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Théodose le Boradiote

ThĂ©odose le Boradiote (en grec : Î˜Î”ÎżÎŽÏŒÏƒÎčÎżÏ‚ Α΄ Î’ÎżÏÏÎ±ÎŽÎčώτης) est patriarche de Constantinople de juillet 1179 Ă  aoĂ»t 1183.

Théodose le Boradiote
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Activité

Il prend le parti de la porphyrogénÚte Marie ComnÚne et de son époux le César Rénier de Montferrat lors de leur complot contre la régente Marie d'Antioche et le protosébaste Alexis ComnÚne. Il doit s'enfuir de Constantinople lorsque ce dernier veut le déposer, mais il rentre triomphalement dans la ville aprÚs un soulÚvement populaire[1].

AprÚs la prise du pouvoir par Andronic Ier ComnÚne, le patriarche Théodose, soutenu par quelques prélats et un petit nombre de sénateurs, s'oppose au projet du nouvel empereur de marier une de ses filles naturelles, IrÚne, avec Alexis, un fils naturel de l'empereur Manuel Ier ComnÚne, jugeant cette union comme incestueuse.

Convaincu de l'inutilitĂ© de son opposition, ThĂ©odose se retire dans son couvent de l'Ăźle de TĂ©rĂ©binthe. Andronic Ier ComnĂšne fait alors cĂ©lĂ©brer le mariage par l'archevĂȘque de Bulgarie et dĂ©pose ThĂ©odose, dont le successeur, Basile II KamatĂ©ros, s'empresse d'affirmer sa soumission Ă  l'empereur[2].

Théodose sous Manuel Ier

ThĂ©odose le Boradiote est patriarche de Constantinople de Ă  aout 1183. La date prĂ©cise du dĂ©but de son patriarcat n’est pas prĂ©cisĂ©e. Mais on sait qu'il dĂ©bute aprĂšs et avant le [3]. On peut dater un peu plus prĂ©cisĂ©ment la fin de son rĂšgne qui se situe au mois d’aout 1183[3]. Le nouveau patriarche de Constantinople connaitra un rĂšgne agitĂ© puisque la courte pĂ©riode pendant laquelle il exerce son pouvoir est marquĂ©e par une instabilitĂ© au sein de l’empire. En effet, ThĂ©odose le Boradiote doit subir le rĂšgne de trois empereurs byzantins diffĂ©rents. Le premier est Manuel ComnĂšne. Durant le rĂšgne de cet empereur, entre 1143 et 1180[4], l’Empire byzantin est Ă  son Ăąge d’or[5]. L'empereur est en fin de rĂšgne lorsque ThĂ©odose devient patriarche. TrĂšs peu d’informations sont connues sur ThĂ©odose pendant la premiĂšre annĂ©e de patriarcat qui fut la derniĂšre du rĂšgne de l’empereur Manuel 1er.

Théodose sous Alexis II ComnÚne

Les sources deviennent plus claires sur ThĂ©odose alors que l’empereur Manuel ComnĂšne meurt en 1180.  Non seulement il devra s’adapter au rĂšgne d’un nouvel empereur aprĂšs seulement un peu plus d’une annĂ©e comme patriarche de Constantinople, mais la pĂ©riode de transition qui suivra la mort de Manuel ComnĂšne sera trĂšs tumultueuse, marquĂ©e par un jeu politique d’alliance et de complot dans lequel ThĂ©odose le Boradiote devra prendre parti. En effet, le rĂšgne de Manuel fut suivi d’une rĂ©gence par sa femme, Marie d’Antioche, qu’il avait Ă©pousĂ©e en 1161[6] puisque leur enfant Ă©tait trop jeune pour rĂ©gner. Cette situation de rĂ©gence et la jeunesse du nouvel empereur Alexis II ComnĂšne affaibliront trĂšs considĂ©rablement l’intĂ©gritĂ© mĂȘme de la succession de Manuel. Cela permettra notamment Ă  d’autres membres de la famille royale de conspirer pour s’emparer de la couronne. Ce fut le cas d'Andronic 1er de ComnĂšne, le cousin de Manuel, qui tentera de s’emparer du pouvoir. Mais c’est tout d’abord lors d’une crise oĂč la rĂ©gente Marie d’Antioche fit face Ă  un complot fomentĂ© par la porphyrogĂ©nĂšte Marie ComnĂšne et son Ă©poux, Renier de Montferrat, que l’action de ThĂ©odose aura un fort impact politique[7]. Le patriarche se vit dans l’obligation de prendre position Ă  partir de ce moment pour le jeune empereur Alexis II ComnĂšne ou pour les usurpateurs. C’est vĂ©ritablement Ă  partir de la rĂ©gence de Marie d’Antioche que l’on peut en apprendre plus sur les agissements de ThĂ©odose.

La raison principale qui explique le soulĂšvement de Marie ComnĂšne et de son Ă©poux contre Alexis II et sa mĂšre est le fait que celle-ci devint l’amante d’Alexis ComnĂšne. Ce dernier devint de facto le dirigeant de l’empire puisque Alexis II est encore trop jeune[8]. Les usurpateurs, auxquels ThĂ©odose vint prĂȘter sa voix, redoutaient les positions politiques d’Alexis de ComnĂšne et de sa femme qu’ils jugeaient comme Ă©tant pro-Latins. Ils craignaient Ă©galement la perte de leur influence sur le pouvoir de Byzance ainsi que pour leur propre sĂ©curitĂ©. Certains pensaient mĂȘme qu'Alexis et Marie d’Antioche pourraient les faire emprisonner pour les Ă©carter dĂ©finitivement du pouvoir[9]. ThĂ©odose le Boradiote joua un rĂŽle extrĂȘmement important. En effet, le patriarche agĂźt comme un complice lors des Ă©meutes qui accompagnĂšrent la tentative de prise de pouvoir de Marie ComnĂšne et de Renier de Montferat. ThĂ©odose abrita les rebelles dans un monastĂšre lorsque la situation tourna en leur dĂ©faveur. Pour cette raison, Alexis de ComnĂšne tenta de lui retirer son poste de Patriarche, mais ThĂ©odose put compter sur le support trĂšs important de la foule puisqu’un soulĂšvement populaire aida le patriarche Ă  rester en poste et cela mit Ă©galement une forte pression sur Alexis puisqu’une grande partie du peuple dĂ©savouait fortement la tentative de celui-ci de dĂ©poser ThĂ©odose[10].

Le patriarche a donc Ă©tĂ© en rivalitĂ© avec le pouvoir royal car bien qu’Alexis n’était pas empereur, c’est lui qui dĂ©tenait vĂ©ritablement le pouvoir. Le prestige de ThĂ©odose Ă©tait tellement Ă©levĂ© durant cette pĂ©riode qu'Alexis et mĂȘme Marie d’Antioche ne pouvaient pas se permettre de l’attaquer frontalement par peur rĂ©elle de perdre le soutien populaire. La tentative de prise du pouvoir de Marie ComnĂšne et de Renier de Montferrat Ă©choua mais la protection que leur accorda ThĂ©odose obligea Alexis Ă  proposer une amnistie aux conspirateurs mais Marie de ComnĂšne profita de l’amour que le peuple lui portait pour refuser une telle proposition. Alexis se maintint donc au pouvoir mais son influence fut trĂšs fortement Ă©branlĂ©e par cette tentative d’usurpation. C’est grĂące Ă  la complicitĂ© de ThĂ©odose qu’une rĂ©volte sanglante se produisit contre le pouvoir qui Ă©tait exercĂ© de facto par Alexis ComnĂšne. Bien que la rĂ©volte Ă©choua, ThĂ©odose le Boradiote rĂ©ussit Ă  se maintenir au pouvoir et conserva son titre de patriarche de Constantinople.

Un compromis finit tout de mĂȘme par aboutir partiellement alors que la rĂ©gente Marie d’Antioche promit d’éloigner Alexis du pouvoir et que Marie ComnĂšne et son mari furent autorisĂ©s Ă  retourner au palais[11]. La rĂ©gente avait promis de tenir son mari loin du pouvoir si elle et sa famille pouvaient revenir vivre au palais. Or elle ne tint pas cette promesse et Alexis pu continuer de contrĂŽler l'empire sans l'intervention de personne. Il tenta tout de mĂȘme d’exiler ThĂ©odose mais cela Ă©choua. Outre l’amour du peuple pour sa personne, le prĂȘtre pouvait compter sur l’appui et l’intervention de la rĂ©gente Marie d’Antioche ainsi que d’autres membres importants de la famille impĂ©riale. MalgrĂ© le fait qu’il avait ouvertement chercher Ă  dĂ©fendre des rebelles contre l’entourage de l’empereur, ThĂ©odose Ă©tait trop aimĂ© pour ĂȘtre destituĂ© et continuera d’exercer les responsabilitĂ©s de son importante position bien qu'il se soit opposĂ© Ă  celui qui dĂ©tenait rĂ©ellement le pouvoir au sein de l’empire. La situation Ă©tait dans une impasse et le pouvoir Ă©tait extrĂȘmement fragilisĂ©.

Théodose sous Andronic 1er

Le rĂšgne de ThĂ©odose ne deviendra pas pour autant plus calme car un autre conspirateur tentera de s’imposer pour prendre le pouvoir impĂ©rial: Andronic 1er de ComnĂšne, un cousin de l’empereur Manuel ComnĂšne. Il rĂ©ussit Ă  lever une armĂ©e en 1182 pour s’emparer du trĂŽne qui Ă©tait dĂ©tenu encore officiellement par le jeune Alexis II ComnĂšne[12]. Andronic 1er rĂ©ussit Ă  prendre le pouvoir grĂące aux faibles appuis qu’avaient la rĂ©gente Marie d’Antioche et son amant Alexis ComnĂšne dans la population. ThĂ©odose le Boradiote va donc encore une fois se retrouver en opposition avec le pouvoir. Cependant, il est cette fois en opposition avec un futur empereur ĂągĂ© et expĂ©rimentĂ© qui rĂ©ussit trĂšs rapidement Ă  asseoir son pouvoir. La raison principale de cette opposition entre le patriarche de Constantinople et le futur nouvel empereur Ă©tait que celui-ci tenta de marier sa fille illĂ©gitime IrĂšne avec le fils illĂ©gitime de l’ancien empereur Manuel ComnĂšne et que ThĂ©odose s’opposa fermement Ă  cette union Ă  cause du degrĂ© de parentĂ© de ces deux personnes[13]. Andronic 1er Ă©tant trĂšs autoritaire, il ne permit pas que le patriarche de Constantinople puisse contredire ses dĂ©cisions. ThĂ©odose dĂ©cida donc d’abdiquer lorsqu’il s’aperçut que son opposition au nouvel empereur n’aboutirait pas. On peut dater son exclusion volontaire au mois d’ car il n’était plus patriarche au moment du couronnement d’Andronic le , mais il Ă©tait encore en poste au moment de l’expulsion de la rĂ©gente Marie d’Antioche en juillet ou [13]. Les sources disponibles n’indiquent pas ce qui advint de ThĂ©odose aprĂšs sa dĂ©mission. On sait seulement qu’il est mort aprĂšs 1183 aprĂšs s’ĂȘtre retirĂ© dans son couvent TĂ©rĂ©binthe[13].


Notes et références

  1. Bréhier 1969, p. 281.
  2. Bréhier 1969, p. 283.
  3. Grumel 1943, p. 250-270.
  4. « MANUEL Ier COMNÈNE », sur universalis (consulté le )
  5. Ostrogorsky 1996, p. 406.
  6. Grousset 2006, p. 413-416.
  7. Bréthier 1969, p.329-330
  8. Varzos 1984, p. 202-204. <
  9. Varzos 1984, p. 200-204. <
  10. Bréhier 1969, p.281
  11. Bréhier 1969, p.330
  12. Bréhier 1969, p.331
  13. Grumel 1943, p. 259.

Bibliographie

  • Georges Ostrogorsky, , Histoire de l'État byzantin, Paris, Payot, coll. « Histoire », , 644 p.
  • Konstantinos Varzos, « Η Î“Î”ÎœÎ”Î±Î»ÎżÎłÎŻÎ± τωΜ ÎšÎżÎŒÎœÎ·ÎœÏŽÎœ [The Genealogy of the Komnenoi] », Centre for Byzantine Studies, University of Thessaloniki, no b,‎ .
  • Louis BrĂ©hier, Le monde byzantin, vol. I : Vie et mort de Byzance, Albin Michel, (1re Ă©d. 1946).
  • « MANUEL Ier COMNÈNE (1118 env.-1180) empereur d'Orient (1143-1180) », EncyclopĂŠdia Universalis [en ligne], consultĂ© le . URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/manuel-ier-comnene/
  • RenĂ© Grousset, Histoire des croisades et du Royaume franc de JĂ©rusalem, vol. II : 1131-1187, Paris, Perrin, coll. « L'Ă©quilibre », (1re Ă©d. 1935), 1024 p.
  • Venance Grumel, « La chronologie des patriarches de Constantinople de 1111 Ă  1206 », Études byzantines, vol. 1,‎ , p. 250-270 (ISSN 0258-2880, DOI 10.3406/rebyz.1943.909, lire en ligne, consultĂ© le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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