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Suréna (Corneille)

Suréna est une tragédie en cinq actes (en alexandrins) écrite par Pierre Corneille en 1674, représentée à l’Hôtel de Bourgogne le et publiée en 1675.

Suréna
Auteur Pierre Corneille
Genre Tragédie
Nb. d'actes 5
Version originale
Langue originale Français
Lieu de parution Paris
Date de parution 1675
Date de création en français
Lieu de création en français Théâtre de l'Hôtel de Bourgogne
Rôle principal Suréna

L’échec de la pièce décide son auteur à mettre fin à sa carrière d’auteur dramatique. Sa gloire est déjà très loin quand il écrit Suréna (ses premières pièces ont été jouées quarante-cinq ans plus tôt) et c'est désormais son ancien rival, Jean Racine, qui est au centre de toutes les attentions. Ainsi, alors qu'il recevait depuis 1663 une rente annuelle confortable en sa dignité de « prodige et ornement du théâtre français »[1], il n'en bénéficie plus et Suréna fait figure de dernier sursaut de sa carrière littéraire.

Les personnages

Les personnages masculins n'ont pas été inventés par Corneille et ont bel et bien existé[2], mais l'intrigue qui les lie revient au dramaturge. Par contre, les personnages féminins ont été créés par lui, en totalité ou simplement partiellement.

  • Orode : roi des Parthes.
  • Pacorus : fils d'Orode, promis Ă  Eurydice.
  • SurĂ©na : lieutenant d'Orode, et gĂ©nĂ©ral de son armĂ©e contre Crassus[3]. SurĂ©na aime Eurydice, mĂŞme s'il sait qu'elle ne pourra jamais ĂŞtre Ă  lui. Il est promis Ă  Mandane, la fille d'Orode. Celle-ci n'apparaĂ®t pas dans la pièce autrement que par son nom.
  • Sillace : autre lieutenant d'Orode.
  • Eurydice : fille d'Artabase, roi d'ArmĂ©nie, promise Ă  Pacorus pour une alliance d'État. Elle aime cependant, en secret, SurĂ©na.
  • Palmis : sĹ“ur de SurĂ©na que son frère a mise dans la confidence, qui aime Pacorus et que Pacorus, auparavant, aimait lui aussi. Il l'a cependant dĂ©laissĂ©e depuis qu'il est vouĂ© Ă  Ă©pouser Eurydice, ce qui n'empĂŞche pas Palmis de revendiquer un amour pour lui toujours brĂ»lant, envers et contre tout.
  • Ormène : dame d'honneur d'Eurydice et sa confidente.

Argument

La scène est à Séleucie (en actuel Irak), vers 50 av. J.-C.. Orode est roi des Parthes, et père de Mandane. Son général en chef, Suréna, a vaincu Crassus et lui a donc ainsi permis de se rétablir sur le trône. On veut que Suréna épouse Mandane, qu’il n’aime pas, au lieu d'Eurydice, qu’il aime et dont il est aimé ; et on veut qu'Eurydice épouse Pacorus, qu’elle n’aime pas. C’est donc un drame de l’ingratitude du pouvoir, de l’amour impossible, et de la mort. Entre le politique, représenté par un roi emporté par la logique totalitaire du système dont il est le produit et le garant, et la liberté de la personne dont le héros est le défenseur, le combat est impitoyable et sans issue.

Résumé

L'impossibilitĂ© de l'union entre Eurydice et SurĂ©na est le nĹ“ud du tragique : la pièce s'ouvre avec la complainte d'Eurydice, condamnĂ©e Ă  appartenir Ă  Pacorus qu'elle ne parviendrait pas Ă  aimer quoi qu'elle fasse. En s'entretenant avec Palmis, la sĹ“ur de SurĂ©na, Eurydice apprend que le gĂ©nĂ©ral partage son amour. Mais leur amour est doublement impossible : non seulement elle est liĂ©e, par un traitĂ© d'alliance, Ă  s'unir Ă  Pacorus, mais il est inenvisageable que SurĂ©na puisse Ă©pouser Eurydice. GĂ©nĂ©ral trop glorieux, jusqu'Ă  en devenir gĂŞnant, il reprĂ©senterait alors une menace pour Orode s'il venait Ă  Ă©pouser la princesse d'ArmĂ©nie. Dès le dĂ©but, la situation est sans espoir et les amants le savent ; ils ne peuvent que se plaindre et supporter le sort qui les attend. Mais Eurydice est torturĂ©e : si elle se rĂ©signe Ă  passer le reste de ses jours aux cĂ´tĂ©s de Pacorus qu'elle ne peut aimer, elle ne pourrait pas supporter de voir SurĂ©na prendre Ă©pouse. Or, celui-ci se voit promettre la main de Mandane, la fille d'Orode. Le roi souhaite en effet le mettre de son cĂ´tĂ©, pour Ă©viter qu'il ne devienne un ennemi. L'attitude d'Orode est double : d'une part, son affection pour SurĂ©na ne l'engage pas Ă  s'opposer Ă  lui et de l'autre, la crainte pour son propre pouvoir le pousse Ă  un choix : lui faire Ă©pouser Mandane, ou le faire disparaĂ®tre. Il a alors rĂ©solu de lui offrir Mandane et en cas d'Ă©chec, il devra se rĂ©soudre Ă  l'Ă©liminer.

La tragédie acte présente également un deuxième amour contrarié, qui découle du premier. Palmis, sœur de Suréna, était en effet promise à Pacorus et l'aime toujours. Celui-ci cependant ne l'aime plus depuis qu'il est destiné à Eurydice.

La tension se fait plus forte alors que Pacorus, Ă  mesure qu'il s'entretient avec Eurydice, se rend compte qu'elle ne l'aime pas. Son attitude avec lui est forcĂ©e, polie mais n'est jamais sincère et il le ressent. Il la pousse Ă  lui avouer son secret Ă  plusieurs reprises, mais celle-ci lui fait simplement comprendre qu'elle en aime un autre, dont elle tait le nom. Par ailleurs, SurĂ©na refuse d'Ă©pouser Mandane le plus poliment possible, en invoquant une humilitĂ© qui ne convainc pas le roi et en tâchant de montrer qu'il n'en est pas digne. Quoi qu'il puisse dire, Orode est blessĂ© dans son intention de l'unir Ă  son sang et selon son propre projet, doit se rĂ©soudre Ă  l'Ă©carter. Palmis, comprenant qu'un danger rĂ´de, tente de persuader Eurydice de ne plus faire obstacle Ă  l'union et la tension augmente toujours plus jusqu'au dĂ©nouement. LĂ , SurĂ©na ayant choisi de s'exiler est tuĂ© en quittant Eurydice, qui meurt Ă©galement. La tragĂ©die se clĂ´t sur les paroles de Palmis, qui appelle Ă  la vengeance. 

Bibliographie

  • Jacques Scherer, La Dramaturgie classique en France, Paris, A.G. Nizet, , 488 p.

Notes et références

  1. « Suréna - Pièce (dé)montée », sur crdp.ac-paris.fr (consulté le )
  2. Corneille écrit lui-même, dans une brève note au lecteur qui précède l'œuvre, que son sujet est « tiré de Plutarque et d’Appian Alexandrin ». Toutefois, tous les personnages féminins ne sont pas mentionnés par ceux-ci, à l'exception d'Euridyce, citée anonymement par Plutarque.
  3. Plutarque, Les vies des hommes illustres trad. J. Amyot, 1559, Walter, Gallimard, 1951, tome II, p. 97
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