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Prostitution au Pakistan

La prostitution au Pakistan est illégale mais largement répandue, bien qu'elle soit un tabou dans la société. Elle s'organise le plus souvent sous la forme de bordels illégaux ou d'escorts individuels. Elle pose de nombreux problèmes de trafics d'êtres humains, d'esclavages sexuels et de pédophilies.

État de la législation sur la prostitution dans le monde
  • Prostitution lĂ©gale et encadrĂ©e par des lois
  • Prostitution tolĂ©rĂ©e, pas lĂ©galisĂ©e, et donc pas rĂ©glementĂ©e. Les activitĂ©s organisĂ©es (maisons closes ou proxĂ©nĂ©tisme) sont illĂ©gales
  • Prostitution illĂ©gale (les personnes prostituĂ©es et/ou les clients sont punis par la loi)
  • Idem (prostitution illĂ©gale)
  • Non renseignĂ©

La prostitution est anciennement pratiquée dans la région et a été encadrée par les autorités coloniales britanniques sous le Raj en Inde. Entre l'indépendance du Pakistan et 1947 et 1979, celle-ci reste de fait tolérée mais le second régime militaire de l'histoire du pays, qui entend islamiser le pays, met en place une forte répression.

Histoire

Avant la prohibition

Sous le Raj britannique, les autoritĂ©s tentent de rĂ©guler la prostitution et accordent des exceptions, en permettant l'Ă©tablissement de « quartiers rouges Â» contrĂ´lĂ©s dans certaines villes. On en trouve notamment Ă  Karachi, Lahore ou Multan. Les villes gĂ©rants ces zones sont chargĂ©es de taxer les bordels et d'assurer des conditions sanitaires satisfaisantes[1].

À l'indépendance en 1947, la prostitution ne bénéficie plus d'aucune reconnaissance officielle au Pakistan. Elle est cependant largement tolérée et pratiquée dans tout le pays. Les lois sur le trafics d'êtres humains sont de même largement ignorées, alors que d'importants fonctionnaires, hommes politiques ou officiers de police ferment les yeux en bénéficiant même largement de la prostitution[1].

Depuis la prohibition

En 1979, la pénalisation de la prostitution a été largement renforcée alors que la loi visait jusqu'ici surtout les trafics de personnes mineures. L'adoption de l'ordonnance Hudood interdit directement la prostitution, mais aussi indirectement avec des mesures à l'encontre des relations hors-mariages et de la sodomie. Ce texte de loi vise à islamiser le droit pénal pakistanais, deux ans après le coup d'État du 5 juillet 1977 mené par le chef de l'armée Muhammad Zia-ul-Haq qui renverse le régime civil de Zulfikar Ali Bhutto, instaurant une dictature militaire qui durera un peu plus de dix ans.

MalgrĂ© cette rĂ©pression, la prostitution et le trafic d'ĂŞtres humains restent rĂ©pandus dans le pays malgrĂ© la fermeture des quartiers rouges. De nombreux mineurs sont de mĂŞme impliquĂ©s dans les rĂ©seaux, notamment dans les familles les plus pauvres, et certains sont kidnappĂ©s dans le but d'ĂŞtre asservis Ă  des rĂ©seaux pĂ©dophiles. La prostitution masculine est Ă©galement anciennement prĂ©sente dans le pays, mais aurait tendance Ă  augmenter. Les clients seraient avant surtout des homosexuels des classes moyennes et supĂ©rieures. De plus, l'esclavage sexuel de jeunes garçons se pratique anciennement dans certaines familles puissantes (« Bacha bazi »), surtout de la province de Khyber Pakhtunkhwa[2].

Les autoritĂ©s ferment souvent les yeux sur ces pratiques, notamment en percevant des pots-de vins ou avantages en nature de ces rĂ©seaux[1]. En 2016, l'ONUSIDA estime le nombre de personnes impliquĂ©es dans le commerce du sexe Ă  229 441 personnes, soit environ un habitant sur mille[3]. Près de 20 000 seraient des mineurs selon une estimation en 2003[4].

Loi

La prostitution est illégale selon le Code pénal pakistanais dans son article 371, dont son alinéa B qui dispose que :

« Quiconque achète, embauche où de tout autre manière dispose d'une personne dans l'intention que cette personne soit à un quelconque moment employée ou utilisée dans un but de prostitution ou de tout autre rapport illicite, ou dans tout but illégal ou immoral (...), sera punie d'une peine d’emprisonnement pouvant s'étendre jusqu'à 25 ans ainsi qu'une amende[5] »

La loi pĂ©nale pakistanaise est par ailleurs grandement influencĂ©e par le code pĂ©nal britannique imposĂ© en Inde en 1892. De plus, la prostitution homosexuelle est Ă©galement indirectement punie par la loi au titre de l'illĂ©galitĂ© de ces pratiques en gĂ©nĂ©ral, notamment la sodomie. L'article 377 du code pĂ©nal prĂ©voit en effet l'interdiction de toute relation « contre l'ordre de la nature Â» et prĂ©voit une peine allant de deux ans de prison jusqu'Ă  la perpĂ©tuitĂ©[6].

Références

  1. (en) Massoud Ansari, « Supply and demand: Karachi's 'call girls' », sur greatreporter.com, (consulté le )
  2. (en) Dominique Cettour-Rose, « Afghanistan: le «bacha bazi», un esclavage sexuel qui vise les jeunes garçons », sur France Info, (consulté le )
  3. (en) Sex workers: Population size estimate - Number, 2016 sur aidsinfoonline.org
  4. (en) 20,000 children engaged in prostitution in Pakistan sur journal.alternatives.ca, le 28 février 2003
  5. (en) ACT No. VI OF 2006 sur pakistan.gov.pk
  6. (en) Pakistan Penal Code (Act XLV of 1860) pakistani.org

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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