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Poros (mythologie)

Dans la mythologie grecque, Poros est l'une des divinités allégoriques inventées par Platon. Il personnifie l'expédient.

Poros
Mythologie grecque
Buste de Poros dans les jardins du Palais Catherine Ă  Tsarskoe Selo (Russie).
Buste de Poros dans les jardins du Palais Catherine Ă  Tsarskoe Selo (Russie).
Caractéristiques
Nom grec ancien Î ÏŒÏÎżÏ‚ (PĂłros)
Fonction principale Dieu de l'expédient
Lieu d'origine GrĂšce antique
Période d'origine Antiquité grecque
Culte
Mentionné dans Le Banquet de Platon
Famille
MĂšre MĂ©tis
Fratrie AthĂ©na (demi-sƓur maternelle)
Conjoint PĂ©nia
‱ Enfant(s) Éros

Anthroponymie

Attestations

Platon le mentionne dans Le Banquet (passages 203 b et c) et le prĂ©sente comme le fils de MĂ©tis (la sagesse) et le pĂšre d'Éros, conçu avec PĂ©nia, personnification de la pauvretĂ©.

Étymologie

Î ÏŒÏÎżÏ‚, PĂłros, dĂ©rive de Ï€ÏŒÏÎżÏ‚, pĂłros, lequel possĂšde plusieurs sens[1] :

  1. sens propre : passage, voie de communication (par eau ou par terre) : lit d'un fleuve (cours d'eau), lit de la mer (mer), détroit, pont, voie (chemin), conduit (passage).
  2. sens figuré (utilisé par Platon) : voie ou moyen pour arriver à un but, expédient, ressource.

Poros, pùre d'Éros

Platon fait de MĂ©tis la mĂšre de Poros[2].

« Quand Aphrodite naquit, les dieux célébrÚrent un festin, tous les dieux, y compris Poros, fils de Métis. Le dßner fini, Pénia, voulant profiter de la bonne chÚre, se présenta pour mendier et se tint prÚs de la porte. Or Poros, enivré de nectar, car il n'y avait pas encore de vin, sortit dans le jardin de Zeus, et, alourdi par l'ivresse, il s'endormit. Alors Pénia, poussée par l'indigence, eut l'idée de mettre à profit l'occasion, pour avoir un enfant de Poros : elle se coucha prÚs de lui, et conçut l'Amour. Aussi l'Amour devint-il le compagnon et le serviteur d'Aphrodite, parce qu'il fut engendré au jour de naissance de la déesse, et parce qu'il est naturellement amoureux du beau, et qu'Aphrodite est belle. »

« Étant fils de Poros et de PĂ©nia, l'Amour en a reçu certains caractĂšres en partage. D'abord il est toujours pauvre, et, loin d'ĂȘtre dĂ©licat et beau comme on se l'imagine gĂ©nĂ©ralement, il est dur, sec, sans souliers, sans domicile ; sans avoir jamais d'autre lit que la terre, sans couverture, il dort en plein air, prĂšs des portes et dans les rues ; il tient de sa mĂšre, et l'indigence est son Ă©ternelle compagne. D'un autre cĂŽtĂ©, suivant le naturel de son pĂšre, il est toujours Ă  la piste de ce qui est beau et bon ; il est brave, rĂ©solu, ardent, excellent chasseur, artisan de ruses toujours nouvelles, amateur de science, plein de ressources, passant sa vie Ă  philosopher, habile sorcier, magicien et sophiste. Il n'est par nature ni immortel ni mortel ; mais dans la mĂȘme journĂ©e, tantĂŽt il est florissant et plein de vie, tant qu'il est dans l'abondance, tantĂŽt il meurt, puis renaĂźt, grĂące au naturel qu'il tient de son pĂšre. Ce qu'il acquiert lui Ă©chappe sans cesse, de sorte qu'il n'est jamais ni dans l'indigence ni dans l'opulence, et qu'il tient de mĂȘme le milieu entre la science et l'ignorance, et voici pourquoi. Aucun des dieux ne philosophe ni ne dĂ©sire devenir savant, car il l'est ; et, en gĂ©nĂ©ral, si l'on est savant, on ne philosophe pas ; les ignorants non plus ne philosophent pas et ne dĂ©sirent pas devenir savants ; car l'ignorance a prĂ©cisĂ©ment ceci de fĂącheux que, n'ayant ni beautĂ©, ni bontĂ©, ni science, on s'en croit suffisamment pourvu. Or, quand on ne croit pas manquer d'une chose, on ne la dĂ©sire pas. »

— Extrait du Banquet de Platon. Traduction Émile Chambry, 1922.

La traduction de Gallimard (La PlĂ©iade) ne donne pas le texte grec et se contente des traductions des noms propres, ce qui donne « ExpĂ©dient Â» pour Poros, « Invention Â» pour MĂ©tis et « PauvretĂ© Â» pour PĂ©nia)[3]. Les notes 169 et 170 expliquent le choix du traducteur .

En grec, un jeu de mots prĂ©side, dans la prose de Platon (Banquet, 203 b), Ă  la conception d'Éros. Dominique Sels observe que ce jeu de mots s'exerce entre aporian et Porou. La phrase grecque dĂ©crit une PĂ©nia sans ressources (dia tĂȘn autĂȘs aporian « en manque d'expĂ©dient, dans l'impasse ») qui jette son dĂ©volu sur Poros (ek tou Porou « ExpĂ©dient, Passage » ). Si l'on veut prĂ©server le jeu de mots, cela donne : « en manque d'expĂ©dient, elle se jette sur ExpĂ©dient Â» ou « dans l'impasse, elle se jette sur Passage »[4].

Le mythe raconté par Aubigné

ThĂ©odore Agrippa d'AubignĂ©, dans les Stances du Printemps (XVII, 60-111) a racontĂ© l'histoire de Poros et PĂ©nia en s'inspirant de la traduction de Marsile Ficin par Guy LefĂšvre de La Boderie (Discours de l’honneste amour sur la banquet de Platon, Paris, Jean MacĂ©, 1578.)

Sur ce point arriva la pauvrette Penie,
Qui durant le banquet prĂ©s de l’huis mandioit
Des miettes du Ciel, et pour neant avoit
Pour un chiche secours tant mandié sa vie.
Elle voit sur les fleurs le beau Pore endormy,
Elle change sa faim en desir de sa race,
Elle approche, se couche et le serre et l’embrasse
Tant qu’il l’eut pour amie et elle pour ami.
De là naquit l’Amour, et la nature humaine
Du conseil des grands Dieux conceut l’autre Androgeine (vv. 71-80)

Annexes

Notes et références

Notes

    Références

    1. A. Bailly, Dictionnaire Grec Français, Paris, Hachette, 1950-1995 (ISBN 2-01-001306-9), page 1607.
    2. Platon, Le Banquet [détail des éditions] [lire en ligne], 203b et c
    3. collectif, ƒuvres complĂštes de Platon, Paris, Gallimard, collection La PlĂ©iade, 1950-1953, page 736 (passages 203 b et c)
    4. Dominique Sels, Les Mots de l’amour arrivent d’AthĂšnes, Ă©d. de la Chambre au Loup, p. 48.
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