TĂ©traquark
En physique des particules, un tĂ©traquark est un mĂ©son exotique composĂ© de quatre quarks. Les tĂ©traquarks peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des particules virtuelles, tant leur durĂ©e de vie est courte.
L'existence des tĂ©traquarks a Ă©tĂ© prĂ©dite thĂ©oriquement dans les annĂ©es 1960 dans le cadre de la chromodynamique quantique. La recherche des tĂ©traquarks (et des pentaquarks) est ensuite devenue un sujet dâĂ©tude Ă part entiĂšre en physique expĂ©rimentale[1], et plusieurs tĂ©traquarks ont Ă©tĂ© produits au LHC, de types cccc et cqqq[alpha 1] - [2].
La collaboration LHCb annonce en juillet 2021 la mise en Ă©vidence du tĂ©traquark Tcc+ (ccqq)[3] - [4], et en juin 2022 celle du tĂ©traquark Tcc+ (ccud) ; ce dernier a une demi-vie supĂ©rieure Ă 100 ”m/c, soit deux ordres de grandeur au-dessus de celles des tĂ©traquarks connus antĂ©rieurement (de l'ordre de 10â23 s)[5] - [6] - [7].
Historique
En 2003, la rĂ©sonance X(3872), dĂ©couverte dans le cadre de la collaboration BELLE, est devenue l'un des premiers candidats pour l'existence d'un tĂ©traquark[8] - [9]. Le « X » indique que le nom de la particule est temporaire et que certaines de ses propriĂ©tĂ©s doivent encore ĂȘtre testĂ©es. Le chiffre suivant indique la masse de la particule (en MeV/c2).
En 2007, l'expĂ©rience BELLE annonce l'observation de Z(4430), un candidat tĂ©traquark qui aurait la composition ccdu. En 2014, LHCb a confirmĂ© l'observation de cette configuration avec une prĂ©cision dĂ©passant 13,9 Ï[10] - [11].
La rĂ©sonance Y(4660) (en), Ă©galement observĂ©e par BELLE en 2007, pourrait Ă©galement ĂȘtre un tĂ©traquark[12].
En 2009, le Fermilab a annoncé la découverte de Y(4140) (en), un autre candidat tétraquark[13].
En 2010, deux physiciens du Deutsches Elektronen-Synchrotron et un physicien de l'universitĂ© Quaid-i-Azam ont rĂ©analysĂ© des rĂ©sultats d'expĂ©riences antĂ©cĂ©dentes et ont annoncĂ©, en lien avec le Ï(5S) meson, qu'une rĂ©sonance tĂ©traquark existe[14] - [15].
En , deux équipes indépendantes ont rapporté l'observation de Zc(3900) : La collaboration BELLE et le collisionneur électron-positron de Beijing, en Chine[16]. Zc(3900) (en)[17] - [18].
En 2016, l'Organisation europĂ©enne pour la recherche nuclĂ©aire a confirmĂ© les premiers succĂšs d'une expĂ©rience prĂ©parant les accĂ©lĂ©rateurs du futur ainsi que la dĂ©couverte de hadrons exotiques appartenant au modĂšle standard : Un quatuor de tĂ©traquarks a Ă©tĂ© dĂ©couvert au LHCb en [19]. Les particules mises en Ă©vidence dans la dĂ©sintĂ©gration du mĂ©son B+ ont toutes la mĂȘme composition en quarks (ccss) mais sont de masse diffĂ©rentes (note : le chiffre entre parenthĂšses indique la masse de la particule). Leurs spins et leurs paritĂ©s ont pu ĂȘtre dĂ©terminĂ©es. Il s'agit de :
- X(4140) dont la découverte avait été annoncée en 2009 par la collaboration CDF à l'accélérateur Tevatron du Fermilab (USA), puis confirmée par CDF et CMS au LHC et Dà au Tevatron.
- X(4274),
- X(4500),
- X(4700).
Cette dĂ©couverte pose une question : s'agit-il de vĂ©ritables tĂ©traquarks ou de "molĂ©cules" associant deux mĂ©sons csÌ et cÌs ? Celle-ci sera examinĂ©e lors des campagnes 2015/2018 dâexpĂ©riences au LHC.
Notes et références
Notes
- c : quark charmé, c : antiquark charmé, q : quark léger, q : antiquark léger.
Références
- Georg Wolschin, « Des quarks aux pentaquarks », Pour la science, no 471/M02687,â , p. 27.
- « LHC as a Large Hadron Discovery Factory », sur LHC, (consulté le ).
- (en) Tommaso Dorigo, « Why The New Tcc+ Tetraquark Will Revolutionize Physics », sur science 2.0, (consulté le ).
- CERN, « Deux fois plus de charme : découverte d'une particule exotique à longue durée de vie », sur home.cern, (consulté le ).
- (en) Heather M. Hill, « Charming particle has a record-breaking lifetime », Physics Today,â (DOI 10.1063/PT.6.1.20220809a ).
- (en) Collaboration LHCb, « Observation of an exotic narrow doubly charmed tetraquark », Nature Physics, vol. 18,â , p. 751-754 (DOI 10.1038/s41567-022-01614-y ).
- (en) Collaboration LHCb, « Study of the doubly charmed tetraquark T+
cc », Nature Communications, vol. 13,â , article no 3351 (DOI 10.1038/s41467-022-30206-w ). - (en) D. Harris, « The charming case of X(3872) », Symmetry Magazine,
- (en) L. Maiani, F. Piccinini, V. Riquer et A. D. Polosa, « Diquark-antidiquarks with hidden or open charm and the nature of X(3872) », Physical Review D, vol. 71,â , p. 014028 (DOI 10.1103/PhysRevD.71.014028, Bibcode 2005PhRvD..71a4028M, arXiv hep-ph/0412098)
- (en) « LHCb confirms existence of exotic hadrons »
- (en) Ăquipe du LHCb, « Observation of the resonant character of the Z(4430)â state », Physical Review Letters,â (rĂ©sumĂ©)
- (en) G. Cotugno, R. Faccini, A.D. Polosa and C. Sabelli, « Charmed Baryonium », Physical Review Letters, vol. 104, no 13,â (DOI 10.1103/PhysRevLett.104.132005, Bibcode 2010PhRvL.104m2005C, arXiv 0911.2178)
- (en) Anne Minard, « New Particle Throws Monkeywrench in Particle Physics », Universetoday.com,
- « Evidence grows for tetraquarks », physicsworld.com
- (en) A. Ali, C. Hambrock et M. J. Aslam et Hambrock, « Tetraquark Interpretation of the BELLE Data on the Anomalous ΄(1S)Ï+Ï- and ΄(2S)Ï+Ï- Production near the ΄(5S) Resonance », Physical Review Letters, vol. 104, no 16,â (DOI 10.1103/PhysRevLett.104.162001, Bibcode 2010PhRvL.104p2001A, arXiv 0912.5016)
- Wolschin 2017, p. 27
- (en) « Physics - New Particle Hints at Four-Quark Matter », Physics.aps.org,
- (en) Eric Swanson, « Viewpoint: New Particle Hints at Four-Quark Matter », Physics, vol. 69, no 6,â (DOI 10.1103/Physics.6.69)
- Wolschin 2017, p. 23
Voir aussi
Bibliographie
- Georg Wolschin, « Des quarks aux pentaquarks », Pour la science, no 471,â , p. 20-28
Articles connexes
Liens externes
- « Tétraquark : ce nouvel hadron plein de charme », La Méthode scientifique, France Culture, 12 octobre 2021.
- TĂ©traquark sur futura-sciences.com