Shloyme Frank
Shloyme Frank, de son vrai nom Shloyme Frenkel (1902-1966) est un journaliste et un écrivain juif polonais de langue yiddish. Il est principalement connu pour son activité journalistique en faveur de la culture et de la langue yiddish.
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Shloyme Frenkel |
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Biographie
Shloyme Frank est nĂ© Ă ĆĂłdĆș en Pologne le . Il commence sa carriĂšre en 1928 auprĂšs du Lodzer Tageblat. En 1929, il part pour lâAmĂ©rique latine oĂč il rĂ©side jusquâen 1933. De retour en Pologne, il dirige le Handverker-Tsaytung ("Journal de l'artisan") et collabore Ă de nombreux organes de presse yiddish tant Ă Varsovie quâĂ Riga. Il est aussi le correspondant en Pologne du journal parisien de langue yiddish Parizer Haynt. en 1934, il publie Ă ĆĂłdĆș, un recueil de poĂšmes, Chants sionistes. La mĂȘme annĂ©e, il lance successivement un magazine culturel et artistique, Klangen et une revue Ă©conomique, Vegvayze.
En 1939, les nazis occupent la Pologne. Au cours de lâoccupation nazie, Frank demeure dans le ghetto de ĆĂłdĆș jusquâĂ sa liquidation en 1944. Il est membre du service dâordre et liĂ© Ă un groupe semi-clandestin de sionistes-rĂ©visionnistes. Comme rĂ©sistant, il participe Ă des Ă©missions radiophoniques et Ă la presse clandestines. Pendant toute la durĂ©e de son internement dans le ghetto, il tient un journal ; il veut y consigner chaque dĂ©tail, chaque horreur perpĂ©trĂ©e afin qu'un jour chacun sache ce qui s'est passĂ© dans le ghetto. Il parvient Ă dissimuler son journal avant sa dĂ©portation Ă Auschwitz en 1944. Il est ensuite transfĂ©rĂ© au camp de travail de Althammer. DĂšs la libĂ©ration, il retourne Ă ĆĂłdĆș dans le but dây remettre sur pied une imprimerie juive. Il y retrouve lâintĂ©gralitĂ© des cahiers de son journal manuscrit rĂ©digĂ© au temps du ghetto. AussitĂŽt, il se prĂ©cipite auprĂšs de la Commission historique juive centrale pour lui confier le prĂ©cieux document. Il s'installe ensuite en Allemagne, puis en IsraĂ«l oĂč il fonde le Velt-Jurnal Ă Tel-Aviv. En 1963, il comparait comme tĂ©moin au procĂšs des bourreaux du ghetto de ĆĂłdĆș Ă Hanovre. Il meurt en 1966.
Extraits de son journal
- â Rampez donc plus Ă©nergiquement, bande de sales mendiants ! â, entend-on hurler une voix de basse Ă cinq heures et demie du matin. â On devrait vous abattre comme des chiens. Vous avez voulu la guerre, vous avez ameutĂ© le monde entier contre nous, maintenant vous aurez votre rĂ©compense. MĂȘme si lâAllemagne devrait perdre, vous nâaurez pas la joie dây assister. Dix minutes avant la chute de lâAllemagne, vous succomberez. Soyez maudits, bande de geignards ! â
Câest au son de pareils cris que lâon a rabattu de force vers le ghetto 200 Juifs qui avaient travaillĂ© tout le temps Ă Radogoszcz, qui y ont travaillĂ© pendant 9 mois, qui ont peinĂ©, qui ont connu la faim et qui ont Ă©tĂ© frappĂ©s tous les jours, jusquâĂ ce quâil ne subsiste de ces quelque 600 hommes quâun rĂ©sidu de 200 : malades, brisĂ©s. 400 hommes ont pĂ©ri sur leur lieu de travail en 9 mois de temps. Les 200 survivants ont Ă©tĂ© renvoyĂ©s vers leurs familles. La plupart dâentre eux boursouflĂ©s.
Jâai parlĂ© Ă certains dâentre eux. Je les ai questionnĂ©s pour connaĂźtre divers dĂ©tails. Tous sont rĂ©signĂ©s et ont perdu le goĂ»t de vivre. DĂšs le premier jour, 6 dâentre eux sont morts. Ils sont arrivĂ©s dĂ©chaussĂ©s ; tout ce quâils avaient sur eux, leur a Ă©tĂ© dĂ©robĂ© en route. Ils ont Ă©tĂ© cravachĂ©s avec des fouets spĂ©ciaux utilisĂ©s par les gens du cirque pour dresser les chevaux. »