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Sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes

Le sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes est un site gallo-romain situé entre la commune de Margerides (Corrèze).

Sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes
Image illustrative de l’article Sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes
Vue d'ensemble du fanum principal.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1984)
CoordonnĂ©es 45° 27′ 03″ nord, 2° 25′ 34″ est
Géolocalisation sur la carte : Corrèze
(Voir situation sur carte : Corrèze)
Sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes
Sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes
Sanctuaire gallo-romain des Pièces-Grandes

Le sanctuaire antique, proche de la voie romaine, se trouve à 2 kilomètres à l'est du bourg, à droite après le village de Marly, non loin des Quatre-Vents. Trois temples carrés à plan centrés (fanum) sont inclus dans une enceinte et associés à deux bâtiments annexes extérieurs à l’enceinte[1]. L'ensemble du sanctuaire est classé au titre des monuments historiques en 1984[2].

Description

Les monuments

Le fanum principal, bâtiment 1, ouvert Ă  l'est, possède des murs Ă©pais de 0,48 m en moyen appareil de granit gris avec une Ă©lĂ©vation rĂ©siduelle de 0,50 m en moyenne. Le mur externe de la galerie prĂ©sente un parement construit en petit appareil très rĂ©gulier alors que tous les autres murs sont parementĂ©s en pierres de forme irrĂ©gulière. Un enduit, peint de diverses couleurs, recouvrait les murs (rouge, jaune, gris avec des traces de noir, brun, rose, vert et blanc). Des pierres plus importantes, parfaitement taillĂ©es, renforçaient les angles. Le sol se composait d'un mortier blanc reposant sur un hĂ©risson de 10 Ă  15 cm en petites pierres. Ce bâtiment mesure 12,80 m de cĂ´tĂ© pour l'extĂ©rieur de la galerie et 7 m pour la cella[3].

Plan d'ensemble du sanctuaire.

Au nord de ce temple, quatre petits édicules (peut-être cinq) de deux mètres de côté (n° 5, 8, 10 et 11) sont vraisemblablement des autels ou des dépôts d'offrandes. Ce secteur s'est d'ailleurs révélé très riche en mobilier.

Au sud du bâtiment principal et alignés sur sa façade, deux autres fana possèdent des dimensions plus modestes.

Le bâtiment 9, Ă©galement de plan carrĂ© et distant de 1,20 m seulement du fanum principal, comprend une cella de 4,75 m et une galerie de m de cĂ´tĂ©. Sur la face nord, quatre plots de granite remplacent le mur. Ils devaient servir d'assise Ă  des poteaux de bois qui supportaient la toiture comme semble le confirmer la dĂ©couverte de demi-cylindres en terre cuite, destinĂ©es Ă  habiller les poteaux.

Le bâtiment voisin, n° 12, en partie situĂ©e sur la propriĂ©tĂ© voisine n'est que très partiellement dĂ©gagĂ©. Une construction centrale de m de cĂ´tĂ© s'ouvre Ă  l'est. Une galerie, large de 1,40 m, est dĂ©limitĂ©e, sur le cĂ´tĂ© occidental par un mur bas et des plots de granit. Comme pour le bâtiment 9, cette disposition Ă©voque la prĂ©sence de poteaux de bois pour supporter la toiture. LĂ  encore, des demi-cylindres de terre cuite devaient habiller les poteaux de bois. Un coffre de granit ornĂ©, placĂ© au centre du bâtiment, reposait sur un socle maçonnĂ© au-dessus du sol bĂ©tonnĂ©. Au-dessous, une fosse rectangulaire de 2,60 m sur 2,40 m contenait les restes d'une canalisation en bois.

Un mur d'enceinte (ou pĂ©ribole), très sommairement bâti, a Ă©tĂ© dĂ©gagĂ© au nord et Ă  l'est des temples. Sur ce dernier cĂ´tĂ©, face Ă  l’entrĂ©e du fanum 1, s'ouvrait un passage correspondant Ă  un sentier pavĂ©  de dĂ©bris de tuiles. Au sud-est, un bâtiment rectangulaire (no 4) s'adosse Ă  l'enceinte. Il ne comprend qu'une salle allongĂ©e.

Au nord et à l'extérieur du mur d'enceinte, un bâtiment, ou un groupe de bâtiments (n° 2, 3 et 7) n'a fait l'objet que de sondages limités. La façade nord s'ornait d'une galerie couverte soutenue par des poteaux de bois eux aussi habillés par des éléments de terre cuite.

Les divinités

Les statues sont taillées dans une roche volcanique d'Auvergne.

Une dĂ©esse mère assise dans un fauteuil dont la tĂŞte manque, dĂ©couverte Ă  l'entrĂ©e du temple[4]. Haute de 0,38 m, elle est vĂŞtue d'une robe et un torque bouletĂ© orne son cou.

Une autre statue, Ă©galement très mutilĂ©e, trouvĂ©e dans la galerie[4], reprĂ©sente Mercure, debout et habillĂ©, portant un pectoral. Il mesure 0,38 m, sans la tĂŞte et les jambes qui ont disparu.

Une statue figurant une femme debout, haute de 0,60 m et parfaitement conservĂ©e fut dĂ©couverte au nord du fanum principal. Elle avance la jambe droite et, dans un geste d'offrande, tient son bras droit horizontal au niveau de la ceinture. Sa main droite prĂ©sente un objet Ă©galement soutenu par la main gauche. Elle est vĂŞtue d'une robe qui tombe sur les pieds et d'un vĂŞtement ample qui recouvre en partie la chevelure.

Du mĂŞme endroit provient une tĂŞte fĂ©minine en parfait Ă©tat de conservation, haute de 0,42 m. Un chignon rassemble les cheveux, coiffĂ©s en arrière.

  • Objets dĂ©couverts sur le site
  • Figurine en bronze reprĂ©sentant le dieu gaulois Cernunnos.
    Figurine en bronze représentant le dieu gaulois Cernunnos.
  • Statue en cinĂ©rite reprĂ©sentant une divinitĂ©.
    Statue en cinérite représentant une divinité.

Une statuette en bronze, haute de 0,138 m, reprĂ©sente Cernunnos barbu tenant un torque bouletĂ© dans la main droite et portant des bois de cerf sur la tĂŞte. Le dieu est vĂŞtu d'une tunique Ă  dĂ©cor losangĂ© que recouvre un manteau s'arrĂŞtant aux genoux et attachĂ© sur l'Ă©paule droite. Il est chaussĂ© de sandales tenues par des lanières croisĂ©es sur la jambe.

La fouille a également livré plusieurs fragments de statuettes de divinités en terre cuite (Vénus, Hercule, déesse-mère), et des sujets divers représentant des animaux en bronze (sangliers, bélier, coq, tortue, patte de cheval…) ou en terre cuite (cheval, chien, lion, volatile…).

Des monnaies romaines ont été recueillies dans le fanum et ses alentours. Les monnaies de la dynastie des Antonins ont été déposées ou perdues à la fin du IIe siècle vu leur usure, les autres datent de la fin du IIIe siècle à la fin du IVe siècle[5].

Datation et interprétation

Partout, les couches inférieures renferment un abondant mobilier de tradition gauloise, en particulier des monnaies et de la céramique. Les monnaies gauloises (seize ont été dénombrées à la date de 1979) sont en argent et de poids très réduit par rapport aux monnaies connues du même type. Elles sont attribuées aux Lémovices et avec moins de certitude aux Cadurques, et pourraient dater du IIe siècle av. J.-C.[6]. Aucune structure ne peut être mise en relation avec ces niveaux à l'exception d'une fosse située sous le sol de mortier de chaux du bâtiment 9 qui ne contenait que du mobilier. Le début de cette première phase d'occupation doit dater de la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. ou même de la période augustéenne. Elle semble se terminer dans les années 70-80 de notre ère.

La seconde phase qui correspond aux constructions des temples de pierre peut se situer dans le dernier tiers du Ier siècle de notre ère. Le mode de construction des murs ne contredit d'ailleurs pas une telle datation. Cette période paraît s'être prolongée pendant tout le IIe siècle et probablement une partie du IIIe.

Au IIIe siècle doivent se produire des remaniements peut-être limités à un grand entretien. Toujours est-il que la fréquentation des temples se poursuit durant tout le IVe siècle et même au début du Ve comme le suggère la monnaie la plus récente frappée à l'effigie d'Arcadius (395-408).

Notes et références

  1. A. Sirat, « Le site des Pièces-Grandes à Margerides (Corrèze) », Mélanges Marius Vazeilles, éd. Soc. des lettres, sciences et arts de la Corrèze, Tulle,‎ , p. 83-90.
  2. « Notice n°PA00099798 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Mercier, Mitard et Sirat 1967, p. 5-8.
  4. Mercier, Mitard et Sirat 1967, p. 11.
  5. Mercier, Mitard et Sirat 1967, p. 12.
  6. Mitard 1979, p. 45-48.

Voir aussi

Bibliographie

  • Georges Mercier, Pierre-Henri Mitard et Jacques Sirat, « Le fanum gallo-romain des « Pièces-Grandes » Ă  Margerides (Corrèze) », Revue archĂ©ologique du Centre, t. 6, fascicule 1,‎ , p. 5-23 (lire en ligne)
  • A. Sirat, « Le site des Pièces-Grandes Ă  Margerides (Corrèze) », MĂ©langes Marius Vazeilles, Ă©d. Soc. des lettres, sciences et arts de la Corrèze, Tulle,‎
  • Pierre-Henri Mitard, « Monnaies d'argent gauloises dĂ©couvertes Ă  Margerides (Corrèze) », Revue archĂ©ologique du Centre, no 18, fasc. 1-2,‎ , p. 45-48 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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