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Stormé DeLarverie

Stormé DeLarverie ( - ) est une lesbienne butch qui a participé aux émeutes de Stonewall.

Stormé DeLarverie
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Elle naĂ®t Ă  La Nouvelle-OrlĂ©ans, d'une mère afro-amĂ©ricaine et d'un père blanc. Elle est cĂ©lĂ©brĂ©e en tant que pionnière pour la lutte des droits civils des minoritĂ©s sexuelles, et en tant qu'icĂ´ne et artiste qui s'est produite Ă  l'Apollo Theater et au Radio City Music Hall. Tout au long de sa vie, elle a Ĺ“uvrĂ© en tant que MC, chanteuse, portière, garde du corps et en tant que bĂ©nĂ©vole, comme « dĂ©fenseure des lesbiennes du Greenwich Village Â».

Avant Stonewall

DeLarverie naît d'un père blanc et d'une mère noire, employée par la famille de son père[2] - [3] - [4]. DeLarverie rapporte que sa date de naissance est incertaine, mais elle fêtait son anniversaire le .

Enfant, DeLarverie subit du harcèlement et des menaces. Adolescente, elle fait du saut d'obstacle à cheval dans un cirque, le Ringling Brothers Circus, mais arrête cette discipline à cause d'une blessure occasionnée par une chute. Elle prend conscience de son homosexualité vers l'âge de dix-huit ans.

Sa partenaire, une danseuse nommée Diana, partage sa vie pendant environ 25 ans, jusqu'à son décès dans les années 1970. Selon leur amie Lisa Cannistraci, DeLarverie avait toujours une photo de Diana sur elle.

Émeute de Stonewall

Depuis les années 2000, les événements du sont qualifiés d'émeutes de Stonewall. Cependant pour DeLarverie le terme d'émeute ne convient pas : « C'était une rébellion, un soulèvement, un acte de désobéissance civile, pas une foutue émeute »[5].

Les événements commencent après l'évacuation brutale d'une femme butch menottée que la police tente de faire sortir du Stonewall Inn pour l'emmener vers un fourgon. Pendant une dizaine de minutes, elle se débat contre au moins quatre policiers, criant et jurant. Un témoin la décrit comme une « butch typique de New York » et « une gouine stone butch ». Un policier la matraque et la blesse à la tête, après qu'elle a protesté que ses menottes sont trop serrées. Sa blessure saigne tandis qu'elle continue de se débattre. Des passants mentionnent que la femme, dont l'identité reste incertaine, encourage la foule à se battre aux cris de : « Mais pourquoi vous faites pas quelque chose, les gars », après qu'un officier de police l'a soulevée et jetée à l'arrière du fourgon. Dès lors, la foule se met en mouvement avec une sorte de fureur : « C'est à ce moment-là que la scène devint explosive ». Certaines personnes ont qualifié cette femme de « Rosa Parks de la communauté gay »[6].

L'identité de cette lesbienne butch reste sujette à débat. D'après DeLarverie et d'autres témoins, c'est d'elle-même qu'il s'agissait. « Personne ne sait qui a donné le premier coup de poing, mais d'après les rumeurs, et d'après Stormé DeLarverie, c'était elle » a déclaré Lisa Cannistraci, amie de DeLarverie et propriétaire du Henrietta Hudson, bar lesbien de Greenwich Village. « Elle m'a dit que c'était elle ».

Mais cette version n'est pas unanime. L'historien David Carter, par exemple, estime que ce n'était pas elle, notamment parce que DeLarverie (qui était de taille et de stature moyennes, métisse et âgée de 48 ans en 1969) ne correspond pas à la description physique de la femme arrêtée (grande, costaude, blanche, dans la vingtaine ou la trentaine)[7].

Que la femme qui s'est débattue soit effectivement ou non DeLarverie, tous les récits s'accordent sur le fait que plusieurs lesbiennes butch se sont battues contre la police pendant l'affrontement.

Carrière sur scène

De 1955 Ă  1969, DeLarverie fait des tournĂ©es dans les théâtres afro-amĂ©ricains en tant que MC (et seul drag king) de la Jewel Box Revue, la première revue de transformisme amĂ©ricaine intĂ©grant des Noirs et des Blancs[8] - [9]. La revue se produit rĂ©gulièrement Ă  l'Apollo Theater de Harlem[10], ainsi que devant des audiences non-sĂ©grĂ©guĂ©es, ce qui est rare Ă  l'Ă©poque de la sĂ©grĂ©gation raciale aux États-Unis. DeLarverie, qui incarne un personnage remarquablement beau, inspire d'autres lesbiennes Ă  porter Ă  la rue ce qui Ă©tait jusque-lĂ  considĂ©rĂ© comme des vĂŞtements d'« homme Â». Elle chante sur scène avec une voix de baryton[11]. Diane Arbus, photographe renommĂ©e, la prend en photo.

Vie après Stonewall

DeLarverie continue de s'impliquer dans la lutte pour les droits civiques des personnes LGBT longtemps après Stonewall[3].

Dans les annĂ©es 1980 et 1990, elle travaille en tant que videuse pour plusieurs bars lesbiens de New York[3] - [12]. Elle est membre de l'Association des vĂ©tĂ©rans de Stonewall, dont elle est cheffe de sĂ©curitĂ©, ambassadrice et, de 1998 Ă  2000, vice-prĂ©sidente[4]. Elle participe rĂ©gulièrement Ă  la pride de New York. Pendant des dĂ©cennies, DeLarverie sert sa communautĂ© en patrouillant les rues du Village, oĂą on la qualifie de « protectrice des lesbiennes du Village[3] Â».

« Grande, androgyne, et armĂ©e — elle Ă©tait autorisĂ©e Ă  porter une arme — Ms. DeLarverie parcourait la Septième et la Huitième avenue et les lieux attenants bien au-delĂ  de ses quatre-vingts ans, surveillant les trottoirs, et s'assurant que tout allait bien dans les bars lesbiens. Elle cherchait Ă  Ă©viter aux autres ce qu'elle appelait la « laideur Â» : toutes les formes d'intolĂ©rance, de brimades, ou d'agression envers celles qu'elle appelait ses baby girls. [...] Elle marchait dans les rues du centre-ville de Manhattan telle un superhĂ©ros gay. [...] Il ne fallait surtout pas lui donner de raison de se fâcher. »

— Extrait de la notice nécrologique de Stormé DeLarverie dans le New York Times[3].

En plus de son travail pour la communautĂ© LGBT, elle organise et monte sur scène dans des soirĂ©es caritatives destinĂ©es Ă  lever des fonds pour les femmes et enfants victimes de violences[6]. InterrogĂ©e sur ce qui l'amène Ă  s'occuper de ce travail, elle rĂ©pond « Il faut que quelqu'un s'en occupe. Les gens disent 'Mais pourquoi tu continue encore lĂ -dessus ?', je leur dis : 'C'est très simple. Si personne ne s'Ă©tait occupĂ© de moi quand j'Ă©tais enfant, avec ma mère qui Ă©tait noire, dans le Sud, je ne serais pas lĂ  maintenant.'[6] Â».

DeLarverie vit pendant plusieurs dĂ©cennies au fameux HĂ´tel Chelsea de New York, oĂą elle « prospère dans l'atmosphère de crĂ©ativitĂ© suscitĂ©e par la prĂ©sence d'un grand nombre d'Ă©crivains, musiciens, artistes, et acteurs[4] Â».

Cannistraci rapporte que DeLarverie continue Ă  travailler comme videuse jusqu'Ă  ses 85 ans[4].

Maladie et mort

Sur la fin de sa vie, DeLarverie souffre de démence sénile[9]. De 2010 à 2014, elle vit dans une maison de retraite à Brooklyn[3]. Bien qu'elle ne se rende pas compte qu'elle est dans une maison de retraite, ses souvenirs d'enfance et du soulèvement de Stonewall restent forts[4].

Le , Brooklyn Pride, Inc. rend hommage à Stormé DeLarverie à la Brooklyn Society for Ethical Culture (Société de Brooklyn pour une culture éthique), avec une projection du film de Michelle Parkerson, Stormé: The Lady of the Jewel Box. Le , le Brooklyn Community Pride Center célèbre DeLarverie en même temps qu'Edith Windsor pour son courage, et reçoit une accolade de Letitia James, adjointe au maire de New York.

Elle meurt dans son sommeil le à Brooklyn, sans que lui survivent des membres de sa famille proche. Lisa Cannistraci, devenue l'une de ses gardiennes légales, signale que la cause du décès est une crise cardiaque. DeLarverie est enterrée le à Greenwich.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Stormé DeLarverie » (voir la liste des auteurs).
  1. « https://archives.nypl.org/scm/23137 »
  2. George Goethals, Encyclopedia of Leadership : Volume 1, Thousand Oaks, Berkshire Publishing Group LLC, (ISBN 0-7619-2597-X), p. 1494
  3. Yardley, William (May 29, 2014) "Storme DeLarverie, Early Leader in the Gay Rights Movement, Dies at 93" in The New York Times.
  4. (en) Chu, Grace, « An Interview With Lesbian Stonewall Veteran Stormé Delarverie », AfterEllen,‎ (lire en ligne)
  5. Kristi K, « Something Like A Super Lesbian: Stormé DeLarverie (In Memoriam) », thekword.com, (consulté le )
  6. Trish Bendix, « Stormé DeLarverie passes away, the community loses a legend », gaystarnews.com, (consulté le ).
  7. (en) David Carter, « Exploding the Myths of Stonewall », Gay City News,‎ (lire en ligne)
  8. « Women Make Movies | Storme The Lady of the Jewel Box », Wmm.com (consulté le )
  9. (en-US) DEEPTI HAJELA Associated Press, « Stonewall activist Storme DeLarverie dies at 93 », sandiegouniontribune.com,‎ (lire en ligne).
  10. Fernandez, Manny, « A Stonewall Veteran, 89, Misses the Parade », New York Times,‎ (lire en ligne)
  11. (en-US) Robert West, « Stormé DeLarverie: In a Storm of Indifference, She's Still a Jewel », sur Huffington Post, (consulté le ).
  12. The gay & lesbian theatrical legacy... : Google Books, Books.google.com (lire en ligne).
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