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Saltationnisme

En biologie, le saltationnisme (du latin saltus, « saut ») est une théorie de l'évolution selon laquelle les macromutations sont le moyen par lequel des sauts évolutifs importants pourraient se produire en une ou quelques générations[1]. Cette saltation (le saut adaptatif ou saut évolutif) étant le passage par sauts brusques d'une valeur stable à une autre valeur stable espacé par une période de stase (période où l'espèce n'évolue pas)[2].

Gradualisme phylétique versus théorie des équilibres ponctués.

Ce concept qui minimise le rôle de la sélection naturelle est opposé au gradualisme phylétique (en) admis par la théorie synthétique de l'évolution qui implique des changements évolutifs lents et progressifs.

Éléments historiques

Des mutations induites chez la drosophile engendrent des candidats au statut de monstre prometteur.

La pensée saltationniste existe déjà dans les mythes de métamorphose forgés par les Présocratiques. Elle se développe au XIXe siècle avec les études descriptives des anomalies congénitales chez les monstres (tératologie) initiées par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, et les conceptions des darwiniens Huxley (1859) et Galton (1869) inspirés par les théories catastrophistes[3]. Au début du XXe siècle, le botaniste néerlandais Hugo de Vries propose un mécanisme saltatoire dans sa théorie mutationniste qu'il élabore de 1901 à 1903[4]

Goldschmidt donne comme exemple de monstre prometteur le poisson plat, Ă  tort. Des fossiles de poisson plat montrent une migration oculaire progressive, fruit d'une Ă©volution graduelle[5].

La théorie des monstres prometteurs proposée dès 1933 par Richard Goldschmidt, est une théorie saltationniste selon laquelle un couple de mutants très différents de leurs parents pourrait fonder une nouvelle espèce en un temps très bref. La sélection joue un rôle de secondaire en éliminant les monstres non viables.

Certains biologistes ont cependant vu dans des théories néo-darwinistes des résurgences d'une nouvelle forme de saltationnisme, c'est le cas notamment de la théorie des équilibres ponctués de Stephen Jay Gould et Niles Eldredge, vivement critiquée par Richard Dawkins, bien que ses auteurs se défendent de toute idée saltationniste, considérant que la ponctuation concerne des durées géologiques brèves (en quelques milliers ou millions d’années), et la saltation des durées biologiques (une ou quelques générations)[6].

Notes et références

  1. Richard Dawkins, chapitre 9 « le ponctuationnisme mis au point », dans L'horloger aveugle, Éd. Robert Laffon.
  2. Pierre-Henri Gouyon, Jean-Pierre Henry et Jacques Arnould, Les Avatars du gène, Théorie néodarwinienne de l'évolution, coll. « Regard sur la science », Belin, p. 81.
  3. (en) W. B. Provine, The Origin of Theoretical Population Genetics, University of Chicago Press, , p. 10-24.
  4. H. de Vries, Die mutationstheorie, Veit & Co., 1901-1903, Leipzig ; 2 volumes, 1 : 648 p ; 2 : 753 p.
  5. (en) Wallace Arthur, Evolution: A Developmental Approach, John Wiley & Sons, , p. 185
  6. « Les équilibres ponctués ne sont pas une théorie de saltation ou de vraie discontinuité, mais ils disent seulement que la succession des spéciations conventionnelles au cours des temps géologiques aboutira à un motif d’équilibres ponctués ». Cf Stephen J. Gould,, « Dix-huit points au sujet des équilibres ponctués », dans Jean Chaline, Modalités, rythmes et mécanismes de l’évolution biologique : Gradualisme phylétique ou équilibres ponctués ? (Dijon, 10-14 mai 1982), Éd. du CNRS, , p. 39

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Philip D. Gingerich, Rates of Evolution: A Quantitative Synthesis, Cambridge University Press, , 396 p. (lire en ligne).

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