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Tétralemme (philosophies orientales)

Le tétralemme définit, dans le cadre des philosophies orientales, quatre possibilités de vérité pour une proposition, dont les deux premières sont celles du dilemme. Il est alors un outil de la rhétorique, pour une dialectique « lysiologique »[n 1] - [1], commune à l'Inde et la Chine puis au Japon, dépassant l'opposition des contraires en transcendant la raison[2]. Les écoles Madhyamaka et Cittamatra du Mahayana diffèrent dans l'usage qu'elles en font.

Forme générale

On trouve les quatre lemmes sous différentes versions, où l'ordre n'est pas indifférent, selon l'usage qui est fait du tétralemme. Chaque lemme représente une valeur de vérité ou l'une des relations pouvant être formulées entre un sujet et un prédicat, les lemmes 1 et 2 étant les seuls pris en compte dans la logique aristotélicienne :

Différentes formes du tétralemme
Lemme 1Lemme 2Lemme 3Lemme 4
Logos aristotélicien[3]A (=A : identité)A (A : non-contradiction)
Ordre conventionnelAffirmationNégationAffirmation et négationNi affirmation ni négation
Selon Lin-tsi et Yamauchi[n 2]AffirmationNégationNi affirmation ni négationAffirmation et négation
Version ontologiqueÊtrenon-Êtreni Être ni non-ÊtreÊtre et non-Être
Version prédicative[n 3]VraiFauxni Vrai ni FauxVrai et Faux

Place dans les philosophies orientales

« Ceux qui se hâtent n'osent pas s'engager dans cette méthode. Ils ont peur de tomber dans le vide[n 4] sans plus avoir à quoi se raccrocher. Alors, ayant scruté l'abîme, ils reculent et, tous sur le même modèle, ils partent en quête de connaissances et d'opinions[4]. »

— Houang-po Entretiens

La logique serait dépendante de la métaphysique, clandestinement[n 5] : le dilemmme, solidaire de la croyance aux choses[5] - [n 6] serait une métaphysique de l'être, alors que le tétralemme est une logique de la relation. Le tétralemme (sanskrit : catuskoti) fait ainsi naturellement partie des méthodes constantes de la tradition philosophique indienne[6].

Questions et réponses
Toute question porte implicitement sa réponse qui est celle de l'être ou du non-être, de l'existence ou de la non-existence, du vrai ou du faux. Question et réponse ne peuvent sortir de la dualité qu'elles présupposent pour s'énoncer. Dès lors que ce présupposé ne se trouve fondé que dans la convention, et de manière toute relative, la rationalité n'opère que dans le champ de la convention et de la relativité[7].

Ludovic Viévard - Vacuité et compassion

D'autre part la vérité ultime selon le bouddhisme est inaccessible à la pensée discursive, au langage, voile opacifiant qui met en forme le monde selon sa propre structure. La critique du langage est une critique du Logos et l'enjeu de la dialectique du tétralemme est bien de dépasser cette forme surimposée[8], sa nature anagogique est commune avec la recherche bouddhique[9]. Les bouddhistes du Madhyamaka ont ainsi développé cette pratique qu'ils affectionnent particulièrement[10], et on trouve une critique du langage précisément sous une forme tétralemmique :

« Brahmane, sache-le, toutes les paroles prononcées, qu'elles soient vraies ou pas vraies, je déclare qu'elles ne sont ni vraies ni fausses[8] »

— La Vallée Poussin (traducteur), Le joyau dans la main

Dans le bouddhisme Mahayana

Point de vue du Madhyamaka

« Les quatre choix, c'est la manière zen de débattre. Nonobstant, ce n'est pas tomber dans l'excès de débat[n 7], ni même débattre à loisir, c'est un débat vivant, et cela, qu'est-ce que cela pourrait bien être[11] ? »

— Tokuryû Yamauchi Logos et lemme

La méthode du tétralemme, permet de formaliser une démarche vers l'éveil et prend en compte différents concepts fondamentaux du bouddhisme : les deux niveaux de vérité, la coproduction conditionnée, la non-dualité, la vacuité, la compassion.

  • Vérité mondaine sanskrit : samvrti-satya, japonais : 世俗􀍷論理 (sezoku no ronri)
et vérité ultime sanskrit : paramartha-satya, japonais : 勝義􀍷論理 (shōgi no ronri)
La doctrine du Madhyamaka des deux vérités distingue la vérité mondaine [n 8] et la vérité ultime [n 9]. Le dilemme (qui correspond alors à la vérité mondaine) n'a qu'une valeur conventionnelle, n'est qu'une « vérité d'erreur » correspondant à la croyance aux choses[8], « condition a priori de l'échange avec autrui, et de l'entente dans la cité »[5]. Pourtant « chaque être souffre de n'être pas un être », et le tétralemme, en s'appuyant sur l'usage ordinaire de la vie pour indiquer le sens ultime s'adresse alors au candidat au salut, mais il s'agit non plus de guérir la vie mais de guérir de la vie[12]. Ce dépassement de la vérité mondaine en passant du dilemme au tétralemme correspond à une différence d'intentionnalité que Guy Bugault résume ainsi[1] :
Du dilemme au tétralemme
Effrayés par cette doctrine sans fondement,
Se complaisant dans un fondement, n'allant pas
Au-delà d'existence et de non-existence,
Les êtres sans intelligence se perdent[13].

Nagarjuna - La précieuse guirlande - stance 76

Dilemme : logique → mathématiques → informatique
Tétralemme : logique → dialectique → sotériologie
On peut utiliser les raisonnements et les outils de la logique symbolique (qui se fonde sur des termes définis une fois pour toutes et univoques, identité diachronique et synchronique) dans le cadre du dilemme ; mais une telle logique symbolique n'a aucun sens sur le tétralemme « lysiologique », qui tend à sa propre dissolution[1] et au refus de la croyance aux choses.
Selon Ludovic Viévard, lorsque le tétralemme est assorti d'une quantification existentielle permettant de savoir si l'énoncé a une signification (puisqu'alors elle cherche un référent en plus du sens), le tétralemme n'enfreint aucune des lois logiques[14].
L'ignorance de la vacuité fonde le dilemme. La reconnaissance de la vacuité de tous les êtres, de son intervention dans le discours mondain, provoque une rupture, un fossé infranchissable de paradoxes entre les deux niveaux de vérité[15] : « rupture de la construction mentale, syncope, anacoluthe dans le discours, hoquet de la pensée »[16]. Le tétralemme renvoie être et non-être dans une même irréalité :

« Être, non-être, être et non-être, ni être ni non-être, telle est la progression constamment utilisée par les sages[8]. »

— cité par L. Viévard, La vacuité comme instrument

La vacuité, qui concerne aussi bien le non-être que l'être ne se confond donc pas avec le néant : le nihilisme est donc évité. L'existence ainsi condamnée c'est alors la possibilité prédicative qui est condamnée sur le même mode tétralemmique :

« Tout est vrai ou non-vrai et aussi vrai et non vrai à la fois, de même ni non-vrai et ni vrai à la fois. Cela est l'enseignement graduel des Bouddha[8]. »

— Nagarjuna, Madhyamaka-karikas XVIII,8

Le Vrai et le Faux
Les Buddha disent : Qu'est-ce que le Vrai ?
Qu'est-ce que le Faux ?
Le Vrai et le Faux
Sont tous deux inexistants.
Ainsi la Vérité consiste
À ne pas discourir sur le Dharma.
C'est par compassion pour les êtres
Qu'ils font tourner la roue de la Loi[17]

Nagarjuna - Traité de la grande vertu de sagesse

L'impossibilité prédicative binaire Vrai/Faux ne signifie pas pour autant la prise en compte d'une troisième valeur de vérité, qui serait la synthèse des deux premières ou radicalement différente. La sotériologie à l’œuvre dans le tétralemme ne fait d'ailleurs pas appel au couple Vrai/Faux mais à Utile/Inutile[18]. Le Madhyamaka ne conteste donc pas que, dans le sens mondain, il n'existe que deux valeurs de vérité[19]. Une troisième voie ne pourrait exister qu'au niveau conceptuel, en aucun cas ontologique car elle conforterait alors la pensée discursive, empêchant ainsi l'accès au sens ultime, salvateur, des lemmes 3 et 4 du tétralemme[20]. Il faut évoquer plutôt le refus de répondre à une question mal posée ou l'absence de réponse, le silence. Ne peut faire sens que ce qui se transmet d'homme à homme par le langage : le silence pose un problème de ce point de vue[15].
  • Coproduction conditionnée (sanskrit : pratîtya-samutpâda, japonais : 縁起 (engi))
La vacuité est un concept à l'usage des candidats au salut, pour aborder le tétralemme et rejeter le dilemme : être ou non-être, par la non croyance aux choses. Mais sans une erreur à corriger il n'y aurait pas une vérité à dire[21] : la sunyata n'est qu'un élément de substitution temporaire, et l'aboutissement de la dialectique du tétralemme est l'effacement de la sunyata en même temps que celui de l'ontologie[18]. Ainsi ontologie et sunyata, samsara et nirvana sont-ils en situation de « coproduction conditionnée », l'un et l'autre élément apparaissant simultanément et disparaissant de même.

« Maintenant, en l'absence d'être, de quoi y aura-t-il non-être ? Et qui donc n'ayant nature ni d'être ni de non-être, pourra rien entendre au couple être / non-être[22] ? »

— Nagarjuna, Stances du milieu par excellence 5,6

Nirvana (monde du tétralemme) et samsara (monde du dilemme), interdépendants, pourraient alors être compris comme étant non différents, donc identiques selon la logique bivalente du tiers exclu. Mais ce point de vue est celui du dilemme, du samsara. Comme le remarque Guy Bugault « Voie du milieu et tiers exclu s'excluent, ou si l'on veut, constituent un bon exemple de tiers exclu pour autant qu'on reste sur le plan dialectique[21] ». Mais du point de vue du tétralemme, du nirvana, le tiers n'est pas exclu, et nirvana et samsara peuvent ne pas être identiques sans pour autant être différents : ils sont en fait « irrelatifs », coproduits, ce ne sont pas des catégories existentielles[23] et il serait vain de chercher à les comparer[16].
Pensée erronée, juste, véritable
Penser à l'être et penser au non-être, j'appelle cela des pensées erronées ; ne penser ni à l'être ni au non-être, j'appelle cela des pensées justes. Penser au bien et au mal, j'appelle cela des pensées erronées ; ne penser ni au bien ni au mal, j'appelle cela des pensées justes (...) La pensée juste est centrée exclusivement sur l'Éveil mais en réalité il ne peut être obtenu (...) Lorsqu'il n'y a pas de pensée, seulement cette « sans-pensée », j'appelle cela « pensée véritable » (...) Lorsqu'on atteint la sans-pensée, on parvient naturellement à la Délivrance[24].

Houei-Hai - L'Éveil subit'

En se déprenant de soi sur ce chemin du salut, le (bodhisattva) se tourne avec compassion (karuna) vers autrui, face à la misère des êtres qui l'entourent. Mais il se fait alors la réflexion suivante : « les êtres (sanskrit : dharma) étant tous vides, il n'y a pas d'être ; qui donc est à sauver ? » et il arrive ainsi que la vision de la vacuité des êtres (sunyata) faiblisse : karuna et sunyata doivent s'équilibrer dans l'articulation des lemmes bi-négation et bi-affirmation qui doivent être dépassés dans la perspective du « noble silence » avec le sanskrit : mahakaruna (grande compassion). Le tétralemme n'est que le chemin qui mène le bodhisattva à l'éveil.
La compassion disparaît en même temps que l'illusion du but (la cessation de la douleur) et c'est, avec la fin de l'effort intentionnel de la sotériologie vers le salut, l'aboutissement du tétralemme par sa propre dissolution[25].

Principaux auteurs du Madhyamaka

Cette section présente dans l'ordre chronologique quelques auteurs ayant fait différents usages de la figure du tétralemme : Nagarjuna, qui l'utilise comme une rhétorique ; Lin-tsi pour son enseignement ; Dogen, comme un kōan énigmatique ; Tokuryu Yamauchi le théorise comme grille de lecture des textes canoniques et de progression vers l'Éveil.

Nagarjuna (Inde - IIe siècle)

« Jamais, nulle part, rien qui surgisse, ni de soi-même, ni d'autre chose, ni des deux à la fois, ni sans cause[26] - [n 10]. »

— Nagarjuna Stances du milieu

Le tétralemme était connu et employé avant lui, mais Nagarjuna est le premier à en faire un usage prépondérant dans son enseignement, fondant ainsi la doctrine de l'École du Milieu. Il « met en œuvre une méthode dialectique originale et audacieuse, unique dans toute l'histoire universelle, en ce sens qu'elle est exclusivement négative, destructive, purgative ». Contrairement à la dialectique positive de Hegel par laquelle des contradictoires produisent une synthèse, impliquant ainsi une logique fondée sur l'être, celle de Nagarjuna emploie la « logicité »[n 11] du tétralemme pour démontrer le caractère intrinsèquement vide de tous les phénomènes[28].

Son attitude est donc à considérer au niveau du questionnement, pas de celui des assertions[18]. Il utilise le schéma du tétralemme principalement dans les Stances du milieu par excellence (sanskrit : Madhyamaka-karika) pour réaliser un enseignement pratique et thérapeutique. Les stances ont un caractère didactique et mnémonique, sont destinées à être commentées, et les commentaires de Candrakīrti sont les plus célèbres[29]. En général, seuls trois lemmes sont impliqués :

« Les Buddha ont fait état du moi, ils ont aussi enseigné le non-moi. Et ils ont aussi enseigné qu'il n'y a ni moi ni non-moi[30]. »

— Nagarjuna, Stances du milieu par excellence 18,6

mais il explore parfois les quatre lemmes, représentant alors les quatre relations concevables entre sujet et prédicat[31] :

« Tout est bien comme il semble, rien comme il semble. À la fois comme il semble et non comme il semble. Ni l'un ni l'autre. Tel est l'enseignement progressif des Buddha[30]. »

— Nagarjuna, Stances du milieu par excellence 18,8

Dans cet exercice, Nagarjuna se positionne face à des gens raisonnables dont il réfute les assertions, mais il n'a lui-même rien à dire[32]. Il scrute les énoncés de ses interlocuteurs avec la virtuosité d'un sophiste[29], réfute les positions adverses à l'aide du tétralemme, utilisant même le principe du tiers exclu lorsqu'il veut mettre son adversaire en contradiction avec lui-même dans sa logique mondaine, mais sans pour autant se sentir contraint de fournir une contrepartie positive[33].

Nagarjuna ne s'arrête pas au quatrième lemme. Selon une métaphore classique dans le bouddhisme, « quand on s'est servi du radeau pour traverser, on le jette », il en va de même du tétralemme, l'« apaisement béni » fait passer de l'idée d'extinction à l'extinction de l'idée[34], et le tétralemme apparaît alors comme un « expédient salvifique » (sanskrit : upaya) à l'intention des êtres, évoquant ainsi la compassion (karuna).

Lin-tsi (Chine- IXe siècle)

« Transformations de fantasmes, fleurs dans l'air :
Pourquoi se fatiguer à vouloir les saisir ?
Le gain et la perte, le oui et le non,
Qu'on les rejette en même temps[35] ! »

— Lin-tsi Entretiens

Pour son enseignement, Lin-tsi utilise à plusieurs reprises une forme comparable au tétralemme pour interroger les étudiants sur l'interprétation des alternatives possibles dans une situation philosophique plus ou moins énigmatique. Le maître sanctionnait généralement la réponse par un khât, exclamation inintelligible ne laissant place à aucune approche analytique ou intellectuelle, c'est à l'élève de l'interpréter : le sens doit surgir dans l'esprit du yogin[36]. Cette pratique et l'interprétation de ces khâts forment des raisonnements fortement inspirés du tétralemme[37].

Tokuryū Yamauchi reprendra ces textes à forme tétralemmique pour les commenter et illustrer sa conception du tétralemme. Il considérera que la forme des raisonnements présents dans le texte de Lin-tsi vient asseoir son interprétation du tétralemme nāgārjunien : Affirmation / Négation / Double négation / Double affirmation.

Les quatre khâts
Le maître demanda à un moine : « Parfois un khât est comme l'épée précieuse du roi ; parfois un khât est comme un lion d'or tapi sur le sol ; parfois un khât est comme une perche à explorer, munie d'herbes qui font ombre ; parfois un khât ne fait pas office de khât. Comment comprends-tu cela ? ». Le moine hésita. Le maître alors le battit[38].

Lin-tsi - Instructions collectives §61

  • Instruction collective relative à la connaissance : « les quatre choix » (§10)
  • Instruction collective relative à la relation maître / étudiant (§24)
  • Instruction collective prolongeant la précédente en intégrant la Loi, c'est-à-dire les principes de la doctrine bouddhique (§28)
  • Diagnose dite de « la clochette », énigmatique, probablement relative aux mondes phénoménal et indifférencié (§47)
  • Diagnose dite des « quatre khâts », évoquant les différents niveaux de compréhension de la Loi par l'étudiant (§61)
  • Les « Quatre éclairages/fonctions[n 12] » non intégré aux Entretiens, mais auxquels Yamauchi fait référence, relatif à la progression sur la Voie en associant l'ascèse (la « fonction ») et la contemplation (l'« éclairage ») selon quatre modalités successives[39].

À partir d'une dualité : Le maître/l'étudiant - L'homme/l'objet - La mort/la vie - La lumière/l'obscurité - L'ascèse/la contemplation, le tétralemme permet à Lin-tsi d'explorer les quatre situations possibles [39].

Exemple de mise en œuvre du tétralemme : relations maître / étudiant[40] (§24)
LemmeSituationCommentaire
Un étudiant interroge un maîtreL'étudiant pose une colle au maîtreLe maître ne doit pas tomber dans le piège de répondre
Un maître éprouve un étudiantLe maître annule l'objet des questions de l'étudiantL'étudiant doit lâcher prise
Un maître rencontre un maîtreChacun interroge mais évite de répondreChacun doit refuser les félicitations pour cette abstention
Un étudiant rencontre un étudiantChacun encombre l'autre de vaines idéesNi l'un ni l'autre n'y comprend rien

On peut mettre les textes de Lin-tsi en relation avec l'ontologie et la métaphysique occidentales, et les traducteurs commentent ainsi le tétralemme relatif à la connaissance :

Les quatre choix de Lin-tsi (§10)
LemmePropositionSituation métaphysiquePaul Demiéville[n 13] - [41]Augustin Berque[n 14] - [42]
AffirmationSupprimer l'homme sans supprimer l'objetLe sujet perd conscience de son moiRéalismeObjectivation
NégationSupprimer l'objet sans supprimer l'hommeLe sujet seul existe, tout n'est que penséeIdéalismeSubjectivation
Double négationSupprimer à la fois l'homme et l'objetRecueillement profond abolissant connaissance et conscienceAnéantissementSolipsisme
Double affirmationNe supprimer ni l'homme ni l'objetTranscendance ou conciliationRéalisme subliméEn-soi

Dôgen (Japon - XIIIe siècle)

« Il faut la rencontre de l'insensé qui tranche tout délire d'interprétation. Le vrai est là où je ne pense pas, là où je ne suis pas, là où il n'est pas. La cruauté de la figure, que nous jugeons invraisemblable, présente l'implacable nécessité, énigme de l'efficacité[43] »

— Pierre Nakimovitch Dôgen et les paradoxes de la bouddhéité

Pensée et mot
Une pensée qui tombe juste, un mot qui ne tombe pas juste, sont temps. Un mot qui tombe juste, une pensée qui ne tombe pas juste, sont temps. Pensée et mot qui tombent juste sont temps. Pensée et mot qui ne tombent pas juste sont temps.
Pensée et mot sont temps vont ensemble. Qu'ils tombent juste ou non sont aussi temps et vont ensemble[44].

Dôgen - Uji (Je suis temps)

Dans son enseignement, Dôgen utilise la contradiction d'une dialectique mais sans synthèse supérieure. Il se sert en fait de la forme du tétralemme (japonais : 四論 (shiron)) développé autour des deux lemmes de la « vérité absolue » : conjonction (double affirmation) et disjonction (double négation) comme d'un kôan, par exemple dans Busshô à propos de la bouddhéité, ou dans Uji à propos du temps, deux thèmes d'ailleurs intimement liés. La contradiction frappe et inquiète, « ultime tentative pour faire vaciller le bon sens réaliste (...) On pourrait distinguer le droit et le fait, ou le point de vue profane et la vérité absolue - pour satisfaire la logique »[43].

Je rencontre un homme
Je rencontre un homme ; l'homme se rencontre lui-même ; je me rencontre moi-même ; aller à l'encontre rencontre aller à l'encontre - [n 15]. Sans le temps, il ne pourrait en être ainsi[45].

Dôgen - Uji (Je suis temps)

Interrogé, dans Busshô : « tout ce qui vit a-t-il ou non la nature-bouddha ? », Dôgen répond, pour faire vaciller le bon sens et dépasser la « vérité conventionnelle », que « toute bouddhéité est non-bouddhéité » (bi-affirmation). Ces deux points de vue s'opposant, il cite un autre maître (Dai-I) qui affirme « pour tout ce qui vit, rien, ni nature ni bouddha » (bi-négation), laissant ainsi se déployer les contradictions, et commente : « son propos ne dépasse pas les limites des lignes marquées à l'encre. En fait il parle comme s'il avait toujours hébergé ce code en sa demeure » pour signifier que ce n'est pas là le reflet d'une pensée nihiliste ou incohérente, mais que Dai-I a incorporé ce fait[46] : laisser être, se confier à l'ainsité, au-delà du respect des convenances mondaines du dilemme[47].

Tokuryu Yamauchi (Japon - XXe siècle)

« La logique du [tétra]lemme est d'abord une logique d'ascèse[n 16]. Si le logos est une vérité théorique[n 17], il faut dire que le [tétra]lemme est un entraînement pratique (...) Dans l'entraînement aussi, une théorie intrinsèque s'impose (...) Le tétralemme n'est pas seulement une logique de l’œil qui sait, au contraire c'est une logique du pied qui va[48]. »

— Tokuryu Yamauchi - Logos et lemme

Yamauchi[n 18] consacre son ouvrage Logos et lemme à une analyse du tétralemme et de sa « logicité », employant un mot japonais qui exclut volontairement toute étymologie avec « logique » qui serait alors une référence au logos aristotélicien[49].

La quête par le tétralemme
Si on suit un système, on ne peut pas atteindre à l'illumination, mais même dans la révélation directe, il ne faut pas négliger la quête. Même là il y a une logique. Ce n'est pas la logique du logos, il fallait que ce fût la logique du [tétra]lemme (...) Les quatre lemmes culminent dans le troisième[n 19], qui les intègre. Celui-là, tout en se distinguant des autres, est en lui même l'inséparer. C'est parce qu'il insépare qu'il sépare[11].

Tokuryû Yamauchi - Logos et lemme

Il reste attaché à une compréhension pratique de cette approche de la Voie, mais développe une réflexion sur les quatre composants du tétralemme, leur usage et leurs interrelations, pour proposer un système tétralemmique, comme un « expédient salvifique » du monde conventionnel, à la portée de l'étudiant en quête de la Voie :

« Chercher là quelque système, ne serait-ce donc que le vice inéradicable d'un universitaire[n 20] ? Il serait alors facile de s'en débarrasser d'un coup de pied. Néanmoins, alors même que l'on rejette toute formulation, (...) il faut qu'il y ait là un système. Si l'on suit un système, on ne peut atteindre à l'illumination, mais même dans la révélation directe, il ne faut pas négliger la quête (365). »

— T. Yamauchi, Logos et lemme

  • Centralité et nature du troisième lemme
Yamauchi établit tout d'abord une correspondance entre le tétralemme et les textes de Lin-tsi : « les Quatre choix deviennent la distinction des quatre lemmes » (365). Il fait ensuite correspondre les « Quatre choix » et « Éclairage/fonction » de Lin-tsi avec les « Quatre Nobles Vérités » du bouddhisme (la souffrance, l'origine de la souffrance, la cessation, la Voie). Les Quatre Vérités ne sont pas simplement les stades d'un apprentissage de la Voie, elles doivent être catégories de la pensée humaine et peuvent être réparties en quatre lemmes (347).
Correspondance Lemmes / Quatre nobles vérités[n 21]
Position1234
TétralemmeÊtrenon-Êtreni Être ni non-ÊtreÊtre et non-Être
Nobles véritésLa souffranceL'origine de la souffranceLa cessationLa Voie
Ordre de véritéSamsara (vérité mondaine)Samsara (vérité mondaine)Nirvana (vérité ultime / Sunyata)Nirvana (vérité ultime / Karuna)
Réciproquement, les quatre « Éclairage/fonction », sont indubitablement les éclairages et fonctions des Quatre Vérités (355), et « nous devons dédier tous nos efforts à la discussion des Quatre Choix » (de Lin-tsi) (365).
Il estime que la force principale des textes de Lin-tsi, et par conséquent des Nobles Vérités, s'est concentrée sur le troisième lemme (la bi-négation), « franche expérience, révélation directe » (365). Les quatre lemmes du tétralemme culminent dans le troisième, qui les intègre, correspondant à la troisième Noble Vérité : cessation de la souffrance, négation de l'être, de ce-qu'il-y-a, c'est-à-dire de quoi que ce soit (347). Le troisième lemme n'est pas seulement la négation, c'est la négation de la négation, ce n'est pas seulement nier, c'est arracher, écarter dépouiller. C'est un coup de pied pour bondir, pour transcender (366).
  • Notion de soku
La logique du soku, c'est la logique du tétralemme, qui éclaire l'articulation des lemmes bi-négation et bi-affirmation, ce n'est ni la logique inférentielle d'Aristote ni la logique dialectique de Hegel, qui n'éclairent que le rapport des deux premiers lemmes. Les troisième et quatrième lemmes s'opposent mais ne donnent pas lieu à une synthèse, et on ne peut non plus déduire l'un de l'autre.
Du troisième au quatrième lemme, il n'y a pas de médiation. La preuve ne peut être qu'intuitive, c'est une expérience directe, il y a de l'un à l'autre une commutation instantanée. Cette manière d'unir, c'est le soku, rapport « franc et immédiat » (382).
  • Notion d'agencement (japonais : sesetsu)

« Pourtant, les divers étants sont là, nous avons le siècle sous la main. Le monde existe partout (...) On est dans le monde, on est entre les gens, on n'a pas les moyens de cesser d'habiter en ce monde. Les divers étants sont des construits provisoires, ont été ainsi agencés[50]. »

— Tokuryu Yamauchi - Logos et lemme

Le troisième lemme (bi-négation, cessation de la souffrance) correspond à la « moelle du bouddhisme » mais c'est le quatrième lemme (bi-affirmation, la Voie) qui révèle le monde de la vérité, être et non-être qui ne peuvent s'établir selon le logos mais qui peuvent se saisir par le tétralemme. Le quatrième lemme s'établit et s'ouvre par la traversée du troisième, mais inversement le troisième ne s'achève que par le quatrième qu'il requiert : ces deux lemmes forment un agencement (414). Un tel « agencement » est provisoire, issu d'une « coproduction conditionnée ». Voir comme véritable ce qui est vide et provisoire est une erreur, et le voir comme un construit passager doit s'imposer.
Tout en sachant que l'agencé est provisoire, il n'y a pas d'autre chemin pour vivre que de s'y appuyer. Par exemple, le temps n'est rien sans l'horloge, temps et horloge sont des agencements. Quand l'être a pour fond le vide, il devient agencement (414).

« L'éveil éveillant l'éveil. L'égarement égaré par l'égarement : tout cela est basé sur le principe selon lequel on ne peut se relever qu'en prenant appui sur le sol sur lequel on est tombé. Cette vérité est évidente là-haut comme ici-bas, cette vérité est évidente tant sous le ciel d'Occident que sur les terres d'Orient[51]. »

— Dôgen, In-mo

Les quatre lemmes correspondent, sous leur forme ontologique, aux Quatre Choix de Lin-tsi : les deux premiers lemmes correspondent à la situation de l'homme et du monde, dans un rapport dialectique constructif, alors que les troisième et quatrième sont dans le rapport bi-affirmation soku bi-négation (365). La « vérité mondaine » des deux premiers lemmes est elle aussi dans ce rapport de coproduction avec la « vérité ultime » : samsara et nirvana sont non-différents sans pourtant être identiques.

Point de vue du cittamatra

Il n'y a là que des élaborations mentales et des mots
Dont il est impossible de trouver les caractères réels (...)
Si bien que la permanence et l'impermanence,
L'unité et la différence, les deux ensemble
Et leur commune absence
Ne sont qu'idées fausses inventées par les sots
Prisonniers de l'erreur depuis la nuit des temps[52].

Lankavatara- Compendium de tous les enseignements

Le « Rien qu'esprit » (sanskrit : cittamatra) qui est, comme le Madhyamaka, une école du bouddhisme mahayana, fait également référence à la méthode du tétralemme, mais dans une vision différente et en en soulignant les risques. On trouve dans le Soutra de l'Entrée à Lanka une présentation critique de cette méthode. Les réticences à son usage sont de différentes natures :

  • Le tétralemme est une production de l'esprit et du langage faisant ainsi proliférer les jugements et les fictions dans l'attachement aux mots. Feignant d'attribuer cet usage aux non-bouddhistes, le soutra précise : « [Ils] s'attachent à la réalité de leurs fictions, et commettent l'erreur de croire à la validité ultime de concepts comme l'unité, la différence, leur affirmation commune et leur commune négation (...) sous le coup des schémas habituels issus de leur propre esprit[53]. » ;
  • La réalisation intérieure de la sublime sagesse (i.e. le nirvana) se trouve totalement au-delà de notions telles que « la naissance, la durée et la cessation, l'unité et la différence, l'être et le non-être, les deux ou ni l'un ni l'autre » ;
  • Eux-mêmes, « Les bouddhas enseignent le Dharma par-delà tous les tétralemmes »[53].
  • Dans son commentaire de ce soutra, Les mystères essentiels de l'Entrée à Lankâ, Fazang (Chine- VIIe siècle) reprend cette critique du tétralemme au motif qu'elle impliquerait l'existence d'une troisième valeur de vérité (au-delà de être et non-être), alors que la « nature de Bouddha » est précisément la vacuité de ce qui ne relèverait alors ni de l'être ni du non-être. Dans le soutra, le Bouddha met également en garde contre les limites du tétralemme en refusant « une réalité qui existerait au-delà de tous les jugements », au profit de « l'ici-et-maintenant unique et clair qui intègre les quatre membres de tout tétralemme dans sa vérité inconcevable - l'absolu du réel »[54].

Pourtant, comme Lin-tsi, Fazang utilise le tétralemme pour explorer les différentes possibilités relatives à une dualité, par exemple l' « inclusion réciproque de l'enseignant et de son auditoire » :

L'enseignement : êtres convertis et bouddhas[55]
LemmeSituationCommentaire
ÊtreLa substance des êtres est réalisée[n 22] par la sagesse du BouddhaLes enseignements ont pour substance l'esprit du Bouddha
non-ÊtreLa sagesse des bouddhas est en fait à l'intérieur de l'esprit des êtresLes enseignements se ramènent à l'esprit des êtres
Être et non-ÊtreLes êtres se trouvent dans l'esprit du Bouddha ;
ils écoutent les bouddhas qui se trouvent dans l'esprit des êtres
L'inclusion est totale, sans obstacle à l'enseignement
ni Être ni non-ÊtreLe Bouddha n'est que l'esprit des êtres sans apparence de Bouddha ;
les êtres sont sans caractéristiques ordinaires et ne sont que l'esprit du Bouddha
Enseignants et auditoire ont disparu, il n'y a plus d'enseignement.

Mais Fazang considère les différentes situations créées par chaque lemme non pas comme une progression (quête, guérison, entraînement...) vers l'éveil, mais comme quatre éléments de la « description » du réel : « la perfection du jugement est l'intégration des quatre membres du tétralemme dont chacun est faux isolément et vrai dès lors que la vérité des trois autres est avérée, car elle devient telle alors »[54]. Dans l'exemple de l'enseignement, Fazang conclut ainsi : « L'intégration de ces quatre propositions crée une instance qui est toute ceci et toute cela, où l'être et le non-être ne s'opposent ni ne se contredisent »[55].

Union des apparences et de la vacuité, le dépassement du tétralemme est l'intégration non-contradictoire de toutes ses parties[54].

Auto-dissolution du tétralemme

Faut-il considérer l'éveil comme l'aboutissement (noble silence, apaisement béni, frontière de l'oubli...) des quatre étapes du tétralemme, selon les auteurs du Madhyamka, ou comme son dépassement comme le suggère Fazang dans le cadre du cittamatra ? Les deux écoles se rapprochent cependant sur deux points :

L'apaisement par l'oubli du tétralemme
Béni est l'apaisement de tout geste de prise, l'apaisement de la prolifération des mots et des choses. Jamais un quelconque point de doctrine n'a été enseigné à quiconque par le Bouddha[56].

Nagarjuna - Examen critique du nirvana

  • Une fois l'éveil atteint, les quatre choix, expédient salvifique, sont oubliés ;
Madhyamaka : Yamauchi l'exprime clairement « L’achèvement des quatre choix est ainsi la frontière de l’oubli, et le cinquième degré vraiment l’expression d’une telle situation[57]. »
  • Le retour au réel où samsara et nirvana sont indifférenciés correspond à la « grande compassion » (sanskrit : mahakaruna) associant et transcendant sunyata (la vacuité) et karuna (la compassion).
Cittamatra : Patrick Carré commente ainsi la position de Fazang « il faut être supérieurement bon pour reconnaître le côté parfait de toute chose ou idée, et surtout le côté parfait des êtres sensibles qui, à bon et mauvais escient, croient et s'attachent aux thèses les plus contradictoires »[54].

Guy Bugault propose une synthèse associant dans le tétralemme la connaissance (samsara, lemmes 1 et 2), la prise de conscience (nirvana, lemmes 3 et 4) et le retour ou monde avec sa dissolution :

« Puis donc qu'il faut conclure sur un point de vue, - par conséquent sur une erreur -, que dire en trois mots de l'idéal des bodhisattva ? C'est tout à la fois perdre connaissance, prendre conscience, et enfin revenir au monde d'une connaissance par simple présence, transparente et sans limite[58]. »

— Guy Bugault, La notion de prajna ou de sapience

Notes

  1. Néologisme pour signifier une logique orientée vers la dissolution de la vérité et de la réalité
  2. Interversion des lemmes 3 et 4 pour des raisons de fond dont T. Yamauchi s'explique dans son ouvrage
  3. Par exemple : il-y-a ; il-n'y-a-pas ; il-y-a et il-n'y-a-pas ; ni il-y-a ni il-n'y-a-pas
  4. C'est-à-dire le nihilisme
  5. Aristote semble confirmer la thèse de K. C. Bhattacharyya selon laquelle il n'y aurait pas de logique autonome
  6. «Si tout n'est pas relatif, s'il y a des êtres existants en soi et par soi » (Aristote, Métaphysique, gamma, 6,1011)
  7. Évocation des « lianes parasites » figurant traditionnellement les imbroglios, conflits, passions que créent les surimpositions verbales qui voilent notre vraie nature
  8. On trouve « mondaine » ou « profane » ou « conventionnelle »
  9. On trouve « ultime » ou « suprême » ou « Sens Vainqueur »
  10. Ce tétralemme, placé en tête de l'ouvrage, pourrait apparaître comme un sophisme, mais cette position est délibérée de la part de Nagarjuna, qui assène ainsi un « électrochoc »par sa lecture[27]
  11. Néologisme créé par A. Berque en opposition à la logique aristotélicienne.
  12. Selon la traduction d'A. Berque
  13. P. Demiéville traduit et commente Lin-tsi
  14. A. Berque traduit et commente l'analyse par T. Yamauchi des Entretiens de Lin-tsi
  15. Dogen utilise la grammaire chinoise par laquelle un mot peut avoir, successivement et dans une même phrase, des fonctions différentes : sujet, verbe, complément
  16. Le traducteur rappelle que ascèse vient du grec exercice, pratique
  17. Vérité de l' œil qui sait, l'intelligible platonicien
  18. On trouve également l'orthographe Yamanouchi. Voir notice Tokuryû Yamauchi
  19. Le troisième lemme, dans la logique de Yamauchi, étant « ni / ni »
  20. Yamauchi était professeur de philosophie à l'Université Impériale de Kyôto
  21. À rapprocher peut-être de cette remarque lacanienne de Guy Bugault : « chaque être souffre de n'être pas un être »[12]
  22. Le traducteur souligne qu'il ne s'agit pas d'un acte intellectuel et cite Sengzhao qui précise que « la connaissance transcendante ne connaît pas ».

Références

  1. G. Bugault, Vacuité et logique symbolique, p. 308-309
  2. P. Demiéville, Les entretiens de Lin-tsi, p. 250
  3. Kioka Nobuo, La place de Yamauchi Tokuryu, p. 49
  4. Houang-po, Essentiel de la méthode de transmission de l'esprit, p. 20
  5. G. Bugault, Logique et dialectique, p. 247 et n29
  6. G. Bugault, La question préalable, p. 48-49
  7. L. Viévard, Conclusion, p. 288
  8. L. Viévard, La vacuité comme instrument, p. 66-67
  9. L. Viévard, Vacuité et sotériologie, p. 37
  10. G. Bugault, L'anthropologie bouddhiste, p. 196
  11. T. Yamauchi, Les quatre vérités et les quatre choix, p. 365-366
  12. G. Bugault, Introduction, p. 25-27
  13. Nagarjuna, Condition supérieure et Bien authentique, p. 18
  14. L. Viévard, Conception utilitaire de la vacuité, p. 83
  15. L. Viévard, La moralité, p. 216
  16. G. Bugault, Le principe du tiers exclu dans les MK, p. 272
  17. Nagarjuna, cité par Ludovic Viévard, p. 247
  18. L. Viévard, Concept utilitaire de la vacuité, p. 83-84
  19. D. Ruegg, La notion de réalité absolue, p. 384-385
  20. G. Bugault, Logique et dialectique, p. 83
  21. G. Bugault, Logique et dialectique, p. 267
  22. Nagarjuna, Examen critique des éléments, p. 88
  23. G. Bugault, Logique et dialectique, p. 312
  24. Houei-Hai, Traité sur l'Éveil subit, p. 23-24
  25. L. Viévard, Carrière du bodhisattva, p. 274-275
  26. Nagarjuna, Examen critique de l'idée de condition, I,1, p. 43
  27. G. Bugault, Introduction - Les deux vérités, p. 22
  28. F. Chenet, Singularité de l’œuvre et originalité de sa doctrine, p. 613
  29. G. Bugault, Introduction, p. 12-15
  30. Nagarjuna, Examen critique du moi, p. 232-233
  31. G. Bugault, Introduction, p. 20
  32. G. Bugault, Logique et dialectique, p. 251 et 254
  33. G. Bugault, Logique et dialectique, p. 246
  34. G. Bugault, Commentaire de la stance XXV,16, p. 330
  35. Lin-tsi, Instructions collectives §28, p. 135
  36. D.T. Suzuki, Essais sur le bouddhisme zen, p. 348-361-561
  37. Ruth Fuller Sasaki et Thomas Yūhō. Kirchner, The record of Linji, University of Hawaiʻi Press, (ISBN 978-1-4416-2013-2, 1-4416-2013-3 et 978-0-8248-6497-2, OCLC 436765488, lire en ligne), p. 151
  38. Lin-tsi, Diagnoses §61, p. 195-196
  39. T. Yamauchi, Les quatre vérités et les quatre choix, p. 354-355
  40. P. Demiéville, Les entretiens de Lin-tsi, p. 241-242
  41. P. Demiéville, Commentaire à l'instruction collective 10, p. 51-54
  42. A. Berque, Note sur les quatre choix, p. 356 n6-9
  43. P. Nakimovitch, Quoi, c'est la bouddhéité, p. 356
  44. Dôgen, Uji, p. 73
  45. Dôgen, Uji, p. 79
  46. Dôgen, Busshô - Je suis temps, p. 367-375 et note 120
  47. P. Nakimovitch, Être, non-être, avoir, p. 244
  48. T. Yamauchi, Les quatre vérités et les quatre choix, p. 255
  49. T. Yamauchi, Introduction, p. 23
  50. T. Yamauchi, L'agencement, p. 402
  51. Dôgen, In-mo, p. 75
  52. Lankavatara, Compendium de tous les enseignements, p. 121-122
  53. Lankavatara, Compendium de tous les enseignements, p. 118-120
  54. P. Carré, Introduction - La cinquième jambe du tétralemme, p. 19-21
  55. Fazang, Ce qui exprime la substance des enseignements, p. 67-69
  56. Nagarjuna, Examen critique du Nirvana XXV,24, p. 334
  57. T. Yamauchi, Les quatre vérités et les quatre choix, p. 354
  58. G. Bugault, La sagesse a-t-elle encore une saveur ?, p. 232

Bibliographie

Traductions

  • Soûtra de l'Entrée à LankâLankâvatâra »] (trad. du chinois classique par Patrick Carré), Fayard, coll. « Trésors du bouddhisme », 381 p. (ISBN 9782213629582)
  • Dôgen (trad. du japonais par Charles Vacher, postface Françoise Dastur, ill. Hiroshi Sugimoto), Uji : je suis temps, Paris, encre marine, , 104 p. (ISBN 9782350881614)
  • Dôgen (trad. du japonais par Charles Vacher), Busshô : La nature donc Bouddha, Paris, encre marine, , 533 p. (ISBN 9782909422633)
  • Dôgen (trad. du japonais par Charles Vacher), In-mo : ça, encre marine, (ISBN 978-2-909422-90-9)
  • Fazang (trad. du chinois classique par Patrick Carré), Les mystères essentiels de l'Entrée à LankâRu Lengjia xin xuan yi »], Fayard, coll. « Trésors du bouddhisme », 140 p. (ISBN 9782213630724)
  • Houang-po (trad. du chinois classique par Patrick Carré), Entretiens, Points, coll. « Sagesses », , 148 p.
  • Houei-hai (trad. du chinois classique par Maryse et Masumi Shibata), L'Éveil subit : suivi de Dialogues du Tch'an, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes » (ISBN 9782226106223)
  • Lin-tsi (trad. du chinois classique par Paul Demiéville), Les entretiens de Lin-tsi, Fayard, coll. « Documents spirituels », , 254 p. (ISBN 9782213004976)
  • Nagarjuna (trad. du sanskrit par Guy Bugault), Stances du milieu par excellenceMadhyamaka-karikas »], Gallimard, coll. « Connaissance de l'Orient », , 373 p. (ISBN 9782070767304)
  • Nagarjuna (trad. du sanskrit par Jeffrey Hopkins), La Précieuse Guirlande des Avis au Roi, Yiga Tcheu Dzinn, , 117 p. (ISBN 2864730049)
  • Tokuryū Yamauchi (trad. du japonais par Augustin Berque (avec le concours de Romaric Jannel), préf. Romaric Jannel), Logos et lemme : Pensée occidentale, pensée orientale, CNRS éditions, (1re éd. 1974), 495 p. (ISBN 9782271131287)

Études

  • Guy Bugault, L'Inde pense-t-elle ?, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Sciences modernités philosophies », , 349 p. (ISBN 9782130464822, lire en ligne)
  • Guy Bugault, La notion de prajna ou de sapience selon les perspectives du mahayana : Part de la connaissance et de l'inconnaissance dans l'anagogie bouddhique, de Boccard, coll. « Institut de civilisation indienne », , 289 p.
  • François Chenet (en), La philosophie indienne : La contribution d'un continent à la vie de l'esprit, Armand Colin, coll. « La lettre et l'idée », , 160 p. (ISBN 9782200627034)
  • François Chenet, Psychogenèse et cosmogonie selon le yoga-vasistha : Le monde est dans l'âme, vol. II, Collège de France, coll. « Institut de civilisation indienne », , 746 p. (ISBN 2868036724)
  • Romaric Jannel, « Nāgārjuna’s Tetralemma in Yamauchi Tokuryū’s Philosophy », The Eastern Buddhist. Third series, , p. 55 - 68 (DOI 10.15070/00011240)
  • Kioka Nobuo, « L’horizon de la logique lemmique », Ebisu, no 49, printemps-été 2013, p. 41-55 (lire en ligne)
  • Pierre Nakimovitch, Dôgen et les paradoxes de la bouddhéité : Introduction, traduction et commentaire de Busshō, Genève, Droz, coll. « École Pratique des Hautes Études », , 453 p. (ISBN 978-2-600-00328-5, lire en ligne)
  • David Seyfort Ruegg, La théorie du Tatthâgatagarbha et du Gotra : Études sur la Sotériologie et la Gnoséologie du Bouddhisme, Paris, École Française d'Extrême-Orient, , 539 p.
  • D.T. Suzuki (trad. du japonais par Jean Herbert), Essais sur le bouddhisme zen : Séries I, II, II, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 1236 p. (ISBN 9782226138668)
  • Ludovic Viévard, Vacuité et compassion dans le bouddhisme madhyamaka, Paris, De Boccard, coll. « Collège de France », , 340 p. (ISBN 286803070X)
  • Tch'an Zen : Racines et floraisons, Hermès, coll. « Recherches sur l'expérience spirituelle », 444 p. (ISBN 9782866811044)

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