Accueil🇫🇷Chercher

Sally Clark

Sally Clark (née en et morte le ) est une avocate anglaise qui fut victime d'une erreur judiciaire. Elle fut accusée d'avoir tué ses deux nourrissons sur la base entre autres d'une mauvaise utilisation de la statistique.

Sally Clark
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  42 ans)
Hatfield Peverel
Nationalité
Formation
Université de Southampton
South Wilts Grammar School (en)
Activités

Situation au moment des premiers faits reprochés

En 1996 Steve et Sally Clark forment un couple d'avocats qui travaille à Londres. Ils ont un fils Christopher qui naît le 22 septembre 1996 ; il meurt le 13 décembre de la même année, une autopsie conclut à une infection pulmonaire[1]. Sally Clark souffre un temps de dépression, mais son état s'arrange lorsqu'elle retombe enceinte. Elle a un deuxième fils, Harry, qui naît le 29 novembre 1997 ; il tombe malade et meurt le 26 janvier 1998, après que son père a vainement tenté de le réanimer. Le médecin-légiste qui examine le corps considère qu'il y a possiblement eu des sévices et recommande une enquête contre les parents. Le couple a un troisième fils qui nait un an plus tard ; il est placé en famille d'accueil en attendant le procès de Sally Clark (son mari ayant été mis hors de cause par l'enquête)[1].

Procès

Condamnation

Le procès[2] se base sur un diagnostic de syndrome de MĂĽnchhausen par procuration par le pĂ©diatre Roy Meadow, fondĂ© sur une dĂ©marche statistique incorrecte. Il prĂ©tend en effet que les chances que deux enfants d'une famille riche subissent une mort subite du nourrisson sont d'une pour 73 millions (rĂ©sultat auquel il arrive en calculant le carrĂ© de 8 500, chiffre tirĂ©e d'une Ă©tude sur la probabilitĂ© qu'une famille aisĂ©e non-fumeuse dont la mère est âgĂ©e de plus de 26 ans fasse face Ă  la mort de leur bĂ©bĂ©[3] ; ce raisonnement est complètement infondĂ© car il suppose implicitement que dans une mĂŞme famille les morts subites du nourrisson sont des Ă©vĂ©nements indĂ©pendants, ce qui est faux[1] - [4]). La Royal Statistical Society a publiĂ© une dĂ©claration affirmant que l'argument de Meadow n'avait aucune base statistique et exprima son inquiĂ©tude quant Ă  la mauvaise utilisation de la statistique dans les procès[5]. Clark fut reconnue coupable et condamnĂ©e Ă  la prison Ă  vie en novembre 1999 ; sa condamnation est confirmĂ©e en appel en janvier 2000. N'ayant pas avouĂ© le meurtre de ses enfants, elle est privĂ©e de la perspective de pouvoir obtenir une libĂ©ration anticipĂ©e[1]. Un recours auprès de la Cour europĂ©enne des Droits de l'Homme est tentĂ© sans succès par Steve Clark[1].

Annulation du jugement

En janvier 2003, on s'aperçoit que le docteur Alan Williams, le médecin-légiste qui avait examiné les deux nourrissons, n'avait pas dévoilé le rapport microbiologique lors du procès, qui montrait pourtant que le second enfant était mort de causes naturelles[6]. La condamnation est annulée et Sally Clark libérée, après avoir purgé trois ans de prison. Pour le journaliste Geoffrey Wansell, il s'agit de « l'une des plus importantes erreurs judiciaires de l'histoire de la justice britannique moderne »[7]. À la suite de cette annulation, l'avocat-général demanda qu'on examinât des centaines d'autres dossiers, et les condamnations de deux autres femmes, Angela Cannings (en) et Donna Anthony (en) furent annulées[1]. Le procès d'une autre femme, Trupti Patel (en), avait lieu en même temps pour des faits similaires et celle-ci est acquittée. Clark développa par la suite d'importants problèmes psychiatriques et mourut chez elle en mars 2007 d'une overdose d'alcool[8].

Bibliographie

  • Leila Schneps et Coralie Colmez (trad. de l'anglais par Coralie Colmez), Les maths au tribunal : les erreurs de calcul font les erreurs judiciaires [« Math on Trial. How Numbers Get Used and Abused in the Courtroom »], Paris, Seuil, coll. « Science ouverte », 280 p. (ISBN 978-2-02-110439-4), chap. 1 (« L'affaire Sally Clark : attaque sur la maternitĂ© »).

Notes et références

  1. Leila Schneps et Coralie Colmez (trad. de l'anglais par Coralie Colmez), Les maths au tribunal : les erreurs de calcul font les erreurs judiciaires [« Math on Trial. How Numbers Get Used and Abused in the Courtroom »], Paris, Seuil, coll. « Science ouverte », 280 p. (ISBN 978-2-02-110439-4), chap. 1 (« L'affaire Sally Clark : attaque sur la maternité »).
  2. Thomas Messias, « Deux bébés morts et des erreurs mathématiques: le long calvaire de Sally Clark », sur Slate.fr, (consulté le ).
  3. Helen Joyce, « Beyond reasonable doubt », sur plus.maths.org.
  4. Marion Cocquet, « Les maths au tribunal : du calcul incorrect à l'erreur judiciaire », sur Le Point, (consulté le ).
  5. Royal Statistical Society (23 octobre 2001). "« Royal Statistical Society concerned by issues raised in Sally Clark case », (sur Internet Archive) (28.0 KB)". Consulté le 5 février 2012.
  6. Second appeal, R. v Clark, [2003] EWCA Crim 1020, 11 avril 2003, BAILII.
  7. Wansell, Geoffrey. "Whatever the coroner may say, Sally Clark died of a broken heart", The Independent, 18 mars 2007.
  8. (en) « Alcohol killed mother Sally Clark », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.