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Ritualité

En psychologie et en psychothérapie, la ritualité est une utilisation abusive du rite qui peut mener à des comportements délinquants.

Ritualités pathologiques

Dans la ritualité névrotique, ces rituels, isolés de l'affect, marquent la maîtrise magique du contrôle de la pensée et la ritualisation liée aux marquages précoces imprimés sur son corps par la mère produit des actes rituels qui protègent contre les impulsions internes.

Dans la ritualité psychotique, à la différence de la ritualité dans la névrose obsessionnelle, le psychotique tente de se protéger par le rituel contre un danger vécu par lui comme une attaque externe sur sa propre personne, où il ne s'agit plus de se protéger contre soi-même mais contre les "autres" (délires et hallucinations) et où il ne s'agit pas, pour lui, de protéger sa relation à l'autre mais de maintenir sa relation à soi.

Dans la ritualité perverse d'un contrat privé avec un autre à la fois manipulé et consentant, la négation et la destruction montrent "a contrario" la fonction de la ritualité instituée: interdire une relation de négativité radicale à l'égard de tout autre.

Dans la ritualité antisociale, la soutenance du rapport à l'origine se fait par son actualisation dans la proximité de la mort qui est alors posée comme un représentant de l'expérience insoutenable de la carence répétée dans la vie de l'antisocial qui fait porter et impose à l'autre ou aux autres sa carence et l'y emprisonne.

Comme formes extrêmes, les ritualités pathologiques nous introduisent les rites profanes dont les scénarios, en fonction des conflits qui les sous-tendent, connaissent des variations considérables à partir de trois figures principales de la ritualité initiale : les interrelations précoces, la quête de la ressemblance comme forme préliminaire de l'identité et la quête initiatique d'un nouveau référent en cas de handicap.

Les rites, qu'ils soient subjectifs ou sociaux, festifs ou administratifs semblent avoir pour but de permettre une autoreprésentation du sujet ou du groupe social à lui-même. Cette autoreprésentation passe par une actualisation de mythe conscient ou non, répété dans un éternel présent. C'est ainsi que le mythe encadre le réel social comme le fantasme encadre le réel du sujet. Les rites sont des représentations de la liaison symbolique que l'un et l'autre essaient d'opérer entre le réel et l'imaginaire, liaison symbolique entre le sujet et l'autre.

  • Ils sont, en ce sens, des actualisations d'un fantasme qui voudrait que soit gommĂ©e la distance fondamentale qui sĂ©pare le rĂ©el de sa reprĂ©sentation.

Dans les cas pathologiques, le conflit entre le réel et sa représentation se traduit par une exclusion d'un des termes. Le rituel traite alors des objets externes comme s'ils étaient internes ou l'inverse et il en ressort qu'il n'y a plus de distance symbolique entre l'intérieur et l'extérieur, entre le sujet et l'autre. Dans des cas non-pathologiques, l'actualisation rituelle est une authentique prime de plaisir puisqu'à la perte succèdent les retrouvailles sous une forme ou une autre.

Il en ressort que le rituel est une interface ou un point de transformation de l'actualisation en représentation. Le rituel permet au sujet d'acquérir des perceptions et représentations en les articulant symboliquement avec ses traces mnésiques. Le rituel, comme le rêve, permet le retournement de l'appareil psychique sur lui-même, il permet, à travers cette régrédience momentanée, l'émergence des formes du psychisme individuel ou groupal.

Des cas pathologiques, le passage à la psychothérapie par la ritualité pourrait se faire à travers la transition et la continuité aux moments de rupture où le terme "moment" désigne à la fois un instant et un rapport de force.

Ritualité en psychothérapie

1 - Les rituels en psychothérapie, transition et continuité.


Onno van der Hart a publié en néerlandais en 1978, dans le cadre de la Thérapies systémiques familiales, Rituals in Psychotherapy: Transition and Continuity[1] d'une large portée. Ce livre de 207 pages est composé de neuf chapitres et découpé en quatre parties: “Rites et comportement humain, “Rites de passage”, “Rites de continuité” et “Rites de transformation dans les psychothérapies”.

Si l'Homme est un animal cérémonieux, il faudrait différencier le rituel du cérémoniel et alors tomber dans les problèmes de définition qui ouvrent le premier chapitre de la première partie. Il suffit alors de relever les caractéristiques de rigidité du déroulement, de prescription, de répétition, de symbolique et de catégoriser en rites de transition ou de passage et en rites de continuité déployés en rites d'intensification et rites télectiques de la mise à neuf de l'ancien.

  • C'est la coloration magico-religieuse qui diffĂ©rencie le rituel du sacre d'un roi avec le cĂ©rĂ©moniel d'intronisation d'un PrĂ©sident de la RĂ©publique.

Si la ritualité est un langage avec ses codes de règles, alors il faudrait la situer dans un contexte social qui lui confère signification et valeur et révèle différentes formes de regroupement familial, tribal et sociétal. La deuxième partie comprend les chapitres (3, 4, 5 , 6) et se rapporte aux rites de passage à partir de l'étude systématique de Arnold van Gennep, mettant l'accent sur la transition, aux niveaux biologique, social et psychologique, et les conflits qui en résultent dans l'interaction symétrique, amplificatrice des rivalités, fondée sur l'égalité comme la surenchère des vantardises et l'escalade de la course aux armements où à un bouclier plus épais répond une flèche plus puissante.

À cette interaction symétrique amplificatrice des rivalités, les rites de passage introduit l'interaction complémentaire pacificatrice en creux et reliefs basée sur la différence des composantes d'une Gestalt. Les rites traditionnels de passage et de guérison conduisent aux rites thérapeutiques où le passage est transition composée d'agrégation et de séparation et où la structure du rite est tripartite:

  • La manifestation (ce qui est montrĂ© Ă  voir);
  • Le geste (ce qui est fait);
  • La prescription (ce qui est dit).

Ces rites traditionnels de transition ou de guérison ont comme unité éco-systémique la famille plus le groupe social (Gregory Bateson, Paul Watzlawick, Anthony Wilden).

  • La troisième partie est composĂ©e des chapitres 7, 8 et se rapporte Ă  la continuitĂ© dans la famille et la thĂ©rapie Ă  travers la discontinuitĂ© de la transition. Les rites de continuitĂ© se dĂ©ploient en rites d'intensification et rites tĂ©lectiques de la remise Ă  neuf de l'ancien, comme un rappel. La principale fonction des rites de continuitĂ© est d'assurer la stabilitĂ© du groupe et de rassurer les individus sur le statu quo ante malgrĂ© les remous de la transition. Les rites d'intensification renforcent la structure d'interactions Ă©branlĂ©e par la transition et les rites tĂ©lectiques rĂ©affirment et confirment cette structure.
  • La dernière et quatrième partie se rapporte aux transformations et se compose du dernier chapitre 9 qui traite des fonctions des rites thĂ©rapeutiques qui influencent les relations sociales et les expĂ©riences subjectives. C'est un changement de cadre ou recadrage qui modifie les perceptions et les comportements. Ce "recadrage" est l'outil privilĂ©giĂ© dans l'arsenal des ThĂ©rapies systĂ©miques familiales qui forment la pratique de Evan Imbert-Black et Janine Roberts.

2 - Des rites pour notre temps de Evan Imber-Black, Janine Roberts

Le sous-titre de ce livre de 330 pages précise le champ dans la célébration, la guérison et le changement de vie et de relation. Les auteurs sont praticiens dans des thérapies systémiques familiales et le ton de leur exposé est assez guilleret, sans l'alibi scientifique des lourdeurs souvent rencontrées. Les chapitres sont articulés en 3 parties: des "rites et des relations", "rendre les rites signifiants et significatifs" et les "rites à travers nos vies"[2].

  • Les rites et les relations se rapportent au symbolique du cĂ©rĂ©moniel de la cĂ©lĂ©bration théâtrale afin de confĂ©rer, souligner et marquer une valeur et une signification exceptionnelles Ă  la relation, pour transformer un passage banal en Ă©vĂ©nement et le marquer. Cette sorte de rite est souvent festive pour exprimer des Ă©motions qui ne se montreraient pas sans l'aide d'un certain decorum de la mise en scène. Alors, le rite est un langage d'un "montrer Ă  voir ou "Naven" dans la famille ou avec des amis. Ces relations se rapportent aussi aux gĂ©nĂ©rations passĂ©es comme Ă  celles Ă  venir. Les rites familiaux rĂ©vèlent, affirment et confirment les sources, l'appartenance de la famille et des membres et l'articulation des structures de la parentĂ© rĂ©elle ou imaginaire de collègues, de ceux qui partagent la mĂŞme loi (lex, legis) et le mĂŞme hĂ©ritage (legs). Qu'ils soient amicaux, familiaux ou nationaux, profanes ou liturgiques, les rites renouvellent l'alliance.
  • La deuxième partie concerne le sens que les rites donnent aux ruptures Ă  travers la continuitĂ© ainsi qu'Ă  la permanence Ă  travers les changements. Comme les silences rythment les sons de la musique, les rites scandent le dĂ©roulement de la vie, font et marquent les transitions dans la succession des Ă©tapes: le mariage, les naissances, le premier jour Ă  la crèche ou garderie, Ă  l'Ă©cole primaire, Ă  l'Ă©cole secondaire, Ă  l'universitĂ©, le nid vide et la maison devenue trop grande. Ă€ la simplicitĂ© de ce dĂ©veloppement linĂ©al peut se greffer la complexitĂ© des dĂ©ploiements ramifiĂ©s des divorces, remariages, familles reconstituĂ©es d'enfants de diffĂ©rents horizons, des changements de carrière, de pays et de nationalitĂ©. Le rite est un dispositif Ă  fabriquer du sens Ă  partir du non-sens, de l'ordre Ă  partir du dĂ©sordre et de la nĂ©cessitĂ© Ă  partir du hasard.
  • La troisième partie dĂ©gage les rites du courant de notre vie dont la forme la plus diluĂ©e est dans les cĂ©lĂ©brations saisonnières et les Ă©vĂ©nements les plus courants de la vie familiale et professionnelle. Le danger est la dissolution du sens, comme les règles de politesse qui n'expriment plus que le conformisme social et non la civilitĂ© et la dĂ©licatesse obligatoires d'une cohabitation harmonieuse. Si tout est rite, il n'y aurait plus rien de rituel.

Voir aussi

Références

  1. (en) Onno Van der Hart (trad. du néerlandais par Angie Pleit-Kuiper), Rituals in Psychotherapy : Transition and Continuity, New York, Irvington Publishers, Inc.; Name Inked On Fep edition, , 231 p. (ISBN 0-8290-0537-4, lire en ligne).
  2. (en) Evan Imber-Black et Janine Roberts, Rituals for Our Times : Celebrating, Healing, and Changing Our Lives and Our Relationships, New York, Jason Aronson, Inc., , 330 p. (ISBN 0-7657-0156-1, lire en ligne).
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