Shen Dao
Shen Dao ou Shen Tao æ ć° (350 ? ~ 275 ? ) est un philosophe chinois de la pĂ©riode des Royaumes combattants dont la pensĂ©e aurait influencĂ© le taoĂŻsme et le lĂ©gisme. Il est en effet connu essentiellement par des mentions dans le Zhuangzi et le Hanfeizi qui le prĂ©sentent comme exemple ou source dâinspiration. Originaire de Zhao, il fut membre de lâacadĂ©mie Jixia sous les rois Xuan[1] et Min[2], et prĂ©cepteur de lâhĂ©ritier du trĂŽne de Chu retenu en otage Ă Qi en 297 av. J.-C.[3]. Selon Sima Qian, il Ă©tait adepte du huanglao et sâinspirait du Dao De Jing.
Naissance |
Vers Zhao |
---|---|
DĂ©cĂšs |
Vers |
Ăcole/tradition | |
Principaux intĂ©rĂȘts | |
Ćuvres principales |
Shenzi |
Influencé par | |
A influencé |
On lui attribue le Shenzi[4], un ensemble de douze discours selon le Shiji, de quarante-deux chapitres selon le Livre des Han, perdus presque entiĂšrement dĂšs la dynastie Song. Les cinq chapitres qui restent semblent ĂȘtre de date beaucoup plus tardive, et doivent ĂȘtre corrigĂ©s Ă partir des citations dans les textes anciens.
Dans le Zhuangzi
Le dernier chapitre du Zhuangzi place Shen Dao ainsi que deux autres acadĂ©miciens de Jixia, Tian Pian[5] et Peng Meng[6], dans la lignĂ©e de ceux qui ont avancĂ© vers la comprĂ©hension du Tao car ils en avaient une vision universelle et non spĂ©cifique comme Mozi ou Yang Zhu. Pour Shen Dao, « le grand Tao qui embrasse tout sans distinction » sâincarne dans le cours rĂ©el des Ă©vĂšnements. Il nây a quâun passĂ©, donc, de tous les futurs possibles, un seul adviendra, celui qui correspond au Tao. Ainsi, il « se laissait aller au cours des choses et Ă©tait indiffĂ©rent Ă tout ». Selon sa vision, aucun effort individuel nâĂ©tait nĂ©cessaire pour ĂȘtre en harmonie avec le Tao : « MĂȘme une motte de terre ne peut manquer le Tao. » aurait-il dit. Sans rĂšgles de conduite, il suivait le mouvement « comme une feuille dans le courant, une plume au vent, la poudre sur la meule ». Suivant lâĂ©tat naturel, il Ă©tait sans faute mais aussi sans statut social. Il disait : « Ne soyez pas de ceux qui savent ce quâils doivent faire. Ni les biens ou avantages, ni les sages nâont de valeur pour vous ».
On retrouve donc chez lui une similitude avec la pensĂ©e attribuĂ©e Ă Laozi ou Ă Zhuang Zhou. NĂ©anmoins, le Zhuangzi Ă©met tout de mĂȘme des rĂ©serves Ă son Ă©gard et prĂ©tend quâil nâest pas encore parvenu Ă la maĂźtrise parfaite : « son Tao est pour les morts et non pour les vivants ». On propose en gĂ©nĂ©ral comme interprĂ©tation de cette critique que lâauteur du Zhuangzi jugeait sa thĂ©orie trop passive ou fataliste.
Dans le Hanfeizi
Hanfeizi attribue Ă Shen Dao lâinvention de la notion de shi[7] ou « situation », ensemble des facteurs qui contribuent Ă mettre quelquâun en position de puissance. Il aurait dit : « La sagesse ne peut pas toujours subjuguer les foules, mais la situation peut rendre le sage impuissant ».
Dans le Xunzi
Xunzi critique Shen Dao pour son recours frĂ©quent Ă la rĂšgle fa[8], loi des lĂ©gistes, tout en remarquant que « sâil tenait les rĂšgles en haute estime, lui-mĂȘme nâen avait pas » et quâ « il regardait vers lâavenir mais ne tenait pas compte du passĂ© ».
Taoïsme et légisme
On constate Ă lâĂ©poque des Royaumes combattants, et particuliĂšrement Ă la veille de lâempire, lâemprunt frĂ©quent par les lĂ©gistes de concepts qui seront considĂ©rĂ©s ultĂ©rieurement comme taoĂŻstes.
Les efforts conceptuels de certains penseurs en vue de dĂ©gager le concept de Tao des diffĂ©rents taos (voies) particuliers proposĂ©s par tel ou tel auteur ont pu permettre de dĂ©gager de lâobservation du monde des mĂ©canismes, donc des voies dâaction possibles, qui Ă©chappaient au confucianisme. Celui-ci reste en effet essentiellement confinĂ© dans le domaine humain et moral, centrĂ© sur les relations au sein d'une sociĂ©tĂ© oĂč la valeur du sage est toujours reconnue, aussi bien par le peuple que par le souverain ou le Ciel, et oĂč, en quelque sorte, les « bons » sont forcĂ©ment rĂ©compensĂ©s par lâobtention du pouvoir et la prospĂ©ritĂ© du pays quâils gouvernent. Lâhistoire sâest chargĂ©e plusieurs fois de mettre en Ă©vidence les limites de cet idĂ©al. De nombreux historiens ont fait remarquer que si le confucianisme semblait une excellente doctrine politique pour un pouvoir en place, il se montrait peu efficace en pĂ©riode de crise et nâavait jamais contribuĂ© Ă lâĂ©tablissement dâune nouvelle dynastie.
Pour les lĂ©gistes visant lâefficacitĂ©, lâidĂ©e que lâarrivĂ©e au pouvoir ne dĂ©pend pas de lâaide d'un Ciel vaguement personnalisĂ© mais du shi, ensemble de facteurs qui peuvent dâailleurs n'exclut [?] pas l'humain puisqu'il inclut des caractĂ©ristiques personnelles et des dispositions psychologiques, ouvrait des perspectives intĂ©ressantes. Pratique avant tout, Hanfeizi traduit le concept en manipulations psychologiques : trĂŽne surĂ©levĂ©, rituels de prosternation, chĂątiment pour qui ose regarder le souverain en face etc.
Notes et références
- 柣ç (319-301)
- æčŁç (300-284)
- Zhanguoce æ°ćçâą
- æ ć
- ç°é§ą
- ćœè
- ćą
- æł
Voir aussi
Bibliographie
- Feng Youlan, Précis d'histoire de la philosophie chinoise