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Pont de la Pyle

Le pont de la Pyle est un pont à poutres en béton précontraint franchissant le lac de Vouglans entre Maisod et Orgelet, dans le département du Jura, en Franche-Comté.

Pont de la Pyle
Le pont de la Pyle vu depuis le point de vue de l'auberge du Surchauffant
Le pont de la Pyle vu depuis le point de vue de l'auberge du Surchauffant
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
Région Bourgogne-Franche-Comté
DĂ©partement Jura
Commune Coyron
La Tour-du-Meix
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 46° 30′ 57″ N, 5° 40′ 32″ E
Fonction
Franchit Lac de Vouglans (Ain)
Fonction Viaduc routier
Caractéristiques techniques
Type Pont Ă  poutres
Longueur 385 m
PortĂ©e principale 110 m
Largeur 9,5 m
Hauteur 65 m
Hauteur libre 31 m
Matériau(x) Béton précontraint
Construction
Construction 1966-1967
Mise en service 1968
Architecte(s) Jean Courbon
Entreprise(s) GTM Construction
GĂ©olocalisation sur la carte : Jura
(Voir situation sur carte : Jura)
Pont de la Pyle
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne-Franche-Comté
(Voir situation sur carte : Bourgogne-Franche-Comté)
Pont de la Pyle
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pont de la Pyle

Étymologie

Le nom du pont provient du nom de « cluse de la Pyle Â» (ou « dĂ©filĂ© de la Pyle Â») qui dĂ©signait le passage que l'Ain franchissait Ă  travers la montagne avant la mise en eau du barrage au niveau du pont actuel. Le mot Pyle proviendrait du grec Pulè qui signifie porte ou dĂ©filĂ©[1] ou bien du latin Pylae, Pylarum qui signifie portes d'un pays, gorges, dĂ©filĂ© ou pas (dans le sens de « passage Â»)[2].

GĂ©ographie

Le pont de la Pyle est situĂ© dans le massif du Jura, dans le centre-sud du dĂ©partement, sur le territoire des communes de La Tour-du-Meix (ouest) et de Coyron (est). Supportant la route dĂ©partementale 470 (ancienne route nationale 470), il franchit la retenue artificielle du lac de Vouglans, situĂ©e 24 m en contrebas et formĂ©e sur la rivière de l'Ain. Le tablier du pont est situĂ© Ă  une altitude de 453 m[3]. Le pont est un lien entre le premier plateau du Jura et le parc naturel rĂ©gional du Haut-Jura[4].

Histoire

Antiquité

La cluse de la Pyle fut une voie de passage importante dès l'Antiquité entre la Séquanie et l'Helvétie. Pendant cette période, elle permettait d'acheminer le sel des salines de Lons-le-Saunier et de Salins-les-Bains vers les cités du sud et de l'est de la Gaule romaine, et fut plus tard, une route de pèlerinage vers l'abbaye de Condat (l'actuelle Saint-Claude). Pendant l'époque romaine, un pont en pierre permettait le franchissement de l'Ain sur la voie romaine reliant Orgelet à Villards-d'Héria ; afin de garantir la sécurité du passage, la zone de la cluse était fortifiée[1] - [a 1].

Moyen Ă‚ge

Le pont romain en pierre s'effondra au XIIe siècle. Le passage Ă  guĂ© Ă©tait possible, mais uniquement de manière intermittente en raison des nombreuses crues qui bloquaient le passage. Le franchissement de la rivière Ă©tait alors possible par un bac, moyennant le paiement d'un pĂ©age[1]. Cependant, durant l'hiver ou Ă  la suite de violents orages, la crue de l'Ain empĂŞchait le franchissement de la rivière par le bac et obligeait les voyageurs Ă  faire un dĂ©tour en franchissant la rivière Ă  Pont-de-Poitte, Ă  15 km plus au nord, puis de rejoindre Moirans ou Saint-Claude via Clairvaux. Le passage du bac Ă©tait très frĂ©quentĂ©, principalement par les messagers de la poste faisant la liaison Lons-le-Saunier - Saint-Claude et les voyageurs qui partaient se ravitailler en grains aux marchĂ©s et foires d'Orgelet[a 2].

Époque moderne

Il faut attendre l'annĂ©e 1773 pour que soit lancĂ©e la construction d'un nouveau pont, Ă  la suite des demandes de nombreuses communautĂ©s riveraines, Orgelet et Saint-Claude au premier chef. L'ingĂ©nieur en chef de la province, M. Bertrand, proposa un projet de construction d'un pont en pierre long de 114 pieds, composĂ© d'une arche unique, dont la voĂ»te serait situĂ© Ă  60 pieds de hauteur, reposant sur deux piles ; le principe de la construction d'un pont en pierre est acceptĂ© par l'intendant et les travaux dĂ©butent. Le , alors que la voĂ»te est quasiment achevĂ©e, cette dernière s'Ă©croule dans la rivière. L'enquĂŞte menĂ©e par le magistrat d'Orgelet dĂ©montre que la chute est dĂ» Ă  « des fautes que l'on a commises dans la direction et l'exĂ©cution des ouvrages et la mauvaise qualitĂ© des bois employĂ©s dans les cintres Â». En conclusion, il demande que les villes d'Orgelet et de Saint-Claude et leurs bailliages ne paient pas les dĂ©gâts et « de faire retomber les dĂ©penses sur ceux qui en sont les auteurs Â»[a 3].

Malgré l'assurance de la construction d'un nouveau pont, les travaux ne reprennent pas, ni en 1779, ni en 1780. La municipalité d'Orgelet s'adresse alors au marquis de Marnezia qui effectue les démarches pour hâter le lancement de la nouvelle construction. Les travaux reprennent en avec la taille de nouvelles pierres, mais il s'avère rapidement que la construction d'un tel pont sera beaucoup trop onéreuse. Est décidée alors l'option de bâtir un pont en bois qui est achevé en 1783[a 3].

Époque contemporaine

Le , une crue emporte le pont de bois. Un nouveau pont, toujours en bois, est Ă©rigĂ© en 1811, mais il est sabordĂ© en 1814 par ordre du prĂ©fet pour freiner l'avance des armĂ©es des coalisĂ©s. En 1818, un nouveau pont est achevĂ©, mais de nombreuses dĂ©fectuositĂ©s le font refuser par le Service des Ponts et ChaussĂ©es, ce qui conduit Ă  sa dĂ©molition. Un pont long de plus de 38 m et surmontĂ© d'une galerie couverte est bâti en 1820. Cependant, les crues successives et les intempĂ©ries exigent d'effectuer sur ce pont de nombreux travaux de rĂ©habilitation. En 1860, la commune de La Tour-du-Meix dĂ©clare que le pont n'est plus praticable, ni mĂŞme rĂ©parable et adopte le principe de sa destruction qui serait suivie de la vente des matĂ©riaux. Les revenus de cette vente seraient utilisĂ©s, en plus des subventions des communes et du dĂ©partement, pour la construction du nouveau pont, qui cette fois est bâti en fer[a 4].

En attendant la mise en service du pont de fer, le bac est rĂ©tabli avec droit de pĂ©age. Un premier projet de pont en fil de fer est proposĂ©, mais les difficultĂ©s pour le rĂ©aliser sont telles qu'il est abandonnĂ© le et la rĂ©paration temporaire du pont de bois pour la somme de 13 000 francs est envisagĂ©e. S'ensuit un projet de pont suspendu avec droit de pĂ©age, mais il est avortĂ©. Ce n'est qu'au tout dĂ©but du XXe siècle que le pont de fer voit le jour. Il s'agit d'un pont en tablier de fer avec plancher en bois reposant sur deux piliers d'environ 12 m de haut. Cependant, il souffre d'un nombre important de dĂ©fauts (voie trop Ă©troite, dĂ©tĂ©rioration rapide du plancher...), ce qui conduit en 1936 Ă  un nouveau projet de construction prĂ©voyant un pont comportant une chaussĂ©e large de m, ainsi que deux trottoirs larges de 70 cm. La situation politique de l'Ă©poque ne permet cependant pas la mise en place de tels travaux et l'administration se rĂ©sout juste Ă  procĂ©der Ă  des travaux de rĂ©fection et Ă  rĂ©glementer le passage du pont par arrĂŞtĂ© prĂ©fectoral le . Ainsi, la circulation est interdite aux vĂ©hicules Ă  deux roues pesant plus de 1,5 tonne et aux vĂ©hicules Ă  quatre roues pesant plus 2 tonnes (chargement compris) et la vitesse des automobiles est limitĂ©e Ă  4 km/h[a 4].

Pont actuel

La mise en service du barrage de Vouglans et la crĂ©ation du lac artificiel qui allait noyer la vallĂ©e nĂ©cessita la conception d'un nouveau pont qui fut confiĂ©e Ă  Jean Courbon. Ce pont fut construit pendant les annĂ©es 1966 et 1967 et mis en service en 1968[5]. Une fois achevĂ©, la stabilitĂ© du pont fut testĂ©e Ă  la bombe au cobalt, puis la rĂ©sistance de la structure fut mise Ă  l'Ă©preuve avec la circulation d'une sĂ©rie de camions totalisant pas moins de 800 tonnes[1]. L'ancien pont en fer fut sectionnĂ© en son milieu, mais les entrepreneurs furent surpris par la montĂ©e rapide des eaux du lac et ne purent rĂ©cupĂ©rer les matĂ©riaux de cette structure qui repose dĂ©sormais dans le fond du lac[a 5].

Structure

Vue générale du pont de la Pyle

Le pont de la Pyle est un pont Ă  poutres, construit en encorbellement symĂ©trique, reposant sur trois piles construites en bĂ©ton armĂ©[5] respectivement hautes de 50, 55 et 60 m[1], ainsi que deux culĂ©es. L'ouverture totale du pont est de 350 m[a 5], subdivisĂ©e en quatre travĂ©es ; les deux travĂ©es de rive sont longues de 65 m, tandis que les deux travĂ©es centrales sont longues 110 m[5].

Le tablier, construit en bĂ©ton prĂ©contraint, est long de plus 385 m, pour une largeur de 9,5 m[5]. La mise en place du tablier se fit Ă  partir de chaque pile de part et d'autre desquelles partaient deux Ă©quipes mobiles qui avancèrent vers la pile opposĂ©e tout en maintenant la structure en Ă©quilibre. Cette technique de construction donna aux piles l'aspect de balances gĂ©antes Ă©quipĂ©es de flĂ©aux de plus 55 m de long. Les mètres de vide restants qui sĂ©paraient encore les morceaux du tablier furent comblĂ©s par coffrage[1].

Notes et références

  1. Jean-Roch Buffet (Recherches et coordination), Raymond Humbert (Photographies), Marie-Josèphe Levillain (Recherches et coordination, photographies) et Jean-François Pan (Photographies) (préf. Denis Palet), La vallée de l'Ain, Bourg-en-Bresse, La Taillanderie, , 166 p. (ISBN 2-87629-029-4), p. 61-62.
  2. Jean-Pierre Vuillemot (ill. Rémi Vuillemot), Histoire des noms de lieux du Jura, Éditions Arts et Littérature, , 377 p. (présentation en ligne), p. 345.
  3. Cartes IGN consultées sur Géoportail.
  4. Le pont de la Pyle, porte d'entrée du parc naturel régional du Haut-Jura. Le Progrès, 7 aout 2013, p.32.
  5. « Pont de la Pyle », sur http://fr.structurae.de/, (consulté le ).
Sites web
  1. Pont romain
  2. Le bac
  3. Pont de pierre du XVIIIe siècle
  4. Pont de Fer
  5. Aujourd'hui, le béton précontraint

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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