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Taxe Ă  l'essieu

En France, la taxe spĂ©ciale sur certains vĂ©hicules routiers (TSVR), dite taxe Ă  l'essieu est une taxe applicable aux vĂ©hicules affectĂ©s au transport routier de marchandises de 12 tonnes et plus de poids total autorisĂ© en charge (PTAC)[1]. Elle est destinĂ©e Ă  financer l'entretien de la voirie[2]. Plus il y a d'essieux, moins la taxe est Ă©levĂ©e et « les tarifs sont rĂ©duits de 75 % pour les vĂ©hicules utilisant les systèmes mixtes rail-route (transport combinĂ©) »[2].

Anne Perrot, économiste du Cerne (Université de Paris-I) et de l'OEST au ministère de l'Aménagement du territoire, de l'équipement, et des transports la comparait en 1995 à l'équivalent pour les camions d'un « prix de 1"' abonnement" au réseau routier pour les poids lourds »[3].

Cette taxe s'applique (hors dérogations prévues par la loi) :

C'est une taxe dont la pertinence du point de vue de la justice n'est pas discutée, mais dont le montant a été beaucoup discuté[4]. Si les transporteurs la jugent souvent trop élevée, les bilans et expertises qui se sont suivis depuis les années 1990 ont toujours confirmé que « Le coût des circulations routières n'est globalement pas couvert par la tarification en place [...] les contrats d’assurances, taxe à l’essieu pour les poids lourds et taxe d’immatriculation pour les véhicules de société, peuvent également être considérés dans une approche globale de la tarification routière, mais ils ne sont pas directement liés aux niveaux des circulations et leurs montants globaux sont nettement inférieurs à ceux de la TIPP et des péages »[4].

Justifications

Un véhicule routier use la chaussée dans la proportion de la cinquième puissance de son poids par essieu[5] (autrement dit, quand on double ce poids, à vitesse égale, ce véhicule use 32 fois plus la chaussée).

Selon plusieurs études, un seul camion de quarante tonnes dégrade autant les routes , sinon plus, que cent mille voitures[6]. La formule de la cinquième puissance indiquerait qu'un camion de dix tonnes à deux essieux ou un de vingt tonnes à quatre essieux dégrade autant les routes que 100 000 voitures d'une tonne à deux essieux également.

Cette taxe a été instaurée en 1968 dans un souci de vérité des prix, faisant que les véhicules relevant des catégories retenues participent à l'entretien des routes, théoriquement dans la mesure aussi exacte que possible de leur participation aux dégradations qu'il faudra réparer.

Du fait que les camions étaient déjà pesés lors des passages en douane, qui disposaient donc de l'équipement nécessaire, cette taxe est restée rattachée en France aux services fiscaux des douanes.

Effets connexes

Cette taxe des effets connexes, plus ou moins « vertueux » : elle incite les acheteurs de camions — et en consĂ©quence leurs fournisseurs â€” Ă  multiplier le nombre d'essieux pour diminuer la taxe, et Ă  mettre en service des vĂ©hicules moins coĂ»teux pour la collectivitĂ©.

En Allemagne et Suisse, le péage des poids lourds varie selon le poids à l’essieu et les classes d’émission. Il s'est ensuivi une « tendance vers des camions plus petits et moins polluants (...) » En fait, le déplacement vers des camions plus petits (qui sont exemptés du péage) a été si prononcé qu’il est question d’étendre le péage à ces véhicules. Des observations similaires ont été effectuées en Suisse.

Modalités

La taxe à l'essieu est un impôt direct sur certains véhicules perçu par l'administration des douanes. L'assiette de l'impôt est fonction des éléments suivants :

  • Le nombre d'essieux du vĂ©hicule concernĂ©,
  • Le type de suspension de l'essieu moteur (pneumatique ou autre)
  • Le PTAC ou PTRA du vĂ©hicule concernĂ©

Le code des douanes fixe, pour chaque catégorie de véhicule imposable un tarif semestriel de base ; ce texte prévoit, entre autres, une réduction pour les véhicules justifiant du transports combinés rail-route.

La TSVR est payable dès la mise à la circulation du véhicule sur la voie publique, même immatriculé provisoirement (type WW). Le conducteur doit être en mesure de justifier son paiement lors de tout contrôle routier et ce, dans tous les cas de déplacement, même minimes (livraison du concessionnaire, dépôt du véhicule aux différents contrôles techniques, entretiens divers…).

Doit s'acquitter de la taxe Ă  l'essieu le propriĂ©taire du vĂ©hicule ou le locataire (voire sous-locataire) titulaire d'un contrat de crĂ©dit-bail ou de location de 2 ans et plus.

Le redevable de la taxe doit souscrire auprès du Service national douanier de la fiscalité routière (SNDFR) situé à Metz, une déclaration TVR 1, pour chacun de ses véhicules imposables, avant sa mise en circulation sur la voie publique[7].

Véhicules exonérés

  • Tracteur dit « solo » (roulant sans semi-remorque),
  • Engins de travaux publics dispensĂ©s d'immatriculation imposĂ©e par le code de la route,
  • MatĂ©riels normalement destinĂ©s Ă  l'exploitation agricole ou forestière :
    • tracteurs agricoles, machines agricoles automotrices, remorques, semi-remorques, machines et instruments agricoles conçus pour ĂŞtre attelĂ©s Ă  un tracteur agricole ou une machine agricole automotrice ;
    • matĂ©riels normalement destinĂ©s Ă  l'exploitation forestière et relevant des mĂŞmes critères que ceux retenus pour les vĂ©hicules et appareils agricoles,
  • VĂ©hicules de la dĂ©fense nationale, de la protection civile, des services publics de lutte contre les incendies, des autres services publics de secours et des forces responsables du maintien de l'ordre;
  • VĂ©hicules de collection ;
  • VĂ©hicules utilisĂ©s par les cirques ou affectĂ©s exclusivement au transport des manèges et autres matĂ©riels d'attraction ;
  • VĂ©hicules utilisĂ©s par les centres Ă©questres ;
  • VĂ©hicules ou engins effectuant exclusivement des transports Ă  l'intĂ©rieur de lieux privĂ©s (enceintes d'entreprises, chantiers, etc.) et n'utilisant jamais la voie publique,
  • Certains vĂ©hicules spĂ©cialisĂ©s de travaux publics et industriels : jusqu'au , la taxe n'est pas applicable aux vĂ©hicules suivants n'effectuant pas de transports de marchandises lorsqu'ils sont utilisĂ©s exclusivement pour le transport d'Ă©quipements installĂ©s Ă  demeure dans le cadre de travaux publics et industriels :
    • appareils de levage et de manutention automoteurs (grues installĂ©es sur un châssis routier, y compris les nacelles Ă©lĂ©vatrices pour levage des personnes montĂ©es sur porteurs) ;
    • pompes ou stations de pompage mobiles installĂ©es Ă  demeure sur un châssis routier ;
    • groupes moto compresseurs mobiles installĂ©s Ă  demeure sur un châssis routier ;
    • bĂ©tonnières et pompes Ă  bĂ©ton installĂ©es Ă  demeure sur un châssis routier (sauf bĂ©tonnières Ă  tambour utilisĂ©es pour le transport de bĂ©ton) ;
    • groupes gĂ©nĂ©rateurs mobiles installĂ©s Ă  demeure sur un châssis routier;
    • engins de forage mobiles installĂ©s Ă  demeure sur un châssis routier.

Pour bénéficier de cette exonération, ces véhicules doivent circuler occasionnellement sur la voie publique, ne pas être utilisés pour les transports de marchandises, ne jamais pouvoir être utilisés pour transporter autre chose que les équipements qui sont installés à demeure sur les véhicules et utilisés en tant que tels.

  • VĂ©hicules spĂ©cialement conçus pour le transport des personnes (cars, bus de ville ou de tourisme) ;
  • VĂ©hicules qui n'entrent pas, par leurs caractĂ©ristiques techniques, dans les catĂ©gories prĂ©vues par la loi, (exemple: un vĂ©hicule isolĂ© Ă  2 essieux d'un PTAC de 8 tonnes) ;
  • VĂ©hicules immatriculĂ©s dans un autre État de l'Union europĂ©enne ;
  • VĂ©hicules Ă©trangers venant d'un pays ayant signĂ© un accord de rĂ©ciprocitĂ© avec la France.

Applications et limites

Cette taxe, souvent jugée trop élevée par les transporteurs ne compense pas les effets physiques des camions sur les routes, et encore moins leurs impacts indirects. En 1995, elle était déjà jugée très faible, ayant pu contribuer à la diminution de la part du rail par rapport à la route de 1980 à 1995[3].

Un rapport français de 1995 sur les critères de soutenabilité d'une politique des transports reprochait à cette politique de ne pas assez prendre en compte les effets de moyen et long termes quand ils sont des externalités négatives, décourageant ainsi les tentatives de report modal. Ce rapport estimait que le déficit de la SNCF (pour le fret notamment) était « en partie dû aux conditions de concurrence défavorables avec le transport routier, conditions résultant en particulier d'options publiques (sous-tarification du gazole, de la taxe à l'essieu, des péages, accélération du programme autoroutier) », l'État devant par ailleurs supporter « financièrement les conséquences (bruit, pollution, accidents, etc.) des avantages et de la sous-tarification qu'il accorde à la route. Ce que la puissance publique refuse de percevoir d'un côté en n'appliquant pas à un niveau suffisant le principe pollueur-payeur, elle se voit contrainte de le débourser d'un autre (le pollué paye)... »[8].

Notes et références

  1. Code des douanes - Article 284 bis (lire en ligne)
  2. Taxe à l'essieu (ou taxe spéciale sur certains véhicules routiers -TSVR - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre). Mis à jour : 24.10.2013
  3. [PDF] Perrot A (1995) Ouverture à la concurrence dans les réseaux: l'approche stratégique de l'économie des réseaux. Économie & Prévision, 119(3), 59-71, voir p. 63
  4. Meunier L (2009) La circulation routière est-elle bien tarifée?, in La tarification, un instrument économique pour des transports durables, 23. ; Commissariat général au développement durable Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable, voir notamment le bilan et les tableaux des pages 30 et 31.
  5. Hubert Lévy-Lambert, La Vérité des prix, Editions du Seuil, 1969
  6. Owen Jones, « Crédits publics pour le secteur privé britannique. Le socialisme existe, pour les riches », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Taxe spéciale sur certains véhicules routiers (TSVR ou taxe à l’essieu), sur le site douane.gouv.fr, consulté le 22 aout 2015
  8. Dron D & Cohen de Lara M, (1995) Pour une politique soutenable des transports, 11 oct 1995 ; cellule prospective et de la stratégie, Ministère de l'Environnement p. 7/11.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

Bibliographie

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