convient de définir ici différents termes qui sont souvent mal employés (définition TTA 106, glossaire des termes militaires) :
- appuyer : apporter une aide à une autre unité, spontanément ou sur ordre, par le mouvement ou par le feu d'une autre unité ;
- couvrir : prendre l'ensemble des mesures actives ou passives pour s'opposer à une action éventuelle de l'ennemi pouvant menacer le déroulement de l'action principale amie ;
- clouer (« fixer ») : exercer sur lâennemi une pression suffisante pour lui interdire tout mouvement ou tout redĂ©ploiement de son dispositif.
Un assaut nécessite trois éléments :
- la couverture empĂȘche que des renforts ne viennent perturber l'assaut (elle est donc sur une autre direction, voire au-delĂ de la zone d'action) ;
- lâappui fixe l'ennemi dans la zone d'assaut en appliquant un tir de neutralisation qui sera renforcĂ© juste avant l'assaut, puis suspendu ou reportĂ© sur un autre secteur lors de l'assaut ;
- lâassaut profite de la neutralisation pour s'approcher autant que possible avant de lancer son attaque sur un ennemi rendu inefficace.