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Principe de primauté

Le principe de primautĂ© du droit de l'Union europĂ©enne est le principe selon lequel une norme juridique d'un État membre de l'Union europĂ©enne qui se trouve en conflit avec une norme de l'Union europĂ©enne doit ĂȘtre Ă©cartĂ©e par les instances nationales, afin que le droit de l'Union europĂ©enne puisse prendre effet. Il garantit la supĂ©rioritĂ© du droit europĂ©en sur les droits nationaux. Le principe de primautĂ© vaut pour tous les actes europĂ©ens disposant d’une force obligatoire, qu’ils soient issus du droit primaire ou du droit dĂ©rivĂ©. De mĂȘme, tous les actes nationaux sont soumis Ă  ce principe, quelle que soit leur nature (constitution, loi, rĂšglement, arrĂȘtĂ©, etc.) et que ces textes aient Ă©tĂ© Ă©mis par le pouvoir exĂ©cutif ou lĂ©gislatif de l’État membre. Le pouvoir judiciaire et la constitution des États membres sont Ă©galement soumis au principe de primautĂ©.

C'est une doctrine juridique qui a Ă©mergĂ©e de la jurisprudence de la Cour de justice des communautĂ©s europĂ©ennes, et a Ă©tĂ© reprise par la Cour de justice de l'Union europĂ©enne (CJUE). Il est consacrĂ© par l'arrĂȘt Costa contre ENEL en 1964. Il est rĂ©affirmĂ© et sa portĂ©e est Ă©tendue par plusieurs autres arrĂȘts de la Cour de justice.

DĂ©gagement du principe

La consĂ©cration du principe de primautĂ© a permis d’affirmer l’immĂ©diatetĂ© du droit communautaire mais aussi la primautĂ© de ce droit. Bien qu’il n’existait pas dans le texte des traitĂ©s, l’arrĂȘt Costa contre ENEL du n° 6/64 a permis de donner au droit communautaire un caractĂšre suprĂȘme, supĂ©rieur au droit national et mĂȘme au droit constitutionnel aux yeux des juridictions europĂ©ennes. Pour la Cour de justice, « cette intĂ©gration au droit de chaque pays membres, de dispositions qui proviennent de source communautaire, et plus gĂ©nĂ©ralement les termes et l’esprit du traitĂ©, ont pour corollaire l’impossibilitĂ© pour les États membres de faire prĂ©valoir contre un ordre juridique, acceptĂ© par eux sur une base de rĂ©ciprocitĂ©, une mesure unilatĂ©rale ultĂ©rieure qui ne saurait lui ĂȘtre opposable »[1].

Conséquences du principe

En France

Une solution compromissoire a Ă©tĂ© adoptĂ©e dans l'arrĂȘt du Conseil d'État du 8 fĂ©vrier 2007, "SociĂ©tĂ© Arcelor Atlantique et Lorraine et autres". S'il existe un risque qu'une norme de droit dĂ©rivĂ©e de l'UE soit contraire Ă  la Constitution, le juge administratif français recherche une Ă©quivalence entre le principe constitutionnel mis en cause et un principe du droit primaire de l'UE. Si une telle Ă©quivalence existe, une question prĂ©judicielle sera envoyĂ© Ă  la Cour de Justice de l'Union EuropĂ©enne qui opĂ©rera un contrĂŽle de conventionnalitĂ© au visa du droit primaire de l’UE (Ă©crit ou coutumier) par Ă©quivalence et translation au principe constitutionnel mis en cause[2].

Dans le cas contraire, le compromis faisant échec, le juge administratif français se fonde sur une réserve de constitutionnalité tirée d'une décision du Conseil Constitutionnel du 27 juillet 2006 pour limiter le principe de primauté du droit de l'UE[3].

En France

En droit français, le Conseil constitutionnel a estimĂ© que la loi contraire Ă  une directive devait ĂȘtre regardĂ©e comme inconstitutionnelle[4] - [5], estimant, sur le fondement de l'article 88-1, alinĂ©a 1er de la Constitution que "la transposition en droit interne d'une directive communautaire rĂ©sulte d'une exigence constitutionnelle"[4].

Sources

Références

  1. Cour de justice des communautĂ©s europĂ©ennes, « ArrĂȘt Costa c/ Enel » AccĂšs libre, sur EUR-lex (consultĂ© le )
  2. Le Conseil d'État, « Conseil d'État, 8 fĂ©vrier 2007, SociĂ©tĂ© Arcelor Atlantique et Lorraine et autres », sur Conseil d'État (consultĂ© le )
  3. « Décision n° 2006-540 DC du 27 juillet 2006 - Communiqué de presse | Conseil constitutionnel », sur www.conseil-constitutionnel.fr (consulté le )
  4. Conseil constitutionnel, « Décision n°2006-543 DC du 30 novembre 2006 "Loi relative au secteur de l'énergie" » AccÚs libre, sur Conseil constitutionnel (consulté le )
  5. Baptiste Bonnet, « Les rapports entre droit constitutionnel et droit de l'Union europĂ©enne, de l'art de l'accommodement raisonnable », Titre VII,‎ (lire en ligne AccĂšs libre)

Compléments

Articles connexes

Lien externe


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