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Sans bureau fixe

L’expression sans bureau fixe (ou SBF, expression analogue à « sans domicile fixe » ou SDF) se réfère aux personnes caractérisées par l'absence d'un emplacement attitré sur un site de travail.

Les SBF travaillent où ils se trouvent quand ils en ont besoin, ils sont mobiles. L’espace public devient un lieu de travail en plus de leurs bureaux. Cette mobilité peut en faire pour certaines catégories de cadres internationaux des globes trotteurs accomplis et de grands consommateurs de technologie.

Dans les grandes et moyennes entreprises et au sein de collectivités, cela se caractérise par le « free seating », « desk sharing », « flexoffice » ou « bureau à la demande », où il y a moins de bureaux que d’employés. Ainsi, une partie des bureaux n’est pas attribuée mais partagée par plusieurs personnes selon les besoins. Cette pratique a débuté en France dans les années 1990, sous le nom de bureau à temps partagé, chez Andersen Consulting pour des salariés fréquemment en déplacement chez des clients[1]. Ce sont souvent les employés mobiles qui les utilisent[2]. Ce mode de fonctionnement est lié au télétravail.

L'Ă©volution pour des raisons financières de l'open Space vers l'organisation en « flex office » ou « bureau Ă  la demande », oĂą plus aucun bureau n'est affectĂ© individuellement, fait des salariĂ©s des « sans bureau fixe »[3].

Évolutions

Les profils de travailleurs sans bureau fixe est vaste et peut concerner une grande variété de profession, artisans, médecins, ingénieurs[3], négociants, cadres, etc..

La tendance du « bureau Ă  la demande Â» n'est pas encore aussi gĂ©nĂ©ralisĂ©e que celle de l'open space dans les grandes entreprises, mais semble se dĂ©velopper Ă  sa suite. Le but est de faire des Ă©conomies sur les bureaux qui ne sont occupĂ©s que 60 % du temps Ă  cause des rĂ©unions, des congĂ©s, du tĂ©lĂ©travail. En 1995, Accenture a Ă©tĂ© le premier Ă  le faire Ă  l’échelle de toute l’entreprise sur toute la hiĂ©rarchie. On peut citer IBM, Siemens, Sanofi, la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, Axa, Swiss Life, CrĂ©dit Agricole, Engie, Alcatel-Lucent, Danone, Bouygues Telecom[4] - [3] - [5]. « Il s'agit avant tout pour les entreprises de rĂ©duire les coĂ»ts immobiliers, puisque ceux-ci reprĂ©sentent le deuxième poste de dĂ©penses pour une entreprise après les salaires, soit en moyenne 17 000 euros par an et par poste de travail »[5].

La rĂ©organisation des espaces de travail en « bureau Ă  la demande Â» s'est imposĂ©e lors de la pandĂ©mie de Covid-19, qui a entraĂ®nĂ© le dĂ©veloppement du tĂ©lĂ©travail. Les entreprises pourraient rĂ©duire leur besoin de bureaux en fonction de la prĂ©sence effective dans les locaux de l'entreprise, ce qui renforcera la politique de « sans bureau fixe Â» pour les salariĂ©s. Cette double orientation, bureau Ă  la demande et tĂ©lĂ©travail, peut induire un avantage environnemental, selon un rapport de l'Ademe de 2020[6].

Mise en Ĺ“uvre

La mise en œuvre sur les sites de l'entreprise se traduit par exemple, pour les salariés, par[5] :

  • une armoire pour ses affaires personnelles ;
  • l'absence d'un emplacement attitrĂ© ;
  • le choix de sa place dans l’espace rĂ©servĂ© Ă  son Ă©quipe ;
  • l'attribution du bureau suivant la règle « premier arrivĂ©, premier servi Â» ;
  • un temps d'installation de sa configuration informatique ;
  • une possible absence de place disponible ;
  • un temps pour faire place nette Ă  son dĂ©part.

Les conséquences peuvent entraîner la fragilisation du collectif de travail et un moindre attachement du salarié à l'entreprise qui l'emploie.

Risques

Danièle Linhart, sociologue spĂ©cialisĂ©e sur l’évolution du travail, et auteur de La comĂ©die humaine du travail, met l'accent sur le choix des entreprises pour le changement permanent[7]. Au-delĂ , de la coloration jeune et moderne, de l'esprit de libertĂ© et de convivialitĂ©, « la volontĂ© plus officieuse serait aussi de placer le salariĂ© dans un « relatif sentiment d’inconfort Â» ». « Il s’agit de faire comprendre au salariĂ© qu’il n’est pas titulaire de son poste, qu’il est locataire de son boulot, qu’il doit en permanence faire ses preuves »[4].

Notes et références

  1. Nicole Vulser, Andersen Consulting inaugure le bureau à temps partagé, sur LesÉchos.fr, 9 novembre 1995
  2. Le « free seating » ou la liberté de ne plus avoir de siège au boulot, sur Rue89.com, 26 octobre 2011
  3. Francine Aizicovici, « Alcatel-Lucent fait de ses ingénieurs des "sans bureau fixe" », sur Le Monde, .
  4. Sibylle Laurent, « Salariés interchangeables ? Ils travaillent dans de grandes entreprises et sont "sans bureau fixe" », sur LCI, (consulté le ).
  5. Laetitia Saveedra, « La nouvelle stratégie des grands groupes : des salariés sans bureau attitré », sur francetvinfo, (consulté le ).
  6. Fabrice Pouliquen, « Le télétravail bon pour l’environnement… mais pas sans effets collatéraux », 20minutes, (consulté le ).
  7. Danièle Linhart, La comédie humaine du travail. De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale, Paris, Erès, coll. « Sociologie clinique », 2015, 158 p. (ISBN 978-2-7492-4632-1).

Voir Aussi

Articles connexes

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