Ruy GonzĂĄlez de Clavijo
Ruy GonzĂĄlez de Clavijo (m. le ) est un Ă©crivain, voyageur, historien, explorateur et diplomate castillan. En 1403, il est envoyĂ© comme ambassadeur par Henri III de Castille Ă la cour de Tamerlan, chef de lâEmpire timouride, dans le but de former une alliance contre les Turcs ottomans, et revient en 1406[1]. Il est principalement connu pour les notes du rĂ©cit de son voyage, publiĂ©es officiellement en espagnol en 1582 sous le nom Embajada A Tarmolan puis revisitĂ© et publiĂ© en anglais en 1859 avec comme titre Narrative of the Embassy of Ruy Gonzales de Clavijo to the Court of Timour at Samarcand. Durant son long voyage, Ruy GonzĂĄlez de Clavijo visite Constantinople, TrĂ©bizonde, lâArmĂ©nie, le Khoraçan, Samarcande et TĂ©hĂ©ran[2]. Le rĂ©cit de son voyage, probablement Ă©crit avec lâaide du moine dominicain Alfonso PĂĄez[2], est une source dâinformation prĂ©cieuse de la fin du Moyen Ăge sur les tendances gĂ©opolitiques de lâĂ©poque, sur la vision du monde sur Constantinople et une riche source dâinformation sur lâempire Timuride qui sâest effondrĂ© quelques annĂ©es seulement aprĂšs le voyage de GonzĂĄlez de Clavijo. Ce journal, rĂ©digĂ© en suivant la chronologie, est extrĂȘmement dĂ©taillĂ© et fait de cet ouvrage une piĂšce unique du Moyen Ăge espagnol en plus dâĂȘtre la source dâinformation la plus prĂ©cise sur lâempire Timuride, son histoire sociale et son architecture, aujourdâhui disparus. Il faut attendre le XVIIe siĂšcle pour que le rĂ©cit de GonzĂĄlez de Clavijo circule largement en Europe[3].
Biographie
On sait trĂšs peu de choses sur la vie de Ruy GonzĂĄlez de Clavijo. Il naĂźt Ă Madrid, lâannĂ©e Ă©tant inconnue. Il est dĂ©jĂ chambellan du roi Henri III de Castille quand il est choisi pour mener lâambassade qui doit se rendre Ă la cour de Tamerlan. Ă son retour en Espagne, en 1406, aprĂšs sa longue expĂ©dition, Clavijo retrouve son poste de chambellan auprĂšs du roi Henri III jusquâĂ la mort de celui-ci, le de la mĂȘme annĂ©e. Il sert ensuite le roi Jean II, occupant aussi un poste de chambellan. Ruy GonzĂĄlez de Clavijo meurt le et est enterrĂ© Ă la chapelle quâil a lui-mĂȘme fait construire en 1406 pour le monastĂšre de San Francisco de Madrid[4]. En 1573, sa tombe est dĂ©placĂ©e au centre de lâĂ©glise de San Francisco, puis en 1580 elle est placĂ©e dans le mur de lâĂ©glise, prĂšs de lâautel[1].
Contexte historique
Lâambassade de GonzĂĄlez de Clavijo est la deuxiĂšme dĂ©lĂ©gation envoyĂ©e par le roi Henri III de Castille Ă lâempereur Tamerlan. Effectivement, en 1402 le roi envoie une premiĂšre expĂ©dition rencontrer le khan Tamerlan. Lâambassade est menĂ©e par le chevalier Payo GĂłmez de Sotomayor et HernĂĄn SĂĄnchez de Palazuelos. Ils rencontrent Tamerlan, qui vient de gagner une importante bataille contre le chef Ottoman Bayezid Ier, Ă Ankara. La premiĂšre expĂ©dition revient avec un ambassadeur oriental nommĂ© Mohammed Al-Kashi ainsi que deux femmes chrĂ©tiennes libĂ©rĂ©es du harem de Bayezid[4]. Câest donc dans un contexte oĂč les deux monarques se connaissent et se respectent que lâambassade de GonzĂĄlez de Clavijo est dĂ©ployĂ©e. Dâailleurs, Tamerlan entretient dâassez bonnes relations avec le reste des monarques europĂ©ens de lâĂ©poque et envoie des lettres Ă plusieurs dâentre eux dans le but de former des alliances commerciales ou de sâunir contre les Ottomans. Il contacte entre autres Charles VI de France, Henri IV dâAngleterre, les GĂ©nois et les VĂ©nitiens[5].
Ambassade Ă Tamerlan
RĂ©cits de voyage
Embajada a Tamerlan est un des plus vieux rĂ©cits de voyage espagnols de valeur Ă une Ă©poque oĂč la littĂ©rature espagnole Ă©tait plutĂŽt constituĂ©e de ballades et de quelques chroniques[1]. Le journal de lâambassadeur est rĂ©digĂ© selon une structure journaliĂšre et chronologique. La version de 1582, traduite en anglais en 2004 par Guy le Strange, est sĂ©parĂ©e en 17 chapitres, pour chaque ville visitĂ©e, certaines villes prenant plusieurs chapitres, divisĂ©s en thĂšmes. Le voyage de GonzĂĄlez dĂ© Clavijo commence Ă Cadix et se termine Ă Samarcande quâil quitte pour retourner Ă SĂ©ville.
Plus souvent quâautrement, Clavijo y inscrit des entrĂ©es pour chaque jour du voyage jusquâĂ la destination finale de lâambassade espagnole, Samarcande. Une fois arrivĂ© dans lâempire timouride, GonzĂĄlez de Clavijo Ă©crit de longues descriptions de cet empire disparu aujourdâhui et y couvre un vaste Ă©ventail de thĂšmes : il y parle de la gestion de lâarmĂ©e, du type de gouvernement, du commerce, des coutumes locales, du langage et de ses spĂ©cificitĂ©s. GonzĂĄlez de Clavijo interrompt parfois son rĂ©cit pour situer le lecteur dans le contexte socio-historique de lâĂ©poque, en Ă©vitant le plus possible une lecture subjective de lâhistoire et en faisant un effort visible pour atteindre une certaine objectivitĂ© dans la description des Ă©vĂ©nements et des divers thĂšmes concernant cet empire oriental[4]. Le style de GonzĂĄlez de Clavijo est particulier pour lâĂ©poque, la description des Ă©vĂ©nements et des dĂ©cors.
Ruy GonzĂĄlez de Clavijo quitte la ville de Cadix par le puerto de Santa MarĂa le avec comme mission de rencontrer Tamerlan en GĂ©orgie actuelle. GonzĂĄlez de Clavijo est accompagnĂ© par un moine dominicain nommĂ© Alfonso PĂĄez de Santa MarĂa, un membre de la garde royale nommĂ© GĂłmez de Salazar, un autre homme nommĂ© Alfonso FernĂĄndez de Mesa ainsi que dâautres hommes dont nous ne connaissons pas lâidentitĂ©. Il est estimĂ© que le nombre de membres de lâambassade sâĂ©levait Ă quinze[4]. Le , les membres de lâambassade arrivent Ă Constantinople et sont reçus par lâempereur byzantin Manuel II PalĂ©ologue.
AprĂšs six mois Ă Constantinople, lâĂ©quipage reprend la route le et arrive Ă TrĂ©bizonde le . Lâempereur Tamerlan ayant quittĂ© la ville rĂ©cemment, Calvijo et ses hommes doivent voyager plus loin que prĂ©vu. Maintenant accompagnĂ©s par des membres de la cour de lâempereur Timouride, lâambassade Castillane se dirige vers Samarcande en passant par des nombreuses villes : Zigana, Torul, Erzincan, Erzurum, Surmari, Ararat, Maku, Khoy (oĂč ils sont rejoints par lâambassade du Sultan dâĂgypte, Al-Malik al-Nasir Faraj). Tabriz, Miyana, ZanjÄn, Sultaniyya, TĂ©hĂ©ran, Simnan, FĂźrĂ»z-Kuh, DÄmghÄn, Jajarm, Nichapour, Andkhvoy, Balkh, Tirmidh and Kish (Shahr-i Sabz). Ils arrivent Ă Samarcande le . Lâambassade reste dans la ville jusquâĂ ce que lâempereur Tamerlan les renvoie le de la mĂȘme annĂ©e, Ă peine six jours avant sa campagne militaire contre la Chine Ming[2].
Ćuvre
- (es) Historia del gran Tamorlan e itinerario y enarracion del viage, y relacion de la Embaxada que Ruy Gonçalez de Clavijo le hizo, por mandado del muy poderoso Señor Rey Don Henrique el Tercero de Castilla, y un breve discurso fecho por Gonçalo Argote de Molina, para mayor inteligencia deste libroâŠ, site Biblioteca virtual Miguel de Cervantes
Références
- GonzĂĄlez de Clavijo, Ruy, -1412., Narrative of the embassy of Ruy GonzĂĄlez de Clavijo to the court of Timour at Samarcand, A.D. 1403-6, Adamant Media Copration, (ISBN 1-4021-9559-1 et 9781402195594, OCLC 62542118, lire en ligne)
- GonzĂĄlez de Clavijo, Ruy, -1412., Embassy to Tamerlane, 1403-1406, Routledge, (ISBN 0-203-64333-X et 9780203643334, OCLC 63831419, lire en ligne)
- (en) Manz B.R, « Tamerlane's Career and It's Uses », Journal of World History,â
- (en) David J. Roxburgh, « Chapter Three. Ruy GonzĂĄlez De Clavijoâs Narrative Of Courtly Life And Ceremony In Timurâs Samarqand, 1404 », The âBookâ of Travels: Genre, Ethnology, and Pilgrimage, 1250-1700,â , p. 113â158 (DOI 10.1163/ej.9789004174986.i-332.17, lire en ligne, consultĂ© le )
- Henri MoranvillĂ©, « MĂ©moire sur Tamerlan et sa cour par un dominicain, en 1403. », BibliothĂšque de l'Ăcole des chartes, vol. 55, no 1,â , p. 433â464 (DOI 10.3406/bec.1894.447782, lire en ligne, consultĂ© le )
Source partielle
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Ruy GonzĂĄlez de Clavijo » dans Dictionnaire universel dâhistoire et de gĂ©ographie, (lire sur Wikisource)
- Ilia Zdanevitch, L'itinéraire géorgien de Ruy Gonzales de Clavijo et les églises aux confins de l'Atabegat, Trigance, [s. nom d'éditeur] 1966, 24 p., illustrations en noir, cartes et plans (imprimé en l'honneur du XIIIe congrÚs international d'études byzantines).
Liens externes
- extrait de Embassy to Tamerlane 1403-1406, retranscrit par Guy le Strange, New York et Londres, 1928
- Ressource relative à la littérature :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :