Serge Mathurin Thébault
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Serge Mathurin Thébault a grandi dans une famille ouvrière de cinq enfants originaire d'Auray. Le père, Mathurin Thébault, était maçon et gérait une entreprise locale de maçonnerie ; la mère, Cécile Guého Thébault, soignait l'éducation des enfants. Serge Mathurin Thébault est le dernier des cinq enfants et grandit avec les quatre sœurs ainées : les femmes, et notamment la mère, Cécile, occuperont une place importante dans la vie spirituelle du futur poète[1].
Rencontre avec Eugène Guillevic
En 1979, Serge Mathurin Thébault rencontre à Paris le poète Eugène Guillevic. Cette rencontre permet au jeune poète d'affiner ses capacités poétiques et d'entrer en contact avec le monde de la culture parisienne[2].
Eugène Guillevic lui présente le cercle élargi de ses amis et il fréquente, entre autres, Alfred Manessier, Elvire Jan, Robert Marteau, Jean Laugier, Jean Tardieu, etc. Durant ces années, Serge Mathurin Thébault a l'occasion de partager des moments en poésie avec les artistes et les écrivains de la capitale, parmi lesquels il y a Samuel Beckett. A cette époque, Serge Mathurin Thébault rend visite à Eugène Guillevic deux à trois fois par semaine : ils partagent leur sensibilité poétique, leur vision de la langue, et maturent une amitié profonde, intime. C'est une période de découvertes spirituelles pour Serge Mathurin Thébault, qui côtoiera Eugène Guillevic jusqu'à 1997, année du décès de l'écrivain carnacois[3].
Maturité poétique
Bien que très lié spirituellement à Eugène Guillevic, Serge Mathurin Thébault suit un parcours poétique original. Le poète publie en 1984 son premier recueil de poèmes, Le pain discret, qui lui permet d’entrer en contact avec les cercles poétiques parisiens. Il dirige également la revue Art-Mène (1984-1992), à qui on doit notamment des cahiers sur Guillevic, Pierre Jakez Hélias, Xavier Grall[4].
PĂ©riode "russe" (1991-1992)
En 1991, Serge Mathurin Thébault est invité par le Centre des Arts de Moscou, où résidera jusqu'à 1992. Son adaptation théâtrale de L'impossible, ouvrage de l'écrivain Georges Bataille, sera mise en scène au Centre des Arts de Moscou par Alexis Rosliakov en 1992.
Les années passées en Russie et la connaissance des milieux culturels ukrainiens lui permettent de développer une certaine affection pour l'est de l'Europe dont les traces sont visibles dans plusieurs de ses poèmes.
Années 2000 et "vie en poésie"
Une fois rentré en France, Serge Mathurin Thébault continue à se nourrir par des rencontres spirituelles quotidiennes et à écrire sans relâche. La fréquentation du bistrot L'Assignat à Paris l'amène à rencontrer les poètes colombiens installés à La Vache bleue, association artistique du 19e arrondissement, et notamment le poète colombien Jorge Torres Medina.
En 2011, Serge Mathurin Thébault collabore avec Frédéric Nantel, du théâtre "NA", qui interprète Une gaminerie, spectacle construit à partir des textes contenus dans le recueil de poèmes intitulé AA. Frédéric Nantel compose les musiques du spectacle avec des instruments insolites pour le genre : concertina, claves, harmonium électrique, guimbarde vietnamienne.
En 2012, travaille à la diffusion du mouvement @rt-chignaned, créé par le poète alréen et composé de cuisiniers, photographes, peintres, poètes. Le mouvement prône la « vie en poésie »[5], une philosophie humaniste du plaisir poétique qui mêle recherche du sacré et art de la rencontre.
Les années 2010 se caractérisent par l’écriture de l’ouvrage intitulé L’écrit somnambule et par la publication sur Facebook des poèmes du dimanche, nommés Les dominicaux, suivis par des centaines de personnes en France et en Europe (lien).
Esthétique et style
Le style poétique de Serge Mathurin Thébault est plutôt éloigné de celui du compagnon spirituel Eugène Guillevic, tant dans la forme que dans les contenus[6].
Recherche de l’inattendu
En effet, alors que les poèmes d’Eugène Guillevic se caractérisent par un style épuré, minimaliste, hermétique, dominé par les noms, Serge Mathurin Thébault privilégie une écriture bavarde, sexualisée, capable néanmoins de restituer toute l’intimité des choses quotidiennes[7]. Parfois, les poèmes de Serge Mathurin Thébault prennent la forme de récits descriptifs dévoilant l’âme des choses et des personnes rencontrées : ses vers préparent soigneusement l’éclosion de l’étonnement, souvent amené par une utilisation maitrisée et inattendue de l’adjectif[8].
Importance des femmes
La poésie de Serge Mathurin Thébault est fortement influencée par la présence des femmes. D’abord la relation avec la mère, Cécile, pour qui il nourrit un respect naturel. Il y a ensuite la relation sincère et naïve avec les sœurs ainées, qui protègent l’enfant fragile qui se cache dans le corps du poète.
L’une des femmes les plus importantes pour Serge Mathurin Thébault est certainement Elvire Jan, d’origine arménienne, peintre de l’abstrait. Proche du poète Paul Elouard et de l’Ecole de Paris, Elvire Jan exprime à travers ses œuvres une recherche du sacré et de la lumière : Serge Mathurin Thébault transfère cette quête de la lumière absolue en poésie. Le recueil de poèmes Le pain discret, illustré par Elvire Jan, est la démonstration parfaite de cette transposition poétique et imprime les lignes de force de toute la poésie à venir de Serge Mathurin Thibault[9].
L’écrit somnambule (2012-2022)
Poèmes, poèmes en prose, courts récits, fragments, aphorismes : l’écriture de Serge Mathurin Thébault s’enrichit avec le temps. Il veille à éliminer soigneusement tout résidu de la pensée pour déshabiller les mots et en restituer la sensualité des formes. C’est ce gout du détail, de la précision, de la nudité de la parole que l’on peut retrouver dans le dernier projet d’ouvrage du poète, L’écrit somnambule, actuellement en cours de publication.
Bibliographie
- Le Pain discret, poésie, Édition Art-Mène, illustrée par une gravure d'Elvire Jan, 1984.
- Compagnons, poésie, Édition Art-Mène, 1986.
- La Forêt d'encre, poésie, Édition Le Chêne Herbu, illustré par une gravure sur bois de Claude Huart, 1992.
- La Belle Inutile, poésie, Éditions Sèves, illustré par une gravure de François Davin, créateur de l'arbre d'or à Brocéliande 2000.
- Un Œil dans l'enclos, poésie, Édition @rt-chignaned, illustré par une gravure de Gérard Guy, 2004.
- Guillevic, 13 poèmes sur une rencontre avec le salut de Lucie Albertini-Guillevic, illustré par les encres d'Aymée Darblay, Editions Gérard Guy, 2005
- Le Chantier, poésie, éditions @rt-chignaned, 2007
- AA, poésie, Édition @rt-chignaned, illustré par une gravure de Laurine Landry, 2011
- Figures, acrostiches sur les formes géométriques, livre d'artiste, gravures de Marie-Hélène Lorcy, édition Thamé, 2015
Théâtre
- L'impossible, d'après l'œuvre de Georges Bataille, Centre des Arts de Moscou, mise en scène d'Alexis Rosliakov, 1990.
- Laure et Théo, sur le mal-être et le suicide, Compagnie Michjo, mise en scène de Joël Puren, 1999.
Divers
- Une gaminerie, interprétée par Fred Nantel, compact-disc sorti en (coproduction @rt-chignaned, Théâtre NA).
- Prix Odisea Elytis 2013
Références
- Editions Robin, « Serge Mathurin Thebault »
- Le Télégramme, « Hommage au poète Eugène Guillevic », (consulté le )
- Serge Mathurin Thébault, Guillevic. 13 poèmes sur une rencontre avec le salut de Lucie Albertini-Guillevic, Editions Gérard Guy,
- Serge Mathurin Thebault, Le pain discret, Art mène. Le Chêne herbu, (lire en ligne)
- Guillevic Eugène, Albertini Lucie, Vircondelet Alain, Vivre en poésie ou L'épopée du réel : entretien avec Lucie Albertini et Alain Vircondelet, Paris, Le Temps des Cerises, (ISBN 978-2-84109-700-5)
- Jean Dubacq, Inédits. Guillevic, G. Guy; Approximations édition, , 23 p. (ISBN 978-2915976014)
- Alain Vircondelet, « Célébration du réel dans l’œuvre d’Eugène Guillevic », Transversalités, 2020/4,‎ (lire en ligne )
- Francopolis, « Serge Mathurin Thébault », sur francopolis.net, (consulté le )
- Serge Mathurin Thébault, La belle inutile, Editions Sèves, (lire en ligne)