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Relations entre l'Afrique du Sud et Cuba

Les relations entre l'Afrique du Sud et Cuba, marquées par le soutien historique du gouvernement de Cuba au Congrès national africain de Nelson Mandela, se sont construites dans les années 1960 et 70 au titre de la lutte contre l'apartheid[1].

Historique

En 1975, Cuba, qui conseillait depuis dix ans le Mouvement populaire de libĂ©ration de l'Angola (MPLA), envoie des conseillers militaires auprès du MPLA qui vient de prendre le pouvoir en Angola mais qui se retrouve confrontĂ© Ă  une guerre civile[2], face Ă  l’Union nationale pour l'indĂ©pendance totale de l'Angola (UNITA) de Jonas Savimbi, soutenue par l’armĂ©e sud-africaine. Jusqu’à 300 000 soldat cubains[3] seront dĂ©ployĂ©s en Angola, permettant, avec le soutien de l'URSS, le maintien du MPLA au pouvoir mais Ă©galement de repousser les troupes de l'UNITA et des forces sud-africaines, qui occupent le sud de l’Angola.

La bataille de Cuito Cuanavale, en , est le point culminant de treize annĂ©es de guerre, de confrontations et d'intrusions cubaines et sud-africaines au sein de l'ancienne colonie portugaise. Par son importance, sa durĂ©e, le nombre de soldats et d’armement impliquĂ©s (notamment 5 000 soldats d’élites cubains et des avions de chasse soviĂ©tiques MIG-23), la bataille de Cuito Cuanavale est alors la plus grande opĂ©ration militaire sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale[3]. Au prix de plus de 4 000 morts, les Cubains et les Angolais mettent un coup d'arrĂŞt Ă  l’offensive de l’Unita et de l'armĂ©e sud-africaine vers Luanda[3].

Le , considĂ©rant les contacts diplomatiques dĂ©jĂ  Ă©tablies avec le gouvernement du MPLA, le soutien des États-Unis Ă  la solution dite du « linkage » (indĂ©pendance de la Namibie contre retrait cubain d'Angola), l'Afrique du Sud accepte un accord en 14 points, nĂ©gociĂ© sous l'Ă©gide des Nations unies, avec l'Angola et Cuba. Parmi ceux-ci figure la mise en Ĺ“uvre de la rĂ©solution 435 prĂ©voyant des Ă©lections en Namibie sous le contrĂ´le des Nations unies en contrepartie du repli du contingent cubain d'Angola, l'Afrique du Sud gagnant ainsi un règlement commun des deux conflits[4]. L'arrangement adoptĂ© Ă  Genève le et signĂ© aux Nations unies, Ă  New York, le 22 dĂ©cembre consacre le lien entre le retrait simultanĂ© et progressif des 55 000 soldats cubains de l'Angola et l'application de la rĂ©solution 435 des Nations unies sur l'indĂ©pendance de la Namibie[5]. L'armĂ©e sud-africaine Ă©vacue alors rapidement le sud-Angola et commence son retrait de la Namibie. Le retrait cubain de l'Angola s'organise sur 27 mois selon le calendrier approuvĂ© par le Conseil de SĂ©curitĂ©[4]. Contraint par les Ă©vĂ©nements, le congrès national africain qui s'Ă©tait repliĂ© sur l'Angola après la signature des accords de Nkomati entre l'Afrique du Sud et le Mozambique (1984), est obligĂ© d'annoncer le , le retrait de ses bases militaires d'Angola[4].

Nelson Mandela considère que le gouvernement sud-africain a connu un échec à Cuito Canavale et que c'était « le tournant dans la libération du continent du fléau de l’apartheid ». Les noms des soldats cubains morts en Angola seront inscrits plus tard, avec ceux des Sud-africains ayant combattu la domination coloniale puis ceux ayant combattu contre l'apartheid, sur le mur de Sikhumbhutodu au Freedom Park, à Pretoria[6].

En 1991, Cuba est l'un des premiers pays où se rend Nelson Mandela, après sa libération de prison, afin de remercier Fidel Castro pour son soutien militaire[7]. Il y déclare notamment que « L'intervention de Cuba en Angola et la défaite de l'armée sud-africaine ont contribué à détruire le mythe de l'invincibilité de l'oppresseur blanc et inspiré les masses dans la lutte pour la liberté.»[2] .

Lors de la prestation de serment de Nelson Mandela à la présidence sud-africaine en , Fidel Castro figure parmi les invités au premier rang[2].

Après la fin de l'apartheid, les deux gouvernements se rapprochent autour d'un programme de coopĂ©ration mĂ©dicale qui vise Ă  former des Ă©tudiants sud-africains en mĂ©decine Ă  Cuba. En outre, des Ă©quipes mĂ©dicales cubaines (composĂ©es en 2020 de 200 mĂ©decins) se trouvent en permanence en Afrique du Sud. Celles-ci sont renforcĂ©es en par l'arrivĂ©e de 200 mĂ©decins supplĂ©mentaires pour faire face Ă  la crise sanitaire causĂ©e par la pandĂ©mie de Covid-19[1].

Notes et références

  1. « Coronavirus : arrivée de médecins cubains en Afrique du Sud », sur RFI,
  2. Cuba : Fidel Castro, des liens Ă©troits avec l'Afrique, RFI,
  3. Ce jour-là : le 12 janvier 1988, début de la bataille de Cuito Cuanavale, apogée de la présence cubaine en Afrique, Jeune Afrique, 12 janvier 2017
  4. Charles Cadoux, « Vers la création prochaine d'un État de Namibie ? (analyse des accords de 1988) », Annuaire Français de Droit International, vol. 34, no 1,‎ , p. 13–36 (DOI 10.3406/afdi.1988.2826, lire en ligne, consulté le )
  5. Pierre Mayer, « Fin de partie en Afrique australe », Politique étrangère, vol. 54, no 1,‎ , p. 79–92 (DOI 10.3406/polit.1989.3839, lire en ligne, consulté le )
  6. Augusta Conchiglia, « Quand Cuba se battait pour l’Angola », sur Le Monde diplomatique,
  7. Nelson Mandela et Cuba: une amitié basée sur la lutte anti-apartheid, AFP, 7 décembre 2013
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