Shin Sang-ok
Shin Sang-ok (ì ìì„) est un rĂ©alisateur et producteur sud-corĂ©en, nĂ© le [1] Ă Chongjin dans le nord de la pĂ©ninsule et mort le Ă SĂ©oul.
Surnom | Simon Sheen |
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Naissance |
Chongjin |
Nationalité | Sud-coréenne |
DĂ©cĂšs |
(Ă 80 ans) SĂ©oul |
Profession | RĂ©alisateur, producteur |
Films notables | voir filmographie |
Biographie
Jeunesse et formations
Shin Sang-ok nait le [1] (ou le ou mĂȘme le ) Ă une Ă©poque oĂč la CorĂ©e a Ă©tĂ© annexĂ©e par le Japon. Enfant, il va souvent au cinĂ©ma. Il Ă©tudie Ă l'Ă©cole des beaux-arts de Tokyo de 1941 Ă 1944 puis retourne en CorĂ©e, se lance dans la peinture Ă l'occidentale et travaille comme dĂ©corateur de thĂ©Ăątre et de cinĂ©ma. AprĂšs la libĂ©ration, il participe Ă la production du premier film de la CorĂ©e indĂ©pendante, Viva Freedom de Choi In-kyu et devient son assistant.
En Corée du Sud
En 1952 Ă la fin de la guerre de CorĂ©e, Shin Sang-ok tourne Ă Daegu son premier film, La Nuit diabolique (perdu) et crĂ©e sa maison de production la mĂȘme annĂ©e. Il la nomme Shin Sang-ok Productions, puis Seoul Films et plus tard Shin Film. Il rĂ©alise jusqu'Ă cinq films par an, plus de soixante-dix dans toute sa carriĂšre. Les sujets sont variĂ©s, films historiques, films d'action, mĂ©lodrames, sexploitation ; ce sont souvent des succĂšs commerciaux.
Il soutient au départ la politique visant à l'industrialisation de l'industrie cinématographique coréenne mise en place à partir de 1962 par le nouveau gouvernement militaire. Il devient l'un des personnages les plus puissants du cinéma coréen et emploie alors prÚs de trois cents personnes. Il rachÚte ou crée par la suite plusieurs compagnies devenant des filiales informelles de Shin Films : Star en 1965, Anyang (fondée en 1956) en 1966, Shina en 1968[2], ce qui lui permet d'étendre ses activités.
Sa proximité avec le général Park lui permet de bénéficier d'une certaine clémence de la part de la justice quant à ses entorses à la législation. Lorsqu'il rachÚte les studios Anyang en septembre 1966[3], une partie de l'argent est fournie par le fond de campagne électorale de Park[2]. Il soutient en échange la politique du gouvernement au travers de ses films de cette période, comme Le Riz.
Comme tout ou partie de ses collÚgues, il se livre à des pratiques illégales afin de se conformer aux dispositions de la législation qui impose aux studios des quota de production, maquillant des films hongkongais en co-productions coréano-hongkongaises ou falsifiant des documents attestant d'exportations fictives vers l'étranger, ce qui lui vaut divers procÚs et condamnations[4].
Au début des années 1970, l'empire cinématographique de Shin s'effondre progressivement, dans le contexte d'un déclin général de l'industrie cinématographique coréenne. Acculé par les problÚmes financiers à la suite de problÚmes de gestion et d'échecs fréquents au box-office, il entre en outre en conflit avec le gouvernement. Sa licence de producteur est finalement révoquée le 28 novembre 1975 aprÚs un scandale : de jeunes lycéens avaient en effet pu visionner par mégarde ou laxisme une version non-censurée de son film Jangmiwa deulgae (1975), comportant une insoutenable scÚne de sexe oro-buccal de prÚs de trois secondes[5]. Ne pouvant plus produire ni réaliser de films en Corée, il essaie dÚs lors de se tourner vers l'étranger.
En exil et en Corée du Nord
Ă partir de 1975, Shin Sang-ok cherche Ă produire et Ă distribuer ses films dans des pays d'Asie et essaie sans succĂšs d'obtenir un visa pour les Ătats-Unis. Il se sĂ©pare de sa femme, Choi Eun-hee, qui disparaĂźt peu aprĂšs Ă Hong Kong. Six mois plus tard, le , il lui arrive la mĂȘme chose. Des rumeurs laissent entendre qu'il aurait Ă©tĂ© assassinĂ© par la KCIA, le service de renseignement sud-corĂ©en.
Il s'avĂšre par la suite que le couple a Ă©tĂ© enlevĂ© par des agents nord-corĂ©ens Ă la demande de Kim Jong-il qui souhaite relancer le cinĂ©ma du Nord et lui confier la direction des studios. Cependant, le cinĂ©aste est rĂ©calcitrant, il ne veut pas filmer sur ordre. Il tente de fuir, se fait emprisonner puis finalement accepte d'Ă©crire des scĂ©narios. Il produit onze films, en rĂ©alise sept. Il traite d'abord de la rĂ©sistance face aux Japonais puis prĂ©pare Pulgasari, un remake de Godzilla. Il rĂ©fute officiellement le fait qu'il aurait Ă©tĂ© enlevĂ©, retrouve sa libertĂ© de voyager, tourne Ă Prague et se rend aux festivals de Berlin et de Vienne. C'est dans cette derniĂšre ville, en , que le couple part se rĂ©fugier dans l'ambassade amĂ©ricaine, oĂč il demande l'asile politique.
Aux Ătats-Unis
Shin Sang-ok est alors interrogé et protégé par les services secrets américains car les Nord-coréens le recherchent. Il se cache pendant trois ans avant de revenir vers le cinéma en 1989 sous le nom de Sheen Simon et produit la saga des Trois Ninjas, un succÚs commercial destiné aux enfants.
Les derniÚres années
Craignant que la police refuse de croire à son histoire d'enlÚvement, Shin hésite tout d'abord à retourner en Corée du Sud. Cependant, à la suite de la démocratisation du pays, il revient à Séoul avec un film provocateur, Disparu (1994), qui évoque l'enlÚvement en 1979 à Paris de l'ancien patron de la KCIA et les méthodes expéditives des dirigeants de Séoul.
Plus tard, Shin fonde une école de cinéma avec son épouse. Il subit une greffe du foie en 2004 et meurt le à Séoul d'une hépatite. Il a obtenu le lendemain la couronne d'or de l'ordre du mérite de la culture, la plus haute distinction pour un artiste en Corée du Sud.
Vie privée
En 1954, Shin Sang-ok se marie avec l'actrice Choi Eun-hee. Il divorce au milieu des années 1970 à la suite de la révélation de sa liaison avec une jeune actrice, conformément aux traditions du milieu de la production audiovisuelle[6] mais se remarie avec elle au cours de leur période nord-coréenne.
Analyse stylistique
Ses films historiques marquent le retour de la culture traditionnelle coréenne qui avait été combattue pendant la période japonaise. D'un autre cÎté, ses mélodrames montrent une société coréenne qui s'éloigne du modÚle confucéen, se modernise, s'occidentalise. Il traite aussi du rejet des autoritarismes et de la place des femmes.
Principaux films
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Notes et références
- Adrien Gombeaud, « Entretien avec Shin Sangâok », e-tan'gun, le 22 septembre 2002.
- Yecies et Shim, 2016, p. 26
- Kim, 2007, p. 181
- Yecies et Shim, 2016, p. 87
- Chung, 2014, p. 117
- LĂ©onid Petrov, Filmmaking on the Edge:Director Shin Sang-ok and Actress Choi Eun-hee in Stars in World Cinema: Screen Icons and Star Systems Across Cultures, 2015, page 147
Annexes
Bibliographie
- Brian Yecies et Aegyung Shim, The Changing Face of Korean Cinema : 1960 to 2015, Routledge, (ISBN 978-1-315-88664-0, lire en ligne)
- Stéphane Chung, Split Screen Korea: Shin Sang-ok and Postwar Cinema, 2014
- Paul Fischer, Une superproduction de Kim Jong-Il, Flammarion, 2015.
- Jean-Michel Frodon, « Sang-ok Shin », Le Monde (Cannes - Supplément Arts et Spectacles, ).
- Kim Mi-hyĆn, Korean Cinema: From Origins to Renaissance, 2007
- KÚoprasith Souvannavong, « Shin Sang-ok, le cinéaste qui aimait les femmes », Radio France Internationale, le .
- « Shin Sang-ok ou l'histoire croisée du cinéma coréen », bextes.org.
- (en) « Shin Sang-Ok, film director and abductee, died on April 11th, aged 79 », The Economist, le .
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Museum of Modern Art
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Shin Sang-ok sur le site Cinemasie
- JérÎme Baron, Shin Sang-ok, l'équation coréenne sur le site du festival des 3 continents