Réalisme socialiste
Le réalisme socialiste (abrégé соцреализм en russe et socreal dans les pays satellites) est une doctrine littéraire et artistique du XXe siècle inspirée du réalisme et dans laquelle l’œuvre doit refléter et promouvoir les principes du communisme de type soviétique.
En Union soviétique, dans le bloc de l'Est, en Mongolie communiste, en Chine, en Corée du Nord, au Vietnam, à Cuba et dans une moindre mesure en Yougoslavie, le réalisme socialiste est un courant artistique érigé en canon par un État dit marxiste-léniniste pour illustrer de manière la plus figurative possible, dans des postures à la fois académiques et héroïques, la « réalité sociale » des classes populaires, des travailleurs, des militants et des combattants des guerres dans lesquelles ces pays furent impliqués[1]. Le réalisme socialiste fait de l'art un instrument d'éducation et de propagande[2], en mettant de l'avant la critique et la représentation des contradictions du capitalisme et la description du développement révolutionnaire et l'émancipation du prolétariat et la paysannerie.
Le concept de « réalisme socialiste » est établi comme doctrine et forme d'art officielle de l'Union soviétique lors de débats qui ont lieu entre la création en 1932 et le Ier congrès de l'Union des écrivains soviétiques en 1934.
Évolution historique du réalisme socialiste
Élaboration de la doctrine
« Le réalisme socialiste, étant la méthode fondamentale de la littérature et de la critique littéraire soviétiques, exige de l'artiste une représentation véridique, historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire. D'autre part, la véracité et le caractère historiquement concret de la représentation artistique du réel doivent se combiner à la tâche de la transformation et de l'éducation idéologiques des travailleurs dans l'esprit du socialisme. »
— Extrait des statuts de l'Union des écrivains soviétiques, 1934
Soviétisation de l'art en République démocratique allemande et dans le reste de l'Europe de l'Est
Les premiers jalons de l'implantation du réalisme socialiste soviétique en République démocratique allemande sont la construction de Maison de la culture de l’Union soviétique à Berlin-Est en , l'application de la Doctrine Jdanov en Europe de l'Est qui mène la tenue de la 3e exposition nationale de Dresde en , où le réalisme socialiste est mis de l'avant, et la création d’une Union des artistes plasticiens (Verband Bildender Künstler, VBK) en 1952[3].
Réalisme socialiste en Chine maoïste
« Dans le monde d'aujourd'hui, toute culture, toute littérature et tout art appartiennent à une classe déterminée et relèvent d'une ligne politique définie. Il n'existe pas, dans la réalité, d'art pour l'art, d'art au-dessus des classes, ni d'art qui se développe en dehors de la politique ou indépendamment d'elle. La littérature et l'art prolétarien font partie de l'ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat ; ils sont, comme disait Lénine, "une petite roue et une petite vis du mécanisme général de la révolution". »
— Mao Zedong, Interventions aux causeries sur la littérature et l'art à Yenan, 1942
Pendant la Révolution culturelle, sous l'autorité de Jiang Qing, la dernière épouse de Mao Zedong, seule huit œuvres peuvent être jouées dont deux ballets, Le Détachement féminin rouge et La Fille aux cheveux blancs.
Déclin du réalisme socialiste comme doctrine
La période des années 1970 et 1980 est présentée comme une période de déclin du réalisme socialiste[3].
Œuvres réalistes socialistes dans le monde
Roumanie
Les œuvres d'Alexandru Sahia peuvent être considérées comme tenant du réalisme socialiste.
Canada
Les œuvres du peintre Frederick B. Taylor, qui montrent les milieux ouvriers de Montréal, sont considérées comme appartenant au réalisme socialiste[4].
Analyses et critiques
Lors de la période de déstalinisation que constitue l'Octobre polonais de 1956, le critique littéraire Artur Sandauer analyse les raisons qui ont conduit nombre d'artistes à se soumettre à la politique culturelle du stalinisme comme étant essentiellement le résultat de l'opportunisme de ces mêmes artistes[5].
Notes et références
- Michel Aucouturier, Le Réalisme socialiste, Paris, PUF, « Que sais-je », 1998.
- « Réalisme », dans Le Grand Robert 2017, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2017
- Bazin Jérôme, « Le réalisme socialiste et ses modèles internationaux », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1/2011 (no 109), p. 72-87.
- Luis de Moura Sobral, « Peinture et luttes sociales:· Talking Union de Frederick B. Taylor », Journal of Canadian Art History / Annales d'histoire de l'art canadien, Vol. IV:2 (1978), p. 111-120
- Agnieszka Grudzinska, L'Octobre polonais : le XXe congrès et la culture en Pologne, La Revue russe, Année 2006, 28, pp. 27-36
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Robin Régine, Le réalisme socialiste. Une esthétique impossible, Paris, Payot, 1986, 348 p.
Liens externes
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