Région de Dikhil
La région de Dikhil (afar : Dikhil Rakaakay / arabe : إقليم دخيل, / somali : Gobolka Dikhil) est une région située au sud-ouest de la république de Djibouti, bordé par les régions de Tadjoura au nord-est, Arta à l'est, et Ali Sabieh à l’est-sud-est. À l’ouest et au sud, la région est bordée par la frontière avec les régions éthiopiennes d'Afar et de Somali.
Dikhil | |
Administration | |
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Pays | Djibouti |
Capitale | Dikhil |
Démographie | |
Population | 104 977 hab. (2019) |
Densité | 15 hab./km2 |
Géographie | |
Superficie | 7 200 km2 |
La région de Dikhil est la plus grande région de Djibouti avec une superficie continentale de 7 200 km2. La capitale de la région de Dikhil est la ville de Dikhil.
Historique
Sur le site d’Asa Ragid, ont été retrouvé des matériaux composés coquilles d’huîtres et de pics de rhyolite basaltique dont la datation pour les plus anciennes, est de 5000-5800 ans avant JC. Aussi des structures circulaires en pierre et une industrie microlithique jaspe rouge et obsidienne et tessons de poterie plus ou moins décorés perles et coquille d’œuf d’autruche. Quant au site d’Asa Koma (Colline Rouge) Comme près d’Eyla, il a révélé une vie vers la fin du troisième millénaire avec une population de pêcheurs qui chassaient le chacal, élevaient du bétail et fabriquaient des poteries décorées d’estampes et de traits ciselés de bonne qualité et dont les formes et les couleurs sont similaires à la céramique trouvée au Soudan. Il a été découvert en 1989 l’enterrement d’un adulte âgé et d’une jeune femme de 18 ans. Beaucoup d’outils lithiques en obsidienne et en os et des perles de coquilles d’œufs d’autruche ou de coquilles de la mer Rouge. Aussi des os d’animaux, en particulier des chacals, des hippopotames rarement ou des gazelles, des antilopes et des bovins domestiques et des os de poissons (tilapia et poisson-chat). Répandu dans tout le pays et plus récemment se trouvent les cairns abritant des graves (des centaines dans le nord). Dans l’un de ces monticules à Balho, nous avons trouvé un fragment de crâne du début du premier millénaire avant JC La diversité de ces sépultures atteste de différentes périodes auxquelles elles se rapportent.
Au Moyen Âge, la région de Dikhil était gouvernée par le sultanat d’Ifat et le sultanat d’Adal. Il a ensuite fait partie du Territoire d'Obock et dépendances, de Côte française des Somalis dans la première moitié du XXe siècle.
Siège du sultanat Afar de Goba'ad, Dikhil est une ville historique importante dans la région. Le sultan Hummad Lo’oyta signa le 11 mars 1862 le premier traité d’amitié qui le liait à la France.
Loïta fut le second sultan après son père Arbâhim Gôna. Une série de successions eut lieu en cette période mais le fils cadet Hummad Lo’oyta donna sa forme décisive à l’Etat des Debnés qui était autrefois rattaché au sultanat de Tadjourah et Rehayto 'Obock', ils auront une forme d'indépendance.
Le sultan Hummad Lo’oyta est conscient que les français et autres colons affluent pour annexer leurs territoires mais pour ce sultan Afar qui représente à la fois les afars et quelques trius issas.
L’ancienne capitale d’Obock devenue nuisible à la France du fait de la résistance des populations locales Afars, Obock est abandonnée grâce à la diplomatie qu’use le sultan Hummad Lo’oyta en signant le traité d’Ambado le 14 décembre 1885 à Obock et permettant ainsi à la France de s’installer dans le sud du pays.
Ce traité qui, bien évidemment sera complété par le second traité d’Ambado signé par les chefs Issas en 1885.
Au décès du Sultan Houmed Loïta, le fils Ahmed La ’dé succède à son père jusqu’en 1903 et meurt prématurément. Ce dernier est l’artisan de la signature des traités avec les Italiens avec lesquels Houmed Loïta signe deux traités mais qui seront niés lorsque les tensions entre les deux puissances coloniales vont s’affronter dans une bataille diplomatique. Ahmed La ‘dé est un fervent artisan de l’indépendance du Sultanat de Gobaad en particulier, et des Sultanats afars en général vis-à -vis du pouvoir colonial. C’est pourquoi il ne lésine pas sur l’affaire du sel d’Assal et déclare à côté de son père que le lac Assal est bel et bien une propriété collective du peuple afar. Nous sommes ainsi vers les années 1900 et 1910 lorsque Hanfaré Loita lances des grands raids dans le sud en menaçant directement la ville de Djibouti (Hol-Hol, Taabiya, etc) réprimés par l’administration coloniale française. C’est pourquoi le désarmement des debnés devient un des impératifs du colon français. Un rapport écrit à Obock, retrouvé dans les archives par Ougoureh Hassan, stipule clairement que l’hégémonie des princes Arbahintos est une menace pour la présence française. Le Nord est désarmé dès les années 20 et 30 après ces troubles. Quant au sud, la situation est difficile pour le colon qui s’avoue vaincu. Il suffit juste de lire Alphonse Lippmann dans « Guerriers et sorciers en Somalie » que Dikhil est interdit à tout français aventurier et administrateur. C’est considéré comme une zone de tous les dangers.
En 1930, au refus d’obtempérer aux consignes de l’administration française et d’Hassan Dîma, Hajji Ali et Loita le cadet, sultan de Gobaad, sont arrêtés avant d’être déportés à Fort-Dauphin au Madagascar avec Mohamed V, roi du Maroc, le père d’Ali Abdi Farah « Abdi Awar » et le vizir Houmed de Tadjourah. Le sultan Loita y meurt dès 1932.. Les debnés livrent une bataille contre Alphonse Lippmann à Uxukya. C’est dernier affrontement entre les Debnés et la France.
le sultanat ancestrale Afar de Goba'ad qui a pour fief Dikhil et sa région, est le lieu de rencontre de différents traités et alliances qui formeront la configuration actuelle moderne de la république de Djibouti.
2- Les différents Sultants Afar de Goba'ad 'région de Dikhil'
Hamad Arbahim (XVIII-1801, mort en somalie)
Loita lu (1792-1860, mort à Tadjourah)
Houmed (1832-13 octobre 1902 Ã Dorra)
Hamad La'de (1860-1903, mort à obock)
Hanfaré Le Grand (1842-1920, mort à Tadjourah)
Loita Le Grand (1858-1907, mort à Harar)
Loita Le Petit (1880-1932, mort à Magadascar)
Mahammad fils de Sayta (1889-1935, mort à Gobaad)
Arbahim Balala ( 1880-1963, mort à Gobaad)
Houmed Loita II (1899-25 Avril 1963, mort à Gobaad)
Mahammad Loita dit Boko ( 1905-1981, mort à Gobaad)
Hassan Boko ( 1932-2002, mort à Gobaad)
Ali Boko (1934-2013, mort à Djibouti)
Habib Boko ( Actuel sultan de Gobaad )
Alors que la région est érigée en « poste administratif de Gobad-Dikkil » dès le , c'est seulement le qu'un détachement part de Djibouti pour reconnaître la région de « Dekkel et Gobad », dirigé par l'administrateur Arthur Diderrich. À la suite de cette mission, un poste militaire et administratif est installé au lieu-dit Dikhil le .
Devenue un poste rattaché au « cercle des Adaels » le , la circonscription devient un cercle autonome le . Elle comprend alors tout le Sud de la colonie, de la frontière éthiopienne à celle du Somaliland.
Le est créé un « cercle d'Ali Sabieh » sur la partie orientale de celui de Dikhil. Après plusieurs évolutions, cette partie devient définitivement une entité propre à partir de 1958 avec la nomination d'un administrateur spécifique. La région de Dikhil prend alors l'apparence qu'elle conserve jusqu'à la création de la région d'Arta en 2002.
En 1963, lors de la première guerre somalio-éthiopienne, un terrible massacre a été perpétré par les soldats éthiopiens à Aysha, principalement peuplée par les Issa Somali. Parmi ces derniers, ceux qui ont réussi à fuir sont arrivés à Dikhil et Ali Sabieh et en 1977 pendant la guerre de l’Ogaden entre la Somalie et l’Éthiopie, une deuxième vague de populations fuyant les hostilités s’est réfugiée à Dikhil et Ali Sabieh.
Géographie
La région de Dikhil est dans la partie ouest de la République de Djibouti, la région de Dikhil est la plus grande région du pays, elle représente 27,5 % des terres de Djibouti. La région de Dikhil est surtout connue pour son paysage désertique. Il est également connu pour son climat, qui présente des étés exceptionnellement chauds et des hivers doux. La région est composée de trois régions géologiques: les montagnes, les plaines-vallées et le désert qui se produisent en grandes bandes d’ouest en est. En raison des différentes régions géologiques, il existe des climats et des écosystèmes contrastés. Les précipitations et la température dans les zones montagneuses dépendent de l’altitude.
Climat
La région de Dikhil a deux saisons, avec un climat chaud et sec, des précipitations très faibles (ne dépassant pas 140 mm par an) et variables et en fonction de l’année[1].
Région du Dikhil du Nord
Températures mensuelles normales élevées et basses pour diverses villes de la région de Dikhil du Nord, ainsi que les précipitations.
Ville | Température minimale (en °C) | Température maximale (en °C) | Précipitation (en mm) |
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Yoboki | 19.0 | 40.4 | 168 |
Galafi | 20.0 | 40.9 | 129 |
Pendant l’automne, l’hiver et le printemps, il connaît les jours les plus clairs dans tout l’État. Les mois les plus humides dans cette région se produisent pendant l’été. Les vents sont renforcés car ils sont forcés de pousser à travers les canyons et les vallées.
Région du Dikhil sud
Températures mensuelles normales élevées et basses pour les villes du sud de la région de Dikhil, ainsi que les précipitations.
Ville | Température minimale (en °C) | Température maximale (en °C) | Précipitations (en mm) |
---|---|---|---|
Dikhil | 17.2 | 38.0 | 189 |
Mouloud | 17.0 | 37.9 | 190 |
As Ela | 19.9 | 40.1 | 187 |
Population
En 2009, la population de la Région peut être estimée à environ 65.000 habitants et correspond ainsi à 9% de la population djiboutienne totale[1]. La région de Dikhil est située à la limite des groupes sociolinguistiques Afar 73% et Issa Somali 27%. Dans une certaine partie, il comprend le territoire de l’ancien sultanat de Gobaad, peuplé à l’origine par des populations d’Afar. Selon le recensement de 2009, la population locale se compose de 88 948 individus, dont 28 876 nomades.
Villes
Depuis 2003, la Région comporte, d’un point de vue administratif, une préfecture (dont le chef-lieu est la ville de Dikhil) et trois sous-préfectures, à savoir As-Eyla, Mouloud et Yoboki. A cela s’ajoutent trois autres localités d’une certaine importance d’un point de vue des effectifs de la population, à savoir Bandara, Gourabous et Kontali. Pour le reste de la Région, vit une population nomade et pastorale se déplaçant, entre autres, au gré des pâturages[1].
Nom de la ville | Population |
---|---|
Dikhil | 24886 |
As Eyla | 12000 |
Mouloud | 18653 |
Galafi | 1849 |
Yoboki | 8000 |
Bondara | 3456 |
Sankal | 421 |
Gorabous | 254 |
Tew'o | 421 |
Kouta Bouyya | 312 |
Dagguirou | 505 |
Daoudaouga | 550 |
Dadahalou | 570 |
Administration
La région est administrée par un préfet. Le préfet, ensemble avec ses deux préfets adjoints et ses trois sous-préfets, représente l’Etat et est garant de la sécurité et de l’ordre public dans la Région.4 La préfecture assure différents services à la population (services de cartes d’identité et cartes d’électeurs, coordination de la sécurité avec la Police Nationale, la Gendarmerie, l’Armée et la Douane, ainsi que la gestion de la voirie et des domaines). Elle dispose d’une dizaine d’agents, parmi lesquels l’agent comptable qui assure la gestion de la dotation budgétaire de la préfecture[1].
Notes et références
- Plan de développement régional d’Arta, PDR/Arta (region-dikhil.dj)
Bibliographie
- Simon Imbert-Vier, Tracer des frontières à Djibouti. Des territoires et des hommes aux XIXe et XXe siècles, Paris Karthala, 2011, 480 p., chapitres 2 et 4.
- Simon Imbert-Vier, «L’invention de territoires djiboutiens», in Amina Saïd Chiré (dir.), Djibouti contemporain, Paris, Karthala, 2013, p. 41-64.