Accueil🇫🇷Chercher

Théologie des signes des temps

L'expression signes des temps (en latin signa temporum) désigne les événements et aspects de la situation du monde qui par leur généralisation caractérisent une époque[1].

C'est une thĂ©matique apparue dans l'Église catholique Ă  partir des annĂ©es 1940 et qui a Ă©tĂ© fortement mise en avant depuis la pĂ©riode du Concile Vatican II. Selon le thĂ©ologien Karl Rahner, il s'agit de « l’une des trois ou quatre formules les plus significatives du Concile, au cĹ“ur de ses dĂ©marches comme Ă  l’initiative de son inspiration »[2]. Élisabeth Lacelle considère que cette formule marque l'« ouverture de la conscience de l’Église Ă  sa dimension historique de dialogue avec le monde Â»[3].

Fondement biblique

La théologie des signes des temps s'appuie sur des extraits des évangiles.

Mt 16, 1-4 :

« Les Pharisiens et les SadducĂ©ens s'approchèrent alors et lui demandèrent, pour le mettre Ă  l'Ă©preuve, de leur faire voir un signe venant du ciel. Il leur rĂ©pondit : « Au crĂ©puscule, vous dites : il va faire beau temps, car le ciel est rouge feu ; et Ă  l'aurore, mauvais temps aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre. Ainsi le visage du ciel, vous savez l'interprĂ©ter, et pour les signes des temps vous n'en ĂŞtes pas capables ! GĂ©nĂ©ration mauvaise et adultère ! Elle rĂ©clame un signe, et de signe, il ne lui sera donnĂ© que le signe de Jonas. Â» Et les laissant, il s'en alla. Â»

Lc 12, 54-59 :

« Il (JĂ©sus) disait Ă  la foule : « Lorsque vous voyez un nuage se lever au couchant, aussitĂ´t vous dites qu’il va pleuvoir, et ainsi arrive-t-il. Et lorsque c'est le vent du midi qui souffle, vous dites qu’il va faire très chaud, et c'est ce qui arrive. Hypocrites, vous savez discerner le visage de la terre et du ciel, et ce temps-ci alors, comment ne le discernez-vous pas ?
Mais pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mĂŞmes de ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, tâche, en chemin, d'en finir avec lui, de peur qu’il ne te traĂ®ne devant le juge, que le juge ne te livre Ă  l'exĂ©cuteur, et que l'exĂ©cuteur ne te jette en prison. Je te le dis : tu ne sortiras pas de lĂ  que tu n'aies rendu mĂŞme jusqu'au dernier sou. » Â»

D'après la Bible de Jérusalem.

Historique

L'expression est apparue dans certains milieux thĂ©ologiques français[3] ; elle est explicitement employĂ©e lors du concile dans la constitution Gaudium et Spes (promulguĂ©e en 1965) qui, Ă  l'article 4, affirme que « l’Église a le devoir, Ă  tout moment, de scruter les signes des temps et de les interprĂ©ter Ă  la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse rĂ©pondre, d’une manière adaptĂ©e Ă  chaque gĂ©nĂ©ration, aux questions Ă©ternelles des hommes sur le sens de la vie prĂ©sente et future et sur leurs relations rĂ©ciproques »[4].

Toutefois, plusieurs auteurs attribuent Ă  Jean XXIII l'introduction de la thĂ©matique des signes de temps dans le Magistère, avant la rĂ©daction des textes conciliaires. Ainsi, dans son encyclique Pacem in terris, il utilise la notion sans la nommer, au point que toutes les traductions l'utilisent dans les intertitres[3]. Selon le thĂ©ologien Martin Maier, les signes principaux relevĂ©s par Jean XXIII sont « la socialisation, la promotion des classes laborieuses, l'entrĂ©e de la femme dans la vie publique et l'Ă©mancipation des peuples colonisĂ©s Â»[5].

Pour Maier, la thĂ©ologie des signes des temps marque le dĂ©passement d'une vision de l'Église dont la tâche se bornerait Ă  garder le dĂ©pĂ´t de la foi, et d'une vision de l'histoire marquĂ©e par une coupure nette entre « histoire profane » et « histoire du salut Â»[5].

Pour André Beauchamp, prêtre et écologiste canadien, les enjeux environnementaux, le sort de la Création et l’état actuel de « notre maison commune » constituent le signe des temps le plus fort de notre époque[6].

Pour Jean Bastaire, l'écologie est aussi un signe des temps pour l'Église. Dans un article paru en 2005 en réponse à l'accusation de Lynn White Jr parue en 1967 dans la revue Science, il montre que l'écologie incite les chrétiens à un retour aux sources de la foi et à un surgissement de l’Esprit pour de nouveaux développements du salut en Christ[7].

Références

  1. Église catholique en France - Signes des temps
  2. K. Rahner, «Les signes des temps» dans K.R. et al., L’Église dans le monde de ce temps, Paris, Mame, 1967, p. 97
  3. Élisabeth Lacelle , La théologie des signes des temps : du Concile à aujourd’hui, Culture et Foi
  4. « Constitution pastorale - Gaudium et Spes », sur vatican.va (consulté le ).
  5. Martin Maier sj, in Le devenir de la théologie catholique mondiale depuis Vatican II : 1965-1999, ouvrage coordonné par Joseph Doré, 28 mars 2001, Beauchesne, (ISBN 2-7010-1399-2), p. 351-352
  6. AndrĂ© Beauchamp, Environnement et Église, Fides, 2008, « L’environnement, le grand signe des temps »
  7. L'exigence écologique chrétienne

Bibliographie

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.