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Roger des Pins

Roger des Pins (ou de Pins) est le 29e grand maître[1] des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Roger des Pins
Image illustrative de l’article Roger des Pins
Roger de Pins, par J.-F. Cars, c. 1725
Biographie
Naissance
Décès
Ordre religieux Ordre de Saint-Jean
de JĂ©rusalem
Langue Langue de Provence
Grand maître de l'Ordre
–
Prieur de Saint-Gilles
–
Commandeur de Chypre
–
Commandeur de Boulbonne
Depuis le 1335
Chevalier de l'Ordre

Biographie

Roger des Pins faisait partie de la famille des Pins qui avait déjà donné un grand maître, Eudes des Pins, et un vicaire général, Giraud des Pins[2]. Il faisait partie de la Langue de Provence mais nous ne connaissons rien de ses débuts dans l'Ordre. Il est commandeur de Boulbonne au , puis commandeur de Chypre (-) et nommé prieur de Saint-Gilles après le départ de Pierre de Corneillan fin [2].

Magistère de Roger des Pins

Roger des Pins commença son magistère vers et sous les menaces qu'Innocent VI avait adressées à son prédécesseur. Celui-ci s’était hâté de convoquer en Avignon une assemblée des Hospitaliers, sous la présidence de Guillaume de Mail, prieur de la langue de France, et de Robert de Chalus, prieur d'Auvergne, tous deux lieutenant du grand maître en Occident[3].

Assemblée en Avignon

Le pape imposa ses décisions et bien que sévères elles furent utiles à l'Ordre. Il assure dans les églises et chapelles de l'Ordre un retour aux anciennes traditions qui voulaient que les messes soient faites par des chapelains de l'Ordre ou des prêtes séculiers[3]. Il réorganise les aumônes dans les commanderies, l’hospitalité dans l’hôpital de Rhodes pour les pèlerins et les malades et l'entretien des clercs et des donats et il ordonne de ne confier qu'à des chevaliers capables les hautes charges conventuelles[3]. Mais il agit avec une arrière pensée certaine quand il propose la suppression des grands commandeurs régionaux pour des raisons d'économie. Cette dignité venait d’être rétablie par Pierre de Corneillan principalement en Espagne, où il avait investi le prieur de Catalogne, pour contrer les visées de Juan Fernández de Heredia, lieutenant du grand maître en Espagne, chapelain d'Amposte et désigné par le pape comme prieur de Castille et Léon. L’assemblée d'Avignon n’était pas dupe de la manœuvre qui sapait l’autorité du grand maître[4]. Le pape fit transmettre les décisions du Conseil à Rhodes auprès de Des Pins avec l'obligation d'enregistrer celles-ci dans le recueil des règles de l'Ordre, ce qui fut fait[5].

Transfert du siège de l'Ordre en Achaïe

Le projet de transfert du siège de l'Ordre en territoire turc avait évolué en fonction des circonstances. Jacques de Savoie, prince de Piémont et prince titulaire d'Achaïe, venait de faire au pape une proposition de vente de ses droits sur la principauté d'Achaïe car il était en guerre avec Amédée VI de Savoie, son cousin. Innocent VI songeait à le faire acheter par les Hospitaliers[6]. Pour essayer de contrer les volontés du pape, Roger des Pins envoya au en Avignon trois représentants. Astorg de Pagnac, châtelain de Rhodes, Nicolas Benoît, commandeur de Venosa et Gérard de Montagnai avaient pleins pouvoirs pour exposer les objections du Conseil et pour traiter du transfert du siège de l'Ordre. Ils arrivèrent en Avignon en mais le refus de Robert II d'Anjou-Tarente, empereur titulaire de Constantinople, fit achopper la volonté papale[7]. Comme rien n'était possible sans cette autorisation, le pape demanda aux émissaires de Des Pins de bien vouloir passer par Naples avant de rentrer à Rhodes. De Pagnac s'excusa en prétextant que ses instruction étaient de rentrer directement à Rhodes, de Montagnai l'obligation d'aller en Allemagne et Benoît accepta la mission et se fit adjoindre l’archevêque Bernard de Saverne. Le pape fit savoir le par lettre au grand maître l’espérance qu'il plaçait dans cette démarche qui échoua et le projet n'eut pas de lendemain[7].

Opposition de Juan Fernández de Heredia

Innocent VI, pour témoigner sa faveur, nomma Juan Fernández de Heredia gouverneur d'Avignon et du comtat venaissin le . Il écrivit à Roger des Pins qu'il avait pourvu Heredia comme prieur de Saint-Gilles en lui demandant de confirmer son choix. La désignation du pape portait une atteinte directe au statuts de l'Ordre, le prieuré de Saint-Gilles, le plus riche de tous les prieurés, étant toujours attribué au plus ancien Hospitalier de la langue de Provence[6]. Cela donnait à Heredia une autorité qui pouvait contrebalancer celle du grand maître. En arrivant à Avignon, Astorg de Pagnac, Nicolas Benoît et Gérard de Montagnai découvrirent qu'Heredia s’était mis en possession, le , du prieuré de Saint-Gilles et que le pape était décidé à le maintenir en place. Il écrivit à Des Pins, le , qui avait nommé Heredia aux fonctions de lieutenant du grand maître en Occident, en espérant avoir allumé un contre-feu, en réclamant toujours la confirmation du prieur de Saint-Gilles en s'excusant d'avoir investi Heredia sans attendre l'autorisation du grand maître, reconnaissant ainsi l'abus de pouvoir qu'il commettait [8].

Le chapitre gĂ©nĂ©ral se rĂ©unit, hors de la portĂ©e du pape et d'Heredia, Ă  Rhodes le pour ratifier les dĂ©cisions prises Ă  Avignon. Il prit aussi des dĂ©cisions intĂ©ressant la discipline et le bon fonctionnement administratif comme la crĂ©ation dans chaque prieurĂ© d'un receveur des responsions sous la responsabilitĂ© directe du TrĂ©sor[9]. Cette dĂ©cision Ă©tait prise directement contre Heredia, qui n'hĂ©sitait pas Ă  s'approprier l'argent de l'Ordre et nĂ©gligeait de transmettre les responsions de ses prieurĂ©s. Comme aussi la dĂ©cision prise qui imposait aux prieurs de ne plus s'attribuer les commanderies vacantes jusqu'Ă  4 000 livres de rente et qu'ils avaient pris l'habitude de s'attribuer[9].

Des Pins, le , dégagea le prieur de Catalogne, Pierre-Arnal de Peres Tortes, de l'obéissance que celui-ci devait au lieutenant général en Occident[10]. Il invita Heredia à venir à Rhodes le , ce que ce dernier se garda bien de faire, il se savait suspect par ses prises de position[10]. Il était très engagé dans les affaires d'Espagne et mis toutes ses forces, et même plus, les moyens financiers de l'Ordre, au travers de ceux de la Châtellenie, aux services de Pierre IV d'Aragon. L’échec d'Henri de Transtamare avait permis la vengeance du roi de Castille, Pierre le Cruel, qui venait de nommer en 1358 Guder Gomez de Tolede, prieur de Castille[11]. Furieux, Heredia se retourna vers le pape qui écrit, le , à Roger des Pins le « suppliant de ne confirmer à aucun prix la nomination de Gomez et de rester sourd aux sollicitations directes que le roi de Castille devait lui adresser pour obtenir la reconnaissance de son candidat[12] ». En réponse à cette lettre, Roger des Pins, avait, le , chargé deux Hospitaliers de ramener l'ordre en Castille sans véritable résultat, l'anarchie politique continua encore un certain temps. Heredia ne transmettait pas au Trésor ses propres responsions ni celles qu'il était chargé de transmettre à Rhodes. Des Pins délégua deux visiteurs en Occident, le grand précepteur, Roger de Montaut et le maréchal, Étienne de Montaigu[13]. Ceux-ci demandèrent au pape, l'autorisation de procéder en conformité avec les statuts de l'Ordre mais Innocent VI leur refusa. Il autorise une commission dévouée composée du cardinal d'Albano Hélie de Talleyrand-Périgord, du cardinal de Sainte Croix, Raymond de Canillac et du cardinal de Saint Jean et Saint Paul, Andouin Aubert, d'examiner le litige. Et le , le pape transmit au grand maître le projet d'accord avec prière de l'approuver. Des Pins dut céder car le , il donna quitus de toutes les dettes d'Heredia[13].

Pendant ce temps, Urbain V remplaça Innocent VI et Heredia continua à garder son pouvoir sur le prieuré de Castille jusqu'à ce qu'il se plie aux ordonnances capitulaires traitant du cumul des dignités. Il résigna ses fonctions de prieur de Castille en 1369. Pour l'Ordre, le titre de prieur de Castille restera à Perez Torres entre 1364 et 1367[12].

Opposition des Turcs

Quand les dĂ©lĂ©guĂ©s de Roger des Pins arrivèrent Ă  Avignon en , le pape et les autres ambassadeurs dĂ©cidèrent le de reformer la Ligue entre Chypre, Venise et les Hospitaliers. Ils dĂ©cidèrent un entretien permanent d'une flotte de six galères pour patrouiller dans l'archipel grec. Mais les rĂ©ticences des ambassadeurs de Chypre laissaient entendre que ce renouvellement resterait sans suite[7]. Seul avec des navires vĂ©nitiens et des barons de MorĂ©e, Raymond BĂ©renger rĂ©ussit Ă  bruler une flotte turque de 35 navires Ă  MĂ©gare sans vĂ©ritable lendemain. De son cĂ´tĂ©, le pape s'Ă©puisait Ă  faire payer aux participants leur quote-part des frais[13].

Les et , des Pins mobilisait ses troupes. Il Ă©crivit en Occident pour appeler auprès de lui et ce avant le , 100 chevaliers. 67 chevaliers devaient se regrouper Ă  Aigues-Mortes ou Marseille sous les ordres du prieur de Capoue, Isnard du Bar. Ils venaient des Langues de Provence, de France et d'Espagne. Les 37 autres, en provenance des Langues d'Angleterre, d'Allemagne et d'Italie, devaient se regrouper Ă  Venise sous les ordres du prieur de Venise, NapolĂ©on de Tiberti ou du commandeur de Sienne, NĂ©rio Malavolti[14]. Roger des Pins anticipait les futurs problèmes de Chypre tout en satisfaisant le pape.

Le , c'Ă©tait l'avènement de Pierre Ier comme roi de Chypre et dès le , les habitants de Korykos firent appel au roi qui aussitĂ´t envoya une garnison chypriote, le . Cette ville pouvait, en plus d'un dĂ©bouchĂ© commercial avec le port, servir aussi de base pour la rĂ©union de l'ArmĂ©nie avec le royaume de Chypre[14]. Cela n’était pas du goĂ»t d'Ibrahim Bey, maitre de la Cappadoce et d'une partie de la Lycaonie, qui avait des vues sur l'ArmĂ©nie. Il regroupa nombre de vaisseaux dans diffĂ©rents ports d'Asie Mineure[15]. Mais Pierre Ier rĂ©unit lui aussi une flotte composĂ©e de 46 vaisseaux, 12 corsaires et 2 navires du pape. L’HĂ´pital avait rejoint avec 4 galères commandĂ©es par le lieutenant de l'amiral de l'Ordre, Jean Fortin[n 1] ou Forbin[n 2], avec des troupes de dĂ©barquement sous les ordres du châtelain de Rhodes. Cela faisait un ensemble de plus de cent voiles dont une cinquantaine de galères[15].

Référencement

Notes

  1. Fortin d’après Buston dans ses Chroniques, p. 411
  2. Forbin d’après Amadi dans ses Chroniques, p. 259

Références

Sources

  • (fr) Bertrand Galimard Flavigny (2006) Histoire de l'ordre de Malte, Perrin, Paris
  • Joseph Delaville Le Roulx, Les Hospitaliers Ă  Rhodes jusqu'Ă  la mort de Philibert de Naillac (1310-1421), Paris, Ernest Leroux, , 452 p., lire en ligne sur Gallica.

Annexes

Bibliographie

  • AbbĂ© C. Nicolas, « Histoire des grands prieurs et du prieurĂ© de Saint-Gilles par M. Jean Raybaud, avocat et archivaire de ce prieurĂ© : tome I », MĂ©moires de l'AcadĂ©mie de NĂ®mes, t. XXVII,‎ , p. 147-446 (2o partie), lire en ligne sur Gallica

Liens externes



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