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Tiger 131

Le Tiger 131 est un char lourd allemand Panzerkampfwagen VI Tiger capturé en Tunisie par le 48th Royal Tank Regiment (en) lors de la Seconde Guerre mondiale. Conservé au musée des Blindés de Bovington, il est le seul char Tigre I fonctionnel existant.

Tiger 131
Date
1941
No d’inventaire
E1951.23
Localisation
Coordonnées
50° 41′ 41″ N, 2° 14′ 35″ O
Carte
Tiger 131 Ă  la Tankfest 2012.

Histoire

Capture

Le vĂ©hicule est assemblĂ© en Ă  l’usine Henschel de Kassel, qui lui attribue le numĂ©ro de châssis 250122[1]. Il doit ĂŞtre attribuĂ© au schwere Panzer Abteilung 504, qu’il est Ă  ce moment-lĂ  prĂ©vu d’envoyer en Russie ; le char ne reçoit donc pas en usine les modifications nĂ©cessaires pour une utilisation dans le dĂ©sert, comme les filtres Ă  air amĂ©liorĂ©s[2]. Les plans ayant changĂ© peu de temps après, le vĂ©hicule est acheminĂ© entre la fin du mois de fĂ©vrier et le dĂ©but du mois de mars en Sicile, d’oĂą il est expĂ©diĂ© Ă  Tunis. ArrivĂ© Ă  destination, il reçoit le numĂ©ro 131, c’est-Ă -dire qu’il est le premier char du troisième peloton de la première compagnie. Le la compagnie se dĂ©place vers Sfax et Meknassy, mais en l’absence de vĂ©hicule de transport, les chars doivent effectuer le trajet de 400 km par leurs propres moyens[1].

Le , le Tigre 131 participe à l’opération Fliederblute, mais est mis hors de combat lors d’une rencontre avec des Churchill du 48th RTR. Au cours de l’affrontement, le char est touché à plusieurs reprises : un obus touchant l’avant de la caisse disjoint les plaques de blindage et détruit la radio, tandis qu’un autre bloque la tourelle[3]. L’équipage semble avoir alors paniqué et abandonné le char sans le détruire, comme l’exige pourtant la procédure de la Wehrmacht[4]. Le lendemain, les Allemands bombardent abondamment la position, peut-être pour essayer de détruire le char qui n’est cependant que légèrement endommagé[5].

Objet d’expérimentations

Le char est récupéré par les Britanniques le et, après quelques réparations, il est expédié à Tunis le où il est présenté à George VI, Winston Churchill et Anthony Eden[6]. De là, il est envoyé en Grande-Bretagne en transitant par La Goulette, Bizerte et Annaba, avant d’arriver finalement à Glasgow le . Le Tigre est ensuite exposé pendant le mois de novembre sur la Horse Guards Parade à Londres, avant de rejoindre enfin le Department of Tank Design dans le Surrey pour y être étudié. Il fait alors l’objet d’essais de sa mobilité et de son armement, puis sert à réaliser des photographies et des films pédagogiques à destination des soldats alliés pour leur permettre d’identifier plus facilement le véhicule et savoir comment le combattre[4].

Il aboutit finalement au Military College of Science de Chertsey où il est démonté pour évaluer les composants individuellement. Cette opération prenant du temps, les équipes sont progressivement envoyée sur d’autres tâches plus importantes et le rapport final n’est pas terminé pendant la guerre[7].

Objet de musée

Le , le Tigre est cédé au Bovington Tank Museum où il reçoit le numéro d’inventaire 2351 (changé ultérieurement en E1951.23)[8]. À la fin des années 1980, le véhicule reste dans un état incomplet, des parties étant manquantes et d’autres ayant fait l’objet de modifications intempestive, comme des marchepieds pour faciliter l’accès ou une peinture fantaisiste[9]. La décision est alors prise de restaurer le char dans un état le plus proche de celui de sa capture et surtout de le remettre en état de marche[10]. Après une phase de recherche sur l’histoire du véhicule, le musée tente de le restaurer en interne, mais ce projet échoue au bout de quelques années en raison de la complexité technique de l’opération et du manque de moyens[11].

Le musĂ©e a alors recours Ă  l’Heritage Lottery Fund (en) pour financer une restauration par un prestataire. La demande est acceptĂ©e et le musĂ©e reçoit un financement de 84 000 ÂŁ sur un coĂ»t total estimĂ© Ă  184 000 ÂŁ. Le prestataire retenu est l’Army Base Repair Organisation (en) (ABRO), entreprise chargĂ© de l’entretien des chars de la British Army, qui, bien que n’ayant aucune expĂ©rience avec les vĂ©hicules anciens, est le seul envisageable en raison de l’absence de restaurateurs spĂ©cialisĂ©s dans ce domaine et de la nĂ©cessitĂ© d’obtenir l’agrĂ©ment de l’Heritage Lottery Fund[11]. En raison de difficultĂ©s liĂ©es Ă  la motorisation, le projet prend plus de temps que prĂ©vu et s’achève en 2004 avec une prĂ©sentation au public lors du festival Tankfest[12].

Bien que le Tigre soit alors en état de marche, le moteur continue de subir les mêmes problèmes de surchauffe et de pression d’huile qu’il avait connu lors des essais. De nouveaux acteurs disposant d’expérience dans la remise en état de véhicules anciens étant apparus dans l’intervalle, il est décidé de renvoyer le moteur en restauration. Celui-ci est alors confié à la SdKfz Military Vehicle Foundation, une association ayant déjà considérablement travaillé sur le moteur Maybach HL230 pour la restauration de ses propres véhicules, qui le reconstruit entièrement, ce qui permet de régler la majeure partie des problèmes[13]. Le véhicule en état de marche est alors présenté une nouvelle fois au public lors du Tankfest 2006[14].

Conservation

État initial

Traces laissĂ©es par un obus de 57 mm sur le canon et le mantelet. L’impact final sur l’anneau de tourelle est masquĂ© par le câble.

Une partie des dommages liĂ©s aux combats d’ ont Ă©tĂ© rĂ©parĂ©s peu de temps après, mais ceux encore visibles ainsi que les photographies prises immĂ©diatement après les Ă©lĂ©ments permettent de reconstituer l’état au moment de la capture du vĂ©hicule. L’un des dommages les plus importants a Ă©tĂ© provoquĂ© par un obus perforant de 57 mm, vraisemblablement tirĂ© par un Churchill, qui a touchĂ© la partie infĂ©rieure du canon puis du mantelet, d’oĂą il a Ă©tĂ© dĂ©viĂ© vers la jonction entre la caisse et la tourelle. L’impact final a provoquĂ© le blocage de la tourelle et a enfoncĂ© le blindage du toit de la caisse entre la conducteur et le radio ; il est possible que ces derniers aient Ă©tĂ© blessĂ©s par ce tir, qui a Ă©galement dĂ©truit la radio[15]. Un autre obus de 57 mm a dĂ©truit la trappe du chargeur, en position ouverte au moment de l’impact, qui l’a dĂ©viĂ©e vers le toit de la tourelle. Ce tir a potentiellement pu gravement blesser le chargeur si ce dernier Ă©tait encore dans le vĂ©hicule au moment du tir[16].

Les autres dommages sont mineurs et n’ont pas Ă©tĂ© de nature Ă  mettre le vĂ©hicule hors de combat. Un autre obus de 57 mm a touchĂ© le crochet de levage du cĂ´tĂ© gauche de la tourelle et de nombreux impacts de balles de mitrailleuses sont visibles sur l’arc avant du vĂ©hicule, avec une concentration particulière sur la coupole du chef de char. Enfin, un obus explosif de gros calibre a explosĂ© Ă  proximitĂ© de l’arrière gauche du vĂ©hicule, probablement pendant le bombardement de la position par les Allemands le lendemain[17].

Lors de son examen au Military College of Science, le char a été démonté, parfois de manière destructive : le moteur a par exemple été coupé en deux pour analyser sa conception interne et des parties ont été prélevées pour des tests de résistance des matériaux[18].

État restauré

Le parti pris de la restauration est de restituer le véhicule dans son état au moment de sa capture[10]. Certaines parties n’ont cependant pas pu être restaurée en accord avec l’objectif initial : le moteur a notamment été la source d’un grand nombre de problèmes. En premier lieu il n’a pas été possible de remettre en place le moteur d’origine, un Maybach HL 210, celui-ci ayant été découpé lors de son examen en 1944. Par ailleurs, ce modèle de moteur s’étant révélé introuvable, il a été remplacé par un Maybach HL 230, qui a été introduit sur les Tigre à une date plus tardive que celle de production du Tigre 131[19]. Ce moteur n’est lui même pas entièrement original, plusieurs composants ayant été prélevés sur d’autres pièces ; le bloc moteur a notamment dû être remplacé quatre fois[20]. Sur la base des observations réalisées lors du démontage préalable à la restauration, le char est repeint avec un motif de camouflage vert foncé (RAL 7008 Graugrün) et de jaune-brun (RAL 8000 Gelbbraun) ; les numéros d’identification ont été tracés en rouge (RAL 3000) et en plus petit qu’auparavant[21].

Notes et références

Bibliographie

  • (en) David Fletcher, David Willey, Mike Hayton et al., Tiger Tank Panzerkampfwagen VI Tiger I Ausf. E (SdKfz 181) Owner’s Workshop Manual : An insight into the history, development, production and role of the most feared battle tank of the Second World War, Yeovil, Haynes Publishing & The Tank Museum, , 164 p. (ISBN 978-1-84425-931-1)

Liens externes

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