Sabine Arnaud

En 2007, Sabine Arnaud soutient sa thèse Mise en récit et enjeux politiques d'un diagnostic : l'hystérie entre 1730 et 1820 : construction et circulation d'une catégorie médicale en littérature comparée avec l'Université de la ville de New York, en Histoire et Civilisations avec l'École des hautes études en sciences sociales à la suite de deux diplômes en Philosophie et Esthétique avec l'université de Paris VIII. Pour ce travail de recherche, elle explore des sources françaises et anglaises : traités, journaux, manuscrits, cours de médecine, ouvrages de morale, pamphlets, pièces de théâtre, contes, et romans.

Après sa thèse, elle obtient un poste « d'assistant professor tenure track » à l'Université A&M du Texas[3].

De 2010 à 2017, elle est directrice de recherche à l'Institut Max-Planck d'histoire des sciences à Berlin[4]. Elle dirige une recherche sur L'écriture de la surdité et la construction de normes en Europe occidentale et aux États-Unis du XVII^e à la fin du XIX^e siècle. Elle s'intéresse en particulier au rôle du langage dans la définition de la condition humaine[4].

En janvier 2014, elle publie L’invention de l’hystérie au temps des Lumières (1670-1820)[5] Cet ouvrage est remarqué : il emporte plusieurs prix. Elle publie également une version en anglais en 2015 sous le titre On Hysteria: The Invention of a Medical Category (1670-1820)[4] et une traduction allemande de la version française paraît en 2019[6]. Son ouvrage est un contrepoint de l'ouvrage de Georges Didi-Huberman publié en 1982. Sabine Arnaud trace une histoire genrée de la maladie. Pour cela, elle fait référence aux écrits médicaux et littéraires[7]. Lorsqu’il commence à se répandre à la fin du dix-huitième siècle, le diagnostic d’hystérie rassemble un ensemble de diagnostics utilisés dans des contextes divers : vapeurs, vapeurs hystériques, vapeurs hypochondriaques, passions hystériques, passions hypochondriaques, suffocation de la matrice, mal de mère... François Boissier de Sauvages de la Croix en France et William Cullen en Angleterre le définissent dans leurs nosologies comme une maladie des hommes et des femmes. Dans les traités médicaux, l’hystérie est présentée comme un effet de la sensibilité qui touche principalement les aristocrates. Après la Révolution Française, l’hystérie est présentée comme une maladie des femmes de toutes les classes sociales.

Arnaud se penche tout particulièrement sur l’écriture médicale à la veille du développement d’une écriture scientifique[8]. Au dix-huitième siècle, les traités médicaux adoptent les genres littéraires les plus variés : dialogues, correspondances, narrations, observations, etc. Tout un ensemble de connotations de la maladie se joue dans l’usage de métaphores.

Plutôt que de présenter un ensemble de théorisations, Arnaud analyse les usages de la catégorie. Elle met en avant les investissements politiques et épistémologiques qui se jouent dans ses usages, tandis que les connotations et les significations du mot se multiplient. Ce que ce livre propose, c’est avant tout une histoire du savoir en train de se constituer dans l’écriture.

Depuis 2021, elle est directrice de recherche au CNRS[9].

• La philosophie des vapeurs, Paris, Mercure de France, 2009, 208 p. (ISBN 978-2-7152-2864-1)
• Le corps et ses images dans l'Europe du dix-huitième siècle, Paris, Champion, 2012, 369 p. (ISBN 978-2-7152-2864-1)
• L'invention de l'hystérie au temps des Lumières (1670–1820), Paris, Éditions de l'EHESS, 2014, 352 p. (ISBN 978-2-7132-2419-5)
• On Hysteria: The Invention of a Medical Category between 1670 and 1820, Chicago/London, University of Chicago Press, 2015, 376 p. (ISBN 978-0-226-27554-3)

• Prix de la Société française d'histoire des sciences et des techniques, 2009
• Prix d'histoire de la médecine, Société d'histoire de la médecine et de l'Académie nationale de médecine, 2014[10]
• Bourse Marcelle Blum, Académie des sciences morales et politiques, 2015[11]
• Prix des jeunes historiens, Académie internationale d'histoire des sciences, 2015[12]