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Syndrome d'activation mastocytaire

Le syndrome d'activation mastocytaire (SAMA), communément appelé troubles de l'activation mastocytaire (MCAS en anglais), est une pathologie immunologique dans laquelle les mastocytes libèrent de façon inappropriée et excessive des médiateurs chimiques, provoquant un ensemble de symptômes chroniques et/ou récidivants, y compris le choc anaphylactique, ou un état approchant[1] - [2] - [3]. Les symptômes principaux sont cardio-vasculaires, dermatologiques, gastro-intestinaux, neurologiques et respiratoires[2]. Le SAMA est le plus souvent de type idiopathique, c'est-à-dire sans cause retrouvée. Cependant, il est parfois secondaire à une allergie, une pathologie auto-immune (SAMA secondaire) ou bien associé à une mutation du gène KIT (mutation D816V principalement). Dans cette dernière entité, il s'agit d'un SAMA clonal (Reference 1 et 2).

Contrairement Ă  la mastocytose, oĂą les patients ont un taux anormalement Ă©levĂ© de mastocytes, les patients atteints du SAMA ont un nombre normal de ces cellules. Mais celles-ci ne fonctionnent pas correctement et sont dĂ©finies comme « hyperrĂ©actives »[2]. Le SAMA est encore mal compris par les professionnels de la santĂ© et reste actuellement un sujet de recherche[4].

Des travaux actuels s'intéressent aux maladies associées au SAMA idiopathique, qu'elles soient innées ou acquises. Parmi les maladies innées, il semblerait y avoir une association avec le Syndrome d'Ehlers-Danlos et les désordres du spectre de l'hypermobilité (DSH), mais cette association reste à confirmer sur le plan épidémiologique. Sur le plan des maladies acquises il est retrouvé parfois une association avec le Syndrome de Tachycardie Orthostatique Posturale (STOP) mais ces données doivent également faire l'objet de validation sur de grandes séries[5].

Symptômes et déclencheurs

Le SAMA est une pathologie qui affecte plusieurs organes. Les symptômes peuvent fluctuer dans leur type, leur gravité et leur durée. De nombreuses manifestations et symptômes sont les mêmes que ceux de la mastocytose. En effet, dans la mastocytose, une partie des symptômes résulte de la libération de nombreux médiateurs par les mastocytes[6] telle qu'observée dans le SAMA. Bien qu'il existe des signes distinctifs tels que l'urticaire pigmentaire qui est caractéristique de la mastocytose, des caractéristiques communes comme l'anaphylaxie idiopathique récurrente[7] peuvent être observées dans l'ensemble de ces maladies.

Les symptĂ´mes communs sont[4] - [8] (liste non exhaustive) :

  • Dermatologiques
    • bouffĂ©es de chaleur (flush)
    • apparition facile d’ecchymoses
    • rougeur cutanĂ©e
    • dĂ©mangeaisons chroniques
    • urticaire rĂ©cidivante
  • Cardiovasculaires
    • vertiges, Ă©tourdissements, prĂ©syncope, syncope
    • chutes de tension, tachycardie posturale
  • Gastro-intestinaux
    • diarrhĂ©e ou constipation, crampes, inconfort intestinal, ballonnements, reflux
    • nausĂ©es, vomissements
  • Psychologiques et Neurologiques
    • sensation de brouillard dans le cerveau ou les idĂ©es, dysfonctionnement de la mĂ©moire Ă  court terme, difficultĂ© Ă  trouver ses mots
    • maux de tĂŞte, migraines
    • concomitants Ă  la suite de la libĂ©ration de mĂ©diateurs mastocytaires dans le cerveau : attaques de panique , dĂ©pression , agressivitĂ©, sautes d’humeur etc
  • Urologique
    • dysurie, polyurie, nycturie
  • Ophtalmologique
    • gĂŞne oculaire, conjonctivite
  • Constitutionnels
    • fatigue gĂ©nĂ©rale et malaises
    • intolĂ©rances diverses et variĂ©es aux aliments, Ă  certains produits pharmaceutiques et chimiques (tels que les mĂ©dicaments, parfums)
    • troubles de la rĂ©gulation de la tempĂ©rature corporelle (sensations excessives de chaleur ou de froid)
  • Musculo-squelettiques
    • L'ostĂ©oporose et l'ostĂ©opĂ©nie (y compris chez les patients jeunes) qui est frĂ©quent dans la mastocytose n'est pas retrouvĂ©e dans le SAMA idiopathique mais semble associĂ© au SAMA clonal
    • douleurs musculaires et articulaires
  • Choc anaphylactique ou anaphylactoĂŻde : si un trop grand nombre de mĂ©diateurs sont dĂ©versĂ©s dans leur système, les patients peuvent aussi subir un choc anaphylactique, qui comprend une hypotension artĂ©rielle sĂ©vère pouvant ĂŞtre associĂ©e Ă  des difficultĂ©s respiratoires, des dĂ©mangeaisons, de l'urticaire, des rougeurs ou de la pâleur de la peau, une sensation de chaleur, un pouls faible mais rapide, des nausĂ©es, des vomissements, de la diarrhĂ©e, des Ă©tourdissements et des Ă©vanouissements.

Les symptômes peuvent être causés ou aggravés par des déclencheurs, qui varient considérablement et sont spécifiques à chaque patient.

Des déclencheurs communs sont :[8]

  • certains aliments et boissons (en particulier l'alcool, et les aliments Ă  haute teneur en histamine)
  • les changements de tempĂ©ratures, la douche
  • les odeurs, y compris des parfums ou de la fumĂ©e
  • l'exercice ou l'effort physique
  • le stress Ă©motionnel
  • des mĂ©dicaments : anti-inflammatoires non stĂ©roĂŻdiens, iode, vitamine B9, codĂ©ine, ...

Causes

Les symptômes du SAMA sont expliqués par un excès de médiateurs chimiques libérés par les mastocytes de façon inappropriée et excessive. Ces médiateurs sont : Histamine, Héparine, Prostaglandines, Platelet Activating Factor (P.A.F.), Enzyme de Conversion de l’Angiotensine (E.C.A), Leucotriènes, Enzymes protéolytiques, Cytokines, Chimiokines, Tumor Necrosis Factor Alpha (T.N.F. Alpha)

La pathologie peut se présenter sous une forme modérée s'exacerbant brutalement à l'occasion 'un événement stressant de la vie ; ou les symptômes d'abord ténus, se développent en s'aggravant au fil du temps[4] - [5]. Les symptômes peuvent également s'améliorer au cours de la vie de manière spontanée. Il n'y a pas de causes unique connue à ce jour.

Les causes de libération de ces médiateurs sont encore mal comprises :

  • Certains allergènes et/ou pathogènes peuvent dĂ©clencher des signes d'activation mastocytaire (ou en ĂŞtre un co-facteur) telles que les venins d'insectes et particulièrement les hymĂ©noptères, les pneumallergènes, les allergènes alimentaires mais Ă©galement les infections (bactĂ©riennes, virales etc.).
  • Une prĂ©disposition hĂ©rĂ©ditaire semblent exister[5] chez une partie des patients, avec le syndrome d'alpha-tryptasĂ©mie hĂ©rĂ©ditaire, dont l'anomalie (duplication du gène TPSAB1) est retrouvĂ©e chez 5% de la population gĂ©nĂ©rale en Grande-Bretagne.

Diagnostic

Le SAMA est parfois difficile à identifier, en raison de l'hétérogénéité des symptômes et du « manque parfois de manifestations objectives »[8]. La pathologie peut également être difficile à diagnostiquer, puisque les symptômes sont souvent nombreux et subjectifs. Les patients voient souvent de nombreux spécialistes en raison de la nature systémique de l'affection avant de voir un spécialiste des pathologies mastocytaires qui pourra poser le diagnostic. Cependant, les consultations avec les différents spécialistes en fonction des symptômes (médecine interne, allergologie, gastro-entérologie etc.) sont nécessaires pour éliminer les diagnostic différentiels ou bien pour rechercher une maladie associée au SAMA (maladie auto-immune, allergie etc.)

Le manque de connaissance et de prise de conscience du SAMA par de certains professionnels de santé peuvent être des obstacles à l'établissement d’un bon diagnostic.

Bien que différents critères de diagnostic soient publiés, la stratégie couramment utilisée pour diagnostiquer les patients s’appuie sur trois observations ci-dessous :

  1. L'association de symptômes résultant de la libération chronique et récurrente des médiateurs par les mastocytes telles que les douleurs abdominales récurrentes, la diarrhée, les bouffées de chaleur, les démangeaisons, la congestion nasale, la toux, la sensation d'oppression thoracique, le sifflement respiratoire, les réactions anaphylactiques/anaphylactoides etc.
  2. Les résultats d'analyses médicales démontrant une augmentation de la tryptase (+20% et +2µg/ml) lors d'une « crise mastocytaire » comparativement à la tryptase basale.
  3. L’amélioration des symptômes après la prise des médicaments qui bloquent ou traitent le relargage de ces médiateurs[4].

L'Organisation mondiale de la santé n'a pas encore établi les critères de diagnostic pour cette maladie.

Traitement

Les traitements pharmacologiques communs utilisés dans les centres de références sont :

Un changement de mode de vie peut également être nécessaire. Il est important d'éviter les facteurs déclencheurs. Il faut souligner que les patients peuvent réagir à toute nouvelle exposition, y compris par la nourriture, les boissons, les médicaments, les microbes et la fumée, par inhalation, ingestion ou contact[6].

L’immunothérapie par omalizumab (xolair) est très efficace et permet au patient de retrouver une vie normale sans éviction et permet de supprimer les traitements symptomatiques.

Un régime alimentaire à faible teneur en histamine ou d'autres régimes par élimination peuvent être utiles pour identifier les aliments qui déclenchent ou aggravent les symptômes afin d'effectuer une éviction ciblée.

Enfin, chez les patients prĂ©sentant des rĂ©actions aux mĂ©dicaments, parfois le principe actif n'est pas incriminĂ© et il peut s'agir des excipients, des agents de charges, des liants et des colorants etc. Pour cette raison, un changement de mĂ©dicament voire une prĂ©paration magistrale sans excipient par le pharmacien peut ĂŞtre envisagĂ©e[6]par le mĂ©decin.

Pronostic

Le traitement du SAMA est à visée symptomatique. L’omalizumab se montre efficace et permet une guérison.

Pour la plupart des personnes atteintes, les symptômes fluctuent au fil du temps, certains connaissent une amélioration voire une guérison spontanée et d'autres subissent une aggravation. La durée de vie pour les personnes atteintes du SAMA semble être normale, mais la qualité de vie peut varier d'un léger inconfort à une sévère altération[6] aboutissant à une incapacité de travailler.

Épidémiologie

Le SAMA est une entité relativement nouvelle dont la première publication sur le plan diagnostic a été publiée en 2007. De ce fait, il est très probablement sous-diagnostiqué[6].

Histoire

Il a été suggéré dans la littérature médicale pendant des décennies, toutefois les critères diagnostiques n'ont été proposés qu'en 2010[2]. La pathologie a été reconnue pour la première fois en 1991, et enfin nommée en 2007[6].

Notes et références

  1. (en) Valent P, « Mast Cell Activation Syndromes: Definition and Classification », Allergy, vol. 68, no 4,‎ , p. 417–24 (PMID 23409940, DOI 10.1111/all.12126)
  2. (en) C. Akin, P. Valent et D. D. Metcalfe, « Mast cell activation syndrome: Proposed diagnostic criteria », J. Allergy Clin. Immunol., vol. 126,‎ , p. 1099–104.e4 (PMID 21035176, PMCID 3753019, DOI 10.1016/j.jaci.2010.08.035)
  3. (en) Akin C, « Mast Cell Activation Syndromes Presenting as Anaphylaxis », Immunology and Allergy Clinics of North America, vol. 35, no 2,‎ , p. 277–85 (DOI 10.1016/j.iac.2015.01.010, lire en ligne)
  4. White, Andrew, Dr "A Tale of Two Syndromes – POTS and MCAS."
  5. Milner, Joshua, Dr "Research Update: POTS, EDS, MCAS Genetics." 2015 Dysautonomia International Conference & CME. <https://vimeo.com/142039306>
  6. (en) Afrin, Lawrence B. "A Concise, Practical Guide to Diagnostic Assessment for Mast Cell Activation Disease."
  7. M. Frieri, « Mast Cell Activation Syndrome », Clin Rev Allergy Immunol,‎ (PMID 25944644, DOI 10.1007/s12016-015-8487-6)
  8. (en) Afrin, Lawrence, Dr "Presentation, Diagnosis, and Management of Mast Cell Activation Syndrome."

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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