Siège de Ceuta (1790-1791)
Le siège de Ceuta de 1790-1791 est une tentative du sultan alaouite Moulay Yazid de prendre la ville de Ceuta, préside espagnol au nord de l'Empire chérifien.
Date | - |
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Lieu | Ceuta |
Issue | Victoire espagnole |
Empire chérifien | Empire espagnol |
• Moulay Yazid • Moulay Ali | • Luis de Urbina • José de Urrutia |
18 à 20 000 hommes[L 1] | Initialement : 6 000 hommes 140 canons[L 2] À l'arrivée des renforts : 12 000 hommes[L 3] |
Guerre hispano-marocaine (1790-1791)
Coordonnées | 35° 53′ 12″ nord, 5° 18′ 00″ ouest |
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Contexte et préparatifs
Le , le sultan marocain Mohammed ben Abdallah décède de maladie. Son fils Moulay Yazid, connu pour sa haine viscérale des chrétiens et des juifs, lui succède[1]. À la suite de la capture de deux navires corsaires par des frégates espagnoles[L 6], Moulay Yazid furieux, déclare la guerre sur terre aux Espagnols le , puis met en place le lendemain les préparatifs du siège devant Ceuta[L 1].
Moulay Yazid lève alors une armée de 18 à 20 000 hommes dont le commandement est confié à son frère, Moulay Ali[L 1] - [L 7]. Les forces marocains établissent leur quartier général dans le Seraglio[N 1] situé à l'exterieur des murs, et y installent 14 batteries. Les Marocains qui n'ont pas de flotte considérable ne peuvent imposer un blocus naval, et se voient obliger d'ouvrir une brèche quelque part dans les murs de la ville afin d'y pénétrer[2].
Du cĂ´tĂ© espagnol, Ceuta est initialement dĂ©fendue par 6 000 fantassins espagnols, soutenus par 140 canons[L 2]. Les dĂ©fenses de la ville ont Ă©tĂ© renforcĂ©s par le gouverneur JosĂ© de Sotomayor y EchevarrĂa. De plus, des renforts considĂ©rables d'infanterie, d'artillerie et d'ingĂ©nieurs sous le commandement-gĂ©nĂ©ral de Luis de Urbina renforceront la ville. La marine espagnole est Ă©galement mobilisĂ©e avec une escadre placĂ©e dans la baie d'AlgĂ©siras pour intercepter des convois destinĂ©s aux Marocains, ainsi qu'une prĂ©sence de canonnières Ă Ceuta, pour soutenir les assiĂ©gĂ©s[L 8].
DĂ©roulement
Les Marocains débutent les hostilités par quelques volées d'artillerie[3], à partir du [2]. Le siège va se révéler long et rude. De part et d'autre on ne fait pas de prisonniers[L 7]. À partir du , l'armée marocaine intensifie son feu, et continue à accumuler de l'artillerie, des munitions et des vivres autour de Ceuta. Les attaques marocaines restent cependant trop faibles pour pouvoir pénétrer Ceuta, et la défense espagnole tient bon[3].
Des tentatives de négociations entre les deux pays ont rapidement lieu. Ces rencontres entre représentants espagnoles et marocains ne mettent pas pour autant fin aux hostilités. En janvier 1791, des pourparlers sont engagés avec le roi d'Espagne Charles IV, pour conclure une paix. Les deux camps s'engagent alors à arrêter les hostilités, les Espagnols rendent les deux navires corsaires capturés tandis que Moulay Yazid délivre les prisonniers espagnols qu'il détient[L 9]. Entre-temps, un cessez le feu est imposé. Les deux camps en profitent pour renforcer leur position et amener des renforts[L 8].
Cependant, les deux nations n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le traité de paix, d'autant plus que Moulay Yazid demande la restitution de Ceuta, de Melilla, du Peñón de Vélez de la Gomera et du Peñón de Alhucemas, ou le paiement d'un tribut pour ces places. De plus, le refus du sultan marocain de retirer ses forces autour de la ville pousse à la rupture des négociations[L 10]. Charles IV décide de déclarer lui aussi officiellement la guerre au Maroc[L 2], et ordonne de bombarder Tanger[L 6] - [L 10].
Moulay Yazid se présente alors devant Ceuta le appelant le gouverneur à se rendre. Les hostilités reprennent. Le , les Espagnols remarquent que les batteries ennemies ne sont pas gardées par une importante garnison, d'autant plus que l'artillerie marocaine semble alors inactive à ce moment-là . Une sortie est menée conjointement avec la marine, qui escorte les forces terrestres en dehors de la ville avec pour but de cibler les batteries marocaines. C'est un succès, les Espagnols surprennent les Marocains et endommagent fortement leur artillerie. Les Marocains répondent quelques jours plus tard, le , par une attaque massive. 8 000 hommes soutenus par des batteries, tentent en vain de pénétrer Ceuta. Les échanges d'artillerie continuent cependant[L 11].
Le , les Marocains ralentissent leur feu, et proposent une trêve. Ce que le commandant général Louis de Urbina accepte à condition qu'ils retirent leur artillerie et retranchements dans les quinze jours. Après quatorze mois de siège[L 7], deux révoltes dans le sud du pays menées par ses autres frères Moulay Hicham proclamé sultan à Marrakech, et Moulay Abderrahmane proclamé à Taroudant[L 6], oblige Moulay Yazid à décamper avec la plus grande partie de ses troupes de Ceuta le [L 12] - [L 2].
Le , devant le retard des dernières troupes marocaines à évacuer la zone, une colonne espagnole de 1 200 hommes sous les ordres du brigadier José de Urrutia, met en fuite les Marocains et détruit une partie de leurs travaux de siège[L 13]. Cet échec porte un coup sévère au moral des Marocains[L 2]. En réponse à cette attaque, Moulay Yazid décide de relancer les hostilités, et exécute quatre prisonniers espagnoles. Le , le commandant-chef Luis de Urbina mène avec succès une sortie générale de la garnison contre les Marocains toujours postés autour de Ceuta. Quelques jours plus tard, des renforts marocains arrivent dans la zone, et menacent à nouveau la ville, jusqu'à l'arrêt définitif des combats et le retrait total de l'armée marocaine[L 13]. Moulay Yazid envoie plus tard une ambassade à Charles IV pour conclure une paix définitive[L 6].
Conséquences
Moulay Yazid se porte donc avec son armée sur Marrakech qu'il reprend de force et bat son frère Moulay Hicham qu'il tente de poursuivre. Blessé à la joue par une balle, Moulay Yazid rentre à Marrakech et y meurt des suites de sa blessure[L 6].
Sources
Notes
- Le Seraglio est une caserne fortifiée de forme rectangulaire occupée par des troupes de garnison.
Sources bibliographiques
- Nicolas Viton 1826, p. 260
- L'Afrique française 1925, p. 499
- Carmona Portill 2004, p. 106
- Carmona Portill 2004, p. 202
- Carmona Portill 2004, p. 199
- Hamet 1923, p. 376-377
- RĂ©zette 1976, p. 37
- Carmona Portill 2004, p. 146-151
- Nicolas Viton 1826, p. 262
- Nicolas Viton 1826, p. 268
- Carmona Portill 2004, p. 297
- Nicolas Viton 1826, p. 269
- Nicolas Viton 1826, p. 270
Références
- « Moulay Yazid (1790-1792) : Un intermède de terreur », dans Souleiman Bencheikh, « Enquête. La vraie histoire des [A]laouites », Telquel, Casablanca, no 408,‎ (lire en ligne)
- (es) Jorge Luis Loureiro Souto, Los conflictos por Ceuta y Melilla: 600 años de controversias, Université nationale d'enseignement à distance, , p. 228
- Université Complutense de Madrid, Nouveau dictionnaire historique des sièges et batailles mémorables et des combats maritimes les plus fameux: C-D-E-Fle (1808. 475 p.), Gilbert et Compagnie, (lire en ligne), p. 120-121
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Francophone
- Robert RĂ©zette, Les enclaves espagnoles au Maroc, Nouvelles Ă©ditions latine, , 190 p. (lire en ligne)
- Ismaël Hamet, Histoire du Maghreb : cours professé à l'Institut des hautes études marocaines, E. Leroux (Paris), , 501 p. (lire en ligne)
- Comité de l'Afrique française et Comité du Maroc, L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc, (Paris), année 1925 (lire en ligne)
- Nicolas Viton de Saint-Allais, L'art de vérifier les dates ... Volume 3, Partie 3., Valade, , 526 p. (lire en ligne)
Hispanophone
- Antonio Carmona Portillo, Las relaciones hispano-marroquĂes a finales del siglo XVIII y el cerco de Ceuta de 1790-1791, Malaga, Éditorial Sarriá, , 317 p.