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Remorqueur spatial

Un remorqueur spatial est un type de véhicule spatial conçu pour déplacer un autre engin spatial d'une orbite à une autre. De nombreux usages ont été envisagés : déplacement de satellites en panne sur une orbite intermédiaire, prolongement de la vie d'un satellite à forte valeur ajoutée mais ayant épuisé ses ergols, déplacement de déchets spatiaux,... Pour des raisons à la fois économiques et technologiques l'activité des remorqueurs spatiaux développés s'est principalement limitée au maintien de l'orbite des stations spatiales. Il faut attendre 2020 pour que le MEV-1 de Northrop Grumman Innovation Systems ne devienne le premier remorqueur spatial dédié à un satellite commercial, à savoir le satellite de télécommunications Intelsat 901, en venant s'y amarrer avec succès et prolongeant ainsi théoriquement sa mission d'une durée de 5 ans.

Usages

Un remorqueur spatial peut être utilisé pour[1] :

  • dĂ©panner un satellite Ă  destination d'un orbite gĂ©ostationnaire restĂ© sur une orbite intermĂ©diaire Ă  la suite d'une panne de son lanceur ou de sa propre propulsion
  • dĂ©placer vers une autre orbite un satellite ayant Ă©puisĂ© ses ergols ou ne disposant pas de système de propulsion pour rĂ©pondre Ă  des besoins opĂ©rationnels (modification de la longitude d'un satellite de tĂ©lĂ©communications, mise en rĂ©serve de ce satellite) ou dans le cadre d'une gestion de constellation de satellites
  • refaire le plein d'ergols d'un autre engin spatial afin d'allonger sa durer de vie ou jouer le rĂ´le d'Ă©tage supĂ©rieur pour rĂ©duire la masse Ă  lancer
  • rehausser l'orbite d'une station spatiale dĂ©gradĂ©e par le frottement atmosphĂ©rique
  • rĂ©parer un satellite en panne ou remplacer un de ses composants dĂ©faillants
  • modifier l'orbite de dĂ©bris spatiaux ou de satellites en fin de vie n'ayant plus de capacitĂ© Ă  se propulser soit pour accĂ©lĂ©rer leur destruction par rentrĂ©e atmosphĂ©rique soit pour les placer sur une orbite cimetière
  • TransfĂ©rer un vaisseau de l'orbite basse terrestre Ă  une orbite basse lunaire

Caractéristiques

Pour remplir sa mission, un remorqueur spatial doit disposer :

  • D'une propulsion et de suffisamment d'ergols pour lui permettre de produire des modifications importantes de vitesse (delta-V) en Ă©tant amarrĂ© Ă  des charges externes. Le système de propulsion est capable de multiples mises Ă  feu et le taux d'Ă©vaporation des ergols doit ĂŞtre rĂ©duit.
  • D'un système de rendez-vous automatique associĂ© Ă  un système de reconnaissance optique
  • D'un système d'amarrage permettant de s'accoupler aux engins spatiaux Ă  dĂ©placer
  • D'une longĂ©vitĂ© importante.

Le développement d'un remorqueur spatial a jusqu'à présent été étroitement lié à celui des stations spatiales. Celles-ci dépendent d'engins spatiaux spécialisés pour leur ravitaillement et le maintien de leur orbite. L'extension du recours aux remorqueurs spatiaux pour d'autres usages dépend de considérations à la fois économiques et technologiques :

  • Mise au point de système de rendez-vous automatique et d'amarrage adaptĂ© Ă  la diversitĂ© des vĂ©hicules rencontrĂ©s
  • Nombre de missions potentielles commercialement viables
  • DisponibilitĂ© de systèmes propulsifs disposant d'un rendement suffisant pour rentabiliser le recours Ă  un engin spĂ©cialisĂ©.

Historique

Le remorqueur spatial est imaginé avant même le début de l'ère spatiale et est l'objet d'un roman de science-fiction intitulé "Space Tug" de l'écrivain américain Murray Leinster publié en 1953. Dès 1958 les industriels américains proposent de développer un remorqueur spatial pour répondre aux contraintes logistiques de la station spatiale dont le gouvernement américain a lancé l'étude. Le premier véritable remorqueur spatial est le vaisseau soviétique Progress dont le premier vol remonte à 1978. Celui dispose d'un système d'amarrage automatique et peut grâce à sa propulsion et à une importante réserve d'ergols remonter l'orbite de Saliout 6[2].

Remorqueurs spatiaux

  • Progress est un vaisseau cargo spatial dĂ©veloppĂ© dans le cadre du programme spatial soviĂ©tique pour ravitailler la station spatiale Saliout 6 qui a par la suite Ă©tĂ© utilisĂ© pour le ravitaillement de la station russe Mir et la Station spatiale internationale. Il utilise une partie du carburant pour rehausser l'orbite de la station spatiale.
  • L'ATV (2008-2014) est un cargo spatial de l'Agence spatiale europĂ©enne dĂ©veloppĂ© pour ravitailler la station spatiale internationale qui a Ă©tĂ© construit Ă  5 exemplaires. Il joue Ă©galement vis-Ă -vis de celle-ci le rĂ´le de remorqueur spatial car il emporte une grande quantitĂ© de carburant qu'il utilise en partie pour rehausser l'orbite de la station spatiale.
  • MEV est le premier vrai remorqueur spatial. DĂ©veloppĂ© par le constructeur aĂ©rospatial amĂ©ricain Northrop Grumman Innovation Systems, anciennement Orbital ATK, il est destinĂ© Ă  prolonger la vie des satellites de tĂ©lĂ©communications en orbite gĂ©ostationnaire[3]. Le premier exemplaire (MEV-1) a dĂ©collĂ© le pour venir s'amarrer avec succès Ă  Intelsat 901 le [4]. Ce dernier ne possĂ©dait plus de rĂ©serves suffisantes d'ergols pour rĂ©pondre Ă  ses besoins opĂ©rationnels. Le , Intelsat 901 est remis en fonction. MEV-1 doit rester amarrer durant 5 ans Ă  ce satellite, avant de le placer dĂ©finitivement sur une orbite de rebut et de s'amarrer Ă  un autre satellite de la flotte Intelsat. La durĂ©e de vie du MEV-1 est estimĂ©e Ă  plus de 15 ans, soit typiquement trois amarrage[5]. Le deuxième exemplaire MEV-2 est lancĂ© le et s'arrime Ă  Intelsat 10-02 en [6] - [7] - [8].

Projets de remorqueurs spatiaux

Vue d'artiste du Space Tug de 1969
  • SEP Tug Ă©tait un projet de remorqueur spatial Ă©tudiĂ© en 1986 par un ingĂ©nieur de la NASA destinĂ© Ă  convoyer les modules d'une base lunaire depuis l'orbite basse terrestre (300 km) jusqu'Ă  l'orbite basse lunaire (100 km). Le SEP tug d'une masse de 15 tonnes (dont 7,3 tonnes de xĂ©non) devait utiliser ses moteurs ioniques (10 moteurs de 1 newton de poussĂ©e) pour dĂ©placer le module lunaire d'une masse de 20 tonnes y compris le module de l'amener sur le sol lunaire[9].
  • Orbital Transfer Vehicle Ă©tait un remorqueur spatial rĂ©utilisable Ă©tudiĂ© entre 1985 et 1989 par la NASA et plusieurs industriels[10].
  • Space Tug Ă©tait un remorqueur spatial Ă©tudiĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1970 par le constructeur spatial Boeing pour remplir de nombreux types de missions y compris comme atterrisseur lunaire dans le cadre d'une mission habitĂ©e. Le vaisseau d'une masse totale de 20,6 tonnes devait ĂŞtre propulsĂ© par un moteur-fusĂ©e Ă  ergols liquides RL-10 brulant un mĂ©lange hydrogène/oxygène et capable de fournir une poussĂ©e de 10,6 tonnes[11].
  • Orbital Maneuvering Vehicle (OMV), Ă©tudiĂ© pour le compte de la NASA par TRW, Ă©tait un composant important de la station spatiale en cours de conception Ă  l'Ă©poque[12].
  • Parom (ferry en russe) est un remorqueur spatial Ă©tudiĂ© par l'industriel russe RKK Energia en 2005 conjointement avec le vaisseau Kliper chargĂ© d'assurer la relève des Ă©quipages de la Station spatiale internationale. Cet engin spatial d'une masse de moins de 7 tonnes devait ĂŞtre propulsĂ© par des moteurs ioniques Ă  faible poussĂ©e mais impulsion spĂ©cifique Ă©levĂ©e et disposer d'un espace habitable venant complĂ©ter celui du vaisseau principal. Sa mission aurait Ă©tĂ© de hisser le vaisseau Kliper depuis l'orbite basse (environ 200 km) jusqu'Ă  l'orbite de la Station spatiale internationale et de reprendre le rĂ´le dĂ©volu jusque-lĂ  au cargo Progress : ravitaillement de la station spatiale en carburants et fret pressurisĂ©, correction de l'orbite de la station spatiale. Sa durĂ©e de vie en orbite devait ĂŞtre de 15 ans[13].
  • Soyouz B
  • MoTV
  • Kistler OV
  • ERTA
  • GE Lunar NEP Tug
  • Nerva 2/NTR
  • ICAN

Références

  1. (en) Barry Miller, « On-Orbit Satellite Servicing –Is There A Business Case That Makes Sense », Lckheed Martin,
  2. Pascal Bultel, « Histoire du remorqueur spatial », sur 2AF,
  3. (en) « Satellite Mission Extension Services », Orbital ATK (consulté le )
  4. (en) « Northrop Grumman Successfully Completes Historic First Docking of Mission Extension Vehicle with Intelsat 901 Satellite », sur Northrop Grumman Newsroom (consulté le )
  5. (en) « Intelsat 901 Satellite Returns to Service Using Northrop Grumman’s Mission Extension Vehicle », sur Northrop Grumman Newsroom (consulté le )
  6. (en-US) Matt Wilson, « SATELLITE 2020: Northrop Grumman says MEV-2 mission will dock with Intelsat 10-02 but this time in GEO », sur Seradata, (consulté le )
  7. (en-GB) Andrew Parsonson, « Second Northrop Grumman Mission Extension Vehicle Launched », sur Rocket Rundown, (consulté le )
  8. (en) Michael Sheetz, « Northrop Grumman robotic MEV-2 spacecraft, in a first, catches active Intelsat satellite », sur CNBC, (consulté le )
  9. (en) Mark Wade, « SEP tug », sur Encyclopedia Astronautica (consulté le )
  10. (en) Mark Wade, « OTV », sur Encyclopedia Astronautica (consulté le )
  11. (en) Mark Wade, « Space Tug », sur Encyclopedia Astronautica (consulté le )
  12. (en) Mark Wade, « OMV », sur Encyclopedia Astronautica (consulté le )
  13. (en) Antony Zak, « Russia re-thinks Kliper... again », sur russianspaceweb.com (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Kalina Galabova, Gergana Galabova, Olivier de Weck et Daniel Hastings, « ARCHITECTING A FAMILY OF SPACE TUGS BASED ON ORBITAL TRANSFER MISSION SCENARIOS », American Institute of Aeronautics and Astronautics,‎ , p. 1-13 (lire en ligne) — Étude du Massachusetts Institute of Technology rĂ©alisĂ©e en 2002
  • (en) Hugh L. McManus et Todd E. Schuman, « UNDERSTANDING THE ORBITAL TRANSFER VEHICLE TRADE SPACE », American Institute of Aeronautics and Astronautics,‎ , p. 1-11 (lire en ligne) — Comparaison des performances de diffĂ©rentes architectures de vĂ©hicules assurant des changements d'orbite

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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