Prélude et fugue en la bémol majeur (BWV 886)
Le Clavier bien tempéré II
Prélude et fugue n°17 BWV 886 Le Clavier bien tempéré, livre II (d) | ||
La bémol majeur | ||
Prélude | ||
---|---|---|
Métrique | / |
|
Fugue | ||
Voix | 4 | |
Métrique | ||
Liens externes | ||
(en) Partitions et informations sur IMSLP | ||
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu) | ||
Le prélude et fugue en la-bémol majeur, BWV 886 est le dix-septième couple de préludes et fugues du second livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé de 1739 à 1744.
Le prélude, écrit pour le recueil vers 1741, est une pièce rêveuse. Il est associé à une des plus belles fugues (à quatre voix) des deux recueils et considérée comme parfaite. L'insistance d'un contre-sujet chromatique en fait presque une double-fugue.
Prélude
Le prélude, noté
, s'étend sur 77 mesures.
Le style du prélude évoque celui en fa-dièse majeur. Il est en forme sonate, avec une réexposition mesure 50[1] mais à la sous-dominante (et non à la tonique)[2]. L'alternance de tutti et de soli évoque un mouvement de concerto[3]. La date de composition est proche de 1741 et figure donc dans les derniers préludes écrits pour le recueil[4].
Fugue
Caractéristiques 4 voix — , 70 mes.
⋅ 15 entrées du sujet
⋅ réponse tonale
⋅ deux contre-sujets, 11 entrées
⋅ 3 divertissements
Procédés strette |
La fugue, à quatre voix, est notée et longue de 70 mesures.
Considérée comme l'une des plus belles fugues et des plus parfaites des deux recueils, la présence d'un instant contre-sujet chromatique la fait presque double-fugue[5].
Le sujet de la fugue est accompagné par deux contre-sujets très contrastés : un premier en noires chromatiques et le « second en ourlets » de doubles-croches[6]. Le premier est combiné systématiquement avec le sujet (sauf mesures 16–17 et 32–33), ce qui autorise à considérer cette fugue comme une double-fugue, en tout comparable à quelques œuvres de jeunesse : Toccatas, cantate BWV 106. La Fantaisie et fugue en la mineur, BWV 904 est pourvu d'un contre-sujet entièrement chromatique[7], tout comme la Sinfonia en fa mineur, BWV 795[8].
Après l'exposition (mesures 1–9), Bach redonne les quatre entrées dans l’ordre basse, alto, ténor et soprano (respectivement mesures 13, 16, 18 et 22). Malgré la petite transformation tonale subie par le sujet (mesures 13–14), le contre-sujet (chromatique) est cependant le même[9]. Ensuite la pièce explore les tonalités mineures (fa mineur, mi-bémol mineur, si-bémol mineur), revenant au ré-bémol majeur seulement mesure 37. À la quatrième entrée (mesure 41), réservée aux seuls ténor et basse, Bach conduit par la basse, à un climax dramatique interrompu sur un point d'orgue. La coda de quatre mesures, cache le sujet et le premier contre-sujet dans les voix intermédiaires ; et les deux dernières mesures sont à cinq voix et le dernier accord à six sons[10].
Genèse
Pour ce couple en la-bémol majeur, Bach fait se rejoindre une composition récente, le prélude — dont l'autographe est daté de 1741 — et une ancienne fugue qu'il développe[1]. Celle-ci est d'une origine ancienne, datant des années 1720, apparaît dans une version en fa majeur en tant que Prélude et fugue BWV 901. Pour son intégration dans le Clavier, elle est « accompagné[e] d'une transformation en profondeur […] de sa structure et de son caractère » (Gilles Cantagrel) : il la transpose et lui ajoute au-delà de la mesure 22, un conséquent développement (36 mesures) la portant jusqu'à 50 mesures, sans nuire à l'homogénéité du style[4].
En raison de la transposition, c'est la seule pièce où la main droite est écrite en clé de sol, le reste du manuscrit est systématiquement en clé d'ut première ligne.
Manuscrits
Les manuscrits[11] considérés comme les plus importants sont de la main de Bach lui-même ou d'Anna Magdalena. Ils sont :
- source « A », British Library Londres (Add. MS. 35 021)[12], compilé dans les années 1739–1742[13]. Comprend 21 paires de préludes et fugues : il manque ut mineur, ré majeur et fa mineur (4, 5 et 12), perdues[13] ;
- source « B », Bibliothèque d'État de Berlin (P 430), copie datée de 1744, de Johann Christoph Altnikol[14].
- Pour la fughetta originale : manuscrit P 1089 datant de 1729 environ, copie de Johann Caspar Vogler.
Postérité
Emmanuel Alois Förster (1748–1823) a réalisé un arrangement pour quatuor à cordes de la fugue, interprété notamment par le Quatuor Emerson[15].
Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[16], publiée en 1914.
Bibliographie
- (en) Hugo Riemann (trad. de l'allemand), Analysis of J.S. Bach's Wohltemperirtes clavier [« Katechismus der fugen-komposition »], vol. 2, Londres, Augener & Co., (1re éd. 1891 (de)), 234 p. (lire en ligne)
- (en) Cecil Gray, Forty-Eight Preludes and Fugues of J.S .Bach, Oxford University Press, , 148 p. (OCLC 603425933, lire en ligne [PDF]), p. 124–128.
- (de) Johann Nepomuk David, Das wohltemperierte Klavier : der Versuch einer Synopsis, Gœttingue, Vandenhoeck & Ruprecht, , 92 p. (OCLC 263601107).
- Hermann Keller, Le clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach : l'œuvre, l'interprétation, Paris, Bordas, coll. « Études », (1re éd. 1965(de)), 233 p. (OCLC 373521522, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 195–198.
- Roland de Candé, Jean-Sébastien Bach, Paris, Seuil, , 493 p. (ISBN 2-02-008505-4, OCLC 319750728, BNF 34763585).
- (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Study of its Aim, Historical Significance and Compiling Process, Leeds, University of Leeds, (lire en ligne [PDF])
- (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Critical Commentary, vol. 1 : All the extant manuscripts, Leeds, Household World Publisher, , 1033 p. (lire en ligne [PDF]), p. 49–56
- François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083, lire en ligne), p. 40.
- Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 2-221-05017-7), p. 220–221.
- (en) David Ledbetter, Bach’s Well-tempered Clavier : the 48 Preludes and Fugues, New Haven/London, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 0-300-09707-7, OCLC 5559558992), p. 303–307.
- (en) David Schulenberg, The keyboard music of J.S. Bach, New York, Routledge, , viii–535 (ISBN 0-415-97399-6, OCLC 63472907, lire en ligne), p. 264–265.
- Yo Tomita, « préface », dans J.-S. Bach, Clavier bien tempéré, Livre II, Henle, , xvii-163 (ISMN 979-0-2018-0017-2, lire en ligne), p. IX–XIII
Notes et références
- Schulenberg 2006, p. 264.
- Ledbetter 2002, p. 303.
- Candé 1984, p. 333.
- Sacre 1998, p. 220.
- Candé 1984, p. 334.
- Sacre 1998, p. 221.
- Keller 1973, p. 197.
- Ledbetter 2002, p. 305.
- Gray 1938, p. 127.
- Keller 1973, p. 198.
- Sources du BWV 886 sur bach-digital.de.
- Fiche du manuscrit de Londres sur bach-digital.de.
- Tomita 2007, p. X.
- « Jean-Sébastien Bach, « Le clavier bien tempéré », vol. II — copie d'Altnikol », sur International Music Score Library Project
- (OCLC 920354122)
- [lire en ligne]
Article connexe
Liens externes
- Jean-Sébastien Bach, « Le clavier bien tempéré », vol. II, partitions libres sur l’International Music Score Library Project.
- Prélude et fugue en mi-bémol majeur sur freesheetpianomusic.com [PDF]