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Psychotropine

La psychotropine (ou Panaceum[1], pseudo marque dĂ©posĂ©e) est un produit-miracle fictif ayant fait l'objet d'un poisson d'avril Ă  rĂ©pĂ©tition en 1984, 1993 et 2003 dans la revue mĂ©dicale française Prescrire. PrĂ©tendument issu du « Haut-Tibet Â», il Ă©tait censĂ© ĂŞtre la panacĂ©e contre toute affection psychologique ou psychiatrique rĂ©sistant aux thĂ©rapeutiques usuelles.

Le poisson d'avril

Ce canular répétitif paraît dans la revue Prescrire, en [2], en [3] et dans le numéro du [2], en guise de poisson d'avril destiné à encourager l'esprit critique des lecteurs de la revue[4].

Le point de départ, au printemps 1984, est le désir de la Rédaction de la revue d'apporter une touche d'humour à une publication plutôt austère en inventant une farce pour le numéro du 1er avril, mais aussi de vérifier si le sens critique de ses lecteurs est aussi développé qu'il devrait l'être. Un des rédacteurs a l'idée de « passer au banc d'essai la mise sur le marché du Panaceum dont le principe actif est la psychotropine, elle-même extraite d'une plante du haut Tibet, le Panaceus miraculosus Lin, utilisé pour combattre l'insomnie chez les lamas et leurs ouailles »[5].

Dans un livre paru en , Les Deux pieds, les deux mains dans le mĂ©dicament[6], l'auteur du canular, Pierre Simon, rappelle que le produit Ă©tait prĂ©sentĂ© comme « traitement des affections psychologiques et psychiatriques rĂ©sistant aux thĂ©rapeutiques usuelles », Ă  peu près dĂ©pourvu d'effets secondaires [...] et « traitant en une prise unique tous les troubles psychiatriques Â» : « Tous les rĂ©sultats sont concordants, une seule prise de 5 mg assure la guĂ©rison de la grande majoritĂ© des malades. L’énorme intĂ©rĂŞt, pour nous autres prescripteurs, est qu’il ne sert Ă  rien de faire un diagnostic prĂ©cis. Dès que nous soupçonnons un trouble, majeur ou mineur, peu importe ce que cela recouvre, la prescription est la mĂŞme ».

Le Panaceum était censé avoir été testé chez tous les animaux de laboratoire, rats, souris, chats, chiens et autres primates et être parfaitement toléré par tous[7].

Malgré l'énormité de ces affirmations, des médecins prescrivirent le produit, ce qui entraîna des problèmes pour les pharmaciens, car le produit évidemment n'était pas disponible dans les officines[8]. Beaucoup de lecteurs téléphonèrent à la revue pour lui demander un complément d'informations[9] - [10]. Jugé d'un goût douteux, le canular suscita l'ire de l'Ordre national des pharmaciens[6].

Notes et références

  1. Dans la mythologie grecque, Panacée (en grec ancien Πανάκεια / Panákeia, de la racine pan, « tout », et akos, « remède », signifiant « la secourable ») est une déesse qui prodigue aux hommes des remèdes par les plantes(ici extrait d'une plante du Haut-Tibet, le panaceum miraculosus Linn).
  2. (Rédaction), « Article en Une — Archive : Progrès thérapeutique, Psychotropine, un psychotrope polyvalent », revue Prescrire, 2003.
  3. (Rédaction), « Progrès thérapeutique : Psychotropine, un psychotrope polyvalent », revue Prescrire, 1993, 13e année, No 128, p. 239.
  4. « À quoi peut servir une revue comme Prescrire si ses lecteurs continuent à croire le moindre « bobard » ? Nous voulons que nos colonnes vous aident à dépister les multiples affirmations erronées qui circulent dans des journaux aux comités de rédaction et de lecture peu rigoureux, dans de trompeuses publicités rédactionnelles, dans des encarts publicitaires, dans les dires de certains visiteurs médicaux », Gilles Bardelay, éditorialiste en mai 1984.
  5. Patrick Lemoine, Le Mystère du nocebo, Odile Jacob, 2011, en part. pp. 253-255
  6. Pierre Simon, Les Deux pieds, les deux mains dans le médicament, Publibook, 2001, 438 p., p. 134-135.
  7. Patrick Lemoine, L'enfer de la médecine... est pavé de bonnes intentions (Livre numérique Google), Robert Laffont, 2011, 168 p.
  8. Patrick Lemoine, L'enfer de la médecine... est pavé de bonnes intentions, op. cit. : « Les médicastres enthousiasmés se mirent à prescrire le Panaceum à des patients éberlués, mais moins que les pharmaciens incapables d'exécuter des ordonnances comportant un médicament introuvable »
  9. (Éditorial), « Psychotropine Â», revue Prescrire, 1984, 4e annĂ©e, No 34, p. 2.
  10. Patrick Lemoine, L'enfer de la médecine... est pavé de bonnes intentions, op. cit. : « Des professeurs de thérapeutique, des centres antipoison, des journaux, des laboratoires écrivirent au journal pour lui demander des compléments d'information. Et puis les pharmaciens s'y mirent, téléphonant à leurs toubibs correspondants ».

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean Bruneton, PhytothĂ©rapie : Les donnĂ©es de l'Ă©valuation, Tec [et] Doc, Cachan, Ed. mĂ©dicales internationales, 2002
  • Edith Beaumont-Graff, ThĂ©rapies mĂ©dicamenteuses des phobies et de la peur, in Groupe de Boeck, La peur, SOLAL Éditeurs, 2011, 224 p., en part. p. 145
  • (de) FĂĽnfte Ă–sterreichische Ă„rztetagung [Cinquième confĂ©rence mĂ©dicale autrichienne], Salzburg Leopold Arzt, 2013
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