Prasat Ta Muen Thom
Le Prasat Ta Muen Thom est un temple khmer situé en Thaïlande, dans la province de Surin, à quelques dizaines de mètres de la frontière avec le Cambodge. Il se trouve non loin des Prasat Ta Muen et Prasat Ta Muen Toch, sur l'un des cols des monts Dângrêk (ou Dongrak), dans une forêt dense, dont l'accès est interdit, la zone n'ayant pas été totalement déminée. De nombreuses pièces d'architecture ont été volées par les khmers rouges, et plus particulièrement les sculptures de valeur, de façon parfois brutale en utilisant de la dynamite. Le nom de Prasat Ta Muen Thom vient du nom du village voisin de Ta Miang et signifie le grand château (des dieux) ou temple de Ta Miang ; de la même façon, le nom du Prasat Ta Muen Toch signifie le petit château (des dieux) ou temple de Ta Miang. La proximité de ces trois prasat (Prasat Ta Muen, Prasat Ta Muen Thom et Prasat Ta Muen Toch) -quelques centaines de mètres-, semble montrer que ce lieu était une halte importante sur une route majeure de l'empire khmer, la route d'Angkor à Phimai.
Époque de construction |
fin XIe siècle |
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Constructeur | |
Style |
Baphuon tardif |
Coordonnées |
14° 20′ 57″ N, 103° 15′ 59″ E |
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Plan
Ce temple est de plan rectangulaire (l'enceinte fait 46 mètres par 38 mètres) avec en son centre un sanctuaire central avec mandapa et antarala[1]. Au nord, on trouve deux tours secondaires, et deux autres bâtiments en latérite encore debout; trois autres bâtiments dont on ne voit plus que les fondations, complétaient cet ensemble. De façon inhabituelle, l'entrée principale est au sud, le gopura principal, bien plus grand que les autres, étant sur la façade sud. On retrouve cette même orientation au Prasat Hin Phimai. Un grand escalier de latérite également orienté au sud, mène vers l'entrée du prasat. Dans les deux cas, on pense qu'il s'agit d'une contrainte due à la topographie.
Des fouilles récentes à l'intérieur de la tour principale, ont montré l'existence d'un linga naturel, qui se trouvait donc au sommet de la colline où est bâti cet ensemble architectural. D'où le fait que ce prasat était dédié à Shiva (on trouve de même un linga naturel au sommet de la colline où est construit le Vat Phou).
Accès principal
À cause des tensions actuelles (2009-2010) entre la Thaïlande et le Cambodge à propos des « temples de la frontière » (Prasat Preah Vihear essentiellement), les abords immédiats (plus de quelques mètres) de l'accès principal (sud) ne sont pas autorisés.
L'accès se fait par un escalier en latérite, large et assez raide, menant au gopura principal. Il semble que la construction à cet endroit de la colline ait demandé beaucoup de travail, justifié sans doute par l'existence du linga naturel mentionné plus haut, et qui devait absolument se trouver à l'endroit où le garbhagrha et sa tour seraient construits. C'est donc la position du linga et la topographie qui ont déterminé le plan de l'ensemble.
L'enceinte
Une fois passé le gopura sud, cruciforme, auquel on accède par quelques marches, on pénètre dans l'enceinte, face au mandapa[2] connecté à la tour sanctuaire par un court antarala[3], le tout en grès rose. L'ensemble de l'enceinte est constitué de galeries d'1,40 mètre de large. De part et d'autre, on trouve des bâtiments de latérite dont la forme ne correspond pas aux habituels bannalais[4].
Au centre du sanctuaire principal, sur un piédestal taillé dans la pierre sous-jacente, de forme circulaire contrairement à l'habituelle forme carrée avec une ouverture pour permettre à l'eau lustrale dont on baignait le linga de s'écouler vers le long somasutra[5], se trouve le linga de type svāyambhuva (ou savayambhu)[6].
On remarquera en sortant du sanctuaire principal (donc vers le nord) qu'une grande plaque rocheuse orientée est-ouest forme le sol jusqu'aux gopuras est et ouest ; dans la plaque est inséré le somasutra sinueux évoqué ci-dessus. Au-delà de cette plaque on trouve deux tours dont une en ruine (dynamitée par les khmers rouges). Les linteaux et frontons ont été enlevés, et ne restent que des dvarapalas décapités et des frises entourant les portes.
Photographies
Vue d'ensemble Vue d'ensemble Le somasutra[5]
Portes et fenêtres en grès, dans le mur de latérite Un des gopuras Un des bâtiments à l'intérieur de l'enceinte Porte et fronton en grès (le linteau décoré manque) Fenêtre à balustres et sa frise décorative Frise décorant un encadrement de porte et naga pentacéphale Frise décorant un encadrement de porte Détail d'une frise décorant un encadrement de porte Détail d'une frise décorant un encadrement de porte Un dvarapala Un dvarapala Naga à cinq têtes Vue de l'intérieur de l'enceinte Fenêtre à balustres Porte et fenêtre à balustres en grès
Notes
- Corridor reliant le mandapa au garbhagrha (Le garbhagrha est la chambre intérieure d'un sanctuaire khmer ; littéralement : "utérus")
- Antichambre, pavillon ou porche devant le sanctuaire principal
- Corridor reliant le garbhagrha au mandapa
- Bibliothèque
- Conduit servant à drainer l'eau lustrale utilisée pour laver les statues à l'intérieur des bâtiments
- un linga Svāyambhuva est un linga auto-créé, donc pas de la main de l'homme, et de ce fait, particulièrement sacré
- Gardien de porte
Références
- Michael Freeman, A guide to Khmer temples in Thailand & Laos, Rivers Books, 1996 (ISBN 974-8900-76-2)
- Michael Freeman, Palaces of the Gods: Khmer Art & Architecture in Thailand, River Books, 2001 (ISBN 974-8303-19-5)
- Yoshiaki Ishizawa, Along The Royal Roads To Angkor, Weatherhill, 1999 (ISBN 083-4804-72-7)
- Claude Jacques and Philippe Lafond, The Khmer Empire, River Books, 2007 (ISBN 974-9863-30-5)
- Vittorio Roveda, Images of the gods: khmer mythology in Cambodia, Thailand and Laos, River Books, 2005 (ISBN 974-9863-03-8)
- Betty Gosling, Origins of thai art, River Books, 2004 (ISBN 0-8348-0541-3)