Reiyukai
Reiyukai (éćäŒ en Japonais) signifie association de l'amitiĂ© spirituelle. Il fait partie des ShinshĆ«kyĆ, nouveaux mouvements religieux au Japon.
CrĂ©Ă© en 1920 au Japon, implantĂ© en France en 1979, le bouddhisme Reiyukai appartient Ă l'Ă©cole du Mahayana qui affirme que l'Ăveil est accessible Ă tous les ĂȘtres. Pragmatique, il se dĂ©finit comme enseignement bouddhiste destinĂ© aux laĂŻcs[1].
En France, il est citĂ© comme secte par la commission Brard de 1995[2] bien que toutefois non rĂ©pertoriĂ© parmi les « Groupes et mouvances » listĂ©s par l'Union Nationale des Associations de DĂ©fense des Familles et de l'Individu (Unadfi), de plus, câest une association loi de 1901 reconnue par lâĂtat français[3].
En 2010 et 2013, le journal Charente Libre consacre deux articles au Reiyukai français le qualifiant de mouvement sectaire notamment à partir des témoignages de personnes ayant participé à ce mouvement[4] - [5].
Ce mouvement sâappuie essentiellement sur le Soutra du Lotus, considĂ©rĂ© dans le bouddhisme Mahayana comme l'enseignement ultime du Bouddha Shakyamuni, et notamment sur deux concepts essentiels : lâaffirmation, dâune part, que tous les ĂȘtres sans distinction, peuvent suivre le chemin de lâĂveil, et lâassertion, dâautre part, que le dĂ©veloppement du potentiel humain et spirituel de chacun repose sur des pratiques accomplies au sein de la vie quotidienne. Il invite Ă suivre lâexemple des bodhisattvas du Soutra du Lotus qui Ćuvrent pour le bonheur des ĂȘtres[6].
Histoire
Au Japon
Kakutaro KUBO (1892-1944)
Kakutaro Kubo fonde le bouddhisme Reiyukai au Japon en 1920. Convaincu que la prospĂ©ritĂ© de toute sociĂ©tĂ© est liĂ©e au niveau de conscience et dâhumanitĂ© des individus qui la composent, il nâa de cesse de trouver comment aider les ĂȘtres humains Ă Ă©difier un monde en paix et Ă rĂ©pondre aux problĂšmes causĂ©s par une sociĂ©tĂ© en expansion industrielle vertigineuse. Il sâintĂ©resse alors tout particuliĂšrement Ă la Trilogie du Soutra du Lotus, Ă lâautomne 1919, commence Ă lâĂ©tudier et Ă en pratiquer quotidiennement la rĂ©citation. Il saisit une idĂ©e maĂźtresse de cet enseignement : les ĂȘtres humains doivent donner une dimension essentielle Ă leur vie par leurs propres efforts. GrĂące au progrĂšs du systĂšme Ă©ducatif, presque tous ses compatriotes savent lire et Ă©crire. Il rĂ©alise que, pour la premiĂšre fois dans lâhistoire, les conditions sont rĂ©unies pour que tous les citoyens aient directement accĂšs Ă lâenseignement du Bouddha et sâengagent pleinement dans la pratique de cet enseignement. Il fonde alors le bouddhisme laĂŻque Reiyukai[1].
Kimi KOTANI (1901-1971)
Ă la mort du fondateur en 1944, sa belle-sĆur Kimi Kotani devient la premiĂšre prĂ©sidente et assume l'ensemble des fonctions de direction. Sous son influence, le mouvement accroĂźt son dĂ©veloppement. Selon elle, il est essentiel, dans cette pĂ©riode dâaprĂšs-guerre, d'Ćuvrer Ă la construction de l'ĂȘtre humain : elle invite les pratiquants Ă redoubler d'efforts, en vue de leur Ă©volution et de l'Ă©panouissement de tous. Ă partir de 1950, le Reiyukai accorde aussi une attention plus particuliĂšre Ă la jeunesse et crĂ©e, pour eux, des lieux de rencontres et de pratique, Ă©difie un collĂšge et un lycĂ©e dont l'objectif essentiel est le dĂ©veloppement harmonieux de la personne, en dehors de tout esprit de compĂ©tition.
Kimi Kotani engagera le Reiyukai dans de nombreuses actions humanitaires et sociales, parfois en collaboration avec des associations internationales comme la Croix-Rouge[7].
Tsugunari KUBO
Ă la mort de Kimi Kotani en 1971, Tsugunari Kubo, son neveu, lui succĂšde. Docteur en philosophie indienne, auteur de nombreux ouvrages consacrĂ©s Ă lâanalyse de la philosophie bouddhiste et Ă lâĂ©tude de textes bouddhiques[8] - [9], en particulier du Soutra du Lotus, il offre une analyse intellectuelle des fondements philosophiques de la pratique du Reiyukai. Ă son initiative, le Reiyukai se dote dâune bibliothĂšque dâĆuvres bouddhiques rares que consultent les spĂ©cialistes du monde entier[10] - [11] - [12] et fonde Ă Tokyo lâUniversitĂ© Internationale dâĂtudes Bouddhiques[13]. Il quitte la prĂ©sidence du Reiyukai en 1996.
Masaharu SUEYOSHI[14] a été élu 5e président aprÚs le décÚs d'Ichitaro Ogata survenu le .
Au Japon, le Reiyukai est enregistrĂ© au MinistĂšre de l'Ăducation comme congrĂ©gation religieuse, dĂ©clarĂ©e d'utilitĂ© publique.
Dans son article consacré au principe de séparation de l'Etat et de la religion au Japon, Eric Seizelet décrit le Reiyukan comme un des nombreux groupe religieux possédant des liens avec le parti libéral-démocrate conservateur et possÚde "une orientation conservatrice marquée, anti communiste,voire, pour certains comme [...] le Reiyukan franchement nationaliste"[15].
Du Japon Ă la France
En 1975, une jeune diplĂŽmĂ©e de lettres classiques part au Japon oĂč elle enseigne pendant cinq ans la littĂ©rature française Ă lâUniversitĂ© de Nagoya. Elle y rencontre son mari et par son intermĂ©diaire, le Reiyukai. Mus tous deux par leur souhait de rendre accessible aux Français la pratique du Soutra du Lotus, ils s'installent en France en 1979 et fondent l'association Reiyukai, rĂ©gie par la loi du , enregistrĂ©e Ă la prĂ©fecture de Loire-Atlantique.
Le souhait du Reiyukai de coopĂ©rer, en harmonie avec les autres traditions bouddhistes implantĂ©es en France, au bon dĂ©veloppement et Ă une meilleure connaissance de lâenseignement du Bouddha, se concrĂ©tise, dĂšs 1995, par une implication dans divers projets collectifs comme lâUniversitĂ© Bouddhique EuropĂ©enne[16].
L'association Reiyukai devient membre de lâUnion bouddhiste europĂ©enne[17] (European Buddhist Union) en 1997, ses objectifs Ă©tant de favoriser le dĂ©veloppement de relations amicales entre les organisations bouddhistes dâEurope et leur coopĂ©ration sur des sujets dâintĂ©rĂȘt commun, leur permettre de travailler en synergie et de favoriser ainsi la connaissance de cet enseignement. Claudine Shinoda, directrice spirituelle au sein du Reiyukai, est Ă©lue vice-prĂ©sidente de lâUnion Bouddhiste EuropĂ©enne en 2002, et prĂ©sidente en 2005.
Doctrine
Il s'inspire du bouddhisme Nichiren et sâappuie sur 3 soutras : le Soutra du Lotus, le Soutra de la Pleine Conscience selon la mĂ©thode du bodhisattva Vertu Universelle et le Soutra aux Sens Innombrables. Les fondateurs du Reiyukai ont sĂ©lectionnĂ© des extraits essentiels de ces 3 soutras pour constituer le soutra bleu et permettre aux membres une rĂ©citation quotidienne compatible avec la vie des laĂŻcs. Le Soutra bleu sâouvre sur lâĂ©vocation de tous les bodhisattvas qui ont contribuĂ© Ă prĂ©server et faire connaĂźtre ces soutras. Lâensemble du soutra bleu est un encouragement Ă suivre le chemin des bodhisattvas qui souhaitent leur propre Ă©veil et celui de tous les ĂȘtres.
Schisme
En 1938 un nouveau groupe se sĂ©pare de la branche principale et aboutit Ă la crĂ©ation du RisshĆ KĆsei Kai.
DĂ©veloppement
Il compte plus de 3 millions de membres dans le monde[18], et il existe des centres Reiyukai dans de nombreux pays : Japon, Inde, Sri Lanka, CorĂ©e, ThaĂŻlande, Philippines, NĂ©pal, TaĂŻwan, Ătats-Unis, Canada, PĂ©rou, Bolivie, BrĂ©sil, Mexique, Paraguay, France[19], Italie, Espagne.
En France le Reiyukai avait été inscrit dans la liste du rapport commission parlementaire sur les sectes en 1995 (Mouvements sectaires de 50 à 500 adeptes)[2]. Mais non répertorié parmi les "groupes et mouvances sectaires" comme le précisent les Associations de Défense des familles et de l'Individu.
Références
- http://www.blog.reiyukai.fr Site officiel de la section française
- Alain Gest, Jacques Guyard, « RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION D'ENQUĂTE (1) SUR LES SECTES », sur www.assemblee-nationale.fr, (consultĂ© le )
- http://www.unadfi.org/-Groupes-et-mouvances- (consulté le 8 avril 2014)
- « Le reiyukai, la petite secte qui monte en Charente », sur CharenteLibre.fr (consulté le )
- « La face cachée du reiyukai charentais, un mouvement sectaire ? », sur CharenteLibre.fr (consulté le )
- https://archive.org/stream/MN40239ucmf_2#page/n5/mode/2up Le Lotus de la Bonne Loi, traduit en français par M. EugÚne Burnouf 1852/1925
- (en) « Dialogueireland.org », sur dialogueireland.org (consulté le ).
- http://journals.ub.uni-heidelberg.de/index.php/jiabs/search/authors/view?firstName=Tsugunari&middleName=&lastName=Kubo&affiliation=&country
- http://www.pitaka.ch/unil/japheian.pdf
- (en) Fernando Tola et Carmen Dragonetti, Being as Consciousness : YogÄcÄra Philosophy of Buddhism, , 270 p. (ISBN 978-81-208-1967-2, lire en ligne), v.
- Nalini Balbir, Genres littéraires en Inde, , 426 p. (ISBN 978-2-87854-066-6, lire en ligne), p. 121.
- (en) Hajime Nakamura, Indian Buddhism : A Survey with Bibliographical Notes, , 423 p. (ISBN 978-81-208-0272-8, lire en ligne), p. 362.
- http://www.icabs.ac.jp/english/library_e/library_e.htm
- http://reiyukaiglobal.org/message.php
- Ăric Seizelet, « Le principe de sĂ©paration de l'Ătat et de la religion : aperçus sur le rĂŽle du fait religieux dans les institutions et la vie politique japonaises », Revue d'Ă©tudes comparatives Est-Ouest, vol. 32, no 1,â , p. 111â139 (DOI 10.3406/receo.2001.3074, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Bouddhisme Université - Réveille le Buddha qui sommeille en toi ! », sur Bouddhisme Université (consulté le ).
- http://www.e-b-u.org/fr/about-ebu/history-and-scope/
- (en) George D. Chryssides, Historical Dictionary of New Religious Movements, Lanham, Md, Scarecrow Press, (ISBN 978-0-8108-6194-7), p. 293.
- « http://www.reiyukai.fr/carteFrance.html »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
Bibliographie
- Buswell, Robert E., Lopez, Donald S. Jr. (2014). The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton: Princeton University Press, p. 709
- Helen Hardacre: Lay Buddhism in Contemporary Japan: Reiyukai Kyodan, Princeton Univ Press 1984. (ISBN 0691072841)
- Hardacre, Helen (1979). Sex-role norms and values in Reiyƫkai, Japanese Journal of Religious Studies 6 (3), 445-460
- Komoto Mitsugi: The Place of Ancestors in the New Religions: The Case of Reiyûkai-Derived Groups. In: Inoue Nobutaka, New Religions, Contemporary Papers on Japanese Religion 2, Institute for Japanese Culture and Classics, Kokugakuin University 1991. (ISBN 4-905853-00-1)