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SĂ©isme du 11 janvier 1693 au Val di Noto

Le sĂ©isme de 1693 au Val di Noto est un sĂ©isme, suivi d'un tsunami, survenu le Ă  environ 21 h heure locale dans la rĂ©gion du Val di Noto, dans le sud-est de la Sicile. Il est, avec le sĂ©isme de Catane de 1169 et le sĂ©isme de 1908 Ă  Messine, l'une des catastrophes majeures qu'a connues la Sicile. Avec une magnitude de 7,4, il est considĂ©rĂ© comme le plus puissant sĂ©isme dans l'histoire italienne. D'une intensitĂ© maximum de XI sur l'Ă©chelle de Mercalli, il a causĂ© la destruction d'environ 70 villes ou villages, provoquĂ© des dĂ©gâts sur une zone de 5 600 km2 et causĂ© la mort d'environ 60 000 personnes.

SĂ©isme de 1693 au Val di Noto
Image illustrative de l’article Séisme du 11 janvier 1693 au Val di Noto
Carte des intensités du tremblement de terre de 1693.

Date
Magnitude 7,4
Épicentre 37° 18′ nord, 15° 06′ est
Profondeur 20 km
Régions affectées Sicile
Victimes env. 60 000 morts
GĂ©olocalisation sur la carte : Sicile
(Voir situation sur carte : Sicile)
SĂ©isme de 1693 au Val di Noto

SĂ©isme

Secousses préliminaires

Plusieurs secousses prĂ©liminaires se produisent dans les jours qui prĂ©cèdent le sĂ©isme. Une forte secousse est ressentie dans la soirĂ©e du , Ă  environ 21 h, dont l'Ă©picentre se situe entre les communes de Melilli et Sortino[1]. La magnitude de cette secousse est estimĂ©e Ă  6,2 et son intensitĂ© Ă  VIII sur l'Ă©chelle de Mercalli. Elle provoque d'importants dĂ©gâts sur les bâtiments, principalement Ă  Augusta, une ville construite sur des sĂ©diments non consolidĂ©s[2], et fait environ 1 000 morts, dont 500 pour la seule commune d'Avola. D'après la forme du sĂ©isme et la situation des principales zones endommagĂ©es, l'origine de ce premier sĂ©isme semble rĂ©sider dans les mouvements de la faille d'Avola[2].

Secousse principale

Selon les témoignages contemporains, la durée de la secousse est de quatre minutes. La magnitude estimée est de 7.4 d'après l'étendue des dégâts mesurés sur une très large zone qui atteint X ou plus sur l'échelle de Mercalli. Les origines de ce séisme sont débattues. Certains spécialistes situent l'épicentre à terre tandis que d'autres le situent en mer en raison du tsunami qui a suivi. Le séisme résulterait de plusieurs rupture le long de l'arc siculo-calabrais ou le long de la zone de subduction située sous la mer Ionienne.

Les documents historiques des Archives générales de Simancas mentionnent une douzaine de répliques jusqu'au mois d', dont certaines sont aussi fortes que la secousse principale. Les répliques perdurent jusqu'en 1696 et leurs effets se concentrent dans les villes le long de la côte.

Tsunami

SituĂ© en mer Ionienne, le tsunami dĂ©clenchĂ© par le sĂ©isme frappe principalement la cĂ´te sicilienne sur près de 230 kilomètres. Les effets les plus puissants se concentrent autour d'Augusta, oĂą le retrait initial de la mer est suivi d'une vague d'au moins 2,40 m et qui atteint probablement m, inondant une grande partie de la ville. L'eau rentre loin dans les terres, comme Ă  Mascali pourtant situĂ©e Ă  1,5 kilomètre de la cĂ´te.

Conséquences

Bilan matériel et humain

Les dégâts causés par le tremblement de terre.

La zone enregistrant les dĂ©gâts les plus sĂ©vères couvre le sud-est de la Sicile sur environ 14 000 km2, incluant l'ensemble des provinces actuelles de Catane, de Raguse et de Syracuse. Au moins 70 villes ou villages sont dĂ©vastĂ©s et des Ă©croulements partiels de bâtiments sont constatĂ©s jusqu'Ă  Messine, Agrigente, Palerme, Reggio de Calabre et l'Ă®le de Malte.

Le tremblement de terre a également entraîné d'importants glissements de terrain comme à Noto et Sortino. Par ailleurs, un éboulement a endigué un cours d'eau formant ainsi un lac de plusieurs kilomètres de long. À Augusta, le tsunami endommage les galères des Hospitaliers, ancrées dans le port.

Le nombre de victimes recensĂ©es atteint 12 000 morts Ă  Catane, soit 63 % de la population, 5 045 Ă  Raguse (51 %), 3 500 Ă  Syracuse (23 %), 3 000 Ă  Noto (25 %), 1 840 Ă  Augusta (30 %)et 3 400 Ă  Modica (19 %). Le nombre total de victimes approche les 60 000 dĂ©cès.

Réponse des autorités

La Sicile est à cette époque gouverné par le roi d'Espagne comme un territoire de la couronne d'Aragon. Le vice-roi de Sicile à Madrid, le duc d'Uceda Juan Francisco Pacheco Téllez-Girón, réagit par la nomination de Giuseppe Lanza, duc de Camastra, ainsi que du prince d'Aragon respectivement comme vicaires généraux pour la val Demone et le val di Noto. En raison de la maladie du prince d'Aragon, le duc de Camastra assure seul la gestion de ces deux régions. Le vice-roi envoie également trois généraux afin d'organiser au plus vite les secours dans les zones les plus touchées. L'une des premières mesures prises par le duc de Camastra est d'affranchir ces régions des taxes. Parmi les hommes envoyés par le vice-roi se trouve notamment le colonel Don Carlos von Grunemberg, ingénieur royal du roi d'Espagne, qui possède une grande expérience dans la planification et la construction des fortifications.

À Palerme, le vice-roi crée deux conseils, l'un composé de nobles locaux, l'autre d'ecclésiastiques, chargés de se rencontrer deux fois par semaine pour dessiner les plans de reconstruction des villes ou villages sinistrés.

Reconstruction

La cathédrale de Noto, l'un des édifices reconstruits après le séisme dans le style baroque sicilien.

Les premiers efforts de reconstruction de concentrent sur le rétablissement des défenses militaires de Syracuse, Augusta, Catane et Acireale en raison de leur importance stratégique. Les plans de reconstruction sont de trois types : déplacer la ville sur un nouveau site, reconstruire à l'emplacement même de la ville en utilisant un nouveau plan ou reconstruire selon le plan existant. Noto et Avola sont dans le premier cas : leur emplacement antérieur est aujourd'hui connu sous le nom de Noto Antica et Avola Antica. Catane est un exemple de ville reconstruite au même endroit en suivant un nouveau plan d'aménagement, tandis que Syracuse est reconstruite entièrement selon le plan d'avant la catastrophe.

L'ampleur et l'étendue des dégâts ont entraîné un renouveau architectural dans les villes siciliennes et maltaises, dans un style alors nommé le baroque sicilien. À cette époque, de nombreux palais, églises ou édifices publics sont reconstruits dans ce style. Plusieurs de ces villes sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO sous l'appellation « Villes du baroque tardif de la vallée de Noto (sud-est de la Sicile) » en 2002[3].

Voir aussi

Bibliographie

  • (it) Enzo Boschi et Emanuela Guidoboni, Catania terremoti e lave dal mondo antico alla fine del Novecento, Bologne, INGV-SGA, , 414 p. (ISBN 9788877942678)
  • Stefano Condorelli, “The Reconstruction of Catania after the Earthquake of 1693”, Proceedings of the Second International Congress on Construction History (Queens’ College Cambridge 2006), Exeter, Short Run Press, 2006, I, pp. 799-815.
  • Stefano Condorelli, “L’economia della ricostruzione” in E. Iachello (ed.) Storia di Catania (III). La grande Catania, Catania, Domenico Sanfilippo, 2010, pp. 50-69.
  • (it) Salvatore Nicolosi, Apocalisse in Sicilia : il terremoto del 1693, Catane, Tringale, , 327 p.
  • (it) Lucia Trigilia, 1693 Illiade funesta : La ricostruzione delle cittĂ  del Val di Noto, Palerme, Arnaldo Lombardi,

Notes et références

  1. Boschi et Guidoboni 2001, p. 112-113.
  2. (en) Marcello Bianca, Carmelo Monaco, Luigi Tortorici et Licio Cernobori, « Quaternary normal faulting in southeastern Sicily (Italy) : a seismic source for the 1693 large earthquake », Geophysical Journal International, Londres, Royal Astronomical Society, no 139,‎ , p. 370-394 (lire en ligne).
  3. « Villes du baroque tardif de la vallée de Noto (sud-est de la Sicile) », UNESCO (consulté le ).
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