RĂšgle de Taylor
La rĂšgle de Taylor est une rĂšgle de politique monĂ©taire, selon laquelle la banque centrale doit fixer ses taux d'intĂ©rĂȘt en fonction de l'Ă©cart entre l'inflation dĂ©sirĂ©e et l'inflation effective. Elle relie le taux d'intĂ©rĂȘt dĂ©cidĂ© par la banque centrale au taux d'inflation de l'Ă©conomie et Ă lâĂ©cart entre le niveau du PIB et son niveau potentiel.
Elle a Ă©tĂ© Ă©noncĂ©e en premier lieu par lâĂ©conomiste John B. Taylor, en 1993.
Concept
La rĂšgle se formalise ainsi :
avec le taux directeur fixĂ© par la banque centrale Ă lâinstant , le niveau d'inflation, la cible d'inflation de la banque centrale, le taux d'intĂ©rĂȘt rĂ©el de long terme, et les niveaux respectifs du PIB et du PIB potentiel, et et des coefficients.
Les coefficients et sont des coefficients de pondération qui permettent d'accorder une importance plus ou moins élevée à l'inflation ou à la croissance. Ces coefficients sont soit calibrés, soit déterminés économétriquement par les économistes des banques centrales, pour la zone monétaire concernée.
LâĂ©quation de Taylor (ou bien une de ses variantes) fournit alors un moyen de calculer le principal taux directeur de la banque centrale, ce dernier ayant une grande influence sur les taux dâintĂ©rĂȘt de la zone Ă©conomique. Taylor a cherchĂ© Ă donner une valeur "optimale" aux coefficients et en les calculant Ă partir des valeurs observĂ©es (estimation Ă©conomĂ©trique) des variables intervenant dans l'Ă©quation en ne retenant que les pĂ©riodes oĂč la banque centrale a atteint ses objectifs, ou semble l'avoir fait - d'oĂč le caractĂšre "optimal" de sa rĂšgle. Extrapoler ainsi les tendances passĂ©es est toutefois une opĂ©ration hasardeuse dans le monde mouvant de l'Ă©conomie. La crise de 2008 a d'ailleurs portĂ© un coup trĂšs sĂ©vĂšre Ă la rĂšgle de Taylor, l'Ă©cart soudain et important entre PIB et PIB potentiel, ainsi que la disparition rapide de l'inflation, conduisait Ă un taux directeur fortement nĂ©gatif (en dessous de -4% aux Ătats-Unis entre 2010 et 2014), ce qui n'a aucun sens - les banques centrales ayant alors optĂ© pour un taux nul ou, pour certaines d'entre elles (Suisse, Japon, Danemark, par exemple) pour un taux (trĂšs) lĂ©gĂšrement nĂ©gatif, Ă certains moments.
Ă l'origine, Taylor avait l'intention de fournir une rĂšgle pour Ă©tablir les contours de la politique des taux d'intĂ©rĂȘt de la Fed[1]. Il avait ainsi l'objectif de concevoir une alternative Ă la fixation des taux d'intĂ©rĂȘt de court terme de la politique monĂ©taire[2]. Il mettait ainsi l'accent sur la simplicitĂ© et la robustesse. Cette rĂšgle devait servir Ă comprendre et Ă©valuer la politique monĂ©taire des banques centrales. Mais elle devait en mĂȘme temps introduire un concept de ligne directrice, guidant les dĂ©cisions politiques des banques centrales. En partant de la situation juridique aux Ătats-Unis d'AmĂ©rique (la Fed doit prendre en compte le niveau des prix et l'Ă©volution conjoncturelle), la politique des taux d'intĂ©rĂȘt devrait alors dĂ©pendre du taux d'inflation actuel et de la situation conjoncturelle[3].
Interprétation
Selon cette rĂšgle, et doivent ĂȘtre positifs (Taylor proposait dans son article de 1993 que ). Cette rĂšgle suggĂšre un taux d'intĂ©rĂȘt relativement haut (politique monĂ©taire restrictive) quand l'inflation dĂ©passe sa cible ou quand l'Ă©conomie semble ĂȘtre « en surchauffe » et inversement, un taux d'intĂ©rĂȘt relativement bas (politique monĂ©taire accommodante) dans les situations opposĂ©es.
Parfois, les objectifs des politiques Ă©conomiques peuvent ĂȘtre contradictoires, par exemple lorsqu'il y a stagflation : l'inflation dĂ©passant sa cible alors que l'Ă©conomie est en situation de sous-emploi. Dans ce cas, la rĂšgle de Taylor aide Ă mettre en balance ces diffĂ©rentes considĂ©rations pour fixer le taux d'intĂ©rĂȘt. Plus prĂ©cisĂ©ment, en spĂ©cifiant , Taylor suggĂšre que les banques centrales doivent augmenter le taux d'intĂ©rĂȘt nominal pour chaque augmentation de l'inflation. En d'autres termes, en considĂ©rant que le taux d'intĂ©rĂȘt rĂ©el est approximativement le taux d'intĂ©rĂȘt nominal moins l'inflation, poser revient Ă dire que lorsque l'inflation augmente, le taux d'intĂ©rĂȘt rĂ©el doit Ă©galement augmenter.
Références
- Johannes Treu: Der Taylorzins und die europĂ€ische Geldpolitik 1999â2009. (PDF; 234 kB) Moritz-Arndt-UniversitĂ€t Greifswald, Rechts- und Staatswissenschaftliche FakultĂ€t 2010, (ISSN 1437-6989), p. 2â3.
- Ralph Anderegg (2007), p. 313.
- Michael Heine, Hansjörg Herr (2004), p. 150.
Voir aussi
Liens externes
- (en) Discretion versus policy rules in practice, John B. Taylor
- (fr) Les indicateurs de la politique monétaire, Direction générale du Trésor et de la Politique économique,
- (fr) RÚgle de Taylor et application à la zone-euro, Frédérique Sibi
- (fr) RÚgle de Taylor : présentation, application, limites, Banque de France, bulletin n°45,