Sur l'État : Cours au Collège de France (1989-1992), est un ouvrage publié par Patrick Champagne, Rémi Lenoir, Franck Poupeau et Marie-Christine Rivière (directeurs de publication) à partir des notes de cours de Pierre Bourdieu et à l'occasion du dixième anniversaire de son décès.
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Collection |
Raisons d'agir |
Nombre de pages |
656 |
ISBN 13 |
978-2-02-066224-6 |
Historique
Cet ouvrage, le premier de la publication des cours et séminaires de Pierre Bourdieu s'appuie sur un enregistrement des conférences de celui-ci au Collège de France, effectuées de 1989 à 1992, qui n'étaient pas destinées à être publiées[1],[2],[3]. Lorsqu'il fait ces cours, il est déjà devenu, en quelque sorte, un mandarin, un penseur reconnu, une des grandes personnalités intellectuelles françaises de son époque[1],[3],[4]. Il meurt en 2002. Ces enregistrements et notes, qui n'étaient pas destinés à être publiés, le sont dix ans après sa mort, vingt ans après l'ultime conférence[2],[3]. L'ouvrage qui en résulte expose un versant de ses recherches sur les illusions d'une pensée d’État dont il discute la validité, et qui tendrait vers la reconnaissance d'un « bien commun » aux diverses catégories sociales qui composent la nation mais qui est de nature conservatrice et tend d'abord à maintenir l'ordre social existant. « Ce que j’essaie de transmettre, c’est une manière de construire la réalité qui permet de voir les faits que, normalement, on ne voit pas », dit-il dans son cours.
Contenu
Les exposés dressent un inventaire des modes par lesquels nos pensées et notre personne sont formatées par l'Etat, lui-même formaté par ces idées et ces pratiques. Pierre Bourdieu cite Norbert Elias, présentant sa thèse selon laquelle les États émergent d'une violente compétition les uns contre les autres. Il se réfère également aux travaux de Charles Tilly sur la formation de l'État et cite sa sentence selon laquelle « les Etats font la guerre et la guerre fait les Etats »[3], et à d'autres penseurs anglo-saxons[4].
Il construit une sociologie historique, s'intéressant à la genèse des États à partir de l’action de ceux qui les ont construits. Il établit une sociologie des groupes sociaux émergents, dans leur relation avec les groupes sociaux dominants[2]. Il analyse en quoi nos usages, nos discours et nos pensées sur l'État ont été façonnés par le processus de construction et en quoi ils l'ont façonné en retour[3].
La notion d'un « intérêt collectif bien compris » fait en réalité office, pour lui, de centre de convergence des ambitions et des politiques, se stratifiant dans des luttes d'influence et d’intérêts, car dit-il, « L’État est le nom que nous donnons aux principes cachés, invisibles, de l’ordre social, et en même temps, de la domination à la fois physique et symbolique comme de la violence physique et symbolique »[5]. Les moyens en sont aussi subtils qu'insidieux, ce qu'il traduit par cette formule : « L’ordre social repose sur un "nomos" qui est ratifié par l’inconscient de sorte que, pour l’essentiel, c’est la coercition incorporée qui fait le travail »[6]
Notes et références
- Christophe Ramaux, « Sur l’Etat - Cours au Collège de France (1989-1992) de Pierre Bourdieu », France Culture, émission La bibliothèque idéale de l'éco de Tiphaine de Rocquigny, (lire en ligne)
- Jean Ferrette, « Pierre Bourdieu, Sur l'État. Cours au Collège de France (1989-1992) », Lectures, Les notes critiques, (lire en ligne)
- Abram de Swaan et Myriam Dennehy (traduction), « "Sur l'Etat. Cours au Collège de France (1989-1992)", de Pierre Bourdieu : le mandarin insoumis », Le Monde, (lire en ligne)
- Éric Aeschimann, « Attention, Bourdieu revient », L'Obs, (lire en ligne)
- Voir aussi Pierre Bourdieu, « Les modes de domination », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 2, , p. 122-132 (lire en ligne, consulté le )
- Voir Pierre Bourdieu et Luc Boltanski, « La production de l'idéologie dominante », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 2, (lire en ligne, consulté le ) , paru aussi in Pierre Bourdieu et Luc Boltanski, La production de l'idéologie dominante, Raisons d'agir/Demopolis,