Regenbald
Regenbald ou Reinbald est un prêtre et fonctionnaire royal actif en Angleterre entre 1050 et 1066, sous le règne d'Édouard le Confesseur.
Regenbald | |
Biographie | |
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Naissance | avant 1050 Germanie ? Normandie ? |
Décès | après 1086 Angleterre ? |
Autres fonctions | |
Fonction religieuse | |
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Fonction laïque | |
Son nom suggère qu'il n'est pas natif d'Angleterre. Chapelain du roi Édouard, son nom apparaît sur plusieurs chartes avec le titre de « chancelier », sans qu'il soit possible de déterminer dans quelle mesure ses fonctions correspondent à celles des lords chanceliers postérieurs à la conquête normande de l'Angleterre. Le roi le récompense de ses services en lui offrant plusieurs domaines et églises.
Après la conquête normande, le nouveau roi Guillaume le Conquérant confirme Regenbald dans ses possessions et lui en offre de nouvelles, notamment dans la région de Cirencester. Il meurt à une date inconnue après 1086. Une partie de ses terres sert à la fondation de l'abbaye de Cirencester (en) en 1117.
Biographie
Les origines de Regenbald sont inconnues. Son nom laisse à penser qu'il pourrait être natif de Germanie ou de Normandie, ce qui ferait de lui l'un des étrangers bénéficiant de la faveur du roi Édouard le Confesseur[1]. L'historienne Katharine Keats-Rohan avance l'hypothèse qu'il soit le neveu du prêtre normand Pierre (en), qui devient évêque de Lichfield en 1072[2]. Il a un frère et un fils qui, comme lui, détiennent des terres dans le comté de Gloucestershire[3].
La première mention de Regenbald figure dans la liste des témoins d'une charte d'Édouard le Confesseur datant de 1050[1]. Une charte de 1061 lui donne le titre de sigillarius, ce qui ferait de lui le gardien du sceau royal[3]. D'autres chartes, de même que le Domesday Book, le décrivent comme regis cancellarius, « chancelier royal[4] », mais cela n'implique pas nécessairement qu'il est à la tête d'une véritable chancellerie[5] - [6]. Sa position vers la fin des listes de témoins suggère qu'il n'exerce pas une véritable charge[7], même s'il dirige vraisemblablement les clercs et scribes qui travaillent à la cour[8].
La question de l'existence d'une chancellerie royale en Angleterre avant la conquête normande est âprement débattue par les médiévistes. Certains, comme Pierre Chaplais (en), estiment qu'il faut y répondre par la négative, alors que d'autres, comme Simon Keynes, considèrent qu'une telle chancellerie existait bel et bien[9]. Cette incertitude est accrue par le fait qu'une partie des chartes qui accordent à Regenbald le titre de chancelier sont des forgeries ou ont subi des modifications en étant recopiées. Pour autant, l'authenticité de certains de ces documents n'est pas remise en question[10].
La présence de Regenbald à la cour est attestée jusqu'à la fin du règne d'Édouard le Confesseur, en 1066. Au-delà de ses fonctions religieuses et administratives, il exerce apparemment des fonctions judiciaires, car les sources évoquent une affaire dans laquelle il rend la justice aux côtés de l'évêque de Worcester Wulfstan et de l'abbé d'Evesham Æthelwig[11]. En récompense de ses services, le roi lui offre plusieurs domaines, ainsi que des églises[12]. Le Domesday Book indique qu'il possède entre sept et neuf églises, dans les comtés du Gloucestershire (à Ampney St Mary, Driffield et peut-être à Cheltenham), du Berkshire (à Cookham et peut-être à Bray), du Wiltshire (à Pewsey et à Avebury) et du Somerset (à Milborne Port et à Frome). Il est plus étroitement associé aux deux églises du Somerset[13]. Édouard accorde également à Regenbald le statut légal d'un évêque dans les comtés où il détient des terres, sans le nommer effectivement à ce poste[14], peut-être parce qu'il est marié ou parce que son style de vie est jugé inapproprié[15].
Il ne subsiste qu'une seule charte du bref règne de Harold Godwinson, ce qui ne permet pas d'affirmer que Regenbald est resté à son service[16]. En revanche, il apparaît à la cour de Guillaume le Conquérant après la conquête normande de l'Angleterre[7]. Il est possible qu'il lui ait servi de chancelier au tout début de son règne, jusqu'à ce que le Normand Herfast apparaisse à ce poste en 1068[3][17]. Ses possessions sont confirmées par le nouveau roi[8], qui lui en accorde davantage dans les années qui suivent la conquête, notamment dans les alentours de Cirencester, dans le Gloucestershire[3]. Une tradition attestée à partir du XIIIe siècle affirme qu'il devient le doyen de l'église de Cirencester (en) sous le règne de Guillaume[18]. Le Domesday Book énumère une série de domaines appartenant à Regenbald dans le Gloucestershire, le Berkshire, le Wiltshire, le Somerset, le Northamptonshire, le Worcestershire et le Dorset, pour un total de 90 hides d'une valeur annuelle de 40 livres[19]. Une charte du règne d'Henri Ier (1100-1135) mentionne plusieurs propriétés supplémentaires ayant appartenu à Regenbald que ne cite pas le Domesday Book[1].
Regenbald meurt à une date inconnue après 1086. Il est vraisemblablement enterré en l'église de Cirencester, où l'antiquaire du XVIe siècle John Leland a l'occasion de voir une croix portant son épitaphe[20]. La crypte de l'église abrite une tombe en pierre de l'époque anglo-saxonne qui pourrait être la sienne[18]. Une partie des domaines ayant appartenu à Regenbald est utilisée par le roi Henri Ier pour doter l'abbaye de Cirencester (en) qu'il fonde en 1117[18].
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Regenbald » (voir la liste des auteurs).
- Keynes 1988, p. 195.
- Keats-Rohan 1999, p. 351.
- Smith 2004.
- Chrimes 1966, p. 16-17.
- Barlow 1979, p. 121.
- Douglas 1964, p. 292-293.
- Barlow 1979, p. 129.
- Loyn 1984, p. 185.
- Keynes 1988, p. 185-187.
- Keynes 1988, p. 197-198.
- Barlow 1979, p. 147.
- Barlow 1970, p. 150.
- Evans 1989, p. 116.
- Barlow 1970, p. 179.
- Barlow 1979, p. 134-135.
- Keynes 1988, p. 217.
- Bates 2001, p. 173.
- Evans 1989, p. 117-118.
- Keynes 1988, p. 196.
- Keynes 1988, p. 212.
Bibliographie
- (en) Frank Barlow, Edward the Confessor, University of California Press, (ISBN 0-520-01671-8).
- (en) Frank Barlow, The English Church 1000–1066 : A History of the Later Anglo-Saxon Church, Longman, (ISBN 978-0-582-49049-9).
- (en) David Bates, William the Conqueror, Stroud, Tempus, (ISBN 0-7524-1980-3).
- (en) S. B. Chrimes, An Introduction to the Administrative History of Mediaeval England, Oxford, Basil Blackwell, (OCLC 270094959).
- (en) David C. Douglas, William the Conqueror : The Norman Impact Upon England, Berkeley, University of California Press, (OCLC 399137).
- (en) A. K. B. Evans, « Cirencester's Early Church », Transactions of the Bristol and Gloucestershire Archaeological Society, vol. 107, , p. 107-122 (lire en ligne).
- (en) K. S. B. Keats-Rohan, Domesday People : A Prosopography of Persons Occurring in English Documents, 1066–1166, Woodbridge, Boydell Press, (ISBN 0-85115-722-X).
- (en) Simon Keynes, « Regenbald the Chancellor », Anglo-Norman Studies, no 10, , p. 185-222 (ISBN 0-85115-502-2).
- (en) H. R. Loyn, The Governance of Anglo-Saxon England, 500–1087, Stanford, Stanford University Press, (ISBN 978-0-8047-1217-0).
- (en) Mary Frances Smith, « Regenbald [Regenbald of Cirencester] (fl. 1050–1086) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne) .
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (en) Regenbald sur Prosopography of Anglo-Saxon England