Te Wei
Te Wei (chinois traditionnel : çčäŒ ; pinyin : ), nĂ© le Ă Shanghai et dĂ©cĂ©dĂ© le dans cette mĂȘme ville, est un illustrateur et rĂ©alisateur de cinĂ©ma d'animation Chinois, ayant travaillĂ© aux Studios dâArt de Shanghai. Il prouve qu'il est possible d'appliquer la peinture traditionnelle chinoise au cinĂ©ma d'animation.
Biographie
NĂ© en 1915, Te Wei est une lĂ©gende. Il a surmontĂ© les tribulations de sa longue existence grĂące Ă une force de caractĂšre peu commune. Pour lui, la pĂ©riode de la guerre anti-japonaise a Ă©tĂ© particuliĂšrement dramatique, mais ce sont sans doute les critiques dont il a Ă©tĂ© lâobjet Ă partir de 1964 et tout au long de la rĂ©volution culturelle qui lâont affectĂ© le plus. Pourtant le passĂ© ne lui laisse ni rancĆur, ni regret. MalgrĂ© son grand Ăąge et sa santĂ© fragile, il est toujours dâhumeur plaisante. Câest un bon vivant : sur ce plan, il ressemble au grand animateur français Paul Grimault, rĂ©alisateur du Le Roi et l'Oiseau quâil avait rencontrĂ© Ă Paris en 1985, et avec lequel il se sentait beaucoup dâaffinitĂ©s.
Peintre et caricaturiste (ses Ćuvres se trouvent dans les revues de caricature de Shanghai Ă partir de 1935), Te Wei est Ă la tĂȘte du cinĂ©ma chinois dâanimation de la Nouvelle Chine dĂšs 1949. En 1957 les trois dĂ©partements attachĂ©s aux Studios cinĂ©matographiques de Shanghai : dessin animĂ©, dĂ©coupages articulĂ©s et poupĂ©es deviennent les Studios dâArt de Shanghai, dĂ©sormais entitĂ© indĂ©pendante. Te Wei est directeur des Studios jusquâen 1985 (les studios ne produisent rien entre 1967 et 1972 et fonctionnent au ralenti jusquâen 1976), puis il y exerce la fonction de conseiller jusquâen 1989.
Au cours de sa longue carriĂšre, Te Wei a obtenu de nombreux prix en Chine et Ă lâĂ©tranger, dont le plus prestigieux est celui de lâASIFA reçu, en mai 1995 Ă Annecy, des mains du Français Michel Ocelot.
En 2005, les Studios dâart de Shanghai lâont officiellement honorĂ© pour son quatre-vingt-dixiĂšme anniversaire et un double DVD a Ă©tĂ© gravĂ© pour lui rendre hommage.
Cinéma d'animation
Dans les annĂ©es 1950, câest sous son impulsion que le cinĂ©ma chinois dâanimation entreprend de se dĂ©gager des modĂšles venus de lâĂ©tranger pour dĂ©velopper ce quâon appelle alors le « style national ». En français cette expression peut ĂȘtre mal comprise. En rĂ©alitĂ©, il ne sâagit aucunement de propagande nationaliste, câest seulement lâaffirmation de la volontĂ© des animateurs de sâinspirer des arts traditionnels chinois afin de crĂ©er des styles dâanimation originaux propres Ă leur pays. Leurs sources dâinspiration sont multiples : dâabord le thĂ©Ăątre chantĂ© (lâopĂ©ra) avec ses nombreuses variantes locales, ainsi que le thĂ©Ăątre dâombres chinoises et de marionnettes. Ensuite les arts du lettrĂ© : calligraphie et peinture. Enfin toutes les formes dâart populaire et dâart dĂ©coratif : les bandes dessinĂ©es, les papiers dĂ©coupĂ©s, les papiers pliĂ©s, les estampes, les jouets populaires, les broderies etc.
Les films chinois dâanimation se donnent pour mission dâĂ©duquer les enfants, tout en les divertissant. Autrement dit, ils doivent contribuer Ă dĂ©velopper leurs connaissance artistiques et leur sens esthĂ©tique ... Pour ĂȘtre capables dâadapter les arts traditionnels il faut que les animateurs soient eux-mĂȘmes des artistes et en effet la plupart dâentre eux ont reçu ce type de formation. Ainsi lâambition dâatteindre un niveau artistique Ă©levĂ© est devenu une caractĂ©ristique importante de lâanimation chinoise.
Parmi les rĂ©ussites les plus exceptionnelles des studios dâart de Shanghai, il faut citer lâanimation de la peinture traditionnelle, Ă lâencre de Chine rehaussĂ©e de couleur. Ă la fin des annĂ©es 1950, dans une extraordinaire atmosphĂšre dâĂ©mulation et dâenthousiasme, Te Wei met au point, en collaboration avec Qian Jiajun, Ah Da, Duan Xiaoxuan, Tang Cheng et beaucoup dâautres... un genre de film tout Ă fait original : le « lavis animĂ© » qui parvient Ă animer lâĆuvre du grand peintre Qi Baishi (Les TĂȘtards Ă la recherche de leur maman). A priori, filmer image par image la peinture chinoise semble un pari impossible car tandis que lâencre nâimbibe jamais de la mĂȘme façon le papier en fibre de mĂ»rier, jamais le pinceau dans la main du peintre ne refait deux fois un trait identique. On nâa pas fini de sâinterroger sur les prouesses artistiques et techniques qui ont permis de rĂ©aliser les « lavis animĂ©s », mais câest un secret jalousement gardĂ© !
Filmographie
- 1956 Le Général vaniteux : The Conceited General, animation classique ;
- 1960 Les TĂȘtards Ă la recherche de leur maman : ć°èèȘæŸćŠćŠ (xiÇo kÄdÇu zhÇo mÄma), animation en peinture traditionnelle chinoise (lavis) ;
- 1963 La FlĂ»te du bouvier : ç§çŹ (mĂč dĂ), animation au lavis ;
- 1964 Bons Amis : ć„œæć (hÇo pĂ©ngyou), animation classique ;
- 1985 Le roi des singes dĂ©masque la sorciĂšre : éçŽéćŠ (jÄ«n hĂłu xiĂĄng yÄo,), de çčäŒ Te Wei, ææè Lin Wenxiao, äž„ćźćźȘ Yan Dingxian.
- 1988 Impression de montagne et d'eau : ć±±æ°Žæ shÄnshuÇ qĂng, animation au lavis.
Références
- (zh) Double DVD « äžćœç»ć žćšç» çčäŒïŒ - Chinese classic animation - Te Wei collection » (ISBN 7-88414-423-9)
- (fr) RĂȘves de singe - les Studios dâArt de Shanghai (de Julien Gaurichon, M.C.Quiquemelle), 2006, 26 min, Beta numĂ©rique - Les secrets des animateurs chinois et leur relation avec les arts traditionnels.
Liens externes
- (zh) Les tĂȘtards Ă la recherche de leur maman sur le site du studio.
- (zh) La flûte du bouvier sur le site du studio.
- (fr) TE Wei et les films d'art de Shanghai sur le site du festival de cinéma chinois de Paris. Article de Marie-Claire Kuo Quiquemelle.
- (fr) Synopsis de La Flûte du bouvier
- (fr) Synopsis de Le Roi des singes démasque la sorciÚre
- (en) « DécÚs de Te Wei le 4 février 2010 »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?)