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Prostitution au ViĂȘt Nam

La prostitution est illĂ©gale au ViĂȘt Nam, mais des centaines de milliers de travailleurs du sexe pratiquent leur profession au sein d’une sociĂ©tĂ© profondĂ©ment conservatrice encore dominĂ©e par des mƓurs confucĂ©ennes.

La prostitution est considĂ©rĂ©e comme un mal social. Il en va de mĂȘme pour la toxicomanie et l’homosexualitĂ©.

Les chercheurs estiment qu’il existe environ 200 000 travailleurs du sexe au Vietnam, Ă  temps plein ou occasionnel, dont jusqu'Ă  40 pour cent sont soupçonnĂ©s d’ĂȘtre sĂ©ropositifs[1].

En , l’AssemblĂ©e nationale du Vietnam introduit la Loi anti-traite (loi numĂ©ro 66/2011/QH12 sur la prĂ©vention et de la lutte contre la traite)[2]. Le Plan d’action nationale pour la traite est accueilli favorablement par les organisations internationales comme un pas positif, car il va au-delĂ  de la lutte contre la traite aux fins d’exploitation sexuelle[3].

Histoire

La colonisation française (1867 – 1954)

La participation française au Vietnam commence aprĂšs que les Britanniques acquiĂšrent Hong Kong en 1842. La France avait intĂ©rĂȘt Ă  transiger dans la rĂ©gion de l’Asie du Sud-Est et envahit le Vietnam en 1867 pour dĂ©velopper une colonie française. Plus tard, en 1887, la France crĂ©e l’Union indochinoise qui regroupe les territoires de la Cochinchine, l’Annam, le Tonkin, le Cambodge et le Laos[4]

Sous la tutelle de la colonisation française, le milieu urbain s’accroĂźt avec une concentration des pouvoirs administratifs, du commerce, des services financiers ayant pour effet de supplanter la culture paysanne qui Ă©tait prĂ©dominante. 

La croissance de l’urbanisme alimente de nouvelles formes de prostitutions qui servent les hommes français. Au dĂ©but de la colonisation française, le ratio Ă©tait de sept hommes pour une femme dans les communautĂ©s europĂ©ennes. Le dĂ©sĂ©quilibre et l’établissement permanent des soldats français alimentent la croissance de la prostitution locale dans la ville de Saigon

Pour protĂ©ger les hommes coloniaux contre les maladies transmises sexuellement, le conseil municipal de HanoĂŻ introduit une lĂ©gislation pour rĂ©gulariser la prostitution en 1888. La lĂ©gislation oblige les prostituĂ©s Ă  s’enregistrer auprĂšs de leurs municipalitĂ©s locales et de subir un examen dans un dispensaire pour dĂ©pister les maladies vĂ©nĂ©riennes[5].

La fin de la colonisation française en Indochine est marquĂ©e par la dĂ©faite des Français au combat de Ðiện BiĂȘn Phủ en 1954. La politique et l’intervention du militaire des États-Unis remplacent la colonisation française et altĂšrent la structure de l’industrie commerciale du sexe au Vietnam.

Les États-Unis (1962 – 1975)

L’implication des AmĂ©ricains dans le sud du Vietnam change drastiquement la politique Ă©conomique locale, ce qui dĂ©clenche des transformations majeures dans l’industrie du sexe. Durant la guerre du Vietnam (1962 Ă  1975), les États-Unis dĂ©pensent plus de 168 millions de dollars amĂ©ricains. L’injection massive de cet argent dans le Vietnam dĂ©clenche une croissance Ă  grande Ă©chelle de la prostitution qui touche non seulement le Vietnam, mais les pays avoisinants.

L’urbanisation et les bombardements forcent les villageois Ă  fuir vers la mĂ©tropole entre 1965 et 1975. Par consĂ©quent, la population de SaĂŻgon augmente d’un demi-million Ă  quatre millions d’habitants. La surpopulation est le facteur principal de la transformation du commerce de sexe.

L’armĂ©e amĂ©ricaine compte sur la prostitution pour aider les soldats amĂ©ricains Ă  combattre les traumatismes vĂ©cus sur les champs de bataille. Les soldats qui font la guerre pendant plusieurs mois sont envoyĂ©s pour un sĂ©jour de repos et de rĂ©tablissement dans diffĂ©rentes villes en Asie. Des centaines de salons de massage et de boĂźtes de nuit attendent les soldats amĂ©ricains pour les divertir par l’entremise d’activitĂ©s sexuelles.

En 1966, la ville de SaĂŻgon compte plus qu’un millier de bars, des centaines de boĂźtes de nuit et plusieurs cabarets qui offrent des services sexuels. Plus de 500 000 femmes sont employĂ©es par ces commerces.

Alors que le marchĂ© de la prostitution se multiplie, les communistes du Nord travaillent pour abolir toute forme de prostitution en lien avec leurs efforts visant Ă  crĂ©er l’équitĂ© entre les hommes et les femmes et Ă  incorporer les femmes dans leur armĂ©e.

Le parti communiste (1975 – 1986)

Avec la capture de SaĂŻgon par les communistes en 1975, cet Ă©vĂ©nement marque la rĂ©unification du Nord et du Sud et d’un rĂ©gime autoritaire communiste. Durant la pĂ©riode entre 1975 et 1986, l’État dĂ©finit la prostitution comme un vestige de l’impĂ©rialiste amĂ©ricain et du rĂ©gime du Sud. 

Sous la campagne « RĂ©cupĂ©ration de la dignitĂ© humaine », l’État envoie les prostituĂ©es Ă  des Ă©coles organisĂ©es par l’union des femmes du Vietnam. Cet endroit permet le traitement des maladies transmises sexuellement, fournit des formations gĂ©nĂ©rales pour devenir des travailleuses productives dans la sociĂ©tĂ©. Les communistes citent l’absence de la prostitution comme Ă©tant un signe du succĂšs attribuable au nouveau rĂ©gime.

Le renouveau (1986 – 2006)

La chute de SaĂŻgon et la disparition du 17e parallĂšle en 1975 marquent la fin de la colonisation des forces Ă©trangĂšres et de l’occupation militaire au Vietnam. L’indĂ©pendance du pays ne livre pas la prospĂ©ritĂ© Ă©conomique espĂ©rĂ©e[6]. Le pays demeure pauvre et sous-dĂ©veloppĂ© par rapport aux pays occidentaux. En 1986, le gouvernement introduit le programme “Doi Moi” pour libĂ©raliser son Ă©conomie en permettant le pays de basculer vers un marchĂ© socialiste tout en gardant le Parti communiste au pouvoir.

La normalisation avec la relation des États-Unis en 1995 fournit l’accĂšs au marchĂ© amĂ©ricain et Ă  une communautĂ© vietnamienne amĂ©ricaine considĂ©rable, appelĂ© Viet kieu. La diaspora vietnamienne Ă  l’étranger et les touristes occidentaux vont retourner au Vietnam en grand nombre. Cet influx de touristes permet d’alimenter l’économie locale et l’industrie du sexe va fleurir de nouveau.

En 2006, les clients payant le plus pour les services sexuels sont les Viet kieu. Cela s’explique par la diffĂ©rence entre leur salaire outremer et le bas salaire des locaux[7]

L’entrĂ©e dans l’organisation mondiale du commerce (2006 – actuel)

Le Vietnam est devenu un membre de l'Organisation mondiale du commerce) en janvier 2007[8] et cette entrĂ©e force le pays Ă  se soumettre Ă  des standards soumis par les nations et les institutions internationales. Le Vietnam est identifiĂ© comme un pays oĂč le gouvernement ne satisfait pas aux standards minimaux de la loi sur la protection des victimes de la traite. Pour dĂ©montrer sa conformitĂ© aux exigences et pour attirer les investisseurs potentiels Ă©trangers, le Vietnam criminalise la prostitution.

Avec la crise globale en 2008, les investissements directs Ă  l’étranger (IDE) de l’Ouest n’est plus la source primaire au Vietnam, il est dĂ©sormais transfĂ©rĂ© de l’Asie de l’Est et du Sud-est. Ce changement permet au gouvernement communiste d’adopter une approche contradictoire, de rĂ©primer les prostituĂ©es de la rue et d’accepter la consommation des travailleuses du sexe commerciales par les hommes d’affaires riches et les Ă©lites.

MalgrĂ© les efforts de l’état pour mettre en Ɠuvre des peines sĂ©vĂšres pour les travailleurs de sexe, le commerce illicite est bien dĂ©veloppĂ© dans le monde souterrain des discothĂšques, des bars, des cafĂ©s et des salons de massage. De plus, le travail du sexe est une partie intĂ©grante de l’économie au Vietnam.

Bibliographie

  • Yves Charpenel, Prostitutions-Exploitations, PersĂ©cutions, RĂ©pressions, Paris, 2016, p. 1-55, (ISBN 9782717868838)
  • Phung Vu Trong, « Luc Xi », Prostitution and venereal disease in colonial HanoĂŻ, 2011, p. 6-13, (ISBN 978-0-8248-3467-8)
  • Nguyen-Vo Thu-Huong, « The Ironies of Freedom », Prostitution and venereal disease in colonial HanoĂŻ, 2011, p. 3-62, (ISBN 978-0-295-98850-4)
  • StĂ©phane Dovert, BenoĂźt TrĂ©glodĂ©, ViĂȘt Nam contemporain, 2004, p. X - 352, (ISBN 978-0-8248-3467-8)

Notes et références

  1. Stephane Dovert et BenoĂźt TrĂ©glodĂ©, ViĂȘt Nam contemporain, Paris, IRASEC, , 570 p. (ISBN 2-84654-045-4), p. 334
  2. (en) « Natlex Database of national labour, social security and related human rights legislation », sur http://www.ilo.org/, (consulté le )
  3. « AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale: l’évaluation du Plan d’action mondial des Nations Unies pour la traite des personnes donne lieu Ă  un partage d’expĂ©riences », sur http://www.un.org/, (consultĂ© le )
  4. Stephane Dovert et BenoĂźt TrĂ©glodĂ©, ViĂȘt Nam contemporain, Paris, IRASEC, , 570 p. (ISBN 2-84654-045-4), p. X - XII
  5. (en) Vu Trong Phung, Luc Xi : Prostitution and venereal disease in colonial Hanoi, Hawaii, University of Hawai'i Press, , 176 p. (ISBN 978-0-8248-3467-8), p. 6-11
  6. (en) Nguyen-Vo Thu-Huong, The Ironies of Freedom : Sex, Culture, and Neoliberal Governance in Vietnam, Seattle, , 336 p. (ISBN 978-0-295-98850-4), p. 7-20
  7. (en) « New Economies of Sex and Intimacy in Vietnam », sur http://digitalassets.lib.berkeley.edu (consulté en )
  8. « Le Viet Nam et l'OMC », sur www.wto.org/french, (consulté le )
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