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Roman OpaƂka

Roman OpaƂka, ( — ) est un peintre franco-polonais majeur de l’art conceptuel.

Roman OpaƂka
Roman Opalka — OPALKA 1965/1-∞ DĂ©tail photographique
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom de naissance
LĂ©on Opalka
Nationalité
Activité
Formation
Mouvement
Distinction
Commandeur dans l'ordre des Arts et Lettres en 2009
MĂ©daille du MĂ©rite culturel polonais Gloria Artis en 2009
Prix spécial du ministÚre des Affaires étrangÚres polonais en 1996
Kaiserring, prix de l'art de la ville de Goslar, Allemagne, en 1993
Prix national de la Peinture, Paris, en 1991
Site web
ƒuvres principales
OPALKA 1965 / 1 - ∞

De 1965 Ă  sa mort, il se consacre Ă  l'Ɠuvre de sa vie dont le but est d'inscrire la trace d'un temps irrĂ©versible. Ses moyens d'expressions sont majoritairement ses DĂ©tails (suites de nombres peints sur toile), des autoportraits photographiques et des enregistrements sonores de sa voix.

Biographie

Roman OpaƂka est nĂ© le Ă  Hocquincourt, dans la Somme (France), de parents polonais.

Il suit de 1946 Ă  1948 une formation de lithographe Ă  l’école de graphisme de WaƂbrzych Nowa Ruda. Il poursuit ses Ă©tudes Ă  l’École supĂ©rieure des arts plastiques de ƁódĆș en Pologne, en 1949, puis Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Varsovie de 1950 Ă  1956[1].

Alors diplÎmé de l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie, il devient professeur d'art à la Maison de la culture de Varsovie (1958-1960). Il s'installe définitivement en France en 1977[2]. Il meurt lors de ses vacances en Italie le , à la suite d'une infection généralisée.

ƒuvre et rĂ©flexion

On peut noter deux grandes pĂ©riodes dans la carriĂšre artistique d’OpaƂka, l’« avant » et l’« aprĂšs » 1965, date qui marque un grand tournant dans sa vie d’artiste. En 1965, Ă  Varsovie, Roman OpaƂka attend dans un cafĂ© sa femme, qui tarde Ă  arriver. Ce temps mort lui donne la solution Ă  son travail en gestation : il a l'idĂ©e de matĂ©rialiser le temps par la peinture[3].

L'« avant-1965 »

Roman OpaƂka commence sa carriĂšre artistique Ă  la fin des annĂ©es 1950. Il rencontre rapidement un grand succĂšs en tant que graveur et remporte de nombreux prix, tant en Pologne qu'Ă  l'Ă©tranger. Non satisfait de son poste de chef dĂ©corateur auprĂšs de l'armĂ©e polonaise, il trace sa propre voie dans l'art en cherchant Ă  redĂ©finir les notions du modernisme et de l'avant-garde en peinture.

Les Chronomes (1962-1963) (peintures monochromes grises entiĂšrement recouvertes de millions de signes blancs), sont inspirĂ©s par la pensĂ©e uniste de Wladyslaw Strzeminski (1893-1952), grand peintre d'avant-garde polonaise, selon laquelle chaque centimĂštre carrĂ© du tableau a la mĂȘme valeur artistique. Les toiles de cette sĂ©rie sont une premiĂšre tentative d'inscription du temps sur la toile. Cependant, chaque Chronome se regarde de façon isolĂ©e. Le temps n'y est pas assez visible et OpaƂka cherche Ă  rendre perceptible un temps irrĂ©versible[4].

L'« aprĂšs-1965 » : OPALKA 1965 / 1 - ∞

L'annĂ©e 1965 est un tournant dans la vie d'OpaƂka. L'artiste a enfin trouvĂ© une raison de vivre, une idĂ©e artistique valant la peine d'ĂȘtre accomplie[5]. Pour lui, sa pratique de peintre conceptuel dĂ©pend en partie d'une solution philosophique qui permettrait d'accepter l'existence. La philosophie et l'art sont deux dimensions essentielles au peintre.

Son activitĂ© d'artiste rejoint les lois immuables de l'existence humaine : elle visualise l'irrĂ©mĂ©diable Ă©coulement d'un temps qui l'achemine vers sa propre fin. Il s'agit pour lui de « capter » le temps, de saisir l'instant, c'est un combat qu'il engage avec son propre corps et dont l'ultime conclusion est la mort. Chaque peinture faite Ă©tant en mĂȘme temps une preuve incontestable de vie.

L'extension de son projet est « une partie d'un tout fondateur »[6]. Son Ɠuvre se matĂ©rialise par les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments qui la composent : les dĂ©tails, les cartes de voyage, les photographies, les enregistrements sonores.

Manifeste

« Ma proposition fondamentale, programme de toute ma vie, se traduit dans un processus de travail enregistrant une progression qui est Ă  la fois un document sur le temps et sa dĂ©finition. Une seule date, 1965, celle Ă  laquelle j’ai entrepris mon premier DĂ©tail.

Chaque DĂ©tail appartient Ă  une totalitĂ© dĂ©signĂ©e par cette date, qui ouvre le signe de l’infini, et par le premier et le dernier nombre portĂ©s sur la toile. J’inscris la progression numĂ©rique Ă©lĂ©mentaire de 1 Ă  l’infini sur des toiles de mĂȘme dimensions, 196 sur 135 centimĂštres (hormis les "cartes de voyage"), Ă  la main, au pinceau, en blanc, sur un fond recevant depuis 1972 chaque fois environ 1 % de blanc supplĂ©mentaire. Arrivera donc le moment oĂč je peindrai en blanc sur blanc.

Depuis 2008, je peins en blanc sur fond blanc, c’est ce que j’appelle le "blanc mĂ©ritĂ©".

AprÚs chaque séance de travail dans mon atelier, je prends la photographie de mon visage devant le Détail en cours.

Chaque DĂ©tail s’accompagne d’un enregistrement sur bande magnĂ©tique de ma voix prononçant les nombres pendant que je les inscris. »

Blanc

« C'est ainsi que s'explique le titre de mon programme : 1 - ∞.Concept qui m'autorise Ă  me considĂ©rer comme peintre de l'infini, peignant l'idĂ©e de l'infini, par la progression des nombres, la mort du peintre.

C'est ainsi que le blanc que je peins n'est pas celui des lumiĂšres de la nature qu'on connaĂźt dans l’histoire de la peinture, ni celui des monochromes blancs, ni le blanc de la toile prĂ©parĂ©e, enduite seulement de cette base blanche. Car ce blanc est surtout un blanc conceptuel. Ce blanc qui n’a pas besoin de rivaliser avec aucun autre blanc, car il constitue une force, la puissance du blanc mental. Un blanc qui subsistera au delĂ  des nombres, qu’ils soient perdus ou non dans le fond du tableau. Car ce blanc existait, existe et existera toujours en tant que prĂ©sence de l’idĂ©e, Ă  jamais pĂ©rissable, celle du blanc absolu. Ce blanc subsistera, mĂȘme si le temps lui fait perdre de son ėclat, car il gardera cette force de l’idĂ©e du blanc, du blanc conceptuel - indestructible et jamais peint jusque-lĂ [7]. »

DĂ©tails

À partir de 1965, annĂ©e du 1, il peint, en majoritĂ© sur un format d'Ă©chelle humaine, (196 Ă— 135 cm). Il peint en blanc sur fond noir, les nombres qui se succĂšdent sans relĂąche et sans fin : 1, 2, 3, 4, 5, etc. Chaque nombre reprĂ©sente un instant, une trace irrĂ©versible du temps.

En s'engageant dans son premier tableau (OPALKA 1965 / 1 - ∞ DĂ©tail 1-35327), l'artiste a rĂ©duit les moyens plastiques Ă  l'essentiel. Il choisit volontairement de rĂ©duire sa palette au noir et blanc. Il s'engage Ă  cet instant consciemment pour toute sa vie dans une seule et unique voie, et alors que l'on pourrait penser qu'il s'installe dans une monotonie, l'artiste rĂ©pond qu'au contraire, il est l'artiste qui logiquement fait Ă  chaque nombre, quelque chose de rĂ©ellement diffĂ©rent. À juste titre, pour lui, rien ne se rĂ©pĂšte jamais (si ce n'est les chiffres composant les nombres)[8].

ArrivĂ© au nombre « 1 000 000 », en 1972, il dĂ©cide de faire Ă©voluer son travail. DĂšs lors, Ă  chaque nouvelle toile entamĂ©e, il ajoute 1 % de blanc dans la peinture servant au fond de sa toile, initialement noir Ă  100 %. Petit Ă  petit, les fonds blanchissent, marquant d'une nouvelle maniĂšre le temps qui passe. Toutefois, afin de ne pouvoir ĂȘtre accusĂ© de « fraude », Roman OpaƂka veille Ă  utiliser deux blancs diffĂ©rents, un pour ses nombres (blanc de titane) et un pour le blanchissement progressif de son fond (blanc de zinc). Aussi, mĂȘme sur ses toiles les plus rĂ©centes (donc les plus blanches), on peut encore distinguer le tracĂ© des nombres en regardant la toile sous un certain angle[9].

À la mort d'Opalka, la sĂ©rie DĂ©tails compte 233 tableaux et s’achĂšve avec le nombre 5 607 249[10]

Autoportraits et Enregistrements sonores

Roman OpaƂka a entrepris deux autres dĂ©marches dans ce projet de vie artistique.

À la fin de chaque sĂ©ance de travail, OpaƂka se prend en photo sur fond blanc selon le mĂȘme protocole : cadre serrĂ©, Ă©clairage lumineux et rĂ©gulier, fond blanc, chemise blanche, cheveux qui blanchissent, il vient peu Ă  peu se fondre dans le fond, y disparaĂźtre[9]. Ce rituel est pour lui une façon de rendre encore plus visible la dimension physique et humaine de son travail.

Lorsqu'il peint, OpaƂka s'enregistre sur bande magnĂ©tique, lisant, en polonais, les nombres qu'il est en train de peindre. Toujours dans ce projet de « capture » du temps, de l'instant.

Expositions et collections publiques

Expositions personnelles

SĂ©lection d'expositions personnelles :

  • anche OPALKA, Galerie Michela Rizzo, Venise, -
  • Roman Opalka : Passages, Galerie Dominique Levy, Londres, -
  • Roman Opalka : The end is defined, Christie’s Mayfair, Londres, -
  • Roman Opalka, Dominique LĂ©vy Gallery, New York, -
  • Il tempo della pittura, Carpaccio et Opalka, musĂ©e Correr, Venise, -
  • Passages, Galerie Yvon Lambert, Paris, -
  • Roman Opalka, MusĂ©e national Marc Chagall, Nice, -
  • Octogone OPALKA , 7 DĂ©tails peintures, 70 DĂ©tails photographiques, MusĂ©e d’Art Moderne de Saint Étienne MĂ©tropole, Saint Étienne, -
  • OPALKA 1965 / 1 – ∞ , DĂ©tails photographies, CCC de Tours, - (Premier million et cinquiĂšme million).
  • Grande RĂ©trospective Roman Opalka, Stadtpalais, Dresde, Allemagne, -
  • Unity in expansion : OPALKA 1965 / 1 - ∞, Toyota Municipal Museum of Art (en), Toyota, -
  • Roman Opalka, OPALKA 1965 / 1 - ∞, Szepmuveszeti Budapest, MusĂ©e des Beaux-Arts, Budapest, mars -
  • Roman Opalka, Pavillon de la Pologne, 46e Biennale de Venise, 1995
  • Roman Opalka OPALKA 1965 / 1 - ∞, Neue Nationalgalerie, Berlin, -
  • Roman Opalka, Opalka1965 / 1 - ∞ , Galeria Sztuki Wspolczesnej Zacheta Gallery of Contemporary Art, Varsovie, -
  • Roman Opalka, exposition Ă  l’occasion de la remise du Kaiserring, Mönchehaus Museum, Goslar,
  • Roman Opalka, MusĂ©e d'Art Moderne de la Ville de Paris, juillet -
  • OPALKA 1965 / 1 - ∞ , StĂ€dtische Galerie im Lenbachhaus, Munich, -
  • Opalka, rencontre par la sĂ©paration, Centre culturel de Buenos Aires, Argentine, 1988
  • Roman Opalka, HĂŽte du MusĂ©e d'art et d'histoire, AMAM, GenĂšve, -
  • KĂŒnstler im Museum' 73, Folkwang Museum, Essen, - , Galerie Bischofberger, Zurich
  • Opalka 1965 / 1 - ∞ - Travel sheets , Galleria LP 220, Turin,
  • Opalka, le vertige de l’infini, musĂ©e de TessĂ©, Le Mans, 2012

Expositions de groupe

SĂ©lection d'expositions de groupe :

  • Aging Pride, BelvĂ©dĂšre Museum, Vienne, -
  • Il mio corpo nel tempo – Luethi, Ontani, Opalka, Galleria d'Arte Moderna Achille Forti, VĂ©rone, -
  • Behold the man, Kunstmuseum, Magdeburg, -
  • Un musĂ©e imaginĂ©. Et si l’art disparaissait? , Centre Pompidou, Metz, -
  • Unfinished : thoughts left visible, Metropolitan Breuer, New York, -
  • Le Mur – ƒuvres de la Collection Antoine de Galbert, la Maison rouge, Paris, -
  • Prima Materia, Punta della Dogana, Venise, -
  • Dans l'Ɠil du critique - Bernard Lamarche-Vadel et les artistes, MusĂ©e d'Art Moderne de la Ville de Paris - MAM/ARC, Paris, -
  • Singular Forms (sometimes repeated) - Art from 1951 to the PrĂ©sent, Guggenheim, New-York, -
  • ZERO Die europaĂŻsche Vision – 1958 bis heute, Sammlung Lenz Schönberg, Museum FĂŒr Zeitgenössische Kunst, Galerie Klovicevi dvori, Zagreb, -
  • 34Ă©mes Rencontres Internationales de la Photographie, Arles, juillet - .
  • Married by Powers, Tent, Centre d’Art de Rotterdam, Pays-Bas, octobre -
  • Vis Ă  Vis : Opalka et Pistoletto, Istituto Polacco di Roma et Galleria di Pino Casagrande, Rome, 5 -
  • L’autre moitiĂ© de l’Europe, musĂ©e du Jeu de Paume, Paris, -
  • Global conceptualism, Points of Origin 1950S - 1980s, musĂ©e d'Art du Queens. Flushing Meadows, - / Miami Art Center, Miami, and M.I.T. List Visual Art center, Massachusetts Institute of Technology, Cambridge (MA) and Vancouver Art Museum, Vancouver, -
  • Das XX. Jahrhundert. Ein Jarhrhundert Kunst in Deutschland, Neue Nationalgalerie, Berlin, -
  • On Your Own Time, PS1 MoMA, New York, -
  • La rĂšgle du jeu, Abbaye-aux-Dames, Caen, -
  • Preferirei di no - Cinque stanze tra arte e depressione, Museo Correr, Venise, -
  • Manifeste I, MusĂ©e national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, 1992
  • L'art conceptuel, une perspective, MusĂ©e d'Art Moderne de la Ville de Paris, - , MusĂ©e d'art contemporain de MontrĂ©al, -
  • ZERO, Vision und Bewegung, Werke aus der Sammlung Lenz, StĂ€dtische Galerie im Lembachhaus, Munich, -
  • Fifty Years of Collecting : An Anniversary SĂ©lection, The Solomon R. Guggenheim Fondation, New York, 1987
  • Qu'est-ce que l'art français ?, Centre rĂ©gional d'Art contemporain, LabĂšge Innopole, Toulouse, 1986
  • Process und Konstruktion, KunstlerwerkstĂ€tten, Munich, 1985
  • PrĂ©sences Polonaises, l'art vivant autour du musĂ©e de Lodz, Centre Georges Pompidou, Paris, 1983
  • Documenta, Cassel, 1977
  • Today/Tomorrow, Lowe Art Museum, University of Miami, Miami, 1976

Collections publiques

SĂ©lection de l’Ɠuvre OPALKA 1965 / 1 - ∞ dans les collections publiques :

Distinctions

Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres (2009)[11]

Postérité

En 2012, Bernard NoĂ«l lui consacre son texte Le Roman d'un ĂȘtre[12]. En 2014, Claudie Gallay publie DĂ©tails d'Opalka.

Bibliographie

  • Opalka 1965 / 1 - ∞, Roman Opalka, La Hune, 1992
  • Opalka Vis-Ă -vis d’une toile « non touchĂ©e », Roman Opalka, Éditions Jannink, 2006

Notes et références

  1. « Roman OpaƂka - Site Officiel », sur opalka1965.com (consultĂ© le ).
  2. idem
  3. Farine Manou, « Opalka avant Opalka » AccÚs payant, sur lejournaldesarts.fr, (consulté le ).
  4. « DécÚs de Roman Opalka », sur Paris Art, (consulté le ).
  5. Roman OpaƂka, Opalka 1965-∞, la hune, libraire Ă©diteur, p. 15.
  6. ibid., p. 18.
  7. Roman Opalka, Vis-à-vis d'une toile non-touchée, Ed. Jannink, (ISBN 2-916067-12-4 et 978-2-916067-12-4, OCLC 421404819, lire en ligne)
  8. ibid, p. 27.
  9. Émission Le RenDez-Vous du 3 septembre 2010, prĂ©sentĂ©e par Laurent Goumarre, invitĂ© Roman OpaƂka, diffusĂ©e sur France Culture, Ă  l'occasion de l'exposition « OPALKA 1965/1-∞ », "Passages", Yvon Lambert.
  10. OPALKA 1965/1 – ∞, comme un memento mori à l’ùre du digital sur le site d'Echosciences Grenoble
  11. « Nomination ou promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres juillet 2009 »
  12. Alexia GuggĂ©mos, « Le Roman d'un ĂȘtre: l'hommage de Bernard NoĂ«l Ă  Opalka », sur www.huffingtonpost.fr, Le Huffington Post, (consultĂ© le )

Liens externes

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