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Précariat

Le précariat est une nouvelle classe sociale constitué par les travailleurs précaires. C'est un néologisme de la sociologie, formé à partir des mots précarité et prolétariat.

Origines théoriques du concept

Le thĂ©oricien italien Amadeo Bordiga (1889-1970) dĂ©finissait le prolĂ©tariat comme l'ensemble des personnes sans ressources — Marx lui-mĂŞme distinguait classe ouvrière et prolĂ©tariat, ce dernier Ă©tant caractĂ©risĂ© par un type d'exploitation spĂ©cifique, et non simplement en tant que groupe social. Dans les annĂ©es 1980, des Bordiguistes publiaient une revue intitulĂ©e Sans rĂ©serves. Ils travaillaient avec le groupe italien Precari Nati, d'inspiration anarchiste et bordiguiste. Ces thĂ©oriciens italiens ont contribuĂ© Ă  diffuser vers la France, dès la fin des annĂ©es 1970, le nĂ©ologisme de « prĂ©cariat Â» comme outil d'analyse des changements sociaux et outil de recomposition politique. Cette importation a notamment Ă©tĂ© le fait de la revue autonome Camarades.

Dans les années 2000, le militant italien Alex Foti, animateur du mouvement européen des précaires Euromayday, a pu dire que « le précariat est à la firme post-industrielle ce que le prolétariat était à l'entreprise industrielle ».

Plus récemment le professeur d’économie anglais Guy Standing a consacré un livre au concept de précariat, The Precariat: The New Dangerous Class (2011)[1], qu'il analyse comme une véritable classe sociale émergente[2]. Standing défend le revenu de base inconditionnel comme une nécessité historique de remédier au problème croissant du précariat.

En France, le terme est notamment utilisé par le sociologue Robert Castel, qui le définit comme « un infra-salariat qui se développe en deçà de la société salariale et qui ne permet plus d'assurer l'indépendance économique et sociale des travailleurs »[3].

De la précarité au précariat

Le « prĂ©cariat Â» regroupe les travailleurs qui ont des contrats de travail prĂ©caires, comme en France les CDD, les CNE, et les conventions de stages, ainsi que les intĂ©rimaires, ou encore les emplois des travailleurs clandestins.

Il existe une Rencontre internationale du précariat à Berlin. La dernière a eu lieu en .

Le précariat est souvent dénoncé par des associations de chômeurs, comme AC! ou Stop Précarité.

Ainsi, selon Évelyne Perrin[4],

« Dans cette nouvelle organisation capitaliste, le précariat devient structurel, et pour les patrons, il s'agit de lui faire supporter le risque de l'emploi, d'externaliser tout ce qui était protection sociale et garantie collective contre la perte d'emploi[5]. »

La politique du précariat

Le sociologue Patrick Cingolani a proposĂ© dans RĂ©volutions prĂ©caires une « politique du prĂ©cariat Â» qui comporte deux grandes dimensions: premièrement des revendications de droits sociaux adressĂ©es Ă  l’État, axĂ©es sur la sĂ©curisation du revenu pour les travailleurs prĂ©carisĂ©s, et deuxièmement un effort d'organisation autonome sur une base locale, dont les associations de quartier et les coopĂ©ratives seraient les embryons.

L'incertitude centrale de cette politique est celle de son resserrement sur la fraction « crĂ©ative Â» du prĂ©cariat, ou de son ouverture aux diffĂ©rentes strates qui constituent cette catĂ©gorie sociale[6].

Références

  1. http://www.guystanding.com/publications
  2. Le précariat : « Une classe sociale en devenir » Interview pour Basta!, octobre 2012
  3. (fr) Refaire société, La République des Idées, Seuil, 2011, p. 21
  4. Evelyne Perrin est membre d'AC! et de Stop-Précarité, diplômée de Sciences Po et de Sciences économiques, et chargée d'études sur la question des relations entre ville, économie et emploi, au ministère de l'Équipement en France.
  5. « Du salariat au précariat ? »
  6. « L'émancipation dans la précarité », sur La Vie des Idées, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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