Samuel Joseph Agnon
Shmuel Yosef Agnon (hébreu : שמואל יוסף עגנון), né Samuel Joseph Czaczkes, connu aussi sous l'acronyme Shai Agnon (ש"י עגנון), le en Galicie et mort le à Jérusalem, est le premier écrivain de langue hébraïque à avoir remporté le prix Nobel de littérature en 1966, qu'il partage avec la poétesse Nelly Sachs.
Naissance | |
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Décès |
(à 82 ans) Jérusalem |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle |
שמואל יוסף עגנון |
Noms de naissance |
שמואל יוסף עגנון, שמואל יוסף צ'צ'קס |
Nationalités | |
Activités | |
Conjoint |
Esther Marx (d) |
Enfant |
Emuna Yaron (d) |
Genres artistiques | |
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Distinctions |
Prix Nobel de littérature () Liste détaillée Prix Bialik ( et ) Prix Israël ( et ) Citoyen d'honneur de Jérusalem (d) () Newman Prize () Prix Nobel de littérature () Docteur honoris causa de l'Institut Weizmann |
Ses ouvrages, écrits dans un style original tantôt gai et grave, dépeignent la vie des juifs ashkenazes en Europe centrale au début du XXe siècle. Ils évoquent par ailleurs leur déclin juste avant la Première Guerre mondiale. Agnon traite également de la situation des pionniers de l'arrivée en Palestine et de la perte progressive par ces derniers du sens de leur quête spirituelle.
Biographie
Samuel Agnon est né à Buczacz en Galicie, province de l'Empire autrichien, dont la partie orientale est actuellement en Ukraine. Il est le fils aîné d'Esther Farb et de Shalom Mordechaï Checheks, lequel est ordonné rabbin et engagé dans le commerce des fourrures. Après lui, naissent un frère et trois sœurs.
Il reçoit une éducation religieuse juive commencée à 3 ans au Talmud Torah. À l'âge de 8 ans, il apprend à lire en hébreu et en yiddish. C'est ensuite son père qui se charge à la maison de son instruction et l'initie également à l'esprit de la poésie. Il lit nombre de romans classiques.
En 1903, à l'âge de 15 ans, il publie son premier ouvrage - un poème en yiddish sur le kabbaliste (he)Joseph della Reina. L'année suivante, il publie son premier poème en hébreu, Gibor Katan, dans l'hebdomadaire hébreu « HaMitzpe » qui paraît à Cracovie, qu'il signe « SY Chachkis ». Il continue ensuite à publier des nouvelles, des poèmes en hébreu et en yiddish dans les journaux de Galicie[1].
En 1906, il est rédacteur adjoint pour l'éditorial de l'hebdomadaire yiddish « Der Yudishe Weker », publié à Stanislawow et Buczacz entre 1905 et 1907. Agnon a même publié certaines de ses œuvres de jeunesse, en poésie et en prose dans cet hebdomadaire. En février 1907, Agnon déménage à Lvov, après avoir été invité à devenir rédacteur en chef adjoint du journal « Ha - Tad » . Environ un mois et demi plus tard, le journal ferme ses portes en raison de difficultés financières.
Alors que son parent, le professeur (he) David Zvi Miller, lui propose de rester à Vienne où il est de passage, et d'étudier à l'université, Agnon s'en tient à sa décision d'émigrer en Palestine. Il s'y rend en 1908, époque de la seconde Aliyah. Il signe là son premier article du nom de « Agnon », qui devient son pseudonyme littéraire, puis son surnom officiel dès 1924.
En , à l'âge de 24 ans, il embarque à Jaffa avec Arthur Ruppin pour s'installer à Berlin. Il restera 12 ans en Allemagne, période pendant laquelle il ne cessera pas de publier. Dans un premier temps il donne des cours d'hébreu pour pouvoir subvenir à ses besoins puis, sur recommandation de Martin Buber, il occupe un emploi dans la maison d'édition, la Jüdischer Verlag. À la fin de l'année 1915, Martin Buber lui fait rencontrer l'homme d'affaires et éditeur (en) Salman Schocken dont il obtiendra un soutien financier.
En 1916 il reçoit son ordre de mobilisation. Il se fait dispenser pour des raisons de santé, mais il doit rester cinq mois en convalescence au (de) Jüdisches Krankenhaus Berlin (Hôpital juif de Berlin).
En 1919, son éditeur Schocken l'envoie à Munich. Il y rencontre Esther Marx (1889-1973), fille du banquier Georges Marx, venue étudier à l'Académie des Beaux-Arts. Il épouse Esther Marx en malgré l'opposition du père de celle-ci qui voyait un Agnon un Juif de l'Est (Ostjude) qui vivait de sa plume. En 1921, après la naissance de leur fille aînée, le couple part s'installer à Bad Hombourg (ville thermale de Hesse) où des Juifs s'étaient installés depuis le XVIIe siècle. Un an après, le couple donne naissance à un fils.
En 1924, Agnon perd tous ses manuscrits et sa très riche collection de livres dans un incendie qui s'est déclaré dans son appartement. Sa femme et ses deux enfants échappent de peu à une tragédie. Finalement, le couple décide de quitter l'Allemagne et de partir s'établir en Palestine alors sous mandat britannique.
En 1931, il publie La Dot des fiancées (Hakhnasat Kallah), roman important de l'histoire de la littérature juive moderne qui établit sa notoriété, que confirmeront Une histoire toute simple (Sippur Pashut), paru en 1953, et surtout Le Chien Balak (Temol Shilshom), paru en 1945.
En septembre 1959, la municipalité de Jérusalem ferme dans la soirée à la circulation la rue près de la résidence d'Agnon, à la suite de sa plainte selon laquelle le bruit interférait avec sa concentration quand il écrivait.
Samuel Agnon, très impliqué pour la cause végétarienne, soulève le thème dans plusieurs de ses récits[2].
Il remporte par deux fois le Prix Bialik (1934 et 1950), ainsi que le Prix Israel (1954 et 1958). En 1966, il devient le premier lauréat israélien du Prix Nobel de littérature, qu'il partage avec Nelly Sachs.
En 1967, Agnon part en tournée aux États-Unis mais avec le déclenchement de la Guerre des Six Jours, il décide d'interrompre sa tournée et de retourner en Israël. Il déclare aux journalistes : « C'est ma maison, c'est mon pays. Je veux être avec mon peuple. Je reviendrais même en sachant que toutes les armes dans le monde m'accueilleraient ».
En 1969, Agnon subit un accident vasculaire cérébral qui le laissé paralysé et altère gravement son élocution. Il est transféré au centre médical Herzfeld à Gedera, où sa femme est également hospitalisée.
Agnon meurt au Kaplan Medical Center à Rehovot, le 17 février 1970, et est enterré à sa demande au cimetière du mont des Oliviers.
Postérité
Sa fille, Emuna Yaron, continue à publier son travail à titre posthume. Les archives d'Agnon sont transférées par la famille à la Bibliothèque nationale d'Israël à Jérusalem.
Sa maison à Talpiot , construite en 1931 dans le style Bauhaus, est transformée en musée, Beit Agnon. La rue principale du quartier Givat Oranim de Jérusalem s'appelle Sderot Shai Agnon ; la synagogue de Talpiot, à quelques pâtés de maisons de chez lui, porte son nom. Agnon est également commémoré à Buchach, maintenant en Ukraine, sa ville de naissance. Il y a une vaste exposition (par rapport à la taille du musée) au Musée historique de Buchach et, à quelques mètres de là, un buste d'Agnon est monté sur un piédestal dans une place en face de la maison où il vivait. La maison elle-même est préservée et marquée comme la maison où Agnon a vécu de la naissance jusqu'à l'âge d'environ 19 ans ; la rue qui passe devant la maison s'appelle Rue Agnon (en ukrainien).
L'agnothérapie est une méthode développée en Israël pour aider les personnes âgées à exprimer leurs sentiments.
Œuvres
- Sippurei Ma'asiyyot (1921), recueil de nouvelles
- Be-Sod Yesharim (1921), recueil de nouvelles
- Al Kappot ha-Manul (1922), recueil de nouvelles
- Bidmi yameha (1923), roman court Publié en français sous le titre À la fleur de l'âge, traduit par Laurent Schuman, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2003 (ISBN 2-07-076196-7)
- Ôreah natah lalûn (1930)
- Hakhnasat Kallah (1931), seconde version augmentée en 1937 Publié en français sous le titre La Dot des fiancées, traduit par Michel Landau et Charles Leben, Paris, Les Belles Lettres, coll. « L'arbre de Judée », 2003 (ISBN 2-251-78011-4)
- Sefer ha-Ma'asim (1932), recueil de nouvelles
- Pat Shelemah (1933)
- Bilbab yamiym (1935) Publié en français sous le titre Au cœur des mers, traduit par Emmanuel Moses, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2008 (ISBN 978-2-07-077166-0)
- Sippur Pashut (1935)
- Be-Shuvah va-Naḥat (1935)
- Yamim Noraim (1938), recueil d'essais
- Sefer, Sofer ve-Sippur (1938), recueil de critiques littéraires dont une version augmentée paraît en 1978
- Ore'aḥ Natah Lalun (1939), recueil de nouvelles
- Elu va-Elu (1941), recueil de nouvelles
- Shevu'ath Emunim (1943), roman court
- Temol Shilshom (1945)
- Thiylah (1950), conte Publié en français sous le titre Téhila, traduit par Emmanuel Moses, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2014 (ISBN 978-2-07-013655-1)
- Edo ve-Enam (1950), roman court
- Samukh ve-Nireh (1951), recueil de nouvelles
- Ad Hennah (1952), recueil de nouvelles
- Ad 'olam (1954)
- Attem Re'item (1959), essais sur la religion juive dont une version augmentée paraît en 1994
- Sifreihem shel Ẓaddikim (1961), recueil de nouvelles
- Shirah (1971)
- Ir u-Melo'ah (1973), recueil de nouvelles
- Ba-Ḥanuto shel Mar Lublin (1974)
- Lifnim min ha-Ḥomah (1975), recueil de nouvelles
- Me-Aẓmi el Azmi (1976), recueil d'articles et d'essais
- Korot Bateinu (1979), recueil de deux nouvelles
- Takhrikh shel Sippurim (1984), recueil de nouvelles
- Sippurei ha-Besht (1987), recueil de divers textes
- S.Y. Agnon – S.Z. Schocken, Ḥillufei Iggerot 1916–1959 (1991), correspondance
- Mi-Sod Ḥakhamim (2002), correspondance
- Les Contes de Jérusalem, traduction par Rachel et Guy Casaril de nouvelles extraites de divers recueils, Paris, Albin Michel, coll. « Présences du judaïsme », 1959 (BNF 32899071)
- Vingt-et-une nouvelles, traduction par Marthe-Ruth Leblanc de nouvelles extraites de divers recueils, Paris, Albin Michel, coll. « Les grandes traductions », 1977 (ISBN 2-226-00440-8)
Notes et références
- (he) « סיפורים נשכחים מאת ש"י עגנון | כשהגיע לברכה "שלא עשני גוי" ניצנץ הרהור במוחו », sur Haaretz הארץ (consulté le )
- "Judaism and Vegetarianism", New Revised Edition by Richard H. Schwartz, Ph.D. (Publisher: Lantern Books www.lanternbooks.com)
Voir aussi
Bibliographie
- Jeanette Nezri, Agnon : l'homme qui écrivait debout, Éditions David Reinharc, 2012
Liens externes
- (en) Autobiographie sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — le Nobel Lecture — qui détaille ses apports)
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
- Brockhaus
- Deutsche Biographie
- Enciclopedia De Agostini
- Encyclopédie de l'Ukraine moderne
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Hrvatska Enciklopedija
- Nationalencyklopedin
- Munzinger
- Österreichisches Biographisches Lexikon 1815–1950
- Proleksis enciklopedija
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