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Planetary Defense Coordination Office

Le Planetary Defense Coordination Office, gĂ©nĂ©ralement dĂ©signĂ© par son acronyme PDCO en français : « Bureau de coordination de la dĂ©fense planĂ©taire Â», est une organisation de l'agence spatiale amĂ©ricaine, la NASA, qui a pour rĂ´le de coordonner les actions destinĂ©es Ă  traiter la menace des objets gĂ©ocroiseurs, c'est-Ă -dire des astĂ©roĂŻdes et des comètes qui coupent ou approchent l'orbite de la Terre et pourraient dans le futur s'Ă©craser sur la Terre. Les missions du bureau sont de coordonner les travaux de dĂ©tection des objets gĂ©ocroiseurs d'une certaine taille, de calculer le risque d'impact et de mettre au point les mĂ©thodes permettant de gĂ©rer celui-ci.

Cette organisation, créée en 2016, dispose en 2022 d'un budget d'environ 200 millions de dollars réparti entre les programmes d'observation terrestre et spatiaux, la mission DART qui doit tester en 2022 une méthode de déviation d'astéroïde par impact, et le développement d'un observatoire spatial infrarouge, NEO Surveyor, destiné à détecter les astéroïdes.

Historique

La menace des objets géocroiseurs était jusque dans les années 1990 négligée par les pouvoirs publics car une collision avec la Terre d'un astéroïde de taille conséquente était considérée comme un événement très improbable. Mais, entre le 16 et le , les fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 s'écrasent de manière spectaculaire sur la planète géante Jupiter. Un impact du même ordre de grandeur sur la Terre aurait eu des conséquences planétaires aux effets similaires à ceux ayant conduit à l'extinction des dinosaures. La menace est désormais perçue comme tangible et contemporaine[1].

Les États-Unis sont les premiers à la prendre en compte en développant des mesures relevant de ce qui sera baptisé par la suite la défense planétaire (planetary defense)[1]. En 1998, Le Congrès des États-Unis, conseillé par plusieurs scientifiques dont Eugene Shoemaker, demande à l'agence spatiale civile américaine, la NASA, de détecter et mesurer les caractéristiques orbitales de 90 % des objets géocroiseurs ayant plus d'un kilomètre de diamètre dans le but d'anticiper une menace éventuelle et la prévenir. L'agence spatiale américaine dispose de dix ans pour les recenser et déterminer leurs trajectoires ainsi que leurs principales caractéristiques[1]. Pour répondre aux attentes du Congrès, la NASA crée le bureau dédié à ces travaux (le NEO Program Office) qui comprend le Centre des planètes mineures chargé de centraliser les observations des objets mineurs (dont les géocroiseurs) et une structure faisant partie du Jet Propulsion Laboratory qui calcule les orbites futures et les probabilités d'impact. Ces entités emploient ensemble en 2014 une douzaine de personnes. Pour accélérer systématiser et accélérer les détections de géocroiseurs la NASA finance à compter de 1992 plusieurs programmes de relevés astronomiques effectués par des observatoires terrestres (Lincoln Near-Earth Asteroid Research (LINEAR), Near Earth Asteroid Tracking (NEAT)...)[2].

La découverte en 2004 d'un risque de collision en 2029 de l'astéroïde Apophis (325 mètres de diamètre) avec la Terre vient accentuer cette sensibilisation (à la suite d'observations ultérieures, qui ont permis d'affiner les paramètres orbitaux d'Apophis, le risque de collision sera levé)[3]. En 2005, le Congrès américain élargit la mission de la NASA en l'étendant aux objets géocroiseurs de plus de 140 mètres de diamètre. La NASA dispose de 15 ans pour recenser 90 % de ces objets (date butoir 2020)[4] - [5].

Budget de la NASA 2009-2026 consacré à la défense planétaire (prévisionnel au-delà de 2022).

En 2014 l'agence spatiale a bien rempli l'objectif fixĂ© par le Congrès en ce qui concerne les astĂ©roĂŻdes de plus de 1 kilomètre de diamètre mais seuls 10 % des gĂ©ocroiseurs de plus de 140 mètres ont Ă©tĂ© identifiĂ©s (le nombre total est estimĂ© Ă  25 000)[6] - [7]. Le budget allouĂ© par le Congrès Ă  cette recherche est en effet longtemps restĂ© insuffisant : il n'Ă©tait encore que de 4 millions US$ en 2009 avant de passer Ă  20 millions en 2011 et 2012 puis Ă  40 millions US$ en 2014. Par ailleurs, un rapport d'audit interne de l'agence spatiale souligne les problèmes d'organisation qui touchent le programme : absence de vue d'ensemble, mauvaise intĂ©gration des diffĂ©rentes activitĂ©s, objectifs et jalons absents ou ne faisant pas l'objet d'un suivi, absence de prise en compte des activitĂ©s analogues poursuivies dans d'autres services de la NASA ou l'extĂ©rieur de la NASA, ressources en personnel insuffisantes [2]. Prenant en compte le rapport, la NASA rĂ©organise ses activitĂ©s et crĂ©e le Planetary Defense Coordination Office (bureau de coordination de la dĂ©fense planĂ©taire). Celui-ci est chargĂ© de coordonner le programme de dĂ©tection des objets gĂ©ocroiseurs par des moyens terrestres et spatiaux, de dĂ©clencher des alertes en cas de menace d'impact, d'Ă©tudier les stratĂ©gies et les technologies permettant de limiter ou Ă©viter un impact et de piloter l'action du gouvernement en cas de menace d'impact[8]. Le CNEOS (Center for Near-Earth Object Studies), une entitĂ© faisant partie du Jet Propulsion Laboratory, est chargĂ© de calculer les orbites des objets gĂ©ocroiseurs Ă  partir des observations effectuĂ©es par l'ensemble des moyens terrestres et spatiaux, de prĂ©dire leurs mouvements et d'actualiser et diffuser les risques d'impact[9].

Organigramme des activités de défense planétaire de la NASA coordonnées par le PDCO.

RĂ´le du PDCO

Pour remplir sa mission, le PDCO coordonne et finance de multiples projets et organisations logés dans d'autres entités de la NASA ou gérés par d'autres organisations.

Programme de détection et de suivi des géocroiseurs

Le programme Near-Earth Object Observations Program remplit l'objectif principal de la mission confiée au PDCO en détectant et assurant le suivi des objets géocroiseurs.

DĂ©tection

Astéroïdes géocroiseurs détectés chaque année par les différents programmes d'observation (maj mars 2023).
L'observatoire Pan-STARRS au sommet du Mauna Kea à Hawaï est à l'origine de près de la moitié des découvertes des géocroiseurs depuis le début de la décennie 2010.

Pour remplir les objectifs fixés par le Congrès américain, le PDCO finance des relevés systématiques d'astéroïdes géocroiseurs. Deux des observatoires impliqués (Catalina et Pan-STARRS) sont à l'origine de 90 % des découvertes des objets géocroiseurs (2021)[10].

Un observatoire terrestre, le télescope LSST, dont la construction est financée par la National Science Foundation et le Department of Energy, doit jouer un rôle important dans la détection des objets géocroiseurs. Cet observatoire terrestre installé au Chili entrera en service en 2022. Doté d'un miroir primaire de grande taille, il est conçu pour réaliser plusieurs images de l'ensemble du ciel toutes les trois nuits. Selon une étude du Jet Propulsion Laboratory, ce télescope devrait avoir au bout de 10 ans détecté 60 % des géocroiseurs de plus de 140 mètres de diamètre[12].

Suivi

Pour déterminer avec précision les paramètres orbitaux (essentiel pour calculer le risque d'impact) et les caractéristiques physiques des astéroïdes géocroiseurs identifiés, des observations de suivi sont réalisées en utilisant diverses techniques d'observation (radar, infrarouge thermique, visible, etc.). Les principaux programmes de suivi sont[10] :

Observations radar

Les observations des objets géocroiseurs réalisées à l'aide de radar permettent de mesurer de manière très précise leur orbite et déterminer leur forme dès qu'il s'approchent à quelques millions de kilomètres de la Terre. La NASA utilise principalement les radars suivants[10] :

Autres

Le programme de détection et de suivi comprend également la détection et la compilation des bolides et la recherche des météorites arrivés sur le sol (projet ANSMET de recherche de météorites en Antarctique). Il finance également des recherches visant à mesurer les risques d'impacts et les techniques de détournement (programme ATAP (Asteroid Threat Assessment Project) du centre de recherche AMES[10].

DĂ©termination des risques

Les caractéristiques (orbites, caractéristiques physiques) des objets géocroiseurs recueillies par les différents observatoires mondiaux sont collectées, archivées et redistribuées par le Centre des planètes mineures à qui l'Union astronomique internationale a confié ce rôle et qui est financé par le programme d'observation des géocroiseurs de la NASA. À partir de ces éléments la trajectoire future des objets géocroiseurs est calculée en prenant en compte les survols d'autres corps (qui peuvent modifier l'orbite, voir Trou de serrure gravitationnel) et d'autres paramètres faisant évoluer celle-ci comme l'effet Yarkovsky. Ces calculs sont refaits régulièrement à chaque fois qu'une nouvelle observation de l'objet est effectuée. Le CNEOS, centre relevant du Jet Propulsion Laboratory, est chargé de ces calculs qui utilisent les applications Sentry et Scout (pour les objets récemment découverts)[14].

Missions spatiales

Trois missions spatiales conçues pour la défense planétaire sont suivies par le PDCO. Elles sont à différents stades d'avancement.

  • NEOWISE est un tĂ©lescope spatial infrarouge qui rĂ©alise une deuxième carrière dans le but de dĂ©tection des objets gĂ©ocroiseurs.
  • DART est une mission lancĂ©e fin 2021 qui doit tester une mĂ©thode de dĂ©viation des objets gĂ©ocroiseurs reposant sur l'impact cinĂ©tique[15].
  • NEO Surveyor est le premier observatoire infrarouge spatial conçu specifiquement pour la dĂ©tection des objets gĂ©ocroiseurs. Il doit ĂŞtre lancĂ© vers 2025.

Coordination inter-agences et internationales

Les moyens utilisés par la Défense planétaire relèvent souvent d'agences gouvernementales américaines différentes de la NASA. Le PDCO est chargé de coordonner les actions dans ce domaine. La menace des objets géocroiseurs touche l'ensemble de la planète. Des groupes de travail rassemblant des spécialistes et des organisations de tous les pays impliqués sur le sujet ont été créés (IAWN, SMPAG). Le PDCO participe à ces organisations.

Processus théorique de gestion d'une menace répondant aux critères de communication et de traitement à l'échelon international montrant les rôles respectifs du PCDCO, de l'IAWN et du SMPAG.

Au cinéma

Notes et références

  1. (en) « How Historic Jupiter Comet Impact Led to Planetary Defense », NASA (consulté le )
  2. (en) NASA - Office of Inspector General, NASA’s Efforts to Identify Near-Earth Objects and Mitigate Hazards, NASA, , 44 p. (lire en ligne)
  3. Grégory Fléchet, « Comment dévier un astéroïde tueur ? », sur CNRS Le journal, CNRS,
  4. (en) Marcia Smith, « Space-Based Infrared Telescope for Planetary Defense Gets Boost from National Academies », sur spacepolicyonline.com,
  5. (en) « National Aeronautics and Space Administration Authorization Act of 2005 - Soustitre C (George E. Brown, Jr. Near-Earth Object Survey) section 321 », Congrès américain,
  6. (en) « Discovery Statistics », sur Center for NEO Studies (CNEOS), Jet Propulsion Laboratory (consulté le )
  7. (en) Center for NEO Studies (CNEOS), « Planetary Defense - Coordination office », NASA (consulté le )
  8. (en) « Planetary Defense », NASA (consulté le ), p. 9
  9. (en) « =About », CNEOS (consulté le ), p. 9
  10. (en) « Near-Earth Object Observations Program », sur Planetary Defense, NASA (consulté le )
  11. Philippe Rousselot, « Le ciel peut-il nous tomber sur la tête ? » [PDF],
  12. (en) « Frequently Asked Questions », sur Planetary Defense Coordination Office, NASA (consulté le )
  13. (en) « Astronomical Research Institute », Astronomical Research Institute (consulté le )
  14. (en) « Impact Risk: Introduction », sur Center for NEO Studies (CNEOS), NASA/JPL (consulté le )
  15. (en) Jeff Foust, « NASA presses ahead with asteroid mission despite ESA funding decision », sur spacenews.com,
  16. Jeffrey Kluger, « Breaking Down the Mostly Real Science Behind Don’t Look Up », time.com, 21 décembre 2021.

Bibliographie

  • (en) PDCO, Brochure prĂ©sentant les missions du PDCO, NASA, , 2 p. (lire en ligne)
  • (en) NASA - Office of Inspector General, NASA’s Efforts to Identify Near-Earth Objects and Mitigate Hazards, NASA, , 44 p. (lire en ligne) — Rapport de l'audit interne de la NASA Ă  l'origine de la crĂ©ation du PDCO

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

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