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Pons de Marignane

Pons de Marignane fut archevêque d’Arles de 1022 à 1029.

Pons de Marignane
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Biographie
Activité

Contexte

En 513, le pape Symmaque donne à Césaire (502 – 542) le droit de porter le pallium, signe honorifique exceptionnel et c’est sur ordre de Charlemagne et avec son aide que le concile d’Arles de 813 met en marche la restauration d’un pouvoir temporel pour les églises d’Arles et de Marseille et l’empereur associe les évêques à l’administration avec leur participation aux assemblées des grands, tant et si bien, qu’à la fin du IXe siècle, l’archevêque d’Arles exerce une prépondérance écrasante sur l’Église provençale.

Ă€ partir de la seconde moitiĂ© du Xe siècle, les grandes familles comtales et vicomtales essayent de faire entrer la mense ecclĂ©siastique dans leur patrimoine familial et l'Église d'Arles doit commencer Ă  composer avec elles. Ainsi, une notice d’un concile d’Avignon stipule : « Alors vinrent des Ă©vĂŞques qui n’en Ă©taient pas, mais bien des loups rapaces, envahisseurs simoniaques, publiquement mariĂ©s … c’était lĂ  non des pasteurs, mais des mercenaires ; ils ne gardaient pas les brebis, mais tondaient la laine et suçaient le lait Â» (Louis Stouff, Arles au Moyen Ă‚ge, La thune, 2000, p. 85).

« A l’ouverture du synode, BenoĂ®t lut un long discours dans lequel il censurait fortement la vie licencieuse du clergĂ© ; il accusait les prĂŞtres de dissiper en orgies les biens qu’ils avaient reçus de la libĂ©ralitĂ© des rois, et d’employer les trĂ©sors des Ă©glises, soit pour entretenir des prostituĂ©es, soit pour enrichir leurs bâtards. Il invoquait contre eux les canons de NicĂ©e, qui recommandaient aux ecclĂ©siastiques d’observer la continence, et leur dĂ©fendaient de vivre avec des concubines. Â» (Maurice Lachâtre, Histoire des Papes, crimes, meurtres, empoisonnements, parricides, adultères, incestes depuis Saint-Pierre jusqu’à GrĂ©goire XVI, vol. 3, Administration de librairie, 1842, p. 425.)

La mainmise par les familles de la rĂ©gion sur les sièges Ă©piscopaux et sur les chapitres explique peut ĂŞtre cette façon excessive  de voir les choses car Pons de Marignane (1005-1029), archevĂŞque de 1022 Ă  1029, visĂ© aussi par cette notice, a une rĂ©putation moins sulfureuse que celle faite aux Ă©vĂŞques par le concile d’Avignon. Dans le tome VII de l’Histoire littĂ©raire de la France Ă©crite par des religieux bĂ©nĂ©dictins de la CongrĂ©gation de Saint-Maur,[3] les propos de Vilpon nous aident Ă  comprendre l’« ambiance raffinĂ©e » qui rĂ©gnait Ă  l’époque :

« La Provence, qui depuis la première dĂ©cadence des Letres, comme on l’a observĂ© par ailleurs, Ă©toit demeurĂ©e dans une entière inaction Ă  cet Ă©gard, reprit en ce siècle du goĂ»t pour la LitĂ©rature. Non seulement elle cultive la PoĂ©sie qu’on nomme Provençale ; elle donna aussi de l’application Ă  l’étude des sciences supĂ©rieures. On en a pour l’abbaĂŻe de S. Victor de Marseille en particulier, les mĂŞmes preuves qu’on vient d’apporter en faveur de la Chaise-Dieu. Il sortit effectivement de cette autre abbaĂŻe plusieurs personnages, qui devinrent cĂ©lèbres par leur doctrine et leur saintetĂ© de vie. Tel fut Wifroi, qui en releva les ruines, et la gouverna en qualitĂ© d’AbbĂ© jusqu’en  après y avoir rĂ©tabli la discipline regulière, et les Etudes qui en Ă©toient une suite. Tel fut le B. Isarn, son successeur mort en 1048, qui aĂŻant Ă©tĂ© d’abord instruit de la Grammaire et du chant ecclĂ©siastique Ă  Fredeleze près de Toulouse sa patrie, dont il avait Ă©tĂ© Chanoine, passa pour un des meilleurs Musiciens de son temps. Tels furent Ponce [Pons de Marignane], Rayambald et Aycard, tous trois l’un après l’autre ArchevĂŞques d’Arles, Pierre qui le fut d’Aix en 1103, et Raimond II EvĂŞque de Marseille en 1110 Â»[1].

Pons fait partie de ces familles qui possèdent des terres et ont accédé à la noblesse puisqu’il est le fils du très riche Francon de Marignane et le frère de Profecta qui par son mariage fera la fortune des Baux. Le château de la future famille des Baux se trouvait à Papia, le deuxième lieu de la commune, non retrouvé aujourd’hui, où existaient une église Saint-Pierre et le château de la famille qu’Hugues des Baux détruira pour le reconstruire sur le site actuel de Marignane. À Papia, le château vit en grande partie par les droits qu’il a attirés, provenant de l’ancien tonlieu de Léou[4]. Les terres de la famille seigneuriale sont gardées par sept chevaliers, les premiers chevaliers connus dans le Sud de la France, mentionnés en 1029[5], au moment où Pons quittera son sacerdoce pour rentrer comme moine à Saint-Victor.

Au Xe siècle, l’ArchevĂŞque d’Arles est dans l’ordre ecclĂ©siastique le pendant du comte dans l’ordre laĂŻque. Duprat[6] Ă©crivit que : « le prestige politique d’Arles rejaillit sur le mĂ©tropolitain. Il est dans l’ordre ecclĂ©siastique ce que le comte est dans l’ordre fĂ©odal, aussi peut-on constater autour de lui comme une petite cour Â». Les Ă©vĂŞques ne prĂŞtent plus fidĂ©litĂ© au roi mais Ă  l’ArchevĂŞque d’Arles ; ils sont Ă  la fois fidèles Ă  l’archevĂŞque et au comte qui exerce un pouvoir solide sur les Ă©vĂŞchĂ©s puisque maĂ®tre de toutes les terres publiques de Provence avec le consentement du roi.

Biographie

En 1017, commence la construction de l’église de Montmajour par Pons de Marignane qui y Ĺ“uvrera avec zèle, religieux de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille d’oĂą il avait Ă©tĂ© tirĂ© pour ĂŞtre placĂ© sur le siège archiĂ©piscopal d’Arles qu’il occupa de 1005 Ă  1030. devant faire ses preuves dans un parcours classique dans cette pĂ©riode, sera moine Ă  l’abbaye Montmajour et ainsi deviendra-t-il archevĂŞque d’Arles en 1022. Il sera sous l’autoritĂ© des papes Jean XVIII, Serge IV, d’origine provençale, BenoĂ®t VIII et Jean XIX. Il ira voir BenoĂ®t VIII Ă  Rome pour terminer le diffĂ©rend survenu entre les chanoines d’Arles et son père au sujet de l’église de Saint Hyppolite que celui-ci s’était appropriĂ© de force. Ă€ la demande du pape, Pons cèdera cette Ă©glise aux chanoines. Il participera au synode de Pavie. Depuis la fin du Xe siècle, les Ă©vĂŞques prennent le comte pour seigneur et lui prĂŞtent donc fidĂ©litĂ©, mais l’ArchevĂŞque d’Arles, lui, reçoit les fidĂ©litĂ©s de tous sans que l’on sache vraiment Ă  qui il les offrait lui-mĂŞme. Pourtant, quand Pons de Marignane deviendra archevĂŞque, il ira chercher le pallium auprès du pape Ă  Rome et fera le voyage Ă  Genève pour aller voir le roi. Lui offre-t-il fidĂ©litĂ© directement ? En 1027, Ă  la mort d’Henri II, son fils Conrad lui succĂ©da et vint dans la ville pontificale au sein de l’église de Saint-Pierre pour se faire proclamer empereur par le pape Jean XIX le  ; sa femme, la reine Gisèle fut couronnĂ©e impĂ©ratrice avec lui. Étaient prĂ©sents Rodolphe, roi de Bourgogne, Pons de Marignane, Canut, roi d’Angleterre et de Danemark. Il y eut quelques dĂ©bats houleux lorsque Canut se plaint au pape des contributions Ă©normes que le Saint-Siège prĂ©levait sur les pèlerins de son royaume et les tributs que l’on faisait payer aux archevĂŞques lorsqu’ils demandaient le pallium.                                                                                                                                   

Ainsi, Conrad II le Salique qui fut roi de Germanie et roi des Romains à Mayence en 1024, succédait à Henri II dit le Saint, le dernier de la dynastie des Saxons ou Ottonien, inaugurant la dynastie salienne (ou dynastie franconienne).

Mais depuis longtemps soufflait l’esprit de révolte au palais de la Trouille, résidence des gouverneurs d’Arles, dont le pouvoir fut usurpé à plusieurs reprises dont en 959 par Guillaume. De la même manière, en 1029, le gouverneur Gérard s'empare de l'autorité et oblige l’archevêque Pons de Marignane à le couronner. Cette même année, il lui témoigne sa reconnaissance en le souffletant, à la messe de minuit, parce qu'il ne l'avait pas attendu pour commencer l'office. Pons obtint justice de l'empereur Conrad qui s'empara de la ville et jeta l'usurpateur dans une prison dont son cadavre sortit pour être enterré, sans pompe, aux Alyscamps. Après, quoi Pons de Marignane, dégoûté du monde, alla prendre conseil auprès de son ami Isarn, abbé de Saint-Victor de Marseille. Il quittera ses fonctions d’archevêque pour se retirer comme simple moine et reprit la cellule qu'il occupait avant son élection à Saint-Victor. Il s’éteindra le .

Plus tard, Conrad II fera désigner son fils Henri (futur Henri III) qui sera couronné de son vivant à Aix-la-Chapelle par l'archevêque de Cologne. En 1032, à la, mort de Rodolphe III, il annexe le royaume d’Arles et en 1033, il fonde de la Maison de Savoie. C’est de cette maison de Savoie que Marignane se développera au XVIe siècle.

Le , le pèlerinage de Montmajour, appelĂ© Pardon de Montmajour, est instituĂ© lors de la consĂ©cration de la crypte vouĂ©e Ă  l’invention de la Sainte-Croix par l'archevĂŞque Pons de Marignane, archevĂŞque d'Arles. Les aumĂ´nes de ce Pardon sont destinĂ©es Ă  financer la construction de l’église Notre-Dame et Pons de Marignane, accorde Ă  cette occasion la première indulgence historiquement attestĂ©e. Selon les termes de l’acte, l’abbĂ© Rambert qui avait commencĂ© les travaux, prie Pons de Marignane de dĂ©dicacer « quamdm cryptam quam ipse, juxta posse suae industriae, in praelibato coenobio construi prorsus fecerat mirabilis opere Â». DĂ©sormais, Ă  cette crypte  est attachĂ©e une indulgence pour toute personne qui y sera venu en pèlerinage le jour de sa dĂ©dicace, ou y viendra le jour de son anniversaire et donnera un subside pour la construction de l’église Notre-Dame : « adjutorium de derit ad opĂ©ra ecclĂ©sia Sanctae Mariae quae modo noviter construitur in praelibato monte Â». Cet Ă©difice est appelĂ© plus loin « basilica Â».  L’anniversaire de la dĂ©dicace de cette « ecclĂ©sia Sanctae Crucis Â» sera cĂ©lĂ©brĂ© chaque annĂ©e, le jour de l’invention de la Sainte-Croix.

En 1022, Pons de Marignane se convertit à Saint-Victor avec Raimbaud. La conversion de Pons est le corollaire de l’attrait spirituel exercé par le monastère et son abbé Isarn[2].

Références

  1. lire en ligne sur Gallica
  2. Vita de l’abbé Isarn, publiée dans les Acta Sanctorum, au tome 6 du mois de septembre 1047, volume 46 de la collection, p. 728-749 [lire en ligne]

Sources

  • GERMAIN Marcel, Marignane histoire
  • GERMAIN Marcel ,Marignane - Inventaire du patrimoine, Ed. ProlĂ©gomènes,
  • [4] Source Jean-Pierre Poly, Cartulaire de Saint-Victor de Marseille 217 (salines de l’étang du lion, au sud-est de l’étang de Berre)
  • [5] GCNN Arles n°319
  • [6] E. Duprat, Cartulaire de Notre Dame des Doms d’Avignon, Avignon 1932.

Articles connexes

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