Talafsa
Talafsa ou Thalafsa (en tifinagh : â”⎰â”⎰⎌â”⎰, « VipĂšre »), est un dragon aquatique fĂ©minin de la mythologie libyque, le mythe est largement rĂ©pandu Ă travers l'Afrique du Nord et plus particuliĂšrement dans les contes Kabyles et Rifains. Elle rejoint une longue tradition mythique de BĂȘtes Ă Sept TĂȘtes, et serait donc un Ă©quivalent berbĂšre de la lĂ©gende de l'Hydre.
La crĂ©ature est gĂ©nĂ©ralement dĂ©crite comme une force destructrice et mangeuse de chaire humaine dotĂ©e de sept tĂȘtes monstrueuses. Elle hante les forĂȘts et les montagnes ou elle se terre dans les sources et points d'eau indispensable aux habitants ruraux. Maitresse des fontaines et puits, elle exige aux villageois de livrer une jeune fille en guise de sacrifice annuel, faute de quoi ils mourront de soif[1].
Croyances et légendes
Selon une légende; deux jeunes demi-frÚres dont l'un a perdu sa mÚre, orphelin, laminé par les mauvais traitements de sa marùtre, décide de quitter le pays. Son demi-frÚre qui lui porte une grande affection tente de le retenir auprÚs de lui. En vain. Le jeune homme, avant de partir, plante un oranger (ou figuier, selon les variantes) et recommande à son demi-frÚre de l'arroser, "si les feuilles verdissent, prévient-il, c'est que je serai en bonne santé; si elle jaunissent, c'est qu'un grave péril pÚsera sur moi". Le voyageur solitaire chemine durant de longues semaines et son arbrisseau produit un magnifique feuillage. Un macabre jour, les feuilles jaunissent subitement: Arrivé devant la fontaine d'un village, il trouve une jeune fille en pleurs sur la margelle de la fontaine;
â "Qu'as-tu donc Ă pleurer ainsi?" Demanda-t-il.
â "Je suis la fille du roi. Et cette fontaine est la propriĂ©tĂ© de l'hydre Ă sept tĂȘtes. Chaque jour, pour nous donner de l'eau, la bĂȘte exige de manger une fille; aujourd'hui, mon tour d'ĂȘtre dĂ©vorĂ©e est arrivĂ©".
Le jeune homme se trouvait alors nez Ă nez avec la redoutable dragonne Talafsa. Le hĂ©ros dĂ©fait finalement la bĂȘte dans un combat acharnĂ© et Ă©pouse la jeune fille.
Une autre version du mythe raconte qu'un jeune hĂ©ro afin de sauver une jeune fille et son village, s'est confrontĂ© Ă Talafsa, Cette derniĂšre, cachant ses six tĂȘtes sous lâeau, l'affronta avec une seule tĂȘte et lui cracha du venin avec une puissance inouĂŻe, jusquâĂ ce que le hĂ©ros perde une partie de son armure. Sans pour autant rebrousser chemin, et toujours aussi dĂ©terminĂ©, dâun coup dâĂ©pĂ©e, il lui transperçùt la tĂȘte en deux. Plus forte et furieuse que jamais, Talafsa lui sortit sa deuxiĂšme tĂȘte, puis sa troisiĂšme, puis sa septiĂšme et enfin sa derniĂšre tĂȘte, quâil arracha sans scrupule d'un coup triomphant. Le hĂ©ros vainquĂźt alors la crĂ©ature et fut glorifiĂ© par le roi en personne.
Selon la lĂ©gende des AĂŻt Yeǧǧer en Kabylie, rapportĂ© par J. Servier; Un forgeron du nom d'Amara est le premier des occupants de l'actuel territoire de Tifrit n-AĂŻt Oumalek, il s'installa au lieu dit Bezziwa ; Il apprit que ses voisins Ă©taient soumis Ă un lourd tribut d'une hydre dĂ©nommĂ©e Talafsa qui vivait dans une source et auquel il fallait chaque matin donner une jeune fille en pĂąture; Amara s'en fut Ă la source dĂ©guisĂ© en femme afin d'appĂąter la bĂȘte, emportant avec lui du charbon, un soufflet, des pinces et une pointe d'araire. Il fait rougir la pointe et lorsqu'au lever du soleil le dragon vint pour le dĂ©vorer, il lança dans sa gueule ouverte, du bout de ses pinces; la pointe rougie. Le dragon poussa dĂšs lors un cri terrible, une vapeur humide sorti de sa gueule qui recouvrit la montagne voisine, puis elle disparut dans la source. La montagne, sous l'haleine du dragon, s'Ă©tait alors recouverte de chĂȘnes[2].
Références
- Sara Hedia, « Camille Lacoste-Dujardin, La vaillance des femmes. Relations entre femmes et hommes berbĂšres de Kabylie », Insaniyat / Ű„Ù۳ۧÙÙۧŰȘ. Revue algĂ©rienne d'anthropologie et de sciences sociales, no 49,â , p. 110â112 (ISSN 1111-2050, lire en ligne, consultĂ© le )
- Jacques Cantier, « L'ethnologue et les savoirs autochtones : Jean Servier et les BerbĂšres d'AlgĂ©rie, Ă©tude de cas », Outre-mers, vol. 93, no 352,â , p. 47â55 (ISSN 1631-0438, DOI 10.3406/outre.2006.4223, lire en ligne, consultĂ© le )