Rue de l'Argile (Strasbourg)
La rue de l'Argile (en alsacien : Leimegässel) est une voie de Strasbourg, rattachée administrativement au quartier Gare - Kléber, qui va du no 65 de la Grand-Rue à la rue de la Vignette[1]. Jusqu'en 1912 son tracé se poursuivait jusqu'à la rue du Jeu-des-Enfants, mais les démolitions liées à la Grande-Percée l'ont amputée d'une partie de sa longueur[2].
Rue de l'Argile | |
Perspective vers la rue de la Vignette. | |
Situation | |
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Coordonnées | 48° 34′ 57″ nord, 7° 44′ 34″ est |
Pays | France |
Collectivité territoriale | Collectivité européenne d'Alsace |
Ville | Strasbourg |
Début | Grand-Rue |
Fin | Rue de la Vignette |
Histoire
La future rue de l'Argile apparaît dans de multiples sources dès le Moyen Âge.
De 1365 à 1473, la présence d'un béguinage y est mentionnée[3]. Il appartient à la famille Rebstock qui possède plusieurs maisons à Strasbourg[4]. Une traduction ultérieure de Rebstock (qui signifie « cep de vigne ») est à l'origine du nom de la rue de la Vignette[5].
Au XVIe siècle, la rue de l'Argile fait partie, comme la rue du Savon, la rue Sainte-Barbe ou la rue Sainte-Hélène, des petites rues décrites comme « véritablement tortueuses », alors que la plupart des vieilles rues strasbourgeoises sont rectilignes[6].
Au cours de la première moitié du XVIe siècle, le prédicateur protestant et compositeur de cantiques Johannes Anglicus (1502-1577) vit dans cette rue, la Leimengasse. Par analogie, il était surnommé Leimenhans[7] (« Jean de la rue de l'Argile »).
Au milieu du XIXe siècle, Frédéric Piton brosse un tableau assez sombre de ce quartier, « le plus populeux de la ville » : « les hautes maisons de trois et quatre étages se pressent l'une à côté de l'autre ; la plupart, vieilles et noires masures, sans cours, sans jardins, logent une population ouvrière [...][8].»
L'appellation Leimengasse est attestée dès 1294, puis en 1376, 1489, 1587, 1681, mais on trouve également Leimengesselin en 1405. Les noms français font leur apparition au XVIIIe siècle : rue de la Terre glaise (1765), rue du Limon (1771, 1785, 1794), rue du Bonheur (1794). « Rue de l'Argile » s'impose à partir de la fin du XVIIIe siècle, avec une variante, « ruelle de l'Argile » en 1817, puis le renommage en Leimengasse au moment de l'occupation allemande en 1872 et 1940. La rue adopte son nom actuel en 1945[1].
Lors des grands travaux d'urbanisme entrepris à Strasbourg dans le cadre de la Grande-Percée, le quartier est profondément transformé. La destruction de quelque 500 maisons permet la création de nouvelles voies, telles que la rue du Vingt-Deux-Novembre ou la rue Gustave-Doré[9]. Dans la rue de l'Argile, plusieurs maisons sont également démolies en 1912. C'est le cas notamment des nos 13, 16, 18 ou 31[10].
À partir de 1995, des plaques de rues bilingues, à la fois en français et en alsacien, sont mises en place par la municipalité lorsque les noms de rue traditionnels étaient encore en usage dans le parler strasbourgeois[11]. La rue est ainsi sous-titrée Leimegässel.
Bâtiments remarquables
- no 2
- À l'angle de la rue de l'Argile et de la rue de la Vignette, cette maison portait le no 34 avant la Grande-Percée et le no 6 entre 1784 et 1857. Attestée au XVIIe siècle, elle est reconstruite avec trois étages en 1846. En 1920 elle est réunie au no 4 (ancien no 36[12]).
- no 8
- Cette maison à colombages du XIXe siècle[1] abrite une winstub réputée, s'Kaechele[13] - [14].
- Sur un emplacement cité dès 1427, à l'angle de l'actuelle Grand-Rue, l'immeuble a été construit par un boulanger au milieu du XVIIIe siècle[15]. La façade de l'édifice qui donne sur la Grand-Rue se caractérise par un chaînage d'angle à refends, des encadrements de fenêtres en grès et des linteaux de fenêtres cintrés[16]. Dans l'étroite ruelle, la façade latérale à encorbellement est dotée de colombages.
Notes et références
- Maurice Moszberger (dir.), « Argile (rue de l') », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 90 (ISBN 9782845741393)
- Moszberger, « Gustave-Doré (rue) », Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, op. cit., p. 96-97
- (en) Dayton Phillips, Beguines in Medieval Strasburg: A Study of the Social Aspect of Beguine Life, Edwards Brothers, Incorporated, lithoprinters, 1941, p. 117-118
- Paul Ristelhuber, Heidelberg et Strasbourg. Recherches biographiques et littéraires sur les étudiants alsaciens immatriculés à l'Université de Heidelberg de 1386 à 1662, E. Leroux, 1888, p. 28
- Moszberger, « Vignette (rue de la) », Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, op. cit., p. 108
- François Petrazoller, L'urbanisme à Strasbourg au XVIe siècle : la pierre et l'idée, Société savante d'Alsace, 2002, p. 185 (ISBN 9782904920295)
- Charles Engel, Les commencements de l'instruction primaire à Strasbourg au Moyen Age et dans la première moitié du seizième siècle, Librairie Fischbacher, 1889, p. 14
- Frédéric Piton, Strasbourg illustré, ou panorama pittoresque, historique et statistique de Strasbourg et de ses environs, Silbermann, 1855, p. 244
- Moszberger, « Vingt-Deux-Novembre (rue du) », Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, op. cit., p. 108
- Maisons de Strasbourg. Étude historique sur les maisons de Strasbourg entre le XVIe et le XXe siècle : no 13 , no 16 ; no 18 , no 31
- « L'alsacien a droit de rue à Strasbourg », Libération, 31 mars 1995, [lire en ligne]
- « 2, rue de l'Argile », Maisons de Strasbourg. Étude historique
- Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Les bonnes tables de l'été. Strasbourg et ses environs, Petit Futé, 2020
- (en) The Rough Guide to France, Rough Guides, 2013
- (de) Adolphe Seyboth, « Lange Strasse. Grand'Rue », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 80
- « 65, Grand-Rue (Strasbourg) », ArchiWiki
Voir aussi
Bibliographie
- Maurice Moszberger (dir.), « Argile (rue de l') », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 90 (ISBN 9782845741393)
- (de) Adolphe Seyboth, « Leimengasse. Rue de l'Argile », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 293-294
Articles connexes
Liens externes
- « Rue de l'Argile (Strasbourg) » (ArchiWiki)
- « Argile (rue de l') : Leimengäßlein » (Maisons de Strasbourg. Étude historique sur les maisons de Strasbourg entre le XVIe et le XXe siècle)