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Shōtōkan-ryū

Shōtōkan-ryū (松濤館流, Shōtōkan-ryū) est un style d'art martial japonais, qui fait partie du karaté-do. Il est issu de l’école Shorin ou Shōrin-ryū de maître Matsumura (1809-1896), qui a donné naissance, grâce à ses élèves, à de nombreux styles différents de karaté. L’un de ses élèves, appelé Gichin Funakoshi (1868-1957), devenu maître à son tour, développa son propre style et l’appela Shōtōkan. Les autres élèves de Matsumura, devenus maîtres à leur tour, développèrent d'autres styles de karaté comme Shito-ryū, Gōjū-ryū, Kyokushinkai, kenpō, Shinkai, etc.

Shōtōkan-ryū
Lettres japonaises pour Shōtōkan
Lettres japonaises pour Shōtōkan

Autres noms Shōtōkan ou Karaté Shōtōkan
Domaine Percussion (art martial)
Forme de combat Pied-Poing
Pays d’origine Drapeau du Japon Japon
Fondateur Gichin Funakoshi en 1939
Gigō Funakoshi
Dérive de Shuri-te
A donné Karate-do Shotokaï Egami-ryu, KyokushinkaiShindō jinen-ryū, Karate Yoseikan, Shōtōkan Ohshima, Shōtōkan ryū Kase ha, Shōtōkan ryū Nishiyama, Shōtōkan ryū Kanazawa
Pratiquants renommés Jean-Claude Van Damme
Wesley Snipes
Michael Jai White
Lyoto Machida
Sport olympique À partir des jeux olympiques de Tokyo 2020 car membre de la WKF sur décision du CIO le 3 août 2016
Fédération mondiale
  • JKA : Japan Karate Association
  • SKIF : Shotokan Karate-Do International Federation
  • FS : France Shotokan (Shōtōkan Ohshima)
  • SKA : Shotokan Karate Of America
  • FBK : Fédération Burkinabè de Karaté-do
  • WKF : World Karate Federation
  • JKS : Japan Karate Shoto Federation

Historique

La voie de Bodhidharma

La légende raconte que Bodai Daruma (Bodhidharma), un moine bouddhiste indien, après un long voyage, demanda asile aux moines du monastère de Shaolin en Chine, vers l'an 520 apr. J.-C. Voyant ses disciples s'épuiser lors des longues méditations, il conclut que la recherche de l'illumination par le zen ne devait pas se faire au détriment du corps, mais plutôt par l'union du corps et de l'esprit.

Il enseigna donc à ses disciples une série d'exercices physiques destinés à renforcer le corps. Cette méthode d'entraînement basée sur la respiration et sur des techniques de combats à poings nus ou avec un bâton, se propagera plus tard en Chine sous le nom de kenpō, littéralement la « méthode des poings ». Les historiens ont montré que ce mythe a été inventé au XVIIe siècle.

Okinawa, le berceau du karaté

Okinawa, qui signifie « corde sur l'océan », est l'île principale de l'archipel des îles Ryūkyū, au sud du Japon. Point de rencontre traditionnel des cultures chinoise et japonaise, l'île d'Okinawa devint l'endroit où naquit la forme définitive du combat à mains nues. Durant la domination japonaise sur Okinawa, l'emploi des armes fut prohibé une deuxième fois, ce qui obligea les habitants à mettre au point des méthodes de combat particulièrement efficaces, en se servant uniquement de leurs poings, de leurs pieds et aussi d'instruments aratoires.

Voila pourquoi les applications de certaines techniques de karaté sont aujourd'hui difficiles à expliquer : elles servaient à l'origine a lutter contre des sabres, des lances, des naginata

Un mélange de tō-de, des formes locales de combat ou encore importées d'autres endroits, finit par donner naissance à la méthode appelée Okinawa-te, qui se développera suivant trois styles de base : Shuri-te, Naha-te et Tomari-te. De là ressortiront les écoles suivantes : celles de Miyagi Chojun, fondateur du Gōjū-ryū ; de Mabuni Kenwa, père du Shitō-ryū ; de Otsuka Hironori, fondateur du Wadō-ryū ; de Nagamine Soshin, un des pères du style Shōrin-ryū et de Funakoshi Gichin, qui créa la Shōtōkan-ryū. En 1902, le gouvernement d'Okinawa introduit l'Okinawa-te dans les écoles secondaires. Itosu Yasutstune devient le premier instructeur. Par la suite, plusieurs maîtres iront enseigner leur art martial hors de l'île. Funakoshi fut un de ceux-là.

Yasutsune Itosu

La « main sacrée du Shuri-te », Itosu est né à Shuri en 1830. Fils de fonctionnaire, disciple de Matsumura Sokon dès l'âge de 16 ans, il est devenu un des artistes martiaux les plus respectés à Okinawa pendant le XIXe siècle. Il a été le secrétaire particulier du roi de l'archipel des îles Ryūkyū. C'est en grande partie grâce à lui que nous est parvenue la tradition du Shuri-te, l'école de Sokon Matsumura. Une de ses grandes contributions était la croyance ferme de l'importance du développement de la personnalité de la personne à travers l'étude des katas et du bunkai, l'application technique des katas.

En 1901, lorsque le gouvernement d'Okinawa introduisit le karaté dans les écoles, Maître Itosu devint la première personne à enseigner le tō-de à l'école primaire Shuri-jinjo. À cette époque, la conception de l'éducation physique était militariste, les médecins militaires se rendaient compte lors des examens que les pratiquants de cet art martial étaient plus robustes. Gichin Funakoshi commencera à cette époque à étudier le tō-de avec sensei Itosu. Ce dernier enseignait un tō-de de style Shôrin, caractérisé par une grande mobilité et des techniques longues.

Sokon Matsumura

Surnommé le « guerrier » (bushi), Matsumura est né en 1797 dans la ville de Shuri sur l'île d'Okinawa. Expert de l’Okinawa-te de style Shorin, il a eu comme professeurs d'arts martiaux Sakugawa, Kushanku, Iwah et un des maîtres de l'école de kendo, Jigen du clan de Shimazu, de Satsuma, Yashuhiro Iujin. Il a travaillé comme officier et garde du corps pour les trois derniers rois des Ryūkyū.

Il a habité en Chine autour de l'année 1830. À son retour à Okinawa, il fonde son école et commence à enseigner son style, le Shorin-ryū gosoku-an karate (« karaté Shaolin pour la défense de la patrie »), une forme chinoise modifiée. Parmi ses étudiants les plus connus, nous pouvons nommer Kyan, Yabu, Itosu et Azato. De temps en temps, il enseignait aussi à Funakoshi. Cependant, sa plus grande influence s'est faite par le biais des deux maîtres Azato et Itosu. Selon Matsumura, si on veut comprendre l'essence des arts martiaux, on doit étudier intensément. On reconnait ici le précepte 20 du niju kun.

Azato Yasuzato

Peu connu, un des meilleurs disciples de Matsumura, Azato est reconnu grâce au fait d'avoir enseigné à Funakoshi. Pourtant, il était considéré comme le plus grand expert de karaté de son époque lorsqu'il a commencé à enseigner à Funakoshi. Ce dernier commence la pratique de l'Okinawa-te vers l'âge de 15 ans avec Azato, qui est le père de son maître d'école. À l'époque, l'art martial d'Okinawa n'était pas enseigné au grand public. Les cours avaient lieu la nuit clandestinement, loin des regards indiscrets. Son apprentissage se déroula d'une façon traditionnelle pour l'époque.

Il s'agissait alors de pratiquer un seul exercice et de passer au suivant uniquement lorsque le Maître estimait que le karatéka était capable de la réaliser parfaitement. L'apprentissage d'un kata pouvait ainsi durer plusieurs années. Un kata en trois ans était une expression coutumière dans les anciens budo. Adepte de l'art du sabre de l'école Jigen, c'est de lui que nous vient un des préceptes du niju kun : « Considérez les bras et jambes des gens comme des épées. »

Gichin Funakoshi : créateur du Shōtōkan

Shomen Gichin Funakoshi est considéré comme le père du karaté moderne. Il est l'importateur du karate-dō au Japon et créateur du style Shōtōkan, il a fait évoluer la forme initiale du karaté d'Okinawa.

Né en 1868, Funakoshi vécut dans le district de Yamakawa-Chô sur l'île d'Okinawa. L'ère Meiji débutait, l'homme était alors très cultivé et de surcroît poète. Sensible au code moral de ses ancêtres, il observait rigoureusement les interdits d'autrefois, et considérait au vu de ces principes que le samouraï se doit en toute occasion de renvoyer une image impeccable.

À l’origine, Funakoshi pratiquait les deux écoles qui dominaient (Shorei-ryū et Shorin-ryū). Après une dure pratique de ces deux formes de karaté, Funakoshi parvint à développer une nouvelle forme de karaté, un modèle plus simple, combinant les idéaux de Shorei-ryū et de Shorin-ryū. Le karaté qu’il enseigna à ses étudiants reflétait les changements opérés par Anko Itosu, y compris la série de katas de heian/pinan. Funakoshi changea également les noms des katas de son programme d’étude, dans un effort de rendre les noms « étrangers » d’Okinawa plus agréables aux oreilles des Japonais.

Le maître Gichin Funakoshi, en tant que président de la Okinawa Shobukai, une association de karaté, fut convié en par le ministère de l'Éducation à prendre part à une démonstration, agréée par le gouvernement nippon, organisée à Tokyo. Cette démonstration mettait en scène les arts martiaux traditionnels du pays, parmi lesquels le karaté. C'est ainsi qu'il fut le premier héraut du karaté-jutsu, discipline originale en provenance d'Okinawa (de l'archipel des Ryūkyū). Il devait alors, pour satisfaire les requêtes de nombreux individus, s'installer dans la capitale et y travailler à vulgariser son art martial. Le karaté Shōtōkan fut officiellement reconnu en 1939.

Avant de s'éteindre en 1957, Gichin Funakoshi forma de nombreux élèves : Obata, Okuyama, Egami, Harada, Hironishi, Takagi, Ohshima, Nakayama, Nishiyama, Kanazawa Hirokazu, Taiji Kase.

Évolution du Shōtōkan

À la suite de Gichin Funakoshi, certains de ses élèves développèrent, à leur tour, également, leurs propres styles de karaté. Il existe donc des sous-variantes du style Shōtōkan. En voici quelques-unes :

  • Maître Ohshima a développé le Shōtōkan Ohshima, orienté sur le style Gishin Funakoshi[1] (la famille Funakoshi avait confié à Ohshima la traduction du 2e livre du maître, Karate-dō kyohan). Ce style est représenté en France depuis 1964 par l’organisation France Shotokan.
  • Maitre Taiji Kase (1929-2004) a développé le Shōtōkan ryū Kase ha, orienté sur le style Yoshitaka Funakoshi (le fils de Gichin Funakoshi) et sur sa morphologie bréviligne[2]. Il est représenté en France entre autres par l’organisation IEKS (Institut d'enseignement du karaté-do Shotokan Ryu Kase Ha).
  • Maître Masatoshi Nakayama : créateur de la Japan Karate Association (JKA).
  • Maître Nishiyama a développé le Shōtōkan ryū Nishiyama, avec une orientation militaire[3].

Philosophie

Tora no maki : symbole du karaté Shōtōkan

Vertus et règles

Les vertus et les règles sont l’honneur, la loyauté, le courage (l’esprit d’endurance), la sincérité, la bonté, le respect et la politesse.

Le Dojo kun énonce cinq principes philosophiques qui guident l'entraînement dans le dojo. Ceux-ci sont la perfection du caractère, la loyauté, l'effort pour exceller, le respect d'autrui et l'absence de comportement violent. Ces principes sont nommés les Cinq maximes du karaté. Le Dojo kun est généralement affiché sur un mur du dojo. Dans certains clubs, on le récite au début ou à la fin de chaque cours afin de motiver les karatékas et de les préparer à des entraînements ultérieurs.

Les 20 préceptes du karaté-do

Sensei Funakoshi, afin de laisser une trace écrite et de guider les pratiquants dans leur quête d'une compréhension plus approfondie des aspects spirituels de la voie du karaté-do, rédigea au soir de sa vie ce traité. Ces maximes succinctes qui s'inscrivent dans le cadre d'une tradition orale étaient originellement destinées à être complétées par des explications du Maître, dans son dojo ou au hasard de cours particuliers que celui-ci dispensait à ses disciples.

Les principes sont compacts, concis et tendent vers une nature profondément philosophique. Cette même concision fait qu'ils sont sujets à des multiples interprétations et ce, même dans leur langue d'origine : le japonais. Certaines exégèses peuvent très bien altérer la signification originelle souhaitée par le Maître. Les commentaires et interprétations sont de Genwa Nakasone, contemporain et allié de poids de maître Funakoshi. C'est cette position privilégiée aux côtés du Maître qui fit de lui l'une des personnes les plus à même d'illustrer de commentaires les vingt préceptes.

  1. N'oubliez pas que le karaté commence et s'achève par le rei. Rei signifie « respect, courtoisie, le salut », mais ne pas le limiter à ces simples définitions. Il signifie le respect que l'on éprouve à l'endroit des autres, le rei est également la marque de l'estime que l'on a pour soi. Lorsqu'on transfère cette estime que l'on a pour soi sur les autres — respect — on agit conformément aux principes du rei. Les disciplines de combat qui font fi des principes du rei ne sont que pure violence, la force physique dénuée de rei n'est rien d'autre que brutalité, sans valeur pour l'être humain. Le rei est la manifestation physique d'un cœur sincère, révérencieux et empli de respect.
  2. Il n'y a pas d'attaque dans le karaté. Dans le karaté, les mains et pieds sont potentiellement aussi mortels que la lame d'un sabre : c'est pourquoi dans la mesure du possible vous devez éviter de décocher un coup mortel. « Jamais il ne faut tirer son sabre sur un coup de tête », cet enseignement fondamental était au cœur du bushido japonais. Ainsi, « il n'y a pas d'attaque dans le karaté » est une extension de ce principe de base selon lequel il ne faut pas sortir son arme au moindre prétexte. Elle souligne la nécessité absolue de faire montre de patience et de pondération. Mais quand la confrontation est inévitable, le pratiquant doit se lancer corps et âme dans le combat.
  3. Le karaté est au service de l'équité. L'équité est ce qui sert le bien, la vertu. « Quand je m'observe et que je constate que je suis dans le vrai, alors, mes ennemis, fussent-ils un millier ou dix mille, ne peuvent m'arrêter. Cela implique bien sûr qu'il faut faire preuve d'intelligence, de discernement et de force véritable ».
  4. Apprends déjà à te connaître, puis connais les autres. À force de pratique, le karatéka connaît ses techniques favorites ainsi que ses propres faiblesses ; en combat, il doit connaître ses propres points forts mais aussi ceux de son adversaire.
  5. Le mental prime sur la technique. Voila une anecdote qui illustrera cet aphorisme : « Un jour, un célèbre maître de sabre, Tsukahara Bokuden, voulut mettre ses fils à l'épreuve. Pour commencer, il fit appeler Hikoshiro, l'aîné des trois. En ouvrant la porte du coude, celui-ci la trouva plus lourde qu'à l'accoutumée et, en passant la main sur la tranche supérieure de la porte, constata qu'on avait disposé, en équilibre, un lourd appui-tête en bois. Il l'enleva, entra puis le remit exactement comme il l'avait trouvé. Bokuden fit alors venir son fils cadet, Hikogoro. Quand celui-ci poussa la porte, l'appui-tête tomba mais il le rattrapa en vol et le remit à sa place. Bokuden fit enfin appeler Hikoroku, son benjamin, le meilleur, et de loin, au maniement du sabre. Le jeune homme poussa puissamment la porte et l'appui-tête tomba, heurtant son chignon. En un éclair, il dégaina le sabre court qu'il portait à la ceinture et trancha l'objet avant qu'il ne touchât le tatami. À ses trois fils, Bokuden déclara : « C'est toi, Hikoshiro, qui transmettras notre méthode de maniement du sabre. Toi, Hikogoro, en t'entraînant ardemment, peut-être égaleras-tu, un jour, ton frère. Quant à toi, Hikoroku, tu conduiras certainement un jour notre école à sa perte et attireras l'opprobre sur ton patronyme. Je ne peux pas donc m'offrir le luxe de garder un individu aussi imprudent dans mes rangs ». Sur ces vertes paroles, il le désavoua. Cela illustre parfaitement l'importance accrue des facultés mentales sur les facultés techniques.
  6. L'esprit doit être libre. Meng Tsu évoque la quête de l'esprit « perdu » pour mettre un terme à l'errance spirituelle. Lorsque notre chien, notre chat ou nos poules se perdent, nous remuons ciel et terre pour les retrouver et les ramener à la maison, mais il déplore que lorsque notre esprit (qui dirige notre corps) s'égare pour finir par se perdre totalement, nous n'essayons même pas de le remettre sur le droit chemin. À l'inverse, Shao Yung soutient que l'esprit a besoin de se perdre, si l'on attache l'esprit tel un chat en laisse, il perdra sa liberté de mouvement. Utilisez l'esprit à bon escient, laissez-le explorer à sa guise, ne le laissez pas s'attacher ou s'enfermer dans un carcan. Les néophytes exercent souvent un contrôle trop pesant sur leur mental, ils craignent de s'ouvrir au monde et de laisser leur esprit courir librement. Au cours de l'apprentissage, il est préférable de suivre les consignes édictées par Meng Tzu dans un premier temps, pour, dans un second temps, libérer l'esprit préconisé par Shao Yung.
  7. Calamité est fille de non-vigilance. Combien d'accidents sont imputables à la négligence, à l'étourderie, le moindre relâchement de l'attention peut réduire à néant les efforts de préparation et de recherche effectuées au préalable, si approfondis soient-ils. En combat une « préparation bâclée » équivaut à un « désastre » ; pour ne pas arriver à de tels extrêmes, nous devrions constamment analyser nos actes et faire montre de beaucoup de circonspection en matière de méthodologie.
  8. La pratique du karaté ne saurait se cantonner au seul dojo. L'objectif du karaté est de polir et nourrir à la fois le corps et l'esprit, s'il commence au dojo au cours de la pratique, ce travail ne doit pas s'interrompre en fin d'entraînement. Il faut pratiquer continuellement dans tous les actes de la vie quotidienne. Une alimentation déséquilibrée, un abus de boisson, des habitudes nuisibles à la santé en général auront des répercussions certaines sur la pratique au dojo. Ils fatigueront à la fois le corps et l'esprit et détourneront l'adepte du dessein ultime de la pratique.
  9. Le karaté est la quête d'une vie entière. La Voie du karaté est sans fin, c'est la raison pour laquelle un pratiquant sincère pratiquera jusqu'à son dernier souffle. Dans Hagakure, le seigneur Yagyu déclarait qu'il ne savait pas comment défaire les autres mais qu'il savait comment l'emporter sur lui-même : être meilleur aujourd'hui qu'hier et meilleur demain qu'aujourd'hui. C'est-à-dire, travailler sans relâche et jusqu'au dernier souffle pour sans cesse progresser. La Voie véritable est infinie.
  10. La Voie du karaté se retrouve en toute chose, et c'est là le secret de sa beauté intrinsèque. Un coup, de poing ou de pied, asséné ou encaissé, peut signifier vie ou mort. Telle est la doctrine au cœur du karaté-dô. Si chaque domaine de la vie est abordé avec un tel sérieux, épreuves et difficultés peuvent être dépassées. Si un pratiquant affronte chaque difficulté en ayant le sentiment que sa vie entière est en jeu, il réalisera l'étendue de ses propres ressources.
  11. Pareil à l'eau en ébullition, le karaté perd son ardeur s'il n'est pas entretenu par une flamme. Un proverbe japonais illustre cela : « L'apprentissage par la pratique revient à pousser une charrette vers le sommet d'une colline. Cessez de pousser et tous vos efforts auront été vains. » L'intégration d'une facette du karaté parmi d'autres, ou une pratique distendue, ne sauraient suffire. Seule une pratique régulière et assidue récompensera votre corps et votre esprit des fruits de la Voie.
  12. Ne soyez pas obsédé par la victoire ; songez plutôt à ne pas perdre. Savoir uniquement comment décrocher la victoire sans savoir comment perdre revient à se mettre soi-même en situation de défaite, ultimes paroles du shogun Tokugawa. L'attitude mentale obsédée par la victoire nourrit nécessairement un optimisme excessif qui, à son tour, nourrit impatience et irritabilité. L'attitude la plus fine consiste, au contraire, à se résoudre fermement à ne pas perdre — quel que soit l'adversaire — en prenant conscience de nos propres forces et en faisant preuve de conviction inébranlable, le tout en adoptant une attitude conciliante dans la mesure du possible.
  13. Ajustez votre position en fonction de l'adversaire.
  14. L'issue d'un affrontement dépend de votre manière de gérer les pleins et les vides (forces et faiblesses). Les préceptes treize et quatorze évoquent l'attitude mentale à suivre en combat. Un combattant doit pouvoir et savoir s'adapter à son adversaire ; comme l'eau qui s'écoule naturellement du haut vers le bas, le combattant évite les points forts de l'ennemi pour le frapper là où il est vulnérable. Il doit éviter toute action stéréotypée, le maître mot de sa conduite doit être fluidité, souplesse, adaptation, plutôt qu'inertie et constance.
  15. Considérez les mains et les pieds de l'adversaire comme des lames tranchantes. Un pratiquant sincère de karaté-dô saura rendre ces extrémités corporelles aussi dangereuses que des armes blanches. Dans cette optique, même les mains et les pieds d'un non-pratiquant peuvent s'avérer dangereux. Un néophyte qui s'implique corps et âme dans une lutte pour la vie, sans craindre ni blessure, ni trépas peut libérer une puissance considérable et extraordinaire, et être capable de défaire n'importe quel opposant. Que l'adversaire soit ou non initié aux arts martiaux ne doit en aucun cas nous leurrer sur son potentiel.
  16. Faites un pas hors de chez vous et ce sont un million d'ennemis qui vous guettent.
  17. Le kamae, ou posture d'attente, est destiné aux débutants ; avec l'expérience, on adopte le shizentai (posture naturelle).
  18. Recherchez la perfection en kata, le combat réel est une autre affaire. Les katas sont la moelle de l'entraînement du karaté-dô, il convient de ne pas les dénaturer et de s'y entraîner conformément à l'enseignement dispensé par le maître. Anko Itosu disait : « Respectez la forme des katas, ne cherchez pas à en travailler l'esthétique ». En combat réel, il ne faut pas s'embarrasser ou se laisser entraver par les rituels propres aux katas, le pratiquant doit dépasser le cadre imposé par ces formes et se déplacer librement en fonction des forces et faiblesses de l'adversaire.
  19. Sachez distinguer le dur du mou, la contraction de l'extension du corps et sachez moduler la rapidité d'exécution de vos techniques. Les combinaisons citées dans ce précepte s'appliquent aussi bien en kata qu'en combat réel. Si l'on exécute les katas sans combiner la possibilité de moduler l'intensité et le rythme des techniques ou l'alternance extension/contraction, l'exercice perd toute sa valeur. L'alternance dur-mou, extension-contraction, lenteur-célérité, inspiration-expiration est de première importance en combat et peut déterminer l'issue d'un affrontement.
  20. Vous qui arpentez la Voie, ne laissez jamais votre esprit s'égarer, soyez assidu et habile. Que l'on adopte un point de vue spirituel ou technique, le pratiquant ne doit jamais laisser son esprit « s'égarer » et doit être « assidu et habile ».

De nombreux maîtres ont illustré ce précepte :

« Dès lors, je pratiquai matin et soir avec ferveur afin d'assimiler les principes de la Voie des arts martiaux au plus profond de mon être jusqu'à parvenir, aux alentours de ma cinquantième année, à une compréhension naturelle de ladite Voie. »

— Miyamoto Musashi

« Un merveilleux enseignement vient juste de se révéler à moi. »

— Yamaoka Tesshu, fondateur de l'école d'escrime Mutô-ryû, âgé alors de quarante-cinq ans.

« Je commence enfin à comprendre ce qu'est le blocage au visage (jodan age uke). »

O'Sensei Funakoshi, alors âgé de quatre-vingts ans.

C'est seulement au terme d'une pratique embrassant plusieurs décennies et entretenue par un esprit courageux et intrépide que l'on peut parvenir à assimiler, pour la première fois de son existence, les véritables principes régissant la Voie. Cela met en relief la vanité qu'il y a à croire que l'on pourra devenir maître d'un art martial après 5 ou 10 années de pratique-loisir. Pareilles superstitions leurrent le pratiquant et salissent la Voie. Vanité et fainéantise sont des chaînes qui entravent la progression, les pratiquants devraient se livrer à une autocritique de tous les instants et se faire sans cesse violence ; jamais ils ne doivent manquer d'être constant jusqu'à avoir un aperçu clair des strates les plus profondes du karaté-dô. Tous ceux qui ont pour ambition de cheminer sur la Voie devraient faire leurs ces principes.

Caractéristiques

Le Shōtōkan, comme les autres arts martiaux, est traditionnellement divisé en trois parties : le kihon ou « fondements », le kumite et le kata (formes ou modèles des mouvements). Les techniques de Shōtōkan dans le kihon et les katas sont caractérisées par des positions profondes et longues qui fournissent la stabilité, mouvements puissants et positions renforçant les jambes. La force et la puissance sont souvent démontrées au moyen de mouvements plus lents et plus retenus. Les techniques de kumite reflètent ces positions et mouvements à un niveau moins élevé, et sont davantage « libres » et flexibles.

Funakoshi considérait que les arts martiaux traditionnels (tels que le sumo, le jujitsu et le kenjutsu) concentraient trop leurs formes sur le combat, et il a voulu rendre le Shōtōkan moins axé sur le combat et plus sur la santé, la respiration, la libération d’énergie ainsi que la maîtrise du corps et de l’esprit. Pour Funakoshi, « le but réel du karaté n’est pas la victoire, mais le perfectionnement du caractère ».

Kihon

Kihon (基本, « fondement », «base ») sont des mouvements exécutés seul et en ligne dans des aller-retour sur le tatami.

Chaque professeur montre un ou des mouvements, simples ou complexes selon le niveau du cours, mouvements qui peuvent être variés à l’infini[5].

Il est habituellement pratiqué en se déplaçant et en exécutant une combinaison de techniques. Le kihon est un aspect central du Shōtōkan. Tous les katas sont en effet construits à partir du kihon.

Le kihon est aussi utilisé pour le passage de la ceinture noire pour les personnes de moins de 18 ans (en France), pour éviter une confrontation, qui normalement, a lieu contre des adultes.

Pour le passage des grades de ceinture noire le jury qui évalue le pratiquant donne oralement un enchaînement de plusieurs coups et positions en japonais à effectuer dans son intégralité et le mieux possible.

Kumite

  • Kumite (組み手 ou 組手, composition de main) souvent traduit par « combat ». Il existe plusieurs sortes de kumite. Voici les trois principales :
    • Kihon kumite (基本組み手 ou 基本組手) : combat avec avertissement préalable des techniques qui seront utilisées.
    • jiū kumite (自由組み手 ou 自由組手) : combat libre (sans avertissement préalable).
    • Shiai kumite (試合組み手 ou 試合組手) : combat orienté pour la compétition.

Kihon kumite

Le combat avec conventions préalables ou avertissement préalable des techniques qui seront utilisées, que l’on peut varier à l’infini, selon les écoles, les clubs, les professeurs, le niveau, le but recherché, la complexité, etc. Cet article ne saurait en donner ici toute l’exhaustivité. En voici quelques exemples :

  • Kihon ippon-kumite, combat avec une attaque.
  • Kihon nippon-kumite, combat avec deux attaques.
  • Kihon sanbon-kumite, combat avec trois attaques.
  • Kihon gohon-kumite, combat avec cinq attaques.
  • Kihon kaeshi-ippon-kumite, l’attaque commence en position shomen shizen tai[6].

Jiu kumite

Le combat libre (sans avertissement préalable) que l’on peut faire varier à l’infini, selon les écoles, les clubs, les professeurs, le niveau, le but recherché, la complexité, etc. Cet article ne saurait en donner ici toute l’exhaustivité. En voici quelques exemples :

  • Jiū-ippon-kumite : combat sur une seule attaque non annoncée.
  • Jiū-nippon-kumite : combat sur deux attaques non annoncées.
  • Jiū-sanbon-kumite : combat sur trois attaques non annoncées.
  • Jiū-kumite : combat avec le maximum de techniques classées Shōtōkan selon le style choisi, Ohshima ryū, Kase ha ryū, Nishiyama ryū, Kanazawa ryū, etc.

Shiai kumite

Shōtōkan adapté pour la compétition. C'est une évolution que certains considèrent comme ne respectant pas l'essence du karaté.

Katas

De nos jours, il existe plusieurs variantes dans les katas Shōtōkan. Les principaux instigateurs de ces variantes sont maître Kase et maître Kanazawa.

Katas de débutant

  • Ten-no-kata-omote : kata de l'univers[7] (1re partie)
  • ten-no-kata-ura : kata de l'univers (2e partie)
  • Taikyoku-shodan : grand ultime, 1er niveau
  • Taikyoku-nidan : grand ultime, 2e niveau
  • Taikyoku-sandan : grand ultime, 3e niveau
Katas de base
  • Heian shodan : esprit paisible (1)
  • Heian nidan : esprit paisible (2)
  • Heian sandan : esprit paisible (3)
  • Heian yondan : esprit paisible (4)
  • Heian godan : esprit paisible (5)
  • Tekki shodan : autre kata 1er dan

Katas 2e dan

  • Basai dai
  • Kanku dai
  • Hangetsu
  • Empi
  • Jion

Katas 3e dan

  • Gangaku
  • Kanku sho
  • Bassai sho
  • Jitte
  • Tekki nidan

Katas 4e dan

  • Tekki sandan.
  • Jiin.
  • Niju shiho.
  • Unsu.
  • Sochin.

Katas 5e dan

  • Meikyo.
  • Goju shiho dai.
  • Goju shiho sho.
  • Chinte.
  • Wankan.

Ceintures

Blanche
Jaune
Orange
Verte
Bleu
Marron
Noire

Certains clubs ont une ceinture mauve ou violette (entre la bleue et la marron).

Techniques

Gichin Funakoshi.

Positions : dachi

  • Fudo dachi : position équilibrée de combat (entre zenkutsu dachi et kokutsu dachi).
  • Hachiji dachi : debout pieds pointés vers l’extérieur écartés de la largeur des hanches.
  • Hangetsu dachi ou seishan dachi : position du sablier élargie.
  • Heiko dachi : debout pieds écartés et parallèles.
  • Heisoku dachi : debout les pieds l’un contre l’autre.
  • Kiba-dachi : position du cavalier, poids du corps réparti sur les deux jambes, les pieds bien parallèles.
  • Kokutsu dachi ou hanmi no neko ashi dachi : fente arrière 70 % du poids du corps sur la jambe arrière, pieds à 90° sur une même ligne.
  • Kosa dachi : position pieds croisés lors d'un déplacement par exemple en kiba dachi.
  • Kake dachi : position avec un pied crocheté derrière l'autre en appui au sol.
  • Moto dachi : position fondamentale (petit zenkutsu dachi).
  • Musubi dachi : debout, talons joints, pointe des pieds écartés.
  • Neko ashi dachi : position du chat.
  • Moroashi dachi : idem que heiko dachi, mais un pied en avant.
  • Reinoji dachi : debout un pied devant l’autre formant un L.
  • Sanchin dachi : position dit du « sablier » ou des 3 centres.
  • Shiko dachi : position du sumotori.
  • Sochin dachi : semblable à kiba dachi, mais faisant un angle de 45° avec la ligne d’attaque. Le corps, tourné vers celle-ci, est de 3/4.
  • Teïji dachi : debout un pied devant l’autre formant un T.
  • Tsuru ashi dachi ou sagi ashi dachi : position de la grue, debout sur une jambe.
  • Uchi hachiji dachi : pieds pointés vers l’intérieur.
  • Zenkutsu dachi : fente avant, jambe avant fléchie, jambe arrière tendue, pieds écartés d’une largeur d’épaules.

Déplacements : unsoku

  • Ayumi ashi ou de ashi : avancer d’un pas.
  • Hiki ashi : reculer d’un pas.
  • Yori ashi : pas glissé.
  • Tsugi ashi : pas chassé.
  • Okuri ashi : double pas.
  • Mawari ashi : déplacement tournant autour du pied avant.
  • Ushiro ashi : déplacement tournant autour du pied arrière.

Techniques de défense : uke waza

  • Ashikubi kake uke : technique de crochetage avec la cheville pour dévier une attaque de jambe basse.
  • Ashibo kake uke : technique de crochetage avec le tibia pour dévier une attaque de jambe basse.
  • Chudan shuto uke : blocage du tranchant externe de la main utilisant un mouvement circulaire de l’intérieur vers l’extérieur pour dévier l’attaque latéralement. Au moment de l’impact utiliser une vigoureuse action rotative de l’avant-bras. Cette technique est particulièrement difficile à exécuter en restant face à l’adversaire et nécessite une esquive.
  • Chudan teisho uke : blocage au niveau moyen s’effectuant avec la paume de la main dans un large mouvement circulaire de l’extérieur vers l’intérieur.
  • Empi uke : blocage avec le coude. Il existe une variété de techniques utilisant le coude de manière défensive. Certaines d’entre elles sont des réflexes naturels comme donner un coup de coude sur un coup de pied arrivant dans les côtes. On comprend combien il est difficile d’étudier ces techniques en toute sécurité si le niveau des pratiquants n’est pas très élevé. On peut distinguer trois grandes catégories de blocages de ce type :
    • de l’extérieur vers l’intérieur ;
    • de bas en haut ;
    • de haut en bas.
  • Gedan barai : blocage bas de l’avant-bras en exécutant un arc de cercle qui part de l’épaule opposée pour finir en face de la hanche. Cette technique permet de bloquer un coup de pied de face (mae geri chudan).
  • Gedan soto uke : blocage bas de l’avant-bras de l’extérieur vers l’intérieur. Technique utilisée pour dévier un coup de pied de face (mae geri).
  • Gedan teisho uke : blocage au niveau bas s’effectuant avec la paume de la main dans un large mouvement circulaire de l’extérieur vers l’intérieur.
  • Gedan juji uke : idem que la technique ci-dessus mais au niveau bas.
  • Haishu uke : blocage utilisant le dessus de la main. Il se fait toujours dans un mouvement circulaire allant de l’intérieur vers l’extérieur. Il peut se faire soit au niveau du visage, soit au niveau moyen.
  • Haiwan nagashi uke : ce blocage nécessite peu de force. Il consiste à dévier avec le dessus de l’avant-bras une technique de poing directe en direction du visage (jodan oï zuki par exemple). Pour réussir cette technique, il faut absolument capter l’attaque très tôt dans sa trajectoire et près du poignet. Cette technique classique est caractéristique des katas tekki.
  • Hiji uke : blocage du coude.
  • Hittsui uke : défense du genou.
  • Jodan age uke : blocage de l’avant-bras en remontant. On utilise dans cette technique le réflexe naturel qui consiste à se protéger en levant le bras lorsque l’on craint un coup venant de haut en bas sur la tête.
  • Jodan tate uke : blocage de l’avant-bras qui utilise une large trajectoire circulaire de l’intérieur vers l’extérieur en partant de la hanche opposée. Le blocage s’effectue avec la partie extérieure de l’avant-bras et le bras est fléchi. C’est une technique très puissante qui est très avantageuse sur une attaque de pied circulaire (mawashi geri).
  • Jodan shuto uke : blocage au niveau visage s’effectuant avec le tranchant de la main. La trajectoire est identique à celle de la technique précédente mais le bras est tendu à la fin.
  • Jodan teisho uke : blocage au niveau visage s’effectuant avec la paume de la main dans un large mouvement circulaire de l’extérieur vers l’intérieur.
  • Jodan juji uke : blocage les avant-bras croisés au niveau du visage. Il consiste à rejeter une attaque vers le haut comme dans la technique jodan age uke. Cette technique peut aussi bien se faire les mains ouvertes que fermées. Dans le premier cas, elle permet d’enchaîner très rapidement sur une saisie.
  • Jugi uke : blocage en croix des mains.
  • Kakiwake uke : blocage exécuté simultanément avec les deux bords externes des deux avant-bras. On écarte avec force de l’intérieur vers l’extérieur. Cette technique est conseillée sur une tentative de double saisie au col.
  • Kake uke : blocage avec un crochet.
  • Kakuto uke : blocage avec le poignet plié.
  • Keito uke : blocage avec le poignet refermé.
  • Mikazuki uke : blocage du pied en croissant.
  • Mikazuki geri uke : balayage avec la plante du pied dans un mouvement circulaire en croissant de l’intérieur vers l’extérieur. Cette technique est étudiée dans de nombreux katas.
  • Morote uke : blocage renforcé par l’autre main sur l’avant-bras. La trajectoire du blocage est la même qu’uchi uke : mouvement circulaire de l’intérieur vers l’extérieur pour dévier l’attaque latéralement. On retrouve cette technique dans de nombreux katas avec le renfort au niveau du coude et poing fermé. Dans ce dernier cas il ne semble pas cohérent d’interpréter cette forme comme un renfort, ce qui n’est mécaniquement pas juste puisque le renfort ne peut être effectif que près du poignet, mais plutôt comme une garde ou une indication sur la possibilité de frapper du poing tout en bloquant.
  • Nami ashi : balayage en remontant avec la plante du pied. Cette technique est caractéristique du kata tekki shodan où elle s’effectue à partir de la position kiba dachi. Le genou sert de pivot et tout en conservant le centre de gravité dans cette configuration il faut relever la plante du pied vers le bas-ventre dans un mouvement circulaire pour dévier un coup de pied bas (mae geri) vers le haut. Cette technique peut aussi être utilisée comme esquive sur une tentative d’attaque ou de balayage de la jambe.
  • Osae uke : blocage avec la paume de la main du haut vers le bas où l’on cherche à dévier l’attaque vers le sol. Cette technique ressemble beaucoup à otoshi uke.
  • Otoshi uke : blocage avec le tranchant externe de l’avant-bras dans un mouvement du haut vers le bas pour dévier l’attaque vers le bas. Cette technique particulièrement puissante convient très bien à des attaques de bras au niveau moyen et au coup de pied latéral pénétrant (yoko geri kekomi).
  • Seiryuto uke : blocage avec la base du sabre de main.
  • Shuto uke : blocage avec le sabre de main.
  • Sukui uke : blocage balayé (ramasser).
  • Sokuto osae uke : blocage avec le tranchant externe du pied. Cette technique qui ressemble à un coup de pied de côté au niveau bas (kumikiri), permet d’avorter une attaque du pied en la stoppant dès le départ ou bien servir de coup d’arrêt en bloquant le genou adverse empêchant ainsi votre opposant à avancer.
  • Sokutei osae uke : blocage avec la plante du pied en poussant vers l’avant. Cette technique permet d’avorter une attaque du pied en la stoppant dès le départ ou bien servir de coup d’arrêt en bloquant le genou adverse empêchant ainsi votre opposant à avancer. Cette technique, comme toutes celles qui visent les membres inférieurs, a tendance à être négligée dans les dojo car elles n'est pas utilisable en compétition. Pourtant elles sont des techniques faciles à mettre en œuvre et à apprendre tout en étant d’une grande efficacité.
  • Soto uke : blocage de l’avant-bras utilisant un mouvement circulaire de l’extérieur vers l’intérieur pour dévier l’attaque latéralement. Au moment de l’impact, utiliser une vigoureuse action rotative de l’avant-bras.
  • Tate shuto uke : blocage avec le tranchant externe de la main placé verticalement avec le bras tendu. La main décrit un arc de cercle de l’intérieur vers l’extérieur.
  • Tekubi kake uke : blocage en crochetant avec le poignet très plié. Cette technique s’utilise au niveau moyen. Il faut établir très tôt un contact avec le poignet adverse puis pivoter rapidement le poignet, doigts vers le bas. Si le poignet est très mobile en revanche, le coude bouge très peu.
  • Te nagashi uke : cette technique ressemble beaucoup au blocage soto uke, exécuté avec la paume. Mais l’idée ici consiste plutôt à accompagner l’attaque en la déviant. L’attaque doit passer tout près de la tête.
  • Teisho uke : blocage de la paume.
  • Tettsui uke : blocage en marteau.
  • Tsuki uke : blocage avec le poing.
  • Teisho awase uke : blocage mains ouvertes au niveau bas en poussant vers le sol avec les deux poignets collés en formant une fourche avec les deux mains. Les paumes sont dirigés vers le bas. Cette technique est étudiée dans le kata hangetsu.
  • Uchi uke : blocage de l’avant-bras utilisant un mouvement circulaire de l’intérieur vers l’extérieur pour dévier l’attaque latéralement. Au moment de l’impact utiliser une vigoureuse action rotative de l’avant-bras.
  • Ude uke : blocage avec l’avant-bras.

Attaques mains fermées

  • Age-zuki (上げ突き) : coup de poing en remontant. Cette technique peut aussi être utilisée comme déflecteur d’une attaque directe pour ensuite frapper l’adversaire. Elle est caractéristique du kata empi.
  • Awase-Zuki (合せ突き) : double coup de poing. On frappe ici avec les deux poing de manière directe et sur le même plan vertical. Cette technique peut s’exécuter soit sur place soit en déplacement.
  • Choku-zuki (直突き) : c’est le coup de poing de base. Il est direct et utilise une rotation complète du poignet soit 180°.
  • Fumitsuki : coup de poing écrasant.
  • Gyaku-zuki (逆突き) : coup de poing renversé, coup de poing contraire à la jambe avant. En position zenkutsu dachi, on frappe du poing opposé à la jambe qui est avancée. La puissance de cette technique réside dans l’utilisation correcte de la rotation des hanches.
  • Haishu-uchi (背手打ち) : revers de main.
  • Heiko-zuki (平行突き) : coup de poing parallèle.
  • Hiraken-tsuki : coup de poing avec phalanges avant.
  • Ippon nukite (一本貫手) : pique d’un doigt.
  • Ippon-ken (一本拳) : poing d’un doigt.
  • Kakuto-uchi (鶴頭打, frappe en tête de grue) : le revers du poignet.
  • Keito-uchi (鶏頭打, frappe en tête de poule) : doigts et le pouce courbé vers l’intérieur, « crête du coq ».
  • Kagi-tsuki : coup de poing en crochet. On frappe sur le côté opposé au poing qui frappe dans un petit mouvement circulaire.
  • Kizami-tsuki : coup de poing direct donné du poing avant. En position zenkutsu dachi, kokutsu dachi ou autre, directement à partir de la garde, on frappe du poing avant.
  • Heiko-tsuki : double coup de poing. On frappe ici avec les deux poing de manière directe et sur le même plan horizontal. Cette technique peut s’exécuter soit sur place soit en déplacement.
  • Hasami-tsuki : double coup de poing. On frappe ici avec les deux poing de manière circulaire. Cette technique peut s’exécuter soit sur place soit en déplacement.
  • Mawashi-tsuki : coup de poing circulaire. Il faut bien penser à tourner le poing en fin de course afin de frapper avec les deux premières phalanges (kento).
  • Morote-tsuki : coup de poing double.
  • Nakadaka-ken (中高拳) : poing à une phalange deuxième de l’index.
  • Nihon-nukite (二本貫手) : pique à deux doigts.
  • Nukite (貫手) : pique de main.
  • Otoshi hiji-ate uchi : coup de coude vers le bas.
  • Oi-zuki (追い突き) : coup de poing en poursuite. On effectue un coup de poing direct combiné à un déplacement sur un pas. La position la plus utilisée pour cette technique est le zenkutsu dachi. On cherche à utiliser l’énergie cinétique engendrée par le long déplacement pour potentialiser la frappe du coup de poing.
  • Teisho-tsuki : coup de poing de la paume de la main.
  • Tettsui-uchi : marteau de fer.
  • Toho-uchi : main en gueule du tigre, hirabasami.
  • Tetsui otoshi : coup de poing en marteau dans un mouvement de haut en bas. On la retrouve dès le kata heian shodan.
  • Tetsui hasami uchi : double coup de poing en marteau. On peut utiliser cette technique aussi bien au niveau haut que moyen.
  • Tate-tsuki : coup de poing direct, comme le choku zuki, mais la rotation du poignet n’est que de 90°. La position du poing est verticale à l’arrivée.
  • Ura-tsuki : coup de poing direct où l’on n’utilise aucune rotation du poignet. Le départ tout comme l’arrivée se font en supination.
  • Uraken-uchi : attaque en revers du poing.
  • Ura-tettsui-uchi : marteau de pouce.
  • Uraken uchi : technique de frappe du revers du poing. Tout comme les autres techniques de poings elle peut être associée à de multiples déplacements.
  • Uraken shomen uchi : frappe du revers du poing dans un mouvement allant du haut vers le bas, le poing est alors en supination.
  • Yama-tsuki : double coup de poing en forme de U. Le nom de cette technique vient de la forme que donnent les bras et le buste qui ressemble à l’idéogramme correspondant à yama qui veut dire « montagne ». Cette technique d’attaque est souvent conçue comme une attaque et un blocage simultané. On la retrouve dans le kata bassai dai.
  • Yoko-tsuki : coup de poing direct sur le côté. Cette technique est souvent exécutée à partir de la position kiba dachi.
  • Yoko tetsui uchi : coup de poing en marteau sur le côté. Cette technique est souvent exécutée à partir de la position kiba dachi.

Attaques mains ouvertes

  • Furi-uchi : coup frappé diagonalement de bas en haut, avec la main en sabre.
  • Haito-uchi : sabre interne de la main (côté du pouce).
  • Haito uchi : technique utilisant le tranchant interne de la main dans un mouvement circulaire de l’extérieur vers l’intérieur.
  • Nukite : attaque utilisant la pointe des doigts. Cette technique nécessite un renforcement des doigts assez difficile à obtenir. Cependant, elle peut être utilisée sur des points vitaux sans durcissement préalable. Les techniques décrites dans le chapitre attaques mains ouvertes peuvent être adaptées sans difficulté à l’utilisation du nukite.
  • Seiryuto-uchi : tranchant de la main et de l’avant-bras.
  • Shuto-uchi : attaque du sabre externe de la main.
  • Soto mawashi shuto uchi : technique utilisant le tranchant externe de la main dans un large mouvement circulaire de l’extérieur vers l’intérieur. La technique se termine la main en supination. On peut faire varier la forme de cette attaque en utilisant soit au départ soit à l’arrivée une flexion du bras plus ou moins importante ainsi qu’une trajectoire plus ou moins horizontale.
  • Teisho uchi : attaque utilisant la paume de la main. Les techniques décrites dans le chapitre attaques mains ouvertes peuvent être adaptées sans difficulté à l’utilisation du teisho uchi.
  • Uchi mawashi shuto uchi : technique utilisant le tranchant externe de la main dans un mouvement circulaire de l’intérieur vers l’extérieur. La technique se termine la main en pronation.
  • Ura haito uchi : technique utilisant le tranchant interne de la main dans un mouvement circulaire de l’intérieur vers l’extérieur main en supination.
  • Yonhon-nukite : pique à quatre doigts.

Attaques de coudes : empi waza

  • Jodan mae age empi uchi : coup de coude de face en remontant.
  • Yoko hiji-ate uchi : coup de coude de côté.
  • Yoko empi uchi : coup de coude latéral.
  • Mawashi hiji-ate uchi : coup de coude circulaire.
  • Mawashi empi uchi : coup de coude circulaire.
  • Ushiro hiji-ate uchi : coup de coude vers l’arrière.
  • Tate hiji-ate uchi : coup de coude vertical donné de bas en haut (de face).
  • Ushiro empi uchi : coup de coude vers l’arrière.
  • Otoshi empi uchi : coup de coude de haut en bas.

Attaques de pieds : geri wasa

Les termes keage et kekomi désignent des manières différentes de porter le coup de pied, de manière fouettée, plus rapide (keage) et de manière pénétrante, avec plus de force (kekomi). La plupart des techniques de pieds présentent ces différentes manières de porter le coup.

À noter : le mot geri qui signifie « pied », et tobi qui veut dire « sauté ».

  • Fumikiri geri : coup de pied coupant.
  • Fumikomi geri : coup de pied écrasant.
  • Hitsui geri : coup de genou.
  • Hiza geri : coup de genou porté à la tête.
  • Kakato geri : coup avec le talon dans un mouvement de haut en bas.
  • Mae geri : coup de pied de face qui peut se donner soit avec le bol du pied — bol formé par les orteils et les articulations métatarso-phalangiennes —, soit avec le talon ou le dessus du pied (kingeri). Certains utilisent la pique des orteils pour atteindre des points vitaux. Existe sous les formes keage et kekomi.
    • Hiza mae geri : variante en remontant avec le genou.
    • Tobi mae geri : variante sautée.
  • Mawashi-geri : coup de pied circulaire. Les surfaces de frappe utilisées sont le bol du pied ou le dessus du pied, cependant utiliser le dessus du pied peut être plus dangereux du fait que cette zone est un point vital.
    • Hiza mawashi geri : variante avec le genou.
  • Nami gaeshi : coup de pied en vague (mouvement remontant avec la plante du pied).
  • Nidan geri : double coup de pied sauté de face. Cette technique est étudiée dans les katas kankudai et gangaku.
  • Otoshi geri : coup de pied de haut en bas jambe en extension.
    • Tobi nagashi mawashi geri : variante balayée et sautée.
    • Uchi mawashi geri : variante de l’intérieur vers l’extérieur.
    • Ura mawashi geri : variante inversée, on frappe avec le talon en inversant le mouvement circulaire du coup de base.
  • Ushiro geri : coup de pied direct vers l’arrière.
    • Ushiro geri keage : variante keage, en remontant, très utile lorsqu’on est saisi par derrière.
    • Ushiro mawashi geri : variante, circulaire arrière. De par sa grande amplitude, cette technique génère une très grande puissance.
    • Tobi nagashi mawashi ushiro geri : variante circulaire, balayée et sautée.
  • Mikazuki geri : coup de pied en croissant, dans un mouvement circulaire de l’extérieur vers l’intérieur.
    • Uchi mikazuki geri : variante depuis l’intérieur. Cette technique est aussi étudiée en tant que blocage.
  • Yoko geri : coup de pied de côté utilisant le tranchant externe du pied ou le talon. Existe sous les formes keage et kekomi.
    • Tobi yoko geri : variante sautée.

Notes et références

  1. Sources : « karaté do kyohan the master text » et wwwthejapanpage.com
  2. Sources : maître Taiji Kase, Dix-huit kata supérieurs, éditions Sedirep, et http://www.ksk-academy.org
  3. Sources : The Art of Empty-Hand Fighting, et http://www.itkf.org
  4. Sources : Kanazawa, Karate My Life, et http://www.skifworld.com
  5. Source : Shotokan karaté-do, 4957, rue Beaugrand, Saint-Augustin, Québec
  6. Sources : Roland Habersetzer 9e Dan, Le Guide Marabout du karaté, Bibliothèque Marabout service.
  7. Roland Habersetzer, Karaté Kata. Les 30 katas du Shōtōkan, Amphora, coll. « Encyclopédie des arts martiaux », 2004, 480 p.

Voir aussi

Liens externes

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